2009 – Crise en quarantaine

 

Dimanche 4 janvier

Retour au bercail lyonnais : plaisir de retrouver le nid partagé avec ma BB, même si la reprise professionnelle a été avancée à demain 13h30, au lieu de mardi matin, pour cause d’absence d’intervenant en technique pompier.

Chez le pôpa, les frères poussent et les nouveaux animaux de compagnie, chatte et chienne, fournissent de nouveaux sujets de râleries paternelles.

Les fâcheries israéliennes prennent-elles un tour militaire ? Anéantir les pontes du Hamas quitte à éloigner encore un peu plus le règlement du conflit.

 

Lundi 5 janvier, 23h20

Sarkozy s’active, vainement, au Proche-Orient et l’opération de Tsahal ne mollit pas. Plus une infrastructure du Hamas debout, et le million et demi de Palestiniens dans la bande de Gaza qui oscille entre haine et terreur. Une façon de relativiser nos problèmes économiques lorsqu’on songe aux conditions de vie des malheureux civils.

Une semaine pédagogique qu’avec les pompiers et Concours sécurité : cela me rend plus serein. Si seulement je pouvais ne plus me taper ces enflures de brancardiers. Les tronches revanchardes et trouduculesques de certains me rendent allergique à la plus furtive de leur présence. Et dire qu’ils constituent une source financière non négligeable par les places financées par la région… A vous dégoûter de la formation.

Reçu de maman une planche de photos des festifs 30 et 31 janvier partagés : très réussie et traduisant bien la complicité familiale.

Avant de plomber les paupières, rapide détour vers quelque siècle de l’Ancien Régime revisité par l’incisif Alain Minc dans Une histoire de France, ouvrage dense qui mériterait plusieurs lectures pour en tirer toute la moelle.

 

Mardi 6 janvier, 23h15

Glaciation renouvelée sous les cieux hivernaux.

J’ai un peu dialogué ce soir, sur Msn, avec cette pétillante Adèle C., qui est aujourd’hui en première économique, à bientôt dix-sept ans. Mon dieu, quel vieux croûton je fais. Elle semble vivre pleinement sa jeunesse, alors que j’avais limité la mienne au retranchement mi introspectif mi fantasmatique. Regretter ce choix ? Non, cela m’a forgé autrement et le contact renouvelé du collectif aurait fini par m’incommoder. Adieu vat, pour reprendre la formule du PPDA… chacun à vivre son âge…

 

Samedi 17 janvier, 23h48

Vu l’enregistrement de La case de l’oncle doc consacrée à la seule réunion des trois monstres de la chanson française, Brassens, Brel et Ferré. Quelle puissance rassurante de leur présence, de leurs propos… pour éviter de tourner le dos à l’humanité. Seule faiblesse affichée, comme pour d’immatures ados, le thème de la femme.

 

Mercredi 20 janvier

Le longiligne président a pris ses fonctions. Le froid polaire n’a pas empêché quelque deux millions de personnes d’être sur place pour assister à l’investiture.

Je regarde la façon dont je tiens mon plume : exactement celle d’Obama, gaucher lui aussi. Curieux effet de le voir signer les documents officiels consacrant sa prise de fonction avec une main au-dessus de ce qui s’écrit, et non en dessous, ce qui oblige parfois à l’application d’un buvard pour éviter d’étaler l’encre fraîche. Avec l’expérience, plus besoin de protection.

De gigantesques défis se profilent pour lui… On ressentait toute la gravité de l’instant, celui crucial d’une lutte contre ce qui sera peut-être la crise majeure du XXIe siècle. Plus de guerre mondiale façon Vingtième, mais des dépressions mondialisées favorisant les chaos localisés et une redistribution de la puissance économique. Apparemment plus pacifique… leurre commode.

En attendant, bonne chance M. le Président des Etats-Unis, le labeur commence dans quelques heures.

En France, Sarkozy tire l’oreille aux banquiers trop gourmands qui préservent leur droit à une prime sans se soucier de l’effet désastreux que cela aurait dans l’opinion publique.

Un député de l’UMP, Frédéric Lefebvre, va même jusqu’à les menacer, en cas de refus persistant d’annuler la prime, de les dénoncer à la vox populi. Finalement, pas très loin du lynchage organisé. Bien dangereuse dérive…

 

Mercredi 21 janvier, 23h46

Appartement d’immeuble voisin bien bruyant ce soir : des mâles gueuleurs, du féminin rigolard, une convivialité incommodante… nulle inspiration.

 

Mardi 27 janvier, 22h56

Chacun prend ses marques avant l’explosion sociale fantasmée ou redoutée. L’Assemblée nationale s’agite autour d’une réforme de son fonctionnement, rejette une motion de censure, pour faire croire à son utilité. La rue, peuplée jeudi prochain de fonctionnaires, s’essayera à un simulacre de pré révolution sans parvenir à autre chose qu’un classique mouvement de grève.

 

Mercredi 28 janvier

Chacun sur ses gardes : tant que les systèmes de protection assurent aux victimes de la crise et aux plus démunis le minimum vital, l’explosion sociale se cantonnera à la version pétard bruyant mais inoffensif. L’angoisse de perdre le peu d’avantages qui leur reste les paralyse.

Amusant de constater combien la figure du Banquier, que j’ai si souvent brocardée dans ce Journal, est devenue le punching-ball idéal pour exacerber ses ressentiments.

 

Mardi 3 février, 22h04

Après l’irrationalité délirante des marchés financiers, s’amorce la phase du protectionnisme à tout crin défendu par les pouvoirs en place pour caresser dans le bon sens des populations excédées.

Opportunité de relocaliser l’économie pour éviter l’absurdité de déplacements de marchandises pouvant être produites sur place ou réflexe dangereux qui réduira d’autant la perspective de développement des pays tournés vers eux-mêmes ?

La certitude : la paupérisation de citoyens ne pourra qu’exacerber la haine de l’autre, celui qui viendrait piquer l’emploi aux gens du cru. Le nationalisme social surgira ainsi avec une vigueur décuplée, même si ses perspectives ne sont qu’à courte vue.

A suivre, donc…

 

Samedi 14 février, 23h30

De retour au pub Le Red Lions, accueilli par celle qui m’avait fait abandonner ce domaine de quelques virées nocturnes. Comme si de rien n’était, des deux côtés – je choppe sans effort les codes relationnels du lieu désormais sans tabac.

L’échange furtif m’incline à m’enquérir du passage éventuel de Bonny, perdue de vue : en tournée, mais repasse parfois dans l’antre… Coup de massue en apprenant qu’Eddy, grand gaillard solide, s’est sorti d’un putain de cancer ! Me submergent les regrets de ne pas avoir relancé le contact.

Les liens se délitent pour si peu de choses : un courriel négligé, un message omis, une parole de moins, un geste non accompli… un gâchis de plus parmi la foultitude d’autres.

Trajet vélo’v avec frimas saisissant : phalange en sursis, oreilles engourdies pour retrouver l’atmosphère perdue, avec rythmique enveloppante. Renouer avec les réflexes de l’inspiration par le bruit et la musique entremêlés. La disparition des volutes briderait-elle les à-coups pamphlétaires ? L’époque sur le fil rendrait-elle cette antre du ludique surjoué ? A songer aux épreuves annoncées on peut s’enterrer la face et croire à la ouate entretenue. Des coups de la crise à la guimauve d’apparat, l’écart se fait croissant.

L’actualité courante prend une saveur de sursis à l’écoute du grondement d’outre-tombe. Comme une veillée d’armes à affûter.

 

Dimanche 15 février, 23h44

Une semaine pour se purger des médiocrités répétitives du labeur. Un peu de respiration en ces temps partout diagnostiqués comme terrifiants. Une raison de plus pour B.-H. Lévy de ne pas croire une seconde à la fin de l’histoire théorisée après la chute du mur de Berlin.

La série Empreintes a diffusé le document sur son singulier parcours. Là que je prends davantage conscience de mon attachement à ces figures que j’incendiais avec malsaine jouissance lorsque j’embrassais les monomanies de Heïm. Quelle incroyable distance : cette hargne cultivée n’a plus de sens pour moi. Se sentir simplement, mais profondément, en phase avec ses convictions et non pour plaire au meneur, au groupuscule idéologique qui fait reluire son système par l’excès en tout.

 

Samedi 21 février, 0h18

Alors que la priorité absolue doit être de préserver les emplois – à tout le moins de limiter les destructions, les mouvements syndiqués réclament une hausse des salaires. Que cela fragilise, jusqu’à la liquidation, les plus petites entités économiques, augmentant de facto le taux de chômage, peu importe, les revendications doivent persister. Les impératifs du réel ne comptent plus…

Un peu comme l’hystérie des anti-OGM qui vouent à la damnation éternelle des recherches scientifiques au nom du déifié principe de précaution qui, s’il avait régné les siècles précédents, aurait retardé voire empêché certaines découvertes capitales. Que la planète doive augmenter la production agricole de presque 70 % d’ici 2025, pour nourrir neuf milliards d’êtres humains, cela ne compte pas pour les faucheurs volontaires. Le bio comblera les besoins comme le dieu empêche les catastrophes. Une efficacité consubstantielle…

 

Mercredi 25 février

90 000 personnes de plus, en un mois, pointant au Pôle emploi : les conséquences du dérèglement économique mondial n’épargne en rien la France. La mine déconfite de Christine Lagarde, ce soir, sur le plateau de France 2 contrastait avec un discours aux accents de méthode Coué.

Les politiques improvisent les contre-feux pour limiter la casse, mais peu de choses à en espérer. La puissance du panurgisme économique est telle qu’aucun volontarisme politique ne semble en mesure de l’annihiler.

Restent les symboles, pour éviter la révolution sanguinaire à la sauce Besancenot (pour la France) : Obama fustige la pratique abusive du secret bancaire suisse et réclame la levée pour 560 000 comptes ; Sarkozy veut une nouvelle répartition des dividendes… Le monde s’emballe, encore sur le mode pacifique pour les pays les plus avancés… mais pour combien de temps encore ?

 

Samedi 28 février

Retour au bord du Rhône pour goûter au soleil pré-printanier.

Marc Edouard Nabe m’amuse avec son petit cirque médiatique. Il se défend d’appartenir au système des lettres alors que le groin suinte de la moindre opportunité offerte : un Café littéraire par-ci, un Chez F.O.G. par là et il cultive ainsi sa pseudo différence laissant faire, le sourire complice, la promotion de ses œuvres publiées par ceux-là mêmes qu’il fustige, sans que l’on comprenne la teneur précise de sa défiance.

Malignité de sa posture prétendument réfractaire et qui n’attend que l’occasion de fleurir le parterre des médias pour que le commerce de ses livres se poursuive. N’attendons donc pas, comme il le revendique, que l’époque soit au diapason de notre approche du monde pour affiner nos sons littéraires.

Sa démarche d’utiliser des tracts rejoint, cependant, mon choix de l’Internet pour proposer gracieusement un témoignage.

La haine semble dans l’air du temps littéraire. On en reconnaît la présence chez les plus incontournables plumes, l’utilité et la dimension artistique. Comme un écho à mon ancrage comme diariste pamphlétaire.

 

Lundi 2 mars

Galtier-Boissière avait sa drôle de paix pour affûter son style et aiguiser ses crocs. J’ai de plus en plus la sensation d’assister à la crise majeure d’une humanité mondialisée par le sens historique, sans qu’aucun garde-fou n’en prévienne la chute.

Comme lors de la Guerre du Golfe, je ne suis qu’un observateur horrifié des dérives humaines. Rendre compte dans l’instant, avec l’imperfection de l’immédiateté mais l’authenticité inhérente, demeure le privilège du diariste. Assister à la tourmente naissante de pays développés dont les bases économiques s’effondrent sans être, pour l’instant, touché dans sa vie propre, développe en soi une fascination déprimée.

L’Union européenne n’a pas su relever le défi d’une réaction coordonnée et massive pour contrer la crise en cours. Le rejet, par la France puis les Pays-Bas, des nouvelles règles de fonctionnement à 25 puis 27 membres, tout comme l’intégration prématurée de pays à l’économie fragile, ne vont pas favoriser l’europhilie. L’urgence de la situation démontre qu’il aurait fallu un leader et un visage à cette UE, plutôt que cette absurde présidence tournante tous les six mois. Un plan unique à l’échelle européenne, adopté à la majorité qualifiée et visant l’ensemble des pays membres, aurait eu plus de gueule que les plans nationaux tirant à hue et à dia. Voilà donc les nouvelles désastreuses qui s’enchaînent sans réaction européenne à la hauteur.

La France, elle, s’inquiète des dérives de ses DROM, Guadeloupe en tête avec un LKP dont le service de sécurité rappelle certaines milices intimidantes de partis extrémistes. Le combat de ces militants ne peut souffrir aucune contestation : il faut rejoindre et épouser leurs causes sous peine d’être recadré sans douceur. Belle conception du dialogue social. Obtenir de force la signature d’un accord prétendu sur l’augmentation de salaires. Résultats des semaines de blocage imposé : une île au bord de la ruine, un taux de chômage qui va s’amplifier et des perspectives sombres d’explosions plus radicales. Si le leader du LKP avait pour ambition de paupériser l’île, comme un Castro l’a fait pour la sienne, alors l’initiative est réussie.

 

Jeudi 5 mars, 22h15

Avec certains des apprentis brancardiers que Cqfd accueille, et que j’ai quelquefois en charge, je suis aux premières loges de ce qui pourrait s’affirmer comme des ennemis de l’intérieur, en cas d’explosion sociale, voire de guerre civile.

Ce sujet n’est que très rarement évoqué dans les médias traditionnels, et toujours minoré ou excusé : certains jeunes témoignent d’une haine envers l’Occident (incarné par les USA), d’un antisémitisme viscéral et d’une complaisance sans borne pour les autocrates musulmans, ou prétendus tels, ainsi que pour la nébuleuse et criminelle Al Qaida.

Ainsi, en abordant ce matin, dix minutes avant la fin de la tranche de deux heures, la poursuite pour crime de guerre et contre l’humanité du président soudanais par la CPI, sur leur demande, je cerne rapidement la dérive. Non seulement certains n’admettent pas cette poursuite judiciaire, mais ils en profitent, en vrac, pour exprimer leur admiration pour feu Saddam Hussein, leur exécration des Etats-Unis, leur haine d’Israël (ne surtout pas leur parler d’un équilibre des torts dans cet interminable conflit), et les sous-entendus en filigrane associés à un comportement bruyant et irrespectueux, les quelques figures à sortir de ce groupe incarnent l’échec absolu des affichages pour la galerie de l’intégration à la française. Leur seul objectif : profiter des systèmes d’aides en place en s’investissant le moins possible.

 

Mardi 10 mars, 22h26

Une belle tête de bouc émissaire à faire tirer la langue au bout d’une pique en ces temps pré révolutionnaires : Fr. de Margerie devrait se méfier en sortant de chez lui. Le PDG de Total est l’objet d’un consensus politique qui descend en flamme son projet de dégraisser la bête multinationale de 555 postes alors qu’elle annonçait des profits record pour 2008. De Besancenot à Laurent Wauquier du gouvernement, la condamnation s’élève et le simplisme de l’approche sert les intérêts de chaque camp politique.

 

Vendredi 13 mars

L’amorce d’une douceur printanière devrait contre balancer les effondrements alentour. Ambiance pré révolutionnaire où la bête à saigner s’obstine aux mesquineries économiques. L’anticipation des désastres à venir ne peut plus se tolérer pour les âmes en sursis et dont les engagements existentiels dépendent du peu de principes supra économiques qui restent dans le sauve-qui-peut industriel.

À lire ou entendre l’abondance haineuse des victimes de Madoff, on saisit l’incommensurable déterminisme de la possession. Aucune distinction à avoir entre les catégories sociales : ce qui importe c’est l’acharnement contre le fautif, le désigné responsable de nos malheurs.

Avec le son Coldplay, la renaissance se choppe comme une bouffée de fraîcheur : le nouveau-né qui gambade, hésitant entre les quatre pattes et les deux jambes ; le chenu qui aspire les quelques rayons comme une jouvence calorifique ; les demoiselles en confidences réciproques dont n’arrive jusqu’à moi que la douce crête du son. Parties, je prends leur place pour me régénérer face aux rayons qui dardent. La saison froide résiste encore en cette fin d’après-midi par une fraîcheur qui vous envahit. L’auditif ennoblit par les airs de Prospect Mark, le monde s’anime en douceur, les gestes simples, les jeux  conviviaux, les complicités improvisées.

 

Lundi 16 mars, 23h18

Pour les gouvernants en place, l’obsession se résume à ne surtout pas apparaître d’une quelconque connivence avec des financiers indélicats ou des entrepreneurs qui licencient en masse, voire ferment des sites. L’ambiance sociale des pays encore développés, avant peut-être le chaos généralisé, est à soupeser avec ce qu’il y a à perdre et ce que l’on peut gagner en cas de lutte violente contre l’autorité établie. Lancer quelques œufs et une banderole sur la tronche du directeur du site Clairoy (?) de Continental, tabasser à coups de pied la représentation humanoïde d’un responsable, ça passe encore, mais lorsque la désespérance individuelle sera galvanisée par la vague collective, plus aucune retenue ne vaudra au nom de sa propre sécurité matérielle.

L’effet d’entraînement vaut tant pour assouvir l’indécente cupidité comme l’a magistralement révélé l’escroc Madoff que pour ceux dont le seul impératif est la survie quotidienne.

 

Jeudi 19 mars, 21h48

Reçu un message sur Facebook d’un journaliste-réalisateur, un certain Benjamin Rousset, qui souhaiterait s’entretenir avec moi sur Paul Léautaud. Il doit lui consacrer un documentaire. Que pourrais-je bien lui apporter, à part le témoignage d’un ancien lecteur du bougre, toujours séduit par le personnage, mais dont les détails de son existence se sont effacés par l’absence de fréquentation via de régulières (re)plongées dans son œuvre. Il me serait ainsi profitable de m’imprégner de son ressenti suite à la crise de 1929 et de tenter une comparaison avec ce que je vis aujourd’hui par médias interposés.

Ainsi, la deuxième journée nationale de grève de l’année, après celle du 29 janvier, m’a flanqué un dégoût de l’actualité. Plus aucun enclin aux détails des défilés, aux postures des ténors politiques et syndicaux, aux pseudos arguments simplistes de quelques grévistes remontés. A quoi sert l’agrégat d’un jour ? La radicalité affichée d’un Besancenot peut-elle un instant se concilier avec les aspirations à la négociation sociale d’un Chérèque ? Alors tout cela, simagrées en attendant la vraie rupture…

 

Mardi 24 mars, 22h21

Demain, ma BB aura 42 ans. Drôle d’effet ce temps qui défile. L’ambiance médiatico-sociale est à l’alarmisme et à la stigmatisation.

S’affoler de la mécanique infernale d’effondrement et dénoncer, par l’approche simpliste, quelques actes de potentats qui révoltent la base populaire si exempte de travers…

Alors, pour mieux se faire voir des électeurs-censeurs, les politiques en rajoutent dans la mise au pilori des abuseurs économiques qui se goinfrent même lorsque l’argent public est venu suppléer les défaillances de gestion. Presque une incitation à se payer de la tête patronale au bout d’une pique… Les Besancenot et Domota peuvent savourer cette tournure. Faut-il remettre en cause le modèle mondialisé de l’économie ? Pour quel système à lui substituer ?

Certaines utopies n’ont pas vocation à se réaliser.

 

Jeudi 26 mars, 22h10

En fin d’après-midi, sitôt sorti des locaux de Cqfd, j’appelle Benjamin Roussel, réalisateur de documentaires qui m’avait contacté via Facebook pour son projet sur Léautaud.

Echange au cours duquel il me résume son objectif : réaliser une série consacrée à des personnalités ayant résidé en Hauts-de-Seine, parmi lesquelles Céline, la Pompadour et… le père Léautaud. Il souhaiterait enregistrer et filmer un entretien d’une demi-heure avec moi, notamment pour le volet Journal littéraire.

J’apprends qu’il doit faire de même pour toutes les plumes qui ont écrit sur lui, comme Edith Silve ou Martine Sagaert. Toutes ? Non… un certain Pierre Perret ne pourra être associé à ce premier documentaire sur le bougre gouailleur au risque, pour le réalisateur, de subir la défection des trois ou quatre obscures personnalités ayant pondu sur Léautaud, voire même d’être attaqué en justice.

Raison de cet anti-perretisme primaire ? Les prétendus spécialistes affirment que l’auteur du Zizi trompe son monde et n’a, en fait, jamais rencontré l’aristocrate libertaire… Quel intérêt aurait donc le chanteur ultra populaire d’inventer cela ? Consternant de bêtise.

Celui qui aurait pu donner une fabuleuse dimension à ce documentaire est interdit d’antenne au profit de doctes ennuyeux entre lesquels je vais immiscer ma libre parole, sans toutefois gêner la démarche de Roussel. Ce petit milieu littéraire se gonfle d’être la référence incontournable : mesquinerie jalouse de la dimension d’un Perret qui gambade sur leurs plates-bandes. Dérisoire.

J’irai donc vendredi 10 avril à Paris pour enregistrer ces réflexions improvisées.

 

Samedi 4 avril

Réception des parents B pour le week-end, après une longue période de densité pédagogique, entre groupes de pompiers clairsemés pour préparer les épreuves écrites et orales et les apprentis brancardiers, parmi lesquels d’horripilants profiteurs au je m’en foutisme exacerbé.

Pour la semaine à venir que de l’administratif, ce qui va me permettre de replonger dans l’existence de Léautaud via son Journal et diverses analyses. Une façon de faire ressurgir, avec plus de précision, les liens qui m’unissent au diariste avant l’entretien de vendredi prochain avec Benjamin Roussel.

Vu jeudi soir, à la salle 3000, le vieillissant Al Jarreau. Touchant humainement, mais une prestation décevante. L’artiste apparaît tout malingre, le visage gonflé (par un traitement ?) et la voix mal assurée. Une jeune femme partage avec lui la scène pour venir, le cas échéant, suppléer les carences vocales du chanteur. Des musiciens performants l’entourent, mais le son trop bas, peut-être pour qu’Al Jarreau le supporte, empêche toute réelle symbiose avec le spectacle.

A l’occasion du soixantième anniversaire de l’OTAN et de la réintégration de la France dans l’un des commandements, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis, peu de temps après le G20, pour accueillir symboliquement la France. Vingt-huit nations, mais l’une d’elle, via son dirigeant, se distingue par la pire des incorrections : Berlusconi, qui a récemment intégré des fascistes dans son gouvernement hétéroclite, loupe les trois quarts des cérémonies pour se consacrer à un coup de téléphone semble-t-il primordial. Alors que les autres suivent scrupuleusement le programme établi, l’affairiste politique, gominé et teinté de près, se distingue de la plus minable façon. Nous saurons, dans les prochains jours, si le sujet le justifiait.

 

Dimanche 5 avril

Je profite du calme à venir volet pédagogique pour vagabonder entre les décennies Léautaud et les événements symboles de la crise économique post 1929.

Première découverte : l’auteur du Journal littéraire, lorsqu’il collaborait à l’étude de Me Lemarquis, administrateur-liquidateur, en 1902, a posé les scellés rue Aubert dans l’affaire Humbert-Crawford. Une institution financière, destinée à alimenter le train de vie somptuaire de Mme Humbert née d’Aurignac, avait abusé son monde lors du mariage de la dame, laissant entendre qu’une dot considérable, cent millions d’alors, était consignée dans un coffre sis dans l’hôtel particulier, 65 avenue de la Grande Armée à Paris, le temps de régler le contentieux de la succession Crawford avec les neveux du testateur. En fait, rien de la succession n’existait et le coffre n’accueillait que de la peccadille… mais la dame Humbert s’affichait toujours avec l’apparente richesse maximale, celle financée par l’apport des « niais » (selon Léautaud) qui croyaient à des rendements pharamineux. Une Madoff avant l’heure qui a abusé des si coupables penchants à la goinfrerie financière. Les victimes n’ont donc pas plus de valeur que leur spoliateur.

Le krach du 24 octobre 1929 n’aura de conséquences perceptibles en France qu’en 1931, tout comme aujourd’hui on nous assure que le matelas social du système de redistribution français atténue les effets de la crise économique. Cela n’empêche pas un scandale financier bien français. Fin 1930, la banque Oustric est liquidée suite à la gestion sans scrupules de son fondateur Albert Oustric. Les appuis politiques dont il a bénéficié, notamment celui de Raoul Péret, finit de discréditer la classe politico-financière aux yeux de l’opinion publique.

Changement d’ambiance en 2009 : les détenteurs de l’exécutif prennent bien garde de se désolidariser des perversions financières, quitte à sombrer dans la bouc émissairisation populiste…

S’imprégner des temps anciens pour mieux saisir la mécanique humaine des drames présents, cela édifie et conforte davantage ma thèse, mise en exergue sur mon site Crise financière ? Débâcle humaine ! : ce n’est pas le système en place qui incline au pire les comportements, mais la nature humaine de certains qui dénature et vicie le système.

 

Vendredi 10 avril

Vers 17h. Sorti de l’interview de Benjamin Roussel sur Paul Léautaud. Me voilà à la terrasse d’un café où, dans le pire de mes années 90, j’avais laissé s’écouler quelques délires mal maîtrisés auxquels s’ajoutait un œil douloureux que j’extrapolais purulent : Le Bonaparte à la devanture imposante.

Très agréable, mais un peu stressant moment que cet entretien filmé dans un cossu quatre étoiles, à taille intime, L’Hôtel rue des Beaux-Arts, lieu privilégié d’Oscar Wilde pour ses repos parisiens. La relecture de mes sélections du Journal littéraire, en 1987, alors que je découvrais l’œuvre, me fait tomber sur un hommage à Wilde, singulière personnalité appréciée par le bourru du Fontenay. Réalisateur manifestement heureux de cette trouvaille…

Prestation abondante de ma part, peut-être un peu trop à mon goût, au risque d’une indigestion pour les téléspectateurs à venir. Pour Roussel tout a semblé convenir. A la fin de l’échange, il me confie n’avoir pas retenu Edith Silve pour nourrir ce documentaire, car elle lui est apparue « folle » dans sa façon d’être, ce que n’a pas empêché sa volonté captatrice, souhaitant tout contrôler jusqu’à exaspérer et tentant de se faire rémunérer pour l’intervention envisagée. Le jeune réalisateur en a été écœuré, préférant renoncer à l’intégrer. Question judicieuse de sa part : d’où tient-elle, alors qu’elle n’a connu ni Léautaud ni même Marie Dormoy, le titre d’exécutrice  testamentaire du feu réfractaire ? Un tel enclin pour les petits coups médiocres en voulant impliquer de prétendues relations littéraires détonne tant avec les pratiques du père Léautaud qu’il la ratatine de facto à une usurpatrice de fonction sans doute via la SPA, légataire universelle des écrits du bougon misanthrope. Dérisoire antichambre d’une saprophyte qui a cultivé sa fantomatique importance serinée sur la bête littéraire. Elle détiendrait ainsi plusieurs inédits de Léautaud…

Mardi 14 avril, au soleil de Fontès

La maisonnée estivale de maman et Jean présente une belle forme extérieure achevée, alors que son insolite voisine, caprice irrationnel d’un couple baba cool, s’éternise dans l’inachèvement. Des finances à sec et un mal de dos récurrent du mari paralysent le projet écologique, avec sa façade vitrée encore ouverte aux vents, qui fait ressembler la haute demeure à une construction de bureaux plus qu’à un logis de particuliers. Ils viennent de nous saluer… charmants au demeurant.

Pour nous, l’objectif est moins titanesque : poncer et peindre la pièce principale à vivre.

La relecture, dans ce Journal, du premier jet de Foutez-lui la paix ! me fait prendre conscience de l’écriture aux lignes folles qui courent le long de lignes non respectées. L’inspiration, lente à venir pour ce texte, m’a ensuite pris au dépourvu, la main ne parvenant à suivre les phrases émergées qu’au prix de délires graphiques.

 

Mercredi 15 avril, grisaille et vent

A notre entrevue improvisée, vendredi dernier à Paris, mon père se confie un peu sur son escapade au Mexique à la fin des années 80, qui devait se conclure par un non-retour. Période de tourments et de sentiments antagonistes, à l’image du bonheur pris à la découverte de sites époustouflants tout en étant tenaillé de remords en songeant à ses enfants dans l’ignorance totale de son initiative éperdue.

J’écoute sa narration en tentant de me remémorer mon état d’esprit d’alors – maman lui vouait un profond ressentiment de cet abandon de fait – : rien ne me revient. Toujours cette diffuse indifférence aux êtres et aux événements qui devraient m’affecter. Trop égocentré pour me laisser toucher par l’alentour. Les circonstances font et défont les liens sans que j’en souffre, sans qu’un manque essentiel mine mon existence. Sans doute que l’équilibre de vie qui se déroule avec ma BB renforce ma relativisation du reste.

Deux personnalités féminines subsistent comme des rencontres cardinales que j’aurais souhaité pérenniser : Aurore la première, le coup de foudre initial, au charisme puissant, enveloppant, qui vous étourdit et fait passer le reste de l’univers au second plan, tel un improbable épiphénomène ; Shue la déesse persane, alliance de beauté rare du visage et d’une intelligence de la situation sans pareille, rencontrée au détour d’une allée de la majestueuse bibliothèque nationale sis alors rue de Richelieu, comme une apparition… Voilà les deux figures essentielles par la densité humaine exhalée.

 

Jeudi 16 avril

Peintures à l’esthétisme pastel pour la grande pièce principale : alternance de deux coloris (jaune d’un pâle éclatant et abricot léger) qui se complètent pour un esthétique résultat. Le plafond n’a pas eu le blanc de qualité unie qui aurait parachevé l’espace à vivre. Semaine de dépaysants labeurs qui file à toute vitesse.

La coupure purgative d’avec l’actualité est totale depuis lundi, et jusqu’à samedi. Les hystéries et monomanies de crise claironnée et entretenue n’ont plus aucune résonance… La vie recentrée sur l’affectif de proximité calme son rythme artificiel et ne se charge que de l’essentiel pour un bien-être perpétué.

 

Vendredi 17 avril

Quelques bribes rapportées d’une radio allumée pour le petit déjeuner : les séquestrations d’employeurs se multiplieraient en France. D’un cas isolé, et qui aurait pu être sanctionné tel que le prévoie le code pénal, la fanfare des médias en fait un exemple (condamné ou pas) pour tous les salariés menacés de licenciement. Certes, les plans sociaux justifiés par la crise économique mondiale deviennent le sport entrepreneurial en vogue, mais cela autorise-t-il  l’impunité de ceux qui s’en estiment victimes ? La voie judiciaire devrait être la seule qui permette le rétablissement dans ses droits. Laisser s’opérer puis tolérer la négociation par la force, par l’entrave à la liberté du prétendu fautif, c’est la première étape d’un délitement de l’Etat de droit, avant l’implosion du système social et le règne de la loi du plus fort.

Sans doute notre pays n’ira pas jusque-là tant que le système bancaire et la redistribution sociale fonctionneront, mais ces entorses à la légalité commune préfigurent une dégradation durable des conditions de vie collective.

Certaines voix politiques, jusque dans les rangs de partis de  gouvernement, se complaisent dans la dangereuse compréhension des séquestrations. Les mêmes nous expliquent la légitimité de rémunérations exorbitantes de footballeurs, qui distraient la masse grognonne, tout en vouant aux gémonies les dirigeants de multinationales françaises qui perçoivent des sommes comparables à celles des coureurs du ballon rond. Le populisme de gauche est là tout entier ! Accorder du crédit aux simplismes d’une population à bout qui ne souhaite qu’une seule chose : que surtout le système de fond ne change pas, qu’il redevienne la vivable vitrine d’avant la crise des subprimes, celle où chacun s’excitait pour augmenter son sacralisé pouvoir d’achat (des fonctionnaires le réclament d’ailleurs toujours, lors de manifestations hétéroclites, ne se rendant pas compte du grotesque et de l’indécence de leur revendication dans le contexte social du moment).

Alors, sans doute, faudrait-il purger, à l’échelle mondiale, les établissements financiers et les plus grosses sociétés coupables de  pratiques délictueuses, accueillant des êtres obnubilés par l’amassement pécuniaire jusqu’à l’obscénité provocatrice. Mais les remplacer par quoi et par qui ? Qui peut affirmer que la vertu se concentre de telle manière chez les partisans d’un autre monde que leur confier les rênes d’une utopique direction mondiale résoudrait l’essentiel des maux de notre civilisation économique ? Leurre d’autant plus dangereux qu’il se pare de l’humaniste générosité. L’histoire récente a connu ce genre de subterfuge idéologique qui cumule sur des décennies des dizaines de millions de cadavres. On est là dans une dérive autrement plus dramatique que les quelques plans sociaux qui n’empêchent personne de se lancer dans la création d’une activité. La liberté des uns, en l’occurrence les patrons, n’a jamais entravé celle de ceux dont ils louent (pour un temps limité, par définition) la force de travail et qui peuvent à leur tour passer la frontière imaginaire et devenir eux-mêmes entrepreneurs individuels, voire employeurs.

L’étatisation de l’économie, sous couvert de protection des plus faibles, n’a elle produit que paupérisation généralisée au profit d’un petit groupe et la déresponsabilisation de tous ceux qui vivent par cet Etat interventionniste.

 

Mardi 21 avril

Ambiance de monde sans repères où la tension sociale relayée par les médias prend des formes plus radicales.

Ce soir, au Grand Journal de Canal +, le témoignage de deux anciens traders présentés comme repentis, chacun ayant clos ce pan d’existence par un ouvrage. L’air épanoui, ils racontent cette époque d’immoralité poussée jusqu’à l’illégalité pour répondre à l’objectif premier : combler son insatiable cupidité. De magnifiques salopards cocoonés sur ce plateau de TV, alors qu’ils auraient été étripés sur place par quelques partisans éméchés du NPA…

L’ONU vient encore de déféquer sur les valeurs fondamentales qu’elle prétend défendre, et Kouchner de se ridiculiser un peu plus par sa déclaration d’optimisme imbécile.

La Conférence sur l’antiracisme devient la tribune du puant Ahmadinejad qui a, sur le plan intérieur, son siège à sauver lors des très proches élections. La France aurait pu se dispenser d’assister à cette sinistre mascarade, comme l’a fait une majorité d’Etats de l’UE. A vouloir se distinguer à tout prix des pays qui nous sont le plus proche, on finit par se rapprocher malgré nous des Etats fripouilles. Curieuse gloriole.

 

Samedi 25 avril

Vu un téléfilm sur l’affaire Salengro, ce ministre de l’Intérieur du gouvernement Blum qui s’est suicidé par trop d’attaques diffamantes. Un parti pris du réalisateur Yves Boisset de présenter les hommes politiques du Front populaire sous leur meilleur jour, alors que Maurras, Léon Daudet, Béraud et autres extrémistes apparaissent dans leur grotesque, leur vilenie leur médiocrité crasse.

Ce qui m’aurait irrité dans cette subjectivité idéologique me laisse aujourd’hui de marbre, voire me réjouit. Plus rien à foutre de camper artificiellement dans un camp qui ne répond plus à mes aspirations de fond.

 

Dimanche 26 avril

Fini de visionner, ce soir, Milice, film noir qui retrace l’abjecte dérive des hommes de Darnant. Ce temps de tourments n’aurait sans doute pas réveillé en moi la fibre d’une résistance active, je n’ai pas le caractère suffisamment combattant pour cela, mais, à l’inverse, je me crois allergique à ces collabos malsains qui font leur carrière sur la chute d’une nation dépecée par les nazis. Une passivité morose, voilà probablement ce qui m’aurait animé, avec peut-être une liberté d’écrire dans le secret. Notre époque est, pour l’instant, infiniment plus sécurisante…

Une pensée, avant de retourner dans les pages de Minc, au Gran Torino d’Eastwood. Cette fin de vie du personnage abrupte qui choisit de sacrifier sa vie pour permettre aux deux victimes du gang assassin de vivre en paix, bouleverse, hante par la dimension humaine. Le réalisateur-comédien, lui-même en fin d’existence, a rendu, avec une extrême intelligence des caractères, l’évolution – ou la révélation – de la nature humaniste d’une vieille brute au discours raciste. Un chef d’œuvre, simplement.

 

Mercredi 29 avril, 22h47

Hypocrisie minorant la réalité chez certains invités de Calvi dans un C dans l’air consacré au Gang des barbares et à son abjecte figure de proue, le sordide Fofana, à l’occasion de leur procès. Aux questions, plus ou moins rhétoriques, de téléspectateurs qui se demandent si Fofana n’est pas devenu une icône dans certaines cités et/ou pour certains profils sociologiques de population, les experts sociologues, notamment, ne l’affirment pas nettement, renvoyant cela à une ultra minorité. Pas si sûr… et si cela n’est pas un phénomène de masse à l’échelle locale, cela implique les plus actifs, les plus agissants dans les quartiers concernés.

Les groupes de formation au métier de brancardier financés par le Conseil régional ont accueilli une majorité de stagiaires complaisants, pour les moins engagés, à admiratifs pour les pires, de l’assassin tortionnaire.

On feint de ne pas voir cette fracture civilisationnelle au sein même de notre société artificiellement tenue et médiatiquement dissimulée. Un vrai potentiel de guerre civile en cas de dégradation accentuée de la conjoncture.

 

1er mai

La petite entreprise qui loue mon travail ne semble pas, jusqu’à présent, subir la crise, mais c’est au prix d’un opportunisme capitalistique pas toujours très défendable, sauf qu’il permet à la petite troupe de salariés de vivre modestement et aux deux dirigeants de plus ou moins pérenniser leur affaire.

Principal écart avec ce qui doit conditionner la formation professionnelle : l’absence de sélection pour deux groupes de préparation au métier de brancardier. La cinquantaine de places financées par le Conseil régional devait coûte que coûte trouver occupant, quitte à laisser de  côté les critères de la motivation réelle des aspirants à une formation rémunérée ! La procédure de conventionnement individuel, au fur et à mesure de la manifestation de candidats à cette préparation, a favorisé la retenue du pire, des profiteurs, des planqués et des délinquants en germe ou accomplis venant passer un peu de bon temps et surtout toucher le pécule distribué par l’ASP.

Exécrables conditions pour constituer un groupe de travail : une bonne part de profils que nous n’aurions jamais dû accepter, mais que la perspective financière a fait retenir. Une partie des financements de la formation professionnelle sert donc à entretenir et à occuper temporairement des petites frappes incommodantes, des caïds de seconde zone et des échoués inconscients de leur propre responsabilité. Finalement, chacun joue son rôle en désirant la fin la plus proche : la structure et ses actants d’une part, une partie des stagiaires d’autre part. La société camoufle ainsi, avec ces formations financées successives, la réalité de l’écart entre ce public et le monde du travail.

Contenir les révoltes qui grondent, c’est un peu l’obsession des gouvernants dans nombre de pays. Que peut proposer de viable avec certitude un pouvoir en place qui doit gérer cette débâcle systémique ? Chacun, à la lueur de son malheur conjoncturel, peut s’improviser révolutionnaire d’un jour, d’une semaine, d’un mois même, mais pour quel autre mode de fonctionnement ? Quelle gouvernance mondiale, constituée d’une majorité de pays non démocratiques, pourrait imposer des règles communes allant à l’encontre des aspirations cupides de ceux qui réussissent à dominer les autres ?

Rester un obscur témoin sans illusion.

 

Jeudi 7 mai, 0h30

De retour d’une toile, Incognito avec le doué Bénabar.

Une petite claque bien sentie pour l’anonyme diariste que je suis : avoir repoussé toute ambition combative pour se complaire dans la distraction littéraire… Advienne le minimum. Le peu d’enclin pour l’humanité, dans son approche groupale, n’incite à aucun dépassement de soi, juste bricoler quelques traces.

 

Samedi 9 mai, 22h54

Désintérêt croissant pour ce qui occupe et captive la plupart. Pas une stratégie de la condescendance, mais un retrait instinctif.

L’ambiance délétère qui règnerait dans ce pays préservé pourtant du chaos sanguinaire, revient comme l’antienne vendeuse des médias. Le chômage de masse reprend sa place de premier fléau national que les coups de sang de quelques victimes sans perspectives dramatisent auprès de ceux qui s’y identifient.

Journée de l’Europe et une campagne fadasse qui n’offre aucun débat audible sur le fond de la politique à mener dans l’UE.

 

Dimanche 10 mai, 7h06

Dix ans que Lyon m’accueille intra-muros. Ni ma ville natale, Tours qui se limite pour moi à son qualificatif puisque je n’y ai jamais résidé ; ni ma ville d’études qui échoit à la capitale Big Lutèce laquelle devint même, aux moments sombres, mon Purgatoire, mais ma ville de cœur, affinitaire, qui m’a définitivement convaincu que le confort d’une vie citadine pouvait concilier l’espace à vivre avec la proximité des zones aérées.

Une décennie de transformations qui conforte mon ancrage et mon choix de ne décidément pas conduire : la belle idée des Vélo’v (premier réseau de libre-service) auquel j’ai rendu hommage ; l’ouverture de piste cyclables protégées ; la restitution des berges du Rhône aux piétons et aux deux roues sans moteur. Quelques marques pour que l’empreinte s’affirme. Lyon la discrète, comme une ressemblance…

23h30. La polémique autour de l’affirmée rencontre du vieux Léautaud par le jeune ambitieux Perret nourrit quelques blogs.

Je découvre ce soir un long écrit anti-Perret qui ne décèle, dans ce trucage initial, que la confirmation d’une nature obsédée par sa propre réussite et le fric que l’on peut en tirer. Attaque vacharde, même si la bibliographie de Perret peut laisser songeur pour son volet littéraire, ou plus exactement livresque. J’ai laissé un commentaire dans la droite ligne de mon Foutez-lui la paix !

Je profite de ce mini buzz internet sur Léautaud pour livrer dans un blog (le vingt quatrième ouvert sur blogspot.com, je crois) les extraits de son Journal littéraire qui auraient pu servir à nourrir mon projet de thèse sur l’œuvre de ce percutant diariste.

Une fois les quelque 170 pages de citations (sur 19 volumes !) mises en ligne, j’entamerai l’illustration progressive de cette sélection avec, si possible, des photos de l’époque, des gens et des événements évoqués, prises dans de vieux bouquins conservés (L’Illustration, Le Larousse, Le Crapouillot…). Une tâche plaisante, mais titanesque.

Facebook fait ressurgir des personnalités croisées et que jamais je n’aurais cru retrouver. Une certaine Laetitia M, eu comme élève à Forpro puis à Cqfd, vient de se manifester à moi sollicitant une amitié, selon l’outil requis, et laissant une appréciation positive sous mon article Capuches à découvert. A suivre…

Appris que le conseiller spécial du président Sarkozy, le posé Guaino, avait voté Non au projet de Constitution européenne. À force de vouloir réconcilier les deux camps, on cultive l’indifférencié.

 

Dimanche 17 mai

A rebours de la tendance anti-Hadopi sur Internet, mon dernier texte repris par AgoraVox recueille plus de 80 % d’opinions négatives. La garantie de pouvoir affûter mes arguments dans de vifs débats.

Pour nombre d’intervenants anonymes, premier signe de médiocrité de ne pas se révéler lorsqu’on attaque ad hominem, la présidence Sarkozy prépare la fin de la liberté d’expression. Délire qui s’effondre de lui-même : jamais la vivacité des charges n’a été telle contre un président en place depuis deux ans, et c’est seulement maintenant qu’il verrouillerait tout ? Et même s’il le souhaitait, comment le pourrait-il techniquement et institutionnellement ? Farce paranoïaque des autoproclamés victimes du sarkozysme.

Tirs de kalachnikov à la Courneuve, dans la Cité des Quatre Mille, contre les forces de l’ordre : fait divers révélateur de l’ultra violence qui déborde et risque d’agréger des mouvements parallèles remontés contre tous les pouvoirs.

 

Lundi 18 mai

Temps de crise ? Visiblement pas pour la petite entreprise qui m’emploie. Décision de me payer le trop d’heures effectuées depuis la rentrée 2008, plutôt que de les récupérer par des semaines allégées. Un treizième mois de fait juste pour mes vacances de juillet. Santé aux apprentis brancardiers et ASH accueillis !

Plus qu’un embrasement général, le pays semble voué à subir une hémorragie de points de fixation d’un radicalisme éperdu. Les secteurs fragilisés déversent de nouveaux inactifs si prompts à descendre leur ex exploiteur qui les a libérés de leur labeur.

Le décompte médiatique de ces abcès incite à la surenchère concurrente. L’inertie du système sauvegardera-t-il l’essentiel de notre mode de vie, au grand dam des aspirants révolutionnaires ? La voie mondialiste peut-elle se concilier avec l’irrésistible conservatisme de ceux des pays riches qui sentent leurs modestes acquis leur échapper pour rémunérer de plus pauvres qu’eux ?

Les mutations, intolérables pour les sacrifiés désignés, s’accélèrent d’autant plus que le marché des échanges se libéralise, c’est-à-dire favorise les libertés, quitte à bouleverser l’ordre Nord-Sud établi…

L’impossible conciliation des intérêts aspirés par la gloutonne globalisation entretiendra ces soubresauts sans cohérence.

Bords du Rhône : à l’apparence insouciante, deux jeunes femmes visiblement en complicité amoureuse, goûtent des rayons et s’essayent à quelques tendres caresses, tutoyant la coquinerie sans jamais y céder.  Instantané pour oublier cette crise qui décidément ne m’atteint pas, pour l’instant.

 

Mardi 19 mai, 23h14

L’ogresse Crise n’a pas encore dévoré ses ouailles que l’hystérie dépressive guette. Sur Internet, là où la liberté d’expression et de diffusion jouit d’une garantie totale, nombre d’internautes s’agitent pour dénoncer sa mise en péril par la présidence et le gouvernement Sarkozy. Le terrain critique s’obsède par cette menace d’un Etat policier alors que plus de deux ans après sa victoire le déchaînement anti-Sarkozy ne s’est jamais autant fait entendre…

Nourrissons nos critiques non avec des lubies chimériques, mais avec de vraies attaques contre des réformes inefficaces, inadaptées à la situation hors norme du moment ou mal menées. Le reste relève du complot mal placé.

 

Samedi 23 mai

Touffeur au parc et vide d’inspiration.

Face à l’étendue verte et à deux bancs sur ma gauche, impression qu’Elena prend le soleil. Curieuse apparition d’une histoire qui s’est terminée dans la défiance via quelques courriers incisifs. Mais est-ce vraiment elle ? Aucune cigarette fumée depuis un bon quart d’heure, elle qui consommait plus que de raison. Aurait-elle arrêté ? Cela transfigurerait le personnage… De loin, sans sa voix criarde, elle présente une distinction certaine, ce qui avait, à l’époque, obnubilé mon attention.

Le visage tourné, une fraction de seconde, vers moi, il me semble bien que ce soit elle, le visage transformé pourtant, comme empreint de la fatigue du temps écoulé. Notre dernière entrevue doit datée de 2001…

Vue debout, au moment de son départ, bien elle mais des kilos en trop, probable conséquence d’une abstinence tabagique. Un peu triste de la voir ainsi, mais à rien ne rimerait une cordiale reprise de contact.

Passage sur la terrasse du Q Boat pour un Monaco de bon aloi. Défilé de la population en sursis, chacun tout à sa parcelle de détente. Prégnante posture de ceux qui se résolvent à ne pas jouir de la plus bénéfique époque. Le temps s’obstine à la transition.

Songer à tous ces êtres croisés sans que l’accroche perdure. Comme un passant, détaché et aux implications purement testimoniales, scruter de loin sans se perdre en dangereuses affectations. S’imaginer sans attaches, déterminé à la pure consommation humaine.

Le défilé se poursuit, le second Monaco se vide et je n’occulte aucune faille. Se croire pour mieux s’oublier. Fondre en soi sans espérer en extraire le filet créateur.

D’un coup, une pensée à Heïm vieillissant, coupé de ses plus proches attaches du temps perdu. À quand la nouvelle de son décès et l’emballement émotionnel que son cadavre ouvrira. Tant de figures laissées en suspens par l’impossible conciliation des consciences.

 

Vendredi 29 mai

Révélateur. B. Roussel ne m’a toujours pas fait rembourser le déplacement effectué en TGV pour honorer l’entretien pour son documentaire. Si prévenant par la parole, au point de me proposer une boisson à mon arrivée à l’Hôtel que jamais il ne fera apporter – insignifiance qui aurait dû m’alerter – voilà qu’il ne daigne pas se bouger pour cette somme que j’ai avancée au budget de la Société européenne de production.

Révélateur de ce parisianisme à fuir : une générosité affichée pour obtenir une prestation réelle de l’autre que l’on néglige par la suite jusqu’à renier ses promesses.

Quitte à passer pour un mesquin, je ne lâcherai pas le morceau.

Elections européennes dans une grosse semaine et les débats ne permettent aucune passion. Depuis le rejet du projet de constitution, ma mobilisation s’étiole au point d’envisager l’abstention. Une Europe sans projet global, engluée dans des handicaps institutionnels, qu’en espérer ?

 

Vendredi 5 juin

Dans l’attente d’avoir accès à la salle de Cinécité qui diffuse l’unique séance de Home d’Arthus-Bertrand, produit par l’hyper consommateur d’énergie Luc Besson.

Le chaos planétaire qui va nous être exposé, avec une perspective constructive, a trouvé son écho politique sur le plateau d’Arlette Chabot. La directrice de l’information de France 2 s’attendait sans doute à du musclé, mais point à la débâcle bruyante des échanges. Maître révélé dans l’indigente petite crasse, Bayrou en quête d’une troisième place qui lui échappe au profit de son nouvel ennemi : Cohn-Bendit. Première insinuation de copinage avec Sarkozy, le député européen s’emporte pour lui prédire un « minable » destin à l’aune de sa pantagruélique ambition.

 

Lundi 8 juin, 22h58

Edifiants résultats des élections européennes. Les 60% d’abstentionnistes d’abord : du je m’en foutisme, du désintérêt ou de la défiance. Pourtant l’Union européenne a offert, jusqu’à aujourd’hui, une paix et une stabilité sans pareille à des générations entières. Le gros des sans-vote n’a certainement aucune affinité avec les thèses anarchistes d’un Coupat.

Pour le reste, la déculottée prise par un Bayrou en berne, ayant perdu toute affection (cf. son programme des Présidentielles 2007) et qui n’a plus comme voie obligée, mais peut-être suicidaire, que l’acharnement à se projeter dans la bataille pour la première des places politiques, en 2012. Quitte ou double, comme le proposait un jeu radiophonique : celui de Bayrou ne tolérera aucun échec.

La haine déchaînée sur la toile contre un président, certes critiquable, n’a rien rapporté à ce vivace opposant.

 

Mercredi 10 juin, 23h30

On pourrait croire que les médias traditionnels, l’hydre à trois têtes, est à la solde de Sarkozy tant les critiques et les analyses au vitriol se multiplient après la réunion des têtes dirigeantes et influentes du PS, pour répondre à la déroute électorale. Pourtant, c’est bien le fond sidérant de ce comité national qui nourrit seul les charges sévères. Pour résumer : une nouvelle promesse d'intention de "refondation" dans... six mois ! Quelle réactivité ! Quel sens politique ! C'en est presque touchant de les constater si désemparés ces engagés politiques à l'ancienne mode.

Pas pour demain un leader qui transcendera les différends de tous les éléphants et de la nouvelle génération, pas plus axée sur les propositions.

Ce qui monopolise leur discours, ce sont les possibilités de résoudre leurs dysfonctionnements. Rien sur une autre gestion de la crise...

 

Vendredi 12 juin

Ne pas se laisser distraire pour accrocher les signes du temps, comme les révélateurs d’une débâcle aux accents contradictoires.

Les énervés de la crise, qui se crispent dès qu’un revenu d’employeur explose le sens commun, ne remuent pas le poil d’une oreille à la révélation de la prochaine rémunération d’un footballeur au sommet. Le tapeur de baballe se positionne sans mal au plus haut de la très longue échelle des salaires : face au taux horaire du Smic, durement gagné par une part de ses adorateurs, il inaugure le Smic/horaire… le gain d’un Smic par heure. Rien de choquant en soi selon le principe économique qu’une rareté se paye bien plus qu’un produit courant.

Ce qui navre, c’est l’apathie des errants du Pôle face à la goinfrerie du joueur et leur hargne vindicative dès qu’il s’agit d’un dirigeant moins sexy dans ses entournures, juste chargé de faire réussir une entité économique qui assure l’existence d’une foule d’âmes.

Les tragiques et les comiques se retrouvent pour catapulter nos plates trajectoires vers d’hérissés horizons. Comme une guerre sourde, fantasmée, qui n’attend que le prétexte pour révéler ses actants déchaînés.

Rappelle-toi tes parents dans la casbah, tes grands-parents, comme les arrières, à l’arme lourde ou à la baïonnette incisive… tu veux quoi de plus ? Une fragile époque de paix qui ne survit que par un minimum social de prospérité.

 

Samedi 13 juin

Miribel au peuple bon enfant : ça fourmille et s’illusionne sur la joie de vivre comme au temps des années folles. A prendre comme une parenthèse d’insouciance.

Quelque deux mille personnes perdent leur emploi en France chaque jour : paupérisation progressive du pays qui ne pourra compenser indéfiniment les manques financiers d’un peuple dont les acquis sociaux ne tiennent que par les perfusions étatiques d’emprunts sur la scène financière du monde. Avec un déficit d’environ cent milliards d’euros, l’Etat dépense un euro sur trois qu’elle n’a pas.

Jeudi 18 juin, 22h39

L’année prochaine, les soixante-dix ans de l’Appel du plus illustre des Français du XXe siècle, l’un des dix personnages clefs de l’histoire hexagonale. Etre le premier à y penser, un an avant, voilà qui permet de sortir un peu plus du temps présent.

 

Vendredi 26 juin, 0h51

Michael Jackson décédé : arrêt cardiaque à cinquante ans ! Tragique destin si fantastiquement commencé : les répétitions pour son retour sur scène, le 13 juillet prochain à Londres, auront eu raison du fragile roi de la pop. C’est par France Info, à minuit passé, que la nouvelle m’est parvenue. Google actualité recensait, à 0h30, près de cent quarante articles en français sur le sujet. La valse des titres, les minutes s’écoulant, pointait l’alarmiste hospitalisation, puis l’annonce du décès avec conditionnel d’usage pour, enfin, se risquer au mode de la certitude.

Internet accélère d’une fantastique façon le trajet et l’affinement de l’information, tant que la manipulation ne s’invite pas sur la toile, ce qu’on ne peut éviter totalement.

Florence & Michael, outre mode !

Ampleur prévisible de l'écho planétaire pour feu Jackson.

Revenir à l'essentiel : trois bon vieux CD du "popiste" sacré, à défaut de vinyles, pour réécouter, en choix aléatoires, son chanté millimétré. Vitalité régénérante des mélodies atomiques, comme une invitation à l'accélération en tempos indémodables. Voix faite musique, airs ciselés rythmique : symbiose...

Si Jackson rejoint le firmament, Rey retrouve elle la liberté. Me revient ce que j'écrivais en 1994, lors de son arrestation :

"Brève épopée meurtrière d'un couple révulsé des fibres, l'âme injectée de haine. Les french Bonnie and Clyde transcendent leur minable casse en fulgurante perdition. Course poursuite dans Paris, feu sur les poulets, trois blessés à la balle pour sangliers, un chauffeur de taxi tué, et les politiques qui s'émeuvent. Le rodéo a ses victimes dans les rangs de la force publique comme dans le duo des anarcho-tueurs. L'homme a flanché à l'hôpital.

Reste le petit bout de jeune fille, émouvante par ses traits, confusément attachante, orpheline, sa vie foutue... Je n'aurais pas eu, moi aussi, ma vie majoritaire devant moi, j'aurais volontiers proposé ma vieille carcasse pour la remplacer dans la geôle. Elle aurait dû crever avec son compagnon, en apothéose destructrice. La grosse machine judiciaire, puis pénitentiaire aura raison de sa pureté. Florence, elle se prénomme.

Chère Florence, tu es une criminelle, certes, tu as éliminé d'innocentes personnes et désespéré des familles, mais je décèle une humanité éperdue dans tes yeux. Pauvre de toi, décalée dans cet univers."

Rapprochement incongru de l'ex tueuse née d'un jour et de la star refroidie pour toujours ? Sans aucun doute une pulsion littéraire irrationnelle. M'en contrefiche. Au diable les codes limitatifs ! Rey-Jackson sonne comme un tragique appel harmonique, celui d'un XXe à l'agonie qui n'en finit pas de hoqueter ses icônes et ses actants.

 

Dimanche 28 juin

Vers 12h30. Eu Jim au téléphone : il vient de m’apprendre l’heureuse nouvelle. Aurélia enceinte depuis plus de deux mois et demain première échographie. En décembre ou janvier 2010, je serai tonton !

Ma BB déjà en vacances, pour moi une semaine d’administratif dominant et puis le grand tournis des rendez-vous sur les terres de France : séjour expresse à Paris pour revoir notamment Shue et Karl ; avec ma BB suivront Le Cellier, vers Carcassonne, Fontès puis Arles avant un retour au bercail.

Dans mon cocon vert préféré, à la lisière de la roseraie du parc Tête d’Or, un peu envahi ce radieux dimanche, je laisse s’irriguer le cortex surchauffé.

A droite, à l’ombre d’un touffu, un jeu duo d’amoureux explore les émois de baisers infinis ; en face une jeune femme allongée sur le tapis vert, toujours à l’ombre, studieuse dans un bouquin, stylo en main, avant de tenter l’endormissement.

Mon petit frère va donc devenir père, et Aurélia mettre au monde le premier D. qui associera, peut-être, ce patronyme à celui de sa maman. Un bouleversement existentiel pour le frérot, visiblement aux anges, qui lui fait relativiser ses soucis de conservatoire, et notamment

 

Vendredi 3 juillet

Avant de rallier les concentrations estivales, un court séjour à Big Lutèce, mais sans pouvoir y revoir Karl qui s’est curieusement décommandé hier soir sur ma messagerie. La raison sonne comme un improbable prétexte : ce serait l’anniversaire de sa copine finalement présente à Laon tout le week-end et qu’il ne peut laisser en plan.

J’en subodorerais presque une proche influence dissuasive… Décidément, de Lyon à Laon, si une seule lettre les sépare, chacune se trouve aux antipodes de l’alphabet partagé. Notre quarantième année ne fêtera pas nos retrouvailles. Il faudra sans doute attendre que quelques âmes malfaisantes passent l’arme à gauche pour que les relations se rétablissent puis se normalisent dans le regret du temps perdu.

Suite au River Boat au frais d’un Monaco de bon aloi. Sordide famille Jackson : chacun va tenter de grappiller un maximum du milliard de dollars de patrimoine que laisse Michael, dettes non déduites. Le père tyran est exclu de l’héritage : il pourra ruminer son mépris pour sa dernière progéniture, première décédée, selon l’adage chrétien détourné.

 

Samedi 4 juillet

Départ 7h30 de la gare Part Dieu, un TGV partiellement rempli : les vacanciers ne fréquentent pas les aurores. De l’espace pour rejoindre Big Lutèce, sans marmots brailleurs, sans surcharge de bagages, juste dans l’élancement à grande vitesse.

Parmi les voyageurs, un trio (deux filles, un gars) : la décontraction vestimentaire de l’une – seule personne du groupe que je vois en totalité – alliée à une joliesse du visage et une sensualité maîtrisée, renvoie à d’autres personnalités croisées ou côtoyées. Celles dont la fréquentation ennoblit l’instant, rendant l’alentour presqu’irréel par son insignifiante emprise sur notre champ de conscience tout entier imprégné par cette féérique présence.

 

Dimanche 5 juillet

Lumineuse Shue et généreux John, point d’orgue du séjour. Existence professionnelle chargée en voyages qui leur laisse peu de place pour leur paisible retranchement en Andorre.

Avec ses trente-huit ans, Shue est plus belle que jamais : la chevelure raccourcie, mais toujours aussi épaisse, d’une blondeur éclairante, elle passe le temps comme une élégance qui rend un peu captif de son incroyable charisme.

Un retour en première classe surchauffée, ma nature grognonne en sus. Insatisfait.

 

Mercredi 8 juillet

Au Cellier, sans lunettes, lentilles enlevées, la pointe du petit stylo à bille semble plus adéquat pour écrire l’œil au ras du quadrillé.

Ambiance jazz pour se prendre au piège de la dérive métaphysique. Coldplay prend le relai pour sublimer l’instant : Chris Martin sans équivalent pour le timbre porteur d’une tension chancelante dédiée à l’émotion musicale.

L’univers n’a ni commencement, ni fin, ni limite spatiale. Il est le Tout inconcevable et sans fioriture divine. L’esprit commun se cantonne aux diverses versions théologiques qui rassurent : d’un tel simplisme cousu de corde mal dégrossie au regard de l’angoissante réalité intolérable pour notre entendement… Et pourtant : se résoudre à l’impossible limite dans quelque dimension que ce soit… Impossible début : qu’y aurait-il eu avant puisque le néant est déjà en soi quelque chose ; absurde fin puisqu’une suite s’impose quelle que soit sa forme.

 

Vendredi 10 juillet

Hier, découverte de l’efficace organisation du Puy du Fou et de ses animations variées.

Le point d’orgue fut justement Les orgues d’été, nouveauté délivrée à nuitée. Sur un grand plan d’eau, une violoniste lumineuse glisse sur le liquide, aussi délicatement que son archet sur l’instrument, le tout mis en lumière. Cet appel fait sortir un pianiste du fond des eaux, éclairé et inspiré pour les mélodies entraînantes…

Un gigantesque orgue apparaît au fond de la scène naturelle, signal du déferlement des fontaines en furie, des lumières qui soulignent l’esthétisme de l’eau projetée vers les cieux et des flammes, gerbes impressionnantes lancées par de mécaniques cracheurs de feu… Splendeur : tous les sens sollicités en sortent rassasiés.

Suite du vagabondage vendéen cet après-midi, avant la Cinéscénie nocturne.

 

Samedi 11 juillet

Deuxième nuit à Saint-Denis la Chevasse.

Fresque grandiose écrite et mise en scène par Philippe de Villiers. Parmi les voix narratives, j’ai cru reconnaître celle d’un autre Philippe, comédien consacré et dans son dernier virage, le grand Noiret. On sent le goût des mots chez le politique, mais l’écriture frise parfois l’ampoulé et la personnification cabrélienne dans le style « l’âme accrochée au rocher inspire les souvenirs déçus »… La concentration de ces figures littéraires peut agacer, mais hier soir l’efficacité du spectacle a emporté l’adhésion sans retenue.

On saisit mieux les aspirations à conduire la nation du président du Conseil général de Vendée : sur son territoire la réussite est totale et la très grande majorité des autochtones doivent lui savoir gré d’avoir fait rayonner ainsi leur département.

Jamais vu autant célébrés qu’ici le cœur surmonté d’une croix, les chefs chouans et toute la rébellion anti-Terreur… Cela a fait ressurgir en moi l’époque châtelaine où certains de nos jeux s’incarnaient dans la lutte des Chouans contre les barbares bleus, ces salauds de Républicains. Si lointains que sont ces instants, je garde mon affection culturelle pour ces personnages en lutte contre les dérives génocidaires des premières années de notre régime politique.

Moi, Cadoudal, aux côtés de Cottereau et La Rochejaquelein, je vomissais ce système démocratique qui s’affirmait en tentant d’éradiquer ses opposants… pratique bien ordinaire à l’échelle sanguinaire de l’humanité.

Jeux d’une enfance rêvée, malgré les petites facettes sordides qui se révèleront au fil du temps. Le rapport entre frères et cœurs de cœur était lui sincère, absolu, sans tache…

Le groupe des adultes qui avait permis qu’existe ce cadre idyllique, reconnaissons-le, occultait de bien médiocres coulisses : le chevalier lui aussi a ses perversions, la princesse ne peut s’affranchir des défécations… Eh bien l’univers du hobereau, en rupture avec le modèle républicain, s’est enlaidi d’indignes pressions prétendument affectives, de reniements au nom d’impératifs financiers, du confort sexuel d’un seul par l’abus de chairs fraîches à disposition. Heïm maudit, non point par ses idées, mais par son infect bon vouloir  de patriarche libidineux.

 

Lundi 13 juillet

Comme le plus souvent lors de nos passages estivaux dans cette région, le temps se fait capricieux, en demi-teinte. D’autres caprices, plus sonores, truffent le séjour : ceux de Ilya qui grandit et affirme son caractère.

Fin d’après-midi. J’arrête la saisie de l’année 2008 (plus qu’un an, au mois près, me sépare du temps présent), car après plusieurs heures de fonctionnement, l’antique portable semble cramer de l’intérieur.

De longs, très longs passages consacrés à la brouille avec Alice, au passé partagé avec Heïm… Comme une obsession littéraire à entretenir.

La plus belle des sanctions contre le vieillard pédophile serait qu’aucune de ses descendances de sang ne reprenne son patronyme (à l’origine simple pseudonyme) se limitant au nom de famille originel qu’il repoussait : trop commun à son goût et ne traduisant pas la singulière épopée d’une légende à construire. L’histoire le retiendrait comme le seul Heïm, une incongruité à isoler dans l’arbre généalogique et n’ouvrant sur aucune descendance patronymique.

 

Mardi 14 juillet

Hier soir, à la recherche d’un titre pour l’année 2008, saisie de moitié, qui mêle le perso, notamment les retrouvailles-rupture avec Alice, et la forte actualité du second semestre avec cette crise naissante. Ruminer les sens, faire tournoyer les mots, les expressions, jauger les polysémies, et voilà qu’un titre court, accrocheur et remplissant les conditions me vient : De surprises en subprimes. Adopté !

Un petit rayon du matin pour notre dernier jour au Cellier. En fait, escapade pour la journée à l’île de Behuard en Maine-et-Loire. Occasion de déguster quelques crêpes ce midi et de découvrir un autre arpent de cette merveilleuse terre de France dont je n’ai décidément pas envie de m’éloigner, même en période propice aux voyages lointains.

Enfin achevé les ouvrages de Cusset et Minc, je peux reprendre la lecture critique et de plus en plus distante du Journal de Léon Bloy.

 

Mercredi 15 juillet

18h15. Une soirée en pays cathare, vers les villages de Fa et d’Esperaza, avec la famille paternelle. Pays d’angles aigus et de lacets étroits : atteindre sa destination requiert la plus constante attention. Un regard sur les restes d’une grandiose forteresse érigée sur un sommet rocheux, toute la rupture d’avec l’autorité royale imprègne encore ces épaisses bâtisses seigneuriales. Ce Moyen-âge rugueux où quelques-uns se fixaient comme ligne d’honneur la victoire ou la mort, se fait encore un peu voir ici. Tragique horizon de vie pour notre temps et nos latitudes, normalité pour des groupes qui se revendiquent religieux et que nous percevons comme intégristes.

L’Absolu revendiqué par Bloy aurait tout de cette posture non négociable. Sa misère claironnée et l’intolérance de son incommodant prochain auraient tout de la bombe à explosion lente, mais inarrêtable.

Le désordre apparent du diarisme, puzzle littéraire à construction variable, ne doit pas me faire renoncer à tenir le cap, quelle que soit la virulence des critiques. Avoir la certitude de la nécessité de son geste, même s’il ne plaît qu’à peu, surtout s’il ne séduit qu’une minorité, c’est placer au-dessus des contingences l’utilité, et peut-être l’esthétisme, de son témoignage segmenté. Ecrire pour s’accrocher un peu, laisser une parcelle de soi qui créera une réaction, donc une émotion, chez le lecteur du hasard. Ne pas espérer plus, mais l’essentiel est dans l’acte lui-même, dans l’instant vécu en écriture pour sur-ressentir, pour se projeter, pour marquer un arrêt et approfondir.

Ecrire rompt donc avec la linéarité de ce qui se vit, tissant une toile sémantique aux souples dimensions. Alors critiquez ! critiquez ! il me restera toujours des petits carreaux à remplir de signes biscornus.

 

Vendredi 17 juillet

Depuis la plage ventée entre Agde et Sète.

Petit mot sur mon père, qui semble ne pas avoir baissé sa consommation de tabac. Au restaurant panoramique de Carcassonne, alors qu’il s’en est allé s’en griller une avec ma BB, Anna confie son agacement désabusé face à ce comportement qu’elle considère comme irresponsable. Elle a renoncé à lui insuffler la volonté d’arrêter, se demandant même s’il ne s’agit pas d’un lent suicide assumé.

La différence d’âge risque d’être plus prégnante dans les décennies qui se profilent, si un mal définitif n’a pas interrompu avant la dualité. Mon père aurait la conviction, non claironnée, que les maladies liées au tabac sont pour les autres. L’alerte coronarienne qu’il a eue n’a donc en rien servi une détermination à changer. Advienne que pourra puisqu’aucun d’entre nous ne peut avoir de prise sur ses résolutions de vie.

À Fontès, le plus bel hommage que l’on pouvait rendre à nos défunts grands-parents se dessine. Non seulement maman et l’oncle Paul ont décidé de s’y implanter pour le dernier tiers de leur existence, mais d’autres membres de la famille ont suivi cette voie : Mona, ma tante divorcée d’avec Paul et son fils Serge qui a acheté un logis pour le mettre à disposition de sa mère.

Les étés resteront donc, au contraire de ce que j’appréhendais dans le texte en hommage à grand-mère disparue, une source de rassemblement familial à Fontès. Une démonstration affective que nous aurons l’occasion de tester dans les prochains jours.

Jim et Aurélia nous quittent malheureusement demain pour rejoindre une location dans les Pyrénées. Le dos du premier ne s’arrange pas, le faisant souffrir de plus en plus et ne permettant plus de déplacement autrement que tordu sur le côté ; la jeune grossesse de la seconde est magnifiquement portée et vécue. De quoi régénérer leur symbiose.

 

Samedi 18 juillet

Arrivée d’un nouveau couple, Candy et Marius, après un exténuant trajet à moto.

Mon oncle renoue avec l’époque glorieuse des B., en achetant plusieurs bâtisses dans le prolongement de la maison, au point d’être propriétaire de l’ensemble du bâti d’un côté de la rue… à l’exception de la dernière maison. Encore des travaux d’Hercule, mais c’est un habitué du fait.

Petit tour du village avec ma BB en fin d’après-midi, et détour par le cimetière : petit arrêt affectif devant la tombe de Jeanne et Gustave, mes enterrés grands-parents, de Denise et Jacques, grands oncle et tante disparus et à la recherche vaine de la tombe des Salasc, la femme ayant rendu l’âme il y a une quinzaine de jours. Une époque s’achève totalement, avec les derniers proches témoins de cette génération qui incarnaient l’univers villageois de mes grands-parents. Depuis ce récent trépas, la partie de la maison que les Salasc détenaient, à l’origine possession B. sur l’ensemble de l’immeuble, est mise en vente. Prix excessif pour que Paul ou son fils s’en portent acquéreurs. Cela aurait été un sublime retour aux sources…

Me reste d’affectives pensées pour les descendants des Salasc, et notamment leur fille M.-R. : « Les Salasc sont rentrés » s’alertait la chanson de Jim : ils ont effectivement cessé pour toujours leur cordiale présence sur le seuil de la porte, en fin d’après-midi estivale, au moment d’une relative douceur retrouvée. Amabilités échangées avec ces gens simples et si vrais dans leur gentillesse. Le détail de ces instants, permis par un harmonieux voisinage auquel on ne prête pas trop d’attention, se révèle un puissant marqueur affectif pour rendre compte de ce qu’on a perdu par la force imparable du temps qui passe.

 

Lundi 20 juillet

Marseillan plage. Goût du farniente sans négliger la monomanie du diariste : rendre compte au prisme de l’humeur de l’instant.

Les scories de l’intellect, rêves, songes et autres cauchemars me renvoient sporadiquement vers l’époque des châteaux d’O et d’Au avec sa galerie de figures attachantes quoique mises à distance. La dominante des errances nocturnes mélange une affection persistante, mais faiblarde, très vite submergée par la détermination à ne pas retomber dans les travers névrotiques qui rongent l’existence. L’opportunité du retrait ou de faire sentir ma voie divergente est saisie, malgré la confusion onirique.

La réalité m’offre de bien plus performantes possibilités, notamment grâce à l’écriture. Les extraits de ce Journal à taire rassemblés dans Heïm le maudit, recueil numérique à accès protégé, forment un réquisitoire, éparse certes, mais à puissance grandissante les années passants, contre un personnage qui prétendait détenir la panacée pour la vie en groupe affinitaire, en fait réunion de petits et grands pour satisfaire un intérêt personnel, son central appétit sexuel. Sans pédication, point de salut !

A l’instant me revient l’époque où Hermione, adolescente, affichait un mécontentement quasi permanent, sans oser le prolonger devant son père. Ne s’agirait-il pas de la conséquence d’une tentative avortée d’intimité du libidineux géniteur ? N’ayant pu pleinement satisfaire son redoutable plaisir, Heïm résumera le portrait de ses deux filles, lors d’excès vitriolés dont il abusait, à Hermione le laideron et Alice la frigide. Que de la délicate affection paternelle…

 

Mercredi 22 juillet

Avant 12h. Vu Potter volet V hier soir avec Nathalie, sa troupe et Serge. Le trio sort de l’adolescence et se risque à quelques élans sentimentaux, plus dans l’évocation que dans l’action… il faudra attendre pour découvrir une courbure d’Hermione Granger. Leur profil, leurs rapports me font immanquablement penser à ce qu’Hermione, Karl et moi formions au château d’O. On pourrait même pousser le parallèle jusqu’à la figure patriarcale de Dumbeldorf et de son ennemi Prince des Ténèbres : la mixture des deux rendrait bien compte de la double face d’Heïm, de l’apparent patriarche au réel malfaisant.

 

Jeudi 23 juillet

Journée de bombance et de retrouvailles avec cousins, cousines, oncles et tantes. Réussite.

Je poursuis la lecture du Journal de Bloy, mais de plus en plus exaspéré par son arriération religieuse. Ainsi, en mai 1902, il explique les trente mille morts dus à l’éruption foudroyante comme un facteur « indispensable » pour « contrebalancer (…) l’acte prodigieux » de leur enfant… une communion. Quel atroce et débile raisonnement, celui d’un homme aveuglé par son fanatisme.

 

Vendredi 24 juillet

Dernier jour de plage, avec vagues et bons moments ludiques. L’après-midi sous le gros et grand épineux à délirer, avé l’accent, avec Marius pour l’occasion. Des répliques à la Pagnol improvisées pour entretenir l’ambiance et affûter l’esprit de réparti.

Ma déconnexion d’avec notre monde en crise est totale. Les seules poussées sombres que je m’accorde restent celles de Bloy, mais le calibre est implacable, dévastateur, malgré mon approche distanciée.

 

Samedi 25 juillet

Dernier jour plein à Fontès. Fête de la brocante avec tsoin tsoin qui résonne de bon matin. De quoi laisser remonter l’accent du sud pour illustrer les scénettes villageoises.

Ce soir, nous nous joignons au repas musical servi devant la coopérative. Bleu d’azur, petit vent rafraîchissant : idéal pour une sortie au marché de Pézenas.

Fond sonore d’une fanfare qui colore l’ambiance comme il convient pour que chacun se laisse porter par sa décontraction. Pas toujours le meilleur qui sort de ces agitations collectives, mais cela fournit le nécessaire pour peupler la vie monotone des sédentaires contraints, ceux qui se sentent frustrés de ne pouvoir aller renifler de la lointaine contrée. Moi, ma sédentarité, je la revendique comme un confort pour le voyage intérieur le plus dépaysant.

Avé l’accent pagnolesque : le plus dur des sports après un repas chargé, c’est la digestion. Alors pour supporter l’épreuve, rien de mieux qu’un bon transat et une chaise pliante pour y laisser s’ébattre les gambettes. Sous le pin majestueux, le vent en rasade, les cigales en chœur, la vie prend une saveur provençale.

18h. Bref passage à la coopérative de Fontès.

 

Lundi 27 juillet

 Soirée d’anthologie, samedi dernier, à la coopérative. Treize de la famille pour une ambiance d’enivrement joyeux et dansant. Une fin de séjour fontésol en apothéose.

Entente totale avec le cousin Serge, la cousine Nathalie et Marius le compagnon de Candy. Fontès est donc redevenu le centre familial pour les étés à venir. Nouvelle inespérée !

Hier soir, du beaucoup plus sérieux, mais non moins dense, à Arles : un échange vérité avec Richard, chaleureux, mais qui n’élude pas les ressentis réciproques et l’évocation de tranches douloureuses et difficiles du passé.

Même si, sur nombre de sujets, je nous sais en désaccord, il dit me lire régulièrement et se retrouver dans une part notable d’argumentations. Pas de passion amicale, mais une façon de mieux se connaître et de garder contact. Son insatisfaction permanente m’évoque souvent celle de mon père, ce qui rend la quotidienneté un peu éprouvante.

Demain matin, retour dans notre nid qu’il nous tarde de retrouver.

Jardin principal d’Arles. A l’ombre d’un sapin au moins tricentenaire, se laisser inspirer par le tout-venant, la douceur d’un geste, un parfum au hasard, une intensité contenue.

 

Vendredi 31 juillet

Cocon vert à la Tête d’Or.

Alors que des masses de personnes s’apprêtent à rejoindre leur lieu de vacances, la rentrée pro se profile pour moi. Le programme m’a été communiqué hier par courriel : quatre jours pleins, mais légers en FFP ; sans doute la tendance d’un mois d’août calme. Les réjouissances et épreuves pédagogiques se cumuleront au cours du mois suivant.

Quel calme olympien aujourd’hui dans ce parc, même le chant des oiseaux semble raréfié, atténué. Juste le vent dans les feuillages pour ne pas laisser l’angoisse du vide sonore nous étreindre.

A quelques dizaines de mètres de mon point de repos, une fine silhouette allongée, presque en position fœtale, pour goûter un repos sur l’herbe fraîche. Vision d’extrême féminité dans cette scène immobile, attirante pour un échange improvisé. Soulever cette abondante chevelure claire, effleurer les jambes et les cuisses de nacre, remonter vers les épaules sans mouvement, faire frissonner la demoiselle au visage caché.

Le moment de quiétude n’a pas duré longtemps : une troupe vient de faire une halte sonore à quelques pas d’elle.

 

Vendredi 14 août

Touffeur au parc qui incite à profiter de l’ombre des épais feuillages en bord de lac. Soixante-seize morceaux du mélodieux Coldplay pour intensifier mon voyage intérieur. Murder, l’aléatoire choix se porte sur du sombre… de quoi pérenniser un semblant de fraîcheur.

Alors que chacun déconnecte d’avec les affres du temps, l’Insee nous offre la version poétique de sa mission, tout dans le chiffre libre, incontrôlé, imprévisible. Là où le PIB devait plonger aux alentours de – 0,6%, l’Institut national des spéculations évasives puis encombrantes toussote un peu, expectorant quelques grains de sable paillottés, pour annoncer une progression de 0,3%. Près d’un point de différence…

A ce degré de précision, la mission Apollo XIII aurait maladroitement frôlé Pluton et le « bond de géant pour l’humanité » se serait rabougrit en infantiles trépignements.

Quelle apparente bonne nouvelle pour Coué Lagarde, notre ministre du budget déficitaire, qui peut ainsi se rengorger d’une prétendue influence de la politique publique menée pour contrer le désastre annoncé. Ne pas trop claironner, surtout en période de farniente généralisé, ne vraiment pas fanfaronner, mais tout de même… Bien faire sentir à l’opposition liquéfiée qu’elle devra revoir son argumentaire pour mobiliser contre les gestionnaires en charge.

Sauf que. Cet instantané ne pourrait être qu’une très brève étape technique, une pause avant le gouffre. La stridente musique des plans sociaux reprendra bientôt sa place, désespérant des pans entiers de la population, hantant les politiques pour toute initiative de colmatage. L’alternative sera entre maintien thérapeutique du statu quo social et délitement sans prise stable, sans baume qui vaille, en route vers la rupture sociétale. L’économie souterraine, parallèle, mobilisera davantage, creusant un peu plus les abysses financiers d’un Etat en sursis. Ronflante projection alors que la crise fera flop ?

 

Samedi 15 août

Parc de Miribel en solitaire, fin de matinée. Peu de monde, ce qui garantit quelque distance avec l’autre, essentiel pour la quiétude psychique.

Vu l’enregistrement du spectacle de Guillon, l’électron libre et caustique de France Inter qui voit son contrat reconduit en septembre par la nouvelle direction choisie par le tyran Sarkozy. Bien joué : stratégie et peut-être un chouia de conviction visant à ne pas totalement étouffer les critiques sur le service public, comme un implacable argument contre les alarmistes du Net, notamment, qui hurlent à la fin de la liberté d’expression alors qu’eux-mêmes, ce faisant, en abusent sans restriction.

Pour revenir à l’hirsute Guillon : une intelligence acérée, un sens efficace de la formule carbonisatrice à rapprocher de celles du regretté Pierre Desproges, lequel ne cachait pas sa filiation spirituelle avec… Léon Bloy dont je m’apprête à poursuivre L’Invendable.

 

Dimanche 16 août, 23h09

Surplus de degrés qui renvoie aux jours oppressants de la canicule. Un 37° à l’ombre aujourd’hui à Lyon.

Ne pas se fixer sur le temps présent, comme en suspens, mais attendre les branle-bas de combats d’une morose rentrée. Touffeur d’août avant le suffocant septembre. Côté pro, de nouveaux aspirants brancardiers s’annoncent dès le premier jour des tests. Espérons que ceux-ci servent vraiment à éliminer les profils incommodants des petites frappes abuseuses du système et ne se résument pas à une voie automatique pour remplir coûte que coûte des places financées.

Dimanche 23 août

Rapidement accepté par AgoraVox, repris par deux sites (Paperblog et Coxvox) qui se nourrissent des écrits parus sur le Net, mon article sur Heïm a la diffusion que je souhaitais, au-delà de mon blog. Lorsqu’on tape Micberth dans Google, mon écrit sort en première position.

Peu de réactions (et peut-être tout simplement de lectures) à ce jour : l’une négative sur LDP, de la part d’un vaillant et courageux anonyme. Il ironise sur le « remarquable travail d’un excellent diarrhéiste », soulignant ainsi son propre fond pas très net, voire carrément crade ; ceci expliquant cela.

Sur AgoraVox un enthousiaste commentaire qui rend hommage à la singularité du message de Heïm, y décelant des qualités de visionnaire ! Aucune allusion à la teneur critique de mon traitement. Superbe ignorance ? Peut-être une seule et même personne derrière. Pas une réussite éditoriale, donc, mais tel n’était pas l’objectif.

Premier palier sur la place publique d’Internet où je remets directement en cause la crédibilité du message philosophico-politique de Heïm au regard des tenants et aboutissants de son existence. Lui et ses proches liront ces lignes comme une nécessaire clarification. Le désistement de Karl, pour nos retrouvailles à Paris, a contribué à passer le cap. Advienne que pourra si la réception déclenche les haines.

Aiguebelette surchargée, les mélodies du MP3 pour atténuer la gêne des cris. Comme lors des années folles lorsque le ludique tentait de camoufler les dérives délétères du monde politique, 2009 et sa suite vont maintenir un semblant du bien-vivre occidental à la mode du farniente.

 

Mardi 25 août

Un appel de Heïm le dimanche soir, un courriel de Monique le lendemain : les Gens du Nord s’agitent après la publication de mon écrit critique. Le grand jeu de Heïm combinant l’attaque affective (je n’existe que par « sa » volonté initiale…), les reproches et les rengaines : que du lourd éculé. Je renforce mon attitude distance sans lui balancer le détail de mes reproches.

Il fait mine de jouer sur l’expression « aux plaisirs sucés jusqu’à la moelle de ses sujets », qui apparaît à la fin de l’article, se risquant même à prononcer l’ignominieux : « si je t’avais sucé, je m’en souviendrais ! »

Et le voilà qui revendique l’impeccabilité de son existence prouvable à tout moment par des dizaines de tonnes d’archives. Ce fatras paperassier ne tiendra pas une seconde le choc face à son flagrant délit de minable négation. Oui, libidineux Heïm, tu m’as sucé, oui ! m’incitant à un écœurant soixante-neuf alors que je n’avais pas douze ans ! Ce comportement révèle toute la salauderie manipulatrice du reste de sa prétendue exemplaire existence.

Evidemment, tout est justifiable, y compris la trahison de sa parole. Son argument : la parole donnée ne vaut pas avec ceux qu’on estime indigne de la recevoir ! Eh bien ! je l’applique à la lettre avec le soudard incommodé par mon évolution.

Et Monique se fend d’une couche faussement affective, s’arrogeant la qualité de me délivrer de judicieux conseils décorés de quelques sentences de premier choix : je dois faire ma « crise de la quarantaine », j’ai perdu dix ans en m’acharnant à poursuivre la voie du Gâchis exemplaire (argument plus que brumeux puisque le Journal à œillères, ex Gâchis, est totalement pro Heïm, au contraire de la suite, le Journal à taire).

Surtout ne pas céder à la polémique : l’entourage de Heïm doit me vouer une haine terrible. Aucune importance. J’ai affirmé une divergence sur le fond et je ne l’effacerai pas, mais ils sont si loin de connaître la radicalité de mes ressentis face à cette zone désormais infréquentable pour moi.

Heïm risque de me rappeler demain : garder le cap, il ne saura rien de plus.

Je vais intensifier le brouillage du message en créant sur Wikiquote une amorce des meilleures citations des écrits de Heïm. Une façon de rendre hommage à l’incontestable qualité d’un style et de garder l’œil sur sa fin de vie sans rejet définitif.

A constater : ce qui l’a irrité le plus, c’est d’apparaître comme un obscur personnage, de minimiser l’importance de la Tribune libre de 76 et de reprendre la terminologie des journalistes critiques dans ces années. Cette tonalité, je l’ai reprise en conscience pour marquer la rupture avec mes engagements passés, sans les renier. Le « un certain Heïm » a beaucoup agacé, alors que F. Richard a titré un de ses ouvrages Heïm ? Connais pas !, singeant la déclaration de Daudet lorsqu’on l’interrogeait sur Bloy. Avec un panégyrique en contenu, les plus grosses ficelles sont accordées, mais dès qu’on touche, comme ex proche, à l’exemplarité dont se couronne Heïm, c’est l’implacable condescendance mal placée.

Point de crise, Monique, mais la simple continuité dans la dénonciation de travers ressentis comme tels depuis 1997…

 

Samedi 29 août

Le vent de fraicheur sur les bords du Rhône signe comme une fin de saison estivale.

La nouvelle tentative de Heïm jeudi à 14h45, alors que je devais partir dans le quart d’heure pour un FFP à Cqfd, s’est écourtée bien plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Juste le temps de m’évoquer le « buzz » qu’avait engendré mon article. Pas vraiment vu la trace sur Internet : jamais un de mes articles sur AgoraVox n’a entraîné qu’un seul commentaire, le visionnage de l’émission a augmenté de moins de 150 clics et aucun autre écho sur la toile que la reprise habituelle de l’article par quelques sites. On fait plus bruyant et plus voyant comme buzz, lol !

On peut être aux antipodes vis-à-vis de Heïm et me reprocher la même chose, ce qui, en l’espèce, relativise leur procès d’intention. Monique et Alice m’ont chacune gratiné, à quelques mois d’intervalle, d’un « tu vaux mieux que tes écrits ! ». Outre la connerie confondante de ce qui se voudrait une sentence affective dissociant l’abject diariste de l’encore fréquentable « Lo ! » pour Alice et « Lolo » pour Monique (répétition sans doute occasionnée par le vénérable âge qu’elle associe à la sagesse raisonnable), l’expression commune révèle l’atroce inaptitude à intégrer et à accepter l’évolution d’un ex proche qui échappe à leur si généreuse volonté d’emprise.

Eh bien qu’elles déchantent ! Mes écrits c’est moi, totalement, absolument, infiniment ! Je suis tout entier fondu dans ce que ma plume exprime. Aucune alambication caractérielle à chercher mesdames…

Je suis mes écrits, mes écrits sont moi, aussi détestable, immature et conditionné puis-je y apparaître. L’irrépressible élan à réagir par la voie littéraire aux érections morales de cet ankylosé monde du plat pays français aggrave mon cas, j’en conviens.

Samedi 5 septembre

Encore un message de Heïm qui me réclame un « dernier » rendez-vous téléphonique car, décidément, il « ne comprend pas » ma virulence à son encontre. Il doit se faire opérer des yeux dans dix jours pour pouvoir « écrire de nouveau ou être aveugle ». La dramaturgie d’un physique au bord du gouffre sans qu’aucune fatale conséquence ne se soit jamais imposée… Cette fois, peut-être ? Je ne le souhaite évidemment pas, mais l’ambiance existentielle qu’il colporte dans chacune de ses interventions téléphoniques m’est de plus en plus insupportable. Comme un boulet oppressant. Garder pourtant cette distance sans rupture brutale (il suffirait pour cela que je lui envoie une invitation à consulter Heïm le maudit en l’intimant de ne pas me rappeler car tout y est) afin que lui-même soit l’objet d’un double langage, d’une manipulation déroutante et d’une observation clinique. Patience donc…

A l’annonce de la parution d’un nouvel ouvrage fracassant d’Yves Bertrand, l’ancien directeur central des Renseignements généraux de 1992 à 2004, l’envie de plonger dans son précédent réquisitoire, Je ne sais rien… mais je dirai (presque) tout conçu avec le directeur de Valeurs actuelles, Eric Branca.

La pâte humaine au cœur de tout : faire fonctionner ses relations, qui remontent parfois à l’époque estudiantine, pour faire pression, informer, manipuler et finalement obtenir. Voilà ce que je n’ai jamais su faire, car j’y suis fondamentalement étranger. Cette propension à multiplier les contacts masculins me dégoûterait presque. N’ayant aucun goût pour le pouvoir, je me limite au strict nécessaire.

Vu Joyandet chez Hervouët sur LCI : minable langue de bois pourri sur son séjour en Lybie. Secrétaire d’Etat, il représentait la France auprès de l’infect Kadhafi. Les justifications se voulaient nobles alors qu’il aurait carrément dû tenir le langage du cynisme nécessaire en politique étrangère. Même chose avec le Gabon dont on feint de ne pas soutenir le prétendu vainqueur, le fils Bongo… L’odeur de merde incommodait de plus en plus au cours de sa courte prestation au Journal du monde.

 

Lundi 7 septembre

Le tintouin médiatique autour de la Grippe A exaspère déjà. Chaque cas va être cité, répertorié, scruté jusqu’au dégoût de s’informer lorsque d’éventuels vrais risques majeurs se dresseront. En attendant, façon de dire : vaut mieux être encore en bonne santé même si la crise économique vous laisse sur le carreau que de risquer le décès subi, foudroyant comme pour des millions de nos aïeux à l’époque maudite de la grippe Influenza.

Le reste des titres de l’actualité semble accessoire pour nos porteurs de nouvelles. Façon de conditionner les peuples, même sans intention consciente.

Courriel de Jim qui m’annonce mon prochain statut de tonton avec la naissance à venir d’une Nalya, leur enfant. Il s’inquiète de recevoir un courriel pour lire un blog sur Heïm. Je l’éclaire sur le contenu.

Demande d’amitié virtuelle par Bruce sur Myspace que je fréquente peu. Acceptation… de loin.

J’ai enfin trouvé la mélodie de Giani Esposito et ses paroles poignantes, le tout interprété en 1957, Les clowns : achat de la chanson sur Virginmega avant de l’adresser à Jim. Il devrait me dire la faisabilité de l’air à la guitare pour que j’entame l’écriture des paroles dédiées à notre maman…

 

Samedi 12 septembre

Finalement, choix d’Il n’y a pas d‘amour heureux / Je sous salue Marie de Brassens pour l’anniversaire de février 2010. La faisabilité, la texture de la voix et l’abondance des paroles plaident pour ce morceau qui figure parmi les favoris de notre maman.

Jim se fait opérer du dos mardi prochain et ne pourra pas s’asseoir ou se courber pendant au moins quatre semaines. Espérons que cela lui change une vie qui n’est plus que douleur et handicap ces derniers mois.

 

Dimanche 13 septembre

Actualité : certains s’effarouchent, au PS, du mauvais coup porté par Hold uPS, arnaques et trahisons. Pourquoi ne portent-ils pas plainte contre les journalistes auteurs de ce brûlot à charge ? Si l’initiative leur semble ignominieuse, qu’ils exigent des preuves : Karim Rissouli et Antonin André affirment d’ailleurs les détenir. Alors pourquoi traîner plus longtemps : perçons la baudruche journalistique ou décapitons l’illégitime nouvelle tête !

Hortefeux se fait piéger par « trop de décontraction » : une blague de comptoir à coloration raciste et tous ses efforts pour aplanir son image d’ex ministre de l’immigration et de l’identité nationale sont cramés. A relire la chronologie des échanges on ne peut douter qu’il visait bien les origines maghrébines du jeune militant. Tempête qui sort du verre d’eau. Le comble est que le rappel à l’ordre sur une parole trop libre vienne du champion toutes catégories en écarts langagiers !

La précipitation des présidents français et brésilien pour annoncer le contrat de vente des Rafales risque encore de tourner en eau de boudin lorsqu’il faudra administrativement conclure. Toujours ces effets de manche où le politique se décrédibilise. Pourquoi ne pas attendre fin octobre et les conclusions de l’armée de l’air brésilienne ? Des intérêts supérieurs où le principe d’action se limite souvent à l’effet d’annonce, médiatiquement porteur, que cela corresponde ou pas, par la suite, à une réalité. Cela sert l’intérêt immédiat, peut-être, mais jamais les fondamentaux…

 

Lundi 14 septembre, 22h43

Des réactions familiales bouleversées après la lecture de Heïm le maudit. Mon témoignage, mon ressenti ont fait mouche. Mes parents et Jim sont les premiers à me témoigner de ce choc à la lecture qui a conforté leur exécration du personnage.

Avec ces pages, j’ai un coup de grâce possible à tout moment contre Heïm, en inondant la toile. Pas encore le moment…

Décidément, la teneur du débat politique ne s’enrichit pas en France, et l’ailleurs ne fait pas plus envie.

 

Jeudi 17 septembre, 22h19

Vu deux numéros du Ce soir (ou jamais !) du pertinent Taddéi. Un générique qui rappelle, par la coloration de ses images comme sorties d’un naturel improvisé, le vivace début du Droit de réponse de Polac. Moins d’éclat, plus de profondeur, mais une liberté de ton qui permet à chaque invité de s’exprimer dans la durée sans être constamment interrompu.

Taddéi, l’inverse d’un Demorand qui coupe, écourte, assèche l’argumentation de celui qu’il interroge. Un peu de grâce télévisuelle donc… si rare.

Les femmes en politique ? Ni pire ni mieux que les hommes : le PS le démontre tous les jours avec les tribulations des deux dames qui se haïssent sans retenue.

Plus masculin, mais non moins en détestation réciproque, de Villepin-Sarkozy vont avancer leurs burnes sur le terrain judiciaire. L’ancien Premier ministre va-t-il se dégonfler face à l’écrasante évidence des faits ou ceux-ci vont-ils révéler une stratégie sous-jacente de celui qui se proclame victime ? Le cloaque n’a pas d’étiquette politique, il EST la politique.

 

Mardi 22 septembre

Hier fin d’après-midi, nouvelle tentative de l’insubmersible Heïm pour décrypter ce que je lui reproche sur le plan personnel. Une heure et demie de quasi monologue : je n’ai rien lâché de plus, le laissant à son monomaniaque discours.

Sa priorité : que je ne sombre pas dans la minoration de ce qu’il est. Pour ce faire, les références se multiplient et il va jusqu’à affirmer que les « quelque 250 clics » sur l’émission Tribune libre proposée par Dailymotion, lorsque j’ai rédigé le texte incriminé, aurait surgonflé au point d’atteindre mille, deux mille, voire plus encore…

Je vérifie l’assertion : au 22 septembre, soit vingt-trois jours après la parution de mon si désobligeant article, on atteint vaillamment les 460 visionnages ! On est loin du raz-de-marée buzzien, quoiqu’il en dise.

Pour le reste, je le laisse à ses certitudes affichées, jouées ou, plus grave encore, véritables. Il ne « m’a pas enculé », au sens propre, affirmait-il hier : heureusement pépère ! Il s’est contenté de me sucer et de se faire sucer avec, pour ma part, un inextinguible dégoût.

 

Samedi 26 septembre

Red Lions, 22h57. Je débarque dans l’antre encore quasi vide et aperçois de suite celui avec qui Bonny chantait lorsque je l’ai connue. Il me croit présent pour elle qui devrait passer. Voilà au moins deux ans que je ne l’ai plus vue. J’en profite pour glaner quelques nouvelles de son compagnon Eddy, et le chanteur m’indique, laconique, qu’il n’en a aucune et que, de toute façon, ils ne sont plus ensemble ! A ma dernière escapade au Red, la serveuse m’annonçait que l’Eddy avait été méchamment atteint par un cancer. La serveuse me confirme qu’il s’en est sorti, mais que la séparation remonte à six mois.

L’ancrage dans cette ville, dix ans cette année, me fournit les panoramas, les mises à distance, les évolutions, effondrements et résurrections d’accointances peu cultivées. Bien le seul endroit de Lyon où je suis reconnu et qui m’offre ce vague suivi de gens croisés.

Début de prestation dans ce Red qui peine à se remplir. Des arrivées perlées qui ne m’évoquent rien de familier : tout a coulé depuis ces habitudes nocturnes où la plume vagabondait pour une actualité toujours source de grogne.

Témoignage édifiant de l’ex trader Kerviel chez Guillaume Durand : ses arguments et son apparente sincérité tracent la salauderie d’une hiérarchie qui l’a sacrifié dès que l’emballement de ses positions a pris le mauvais sens. Vertigineux et insensé « casino » avec l’argent des déposants. Le terme qualifiant l’activité des banques sur les marchés n’est pas d’un loufoque pamphlétaire comme moi, mais de Peyrelevade, ancien président du Crédit lyonnais. Tout ce que je dénonçais dans le Coup de pouce… dans l’cul suivi du Doigt bancaire profondément placé est confirmé par un des principaux acteurs qui a poussé au bout l’attente vorace de ses supérieurs avant de se faire lyncher dès que les vents du flouze facile se sont déréglés. Pour les cinq milliards de pertes mis sur sa tête, résultant de cinquante milliards de position, il laisse entendre que la Société générale aurait stigmatisé sa descente pour mieux dissimuler de plus interlopes pertes.

Un suivi chirurgical des économistes à la Cohen nous laisse peu de réjouissances.

Minuit passé : trou noir économique ou absence d’une voix attractive ? Le Red est toujours en sous-effectif.

Comme au temps des grandes guerres, de l’Apocalypse, une gente féminine surreprésentée : pas pour me déplaire.

Toujours pas de trace de la chanteuse Bonny.

Diversion pour mieux ingurgiter les sombres prévisions des esprits à l’affût d’un improbable rebond.

Juste pour se carrer une frousse : l’action conjuguée des Etats qui a pu préserver in extremis le système bancaire, ouvre des périodes d’explosion budgétaire. Un boomerang dévastateur. Si la rechute se profile, nombre d’Etats ne pourront réalimenter les circuits : là l’implosion aiguisera les incertitudes.

 

Mercredi 30 septembre, 22h59

Bien pris par mes FFP, notamment avec les aspirants Lieutenant. Densité des connaissances à leur fournir dans une vivance attractive.

La quarantaine se rapproche méchamment.

 

Samedi 10 octobre

Demain festivités familiales à Rambouillet, chez Jim et Aurélia, pour fêter ce passage décennal.

Tintamarre autour des frasques du Mitterrand de la culture. Sa Mauvaise vie, publiée il y a quatre ans, lui revient en pleine figure via la charcutière blondasse de la politique, celle qu’il faut consommer en se bouchant les portugaises. Un joli coup de com. de sa part, repris par les quadras du PS en mal de lynchage de l’encombrant et suiffeux neveu.

Désormais, pour être ministre, il faut présenter un passé éthéré, sans écart ou savoir bien dissimuler ses crades déviances. Le puritanisme américain nous gagnerait-il ? Et c’est sur la toile que l’on trouve les plus virulentes attaques contre le Frédo chez, ou plus précisément DANS, les éphèbes, alors que la plupart de ces implacables censeurs anonymes doivent cumuler des antichambres sordides, des arrières cours peu reluisantes… La crasse du gouvernant pour absoudre celle des vindicatifs petites gens. Le populisme pudibond est en marche…

 

Dimanche 11 octobre

Raph ne pourra être présent à la fête de mes quarante printemps : importante compétition de basket dans lequel il excelle. En français, il n’est pas en reste : j’ai lu la rédaction qu’il a préparée pour lundi, un récit conditionné par quelques règles classiques (point de vue interne, temps du passé, ellipse temporelle…). En quatrième avec un an d’avance, sa calligraphie et la teneur de son histoire révèlent une maturité presque déconcertante : une narration vive, le respect des règles n’empêchant pas l’originalité, le choix judicieux d’un vocabulaire polard dans la bouche des personnages. Le tout séduit. Une tête bien faite dans un corps sain, voilà un modèle que le petit Raph incarne sans peine.

 

Mercredi 14 octobre

Dernier travers en date : le jeune élu au Conseil général des Hauts-de-Seine brigue la présidence de l’EPAD, organisme sous les feux médiatiques. La mainmise de Sarkozy prend un tour filial, comme un remugle d’une décadence d’Empire.

Prêts à décupler l’importance à accorder à cet épiphénomène, lorsqu’on liste les épais problèmes que l’on affronte, les hargneux du Net emboîtent le rythme d’une affaire buzzée l’autre sans rechigner.

 

Samedi 24 octobre, 0h36

Gâté, trop gâté pour ces quarante ans. L’affection témoignée m’a profondément touché, tant côté famille de sang que vers la famille de ma BB.

Pour le reste, les semaines défilent et l’inspiration s’assèche. Toujours pas mis en ligne le Net (de) Travers.

 

Mercredi 28 octobre, 23h50

Toujours autant de crétins à œillères sur AgoraVox. Mon dernier article pris par ce site, Un Net (de) Travers, a osé s’attaquer au sacrosaint Peuple du Net : les hystéros se regimbent par de basses tentatives de critique ad hominem. Rien de vraiment argumenté, un écrit mal compris et des antiennes sans grand intérêt.

Le sens du vent judiciaire tourne pour la vieille bête Pasqua.

 

Jeudi 5 novembre, 23h34

Pour compléter le compte rendu des haineuses réactions à mon Net (de) Travers, je dois faire référence à deux imaginatives trouvailles.

D’une part le détournement du terme diariste pour m’assimiler à un « diarrhéiste ». Joli ! L’auteur de ce délicat paronyme devrait savoir que je m’efforce à exceller dans ce peu ragoûtant registre pour mieux… le conchier ! L’anonyme planqué serait inspiré de réviser certains contes classiques.

Plus surprenante attaque : je ne serais pas moi-même, mais le pseudonyme (!) utilisé par le suppôt de Sarkozy, le détesté Frédéric Lefebvre. Vaseux amalgame, non pour un panégyrique du Président que j’aurais commis, mais pour mon attaque en règle contre les planqués du Net qui se revendiquent représentatifs de la colère populaire.

Combien tout cela me comble : ne surtout pas être de leur côté garantit mon intégrité mentale et me dispense d’un récurage de près.

Jeudi 3 décembre

Hier soir, restau partagé avec ma BB pour fêter nos huit années partagées. Cette douceur de vivre dans une dualité sans envahissement réciproque nous convient. Equilibre subtil de deux personnalités qui se complètent et s’apportent l’attention nécessaire. Lyonnais de cœur, d’autant plus grâce à cet ancrage inespéré.

A l’heure où l’on affirme la littérature plus autobiographique que jamais, je me complais dans un diarisme sans débouché éditorial, nourri sporadiquement sur le Net pour croire à une obscure utilité.

Pas sûr que ces dernières phrases soient très limpides. Aucune importance, les critiques se déchaînent et quelques rares hommages contrebalancent.

Il semble que l’urgence d’écrire m’anime beaucoup moins. Comme une plume en pâte… rien de percutant à y déceler.

Après cette résurgence du néfaste Heïm, suite à mon irrévérencieuse chronique, le silence s’impose à nouveau. Point de raz de marée pour aller visionner l’extrait du Tribune libre ayant aiguisé ma plume. Trois mois et demi après le compteur est passé de 250 à 750… soit un bond magistral de cinq connexions par jour. Le vieillard se voudrait central alors que pas un péquin sur cent croisés dans la rue ne connaît même son nom (le réel !). Risible manifestation de sa part donc, comme si la première des offenses tenait à une sous-estimation de son immanente influence…

La vieillesse un naufrage ? Echoué le Heïm, sur les berges de sa réussite autoproclamée. Envers et contre tous les connards qui ont plus ou moins longuement pollué son existence et qu’il a bien voulu, dans sa magnificente grâce, accueillir, exploiter et expectorer au loin une fois le jus tari.

Curieux cet extrême, implacable détachement lorsque je songe à lui et à ses dernières années… comme si plus aucune humanité ne me portait vers cet individu et les rogatons de sa particulaire mesnie. Ni nostalgie, ni amertume : une distance cosmique d’avec cet univers si radicalement embrassé quinze ans plus tôt.

 

Mercredi 23 décembre

Big Lutèce et ses rageantes conjonctions : d’un côté le RER A toujours perturbé par la grève d’agents revendicateurs, de l’autre le RER C qui a subi un dommage sur sa voie de circulation, conséquences en chaîne : accident de voiture contre un arbre qui s’écroule et fait chuter un bloc de béton sur les rails. Pour nous deux, en transit et surchargés, après avoir rejoint à pied la gare d’Austerlitz, une rame est passée par les Invalides d’où nous attendons un départ pour Pontoise. Confirmation d’une forme d’aliénation moderne envers les transports, de quelque nature qu’ils soient. Bouger pour s’évader, content les férus du parcours spatial… comme un leurre.

Cameron n’a pas été tendre avec l’humanité dans son captivant Avatar. Derrière l’apparente dénonciation des puissances économiques d’un futur décidément inapte à changer la nature humaine, se niche une moins tenable position : les vrais responsables sont bien plus nombreux, puisqu’il s’agit des consommateurs qui pérennisent le système global en se contentant d’une passivité suiveuse.

 

Samedi 26 décembre

Du Cellier. Un semblant d’amorce de panaris me fait abandonner les prolongations du dîner pour me retrouver un peu sans obligation de prestation. Toujours ces restes d’incapacité à m’intégrer au naturel dans une collectivité humaine si chaleureuse soit-elle. Une grande lassitude de tout m’étreint dans ces moments d’imperméabilité à l’alentour.

A la moitié de la coupure hivernale, trop rapidement vécue… Mon retrait comme une pause pour s’imaginer davantage maître des instants qui filent. Les jeunesses en devenir nous poussent bien malgré elles vers les zones aux avenirs plus ou moins amincis, voire hypothéqués.

 

Lundi 28 décembre

Parmi les présents, les Mémoires de Jacques Chirac, Chaque pas doit être un but. Occasion de découvrir l’homme politique complexe par lui-même. Celui qui faisait parfois figure de gourdiflot d’Etat livre la genèse de son accession à la responsabilité suprême dans notre forme de société.

De plus en plus chez moi, pour ces personnalités hors norme, un humanisme voltairien se développe : impitoyable dans la charge contre l’homme public aux affaires lorsque l’indignation s’exacerbe, je ne peux contenir une forme d’affection, lorsqu’ils se trouvent retirés des affaires mais qu’ils ont permis, quoiqu’on pense de leur bilan gestionnaire, au système démocratique apaisé de s’ancrer davantage et à notre pays d’échapper aux pire tourments qui grouillent sur le gros reste de la planète. Comme un hommage à leur rôle plus fondamental, au-delà des politiques conjoncturelles menées : le maintien d’institutions qui, vaille que vaille, permettent à la France d’incarner une des plus attractives zones d’existence.

Chirac, donc, se livre au soir de son frénétique parcours. Première révélation pour moi : sa participation à la guerre d’Algérie pendant quatorze mois, et sa haute conscience de l’indigne lâchage des harkis après la signature des accords d’Evian. Un sacrifice des frères d’armes que l’officier Chirac n’a toujours pas digéré. Une déchirure encore vivace dans son gaullisme. Comment ne pas embrasser sa position, partagée entre son anticolonialisme viscéral et sa proximité instinctive d’avec ceux des Algériens qui avaient choisi de rester fidèles à la nation française. Une complexité parmi tellement d’autres.

Chirac est en même temps celui qui a signé l’appel de Stockholm invitant à éradiquer l’arme atomique et l’Hiro-Chirac qui reprendra, envers et contre la tendance mondiale, les essais nucléaires pour pérenniser notre politique de dissuasion. Une capacité à intégrer les intérêts supérieurs de l’Etat qu’on dirige sans renier d’un trait ses aspirations premières.

Soir. Chez Richard, au repas, toujours ses épuisantes tendances à l’allusif. Porte sur le système, à force. Du mal à supporter plus d’une journée.

 

Mardi 29 décembre

La part des évolutions techniques et technologiques qui exacerbent notre part barbare. Tout Avatar est là. Se laisser envahir par la grâce de Neytiri, princesse de ce royaume imaginé. D’un coup, un regret d’appartenir à cette laide et conquérante humanité et une frustration que n’existe pas, ou que soit hors de portée, cette forme bien plus évoluée d’êtres vivants. Dans la part d’imaginaire, une niche pour ce qui nous fait dépasser les contingences incommodantes.

Le retour au labeur se rapproche, un début d’année en grisaille avec ce recommencement qui plombe notre capacité à être pleinement, pour ceux attachés à une activité non artistique. Se résoudre à cette forme basique d’existence pour ne pas être confronté à ses propres carences, à ses handicaps sociaux. Les miens, et c’est idéal, correspondent de plus en plus avec ce que j’exècre. M’en suis-je persuadé ? Peut-être et peu importe… Aucun plan de carrière, le moins possible de déplacements motorisés, l’aversion des voyages spatiaux vers de lointaines contrées, la nausée des rassemblements tendance entassement et toute une panoplie de ce qui fait se targuer le mâle en vue pour une bien grotesque parade.

Tiens, à signaler, une épouse mal éduquée d’un chanteur auquel on a cherché des noises, il y a quelques mois, sur sa prétendue proximité avec Paul Léautaud. Mme Perret fait la démarche de me téléphoner pour requérir un soutien. Je me fends alors d’un courrier hommage timbré et gentiment envoyé… il y a plus de trois mois. J’attends toujours ne serait-ce qu’un accusé de réception. Aucun signe, missive passée par perte… Sans doute n’étais-je pas suffisamment important et n’avais-je pas l’influence requise pour que le couple daigne répondre, même d’une ligne. C’est à ce genre de signe qu’on décèle la médiocrité opportuniste, y compris chez des gens n’ayant apparemment plus rien à prouver. Cela plaiderait presque pour la thèse des Silve et compagnie…

Pas plus de nouvelle du documentaire… combien il faut prendre ces paillettes parisiennes avec distance et circonspection. Sans doute qu’aucune chaîne n’a voulu acheter ce sujet sur Léautaud sans pointure médiatique interrogée (et malgré la présence d’un académicien).

En fond sonore, la énième crise de la petite Ilya qui ne parvient pas à canaliser ses contrariétés. Wesy, l’autre fille de Richard, a quatorze ans, la taille de ma BB et la maturité d’une jeune femme : impressionnant.

Demain, un levé à l’aube pour faire le trajet Le Cellier-Lyon avec les parents B. De l’apaisé pour ce retour au bercail.

Avec Richard et sa fille aînée, après-midi au cinéma. Séances 3D d’Avatar complètes, nous nous rabattons sur Solomon Kane, un navet grandiloquent qui suit le parcours de rédemption du guerrier Solomon, un petit temps « homme de paix » avant d’être contraint, le pôvre, à reprendre les lames tranchantes. Entre la flotte qui ne cesse de débarouler sur des paysages détrempés, gadouilleux – encore une belle image colportée de l’Angleterre ! – et la lancinante tendance aux massacres en série avec victimes bruyantes, le film épuise poncifs et spectateurs pour ne surtout pas quitter sa voie de nullité cinématographique. A oublier au plus vite.

En arrivant au complexe de salles, une affiche géante avec une vue de profil, stupéfiante ressemblance, de celui qui incarne Gainsbourg (une vie héroïque) à sortir en janvier 2010… déjà 2010… ça file à vous dégoûter du temps qui passe…

A vouloir remplir les quelques pages restantes de ce Manus XIX, je me complais dans le factuel basique.

Des familles proches qui vont bien et une ex famille de cœur dont, j’espère, je n’entendrai plus parler pour l’année à venir. L’insubmersible au mille maux déclarés cultive encore ce qu’il se convainc d’être de l’impeccabilité de vie. Comment oser ce terme et s’en faire un étendard contre tous ceux qui se risqueraient à le contredire lorsqu’on réunit l’ensemble des témoignages de ceux qui l’ont côtoyé et qui sont sortis de son influence.

Même le plus anecdotique marque sa façon d’utiliser l’autre. Mon pôpa me rapporte ainsi le cas de son appartement rue de l’Ouest à Paris, défraichi certes, mais sis dans un groupement d’immeubles avec cour intérieure et dont certains rez-de-chaussée avaient accueilli des ateliers de peintres impressionnistes. Alors que ce coin du XIVe arrondissement allait être en chantier de reconstruction totale, ce lieu fut protégé. J’y louerai d’ailleurs quelques mois, en 1994 ou 95, comme éditeur à la dérive, une surface pour prendre le relai de la vitrine parisienne que nous n’avions plus les moyens d’assumer. Un siège provisoire pour une débâcle programmée.

Revenons à l’époque du pôpa : il avait effectué quelques travaux et comptait bien le sous-louer en intégrant ces investissements. Alors qu’il avait trouvé preneur, le prix restant très attractif, il en a parlé incidemment à Heïm qui s’est montré très intéressé par l’affaire, d’autant qu’il n’aurait ainsi pas à traiter directement avec le propriétaire, mais seulement avec « l’ami ». « Votre prix se évidemment le mien » renchérit-il, toujours abondant en paroles généreuses.

Au moment de conclure, ses insidieuses maîtresses, celles que je considèrerais un temps comme des mamans, lui font passer le message, bien briefées par Heïm, qu’il profite de la situation, qu’il devrait être plus raisonnable financièrement… Après la bonté affichée (alors que pôpa n’avait rien demandé !) la tentative de culpabilisation par ses sbires féminins. Il ne cèdera pas.

Second acte de cette petite salauderie à la sauce heïmienne, quelques années plus tard, y ayant installé certaines de ses femmes afin qu’elles puissent bosser à Paris et lui rapporter le fric nécessaire, un proxénète de luxe en somme, pôpa apprendra (comme caution de fait) que certaines échéances du loyer n’avaient pas été honorées. Rappelons que, au même moment, Heïm se rengorgeait d’être châtelain avec quelques enfants-domestiques à sa botte ! A dégueuler.

Un véritable travail universitaire pourrait être consacré à faire témoigner tous ceux qui ont croisé son chemin et qui ont été en affaires (au sens large) avec lui. En regard de la monumentale Vie rebelle consacrée à Heïm par Franck Roc, panégyriste en chef (mais tout seul !), nous aurions la sordide réalité d’un personnage ayant fait de la manipulation, des fausses promesses, du double langage, de l’abus et de la consommation (au sens physique) de jeunes êtres en devenir et sous son efficace influence, une règle inavouable de vie. Et lorsque les écarts sont évoqués, c’est pour mieux souligner qu’avec les personnes qui lui sont inférieures, les principes moraux ne s’appliquent pas ! Autant dire que tout lui a été permis de son vivant, mais que sa crasse de vie emportera toutes les fioritures laudatives qui auraient subsisté pour une notoriété outre-tombe.

Aucun compte à régler, juste une vérité à restituer. Comme une purge personnelle qui s’ajoute. Nourrir Heïm le maudit à chaque occasion. Autant de bonnes raisons qui justifient cette nouvelle charge.

Lui avoir fait effleurer la teneur d’un ressenti avec l’article « Tribune libre pour Micberth en liberté » sans rien lâcher de plus : la mission est accomplie pour 2009.

22h30. Bientôt l’extinction du filament. Un bon moment pour finir le court séjour au Cellier. Ma BB n’aura encore pas vu sa copine Laure, à se demander si la prise de distance n’est pas un souhait réciproque.

Demain de l’asphalte…

 

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