2006 – Des Cyprès démesurés
Dimanche 1er janvier, 23h30
Derniers moments partagés avec la petite famille
paternelle. Déception au restaurant Le
Pique Assiette, plusieurs fois
fréquentés : service lent et mets mal préparés. Les lauriers d’une
fréquentation toujours abondante commencent à renifler la facilité. Bien
dommage. Le maître d’œuvre du service, un grand gaillard convivial, a dû
ressentir notre mécontentement croissant : après un début très présent,
blagueur, il s’est effacé sans demander son reste.
Les demi-frères poussent. Alex tutoie la
préadolescence et Raph égrène son âge de raison. Touchant d’observer les
mimiques du grand petit absorbé par une bande dessinée, entraîné dans ses élans
imaginatifs, catalysé par les jeux partagés avec son grand frère.
Le temps filant ne nous préserve en rien… le
tournis nous enveloppe dès la conscience arrêtée sur le cumul des blocs de vie.
RAS côté actualité abandonnée pour ce premier jour.
Mardi 3 janvier
9h30. L’actualité maigre (selon le prisme
médiatique) permet à un sondage d’occuper une belle place sur les ondes et dans
les journaux : les Français placent feu Fanfan désagrégé à la tête du
palmarès des plus grands présidents de la Cinquième, avec cinq points de mieux
que le grand Charles ! Voilà du bouleversant. A quelques jours (le 8) de
l’anniversaire des dix ans de sa disparition, voilà une victoire qui l’aurait
comblé.
Vendredi 6 janvier, 22h50
Semaine dominée par la dégradation de santé d’Ariel
Sharon. Cette figure controversée, mais transfigurée dans ses récents choix,
est anéantie en plein projet de sortie du conflit israélo-palestinien, par ses
failles intérieures. Peut-être une chance de sang vraiment neuf et vierge de
toute implication violente pour négocier avec l’interlocuteur fréquentable de
l’autorité palestinienne. Peut-être, au contraire, le désastre d’une retombée
dans l’incertitude, soupe adorée des extrémistes sanguinaires. Ne restera plus
que Shimon Peres comme personnalité politique ayant accompagné toute l’histoire
d’Israël, récente mais dense…
Dimanche 8 janvier
Fanfan Mité : dix ans déjà ! Voilà le
titre de la page d’accueil de mon site Indignation. Suivent huit pages d’extraits de mon Journal qui donnent à l’anniversaire un goût de vitriol.
Hier soir, soirée à la brasserie des Brotteaux en
compagnie d’Aline, de son compagnon
Pedro et de leurs amis (trois couples et un célibataire) : ils nous
annoncent leur mariage pour le premier avril (!) et la naissance d’un bébé la
dernière quinzaine de juillet. Voilà du bouleversement de vie complété par
l’installation à Lyon de la future maman.
Des couples sympathiques (en majorité d’origine
italienne côté masculin) qui n’ont pas empêché ma perdition morose toute la
seconde partie du repas. Causes diffuses possibles : le sujet appuyé du
nourrisson à venir, le comportement bruyant, festif à l’italienne, d’un convive
au demeurant agréable, ou le sentiment d’être à la marge dans ce trop-plein de
complicité… trop confus pour une identification marquée.
Aline a, tout de même, fait part de ses regrets de
quitter Paris, de devoir donner sa démission de son poste en or… une façon,
devant témoins, de mettre la pression à l’adorable Pedro, toujours zen… Ma BB a
semblé parfaitement détendu et à son aise.
Nous attendons le couple vers seize heures pour une
épiphanie païenne : galette et cidre au programme.
Dimanche 22 janvier
Ce jour, quarante ans que les parents B ont uni
leur destin devant les officiels. Hier nous fêtions cela au restaurant du
château de Clermont dans la salle de Funès. Pour l’occasion nous
chantons les quatre couplets rédigés lors du voyage en TGV (deux heures) sur
l’air joyeux de La
chasse aux papillons et intitulé L’onde émeraude en hommage à la couleur de leurs noces.
Bons moments des douze convives festoyant :
Grâce et Albert sont remplacés (suite à l’opération de l’appendice de ce
dernier) par de gentils voisins qui nous accueillent dans leur petit chalet
édifié sous l’appellation « cabanon de bois » pour leurs grands
garçons. En fait, tout le confort d’une petite habitation. Ce midi nous
déjeunons chez l’amie de BB, Laure, et demain à l’aube retour à Lyon. Du séjour
exprès qui donne un peu le tournis.
Ma BB est opérée de sa thyroïde défectueuse le 8
février, suivi d’un mois d’arrêt. Du factuel essentiel pour moi.
Jeudi 26 janvier
Le « terrorisme démocratique » (selon
l’excellent Yves Calvi) ou le « pragmatisme islamiste » selon la
rectification d’un de ses invités ? Le Parlement palestinien accueille, en
tout cas, les membres du Hamas à une majorité absolue. L’imbroglio politique
qui s’annonce, tant pour la gestion des affaires intérieures que pour la
posture internationale et la coexistence avec Israël, risque de dégénérer en
nouvel enlisement. Ce conflit semble sur la bonne voie pour détrôner, dans la
longévité, les luttes franco-anglaises des XIVe et XVe
siècles ; quoi qu’il arrive, elle les a largement dépassées en intensité.
A suivre donc…
Vendredi 3 février
A l’esplanade Albert Camus pour découvrir le
spectacle Soul Music Story avec Bonny. Invité par Eddy, une grosse machine de
spectacle qu’il va falloir rentabiliser. Ma BB, au labeur ce week-end, n’a pu
m’accompagner. Pour une prochaine prestation… A voir la salle clairsemée, je
doute de la rentabilisation. Dur, le spectacle, dans ces conditions. Le
professionnalisme souffre du manque de notoriété.
Les intégristes islamistes déteignent sur les
croyants lambda : nous imposer le bâillon sur tout sujet frôlant leur
religion. Atteinte insupportable à la liberté d’expression qu’il faut vomir au
plus vite. Les émules de la surenchère s’organisent pour provoquer le choc des
cultures, l’écharpage entre religieux d’un côté, agnostiques et athées de
l’autre… Une impasse au goût de tous les excès où s’abreuvent les jusqu’aux
boutistes au Coran hérissé. La croisée des voies accentuera un peu plus
l’antagonisme et justifiera toutes les violences.
Point d’écart en sus pour attiser la culbute
programmée… juste la rage contre ces arriérés du culte. Incapacité de ces
dévots de la terreur à englober la complexité du spirituel multiforme chez
l’humain.
La virevolte sur scène a dépassé les espérances.
Une symbiose musicale s’ouvrant au fil des tableaux rythmés, les spectateurs
n’osant peut-être pas suffisamment exploser l’ambiance sans retenue. Musiciens
habiles, voix aux timbres envoûtants, costumes en cascade… du grand spectacle d’une
troupe qui se doit d’atteindre la notoriété.
Etre plongé dans les prémices d’une aventure
créatrice laisse présupposer l’amplitude de la cohorte des artistes anonymes.
L’émergence dans l’enthousiasme n’occulte pas la mise au point heurtée dans les
coulisses, les humeurs à concilier les concessions pour une progression.
Restent présentes les familles des artistes. Moi je
fais le témoin incongru qui glane au gré du brouhaha ambiant. Pitrerie de ma
posture, mais je m’efface pour mieux croquer.
Au loin, entraperçu la fille de Bonny, qui pousse
toujours ; petite marque d’affection de la mère d’Eddy qui se souvenait de
ma présence au Clos du chêne ; quelques regards croisés avec tel ou
tel visage familier… A noter : aucune dérive bougonne dans mon isolement
de fait. Un exploit de caractère…
La capacité humaine aux bavardages me sidère. Je
tente de rester alerte par l’écriture, mais je me tarirais rapidement embarqué
dans un échange de ce genre, sauf en phase de séduction… Hors sujet ici. Les
visages s’éclipsent peu à peu alors que mes dérives s’ankylosent.
Dimanche 5 février, 23h05
Cette
semaine, mercredi exactement, ma BB va « se faire trancher la gorge »
comme elle aime à l’ironiser : opération pour lui retirer sa thyroïde, en
tout ou partie selon ce que révèlera l’analyse au moment de l’intervention.
Malgré la banalité du cas, je garde une petite inquiétude. Un passage à
l’hôpital n’est jamais anodin et peut très vite basculer dans le dramatique.
N’attisons pas trop l’angoisse tout de même.
Alors
que notre hexagone va mollement, et très partiellement, s’agiter contre le cpe, la mayonnaise des intégristes
islamistes élargit ses emprises avec les dessins de presse danois stigmatisés.
Que ce
monde des religions en étendards de braillards haineux m’insupporte. Qu’il
faudrait se montrer impitoyable avec ces dangereux agités. Notre mollesse
humaniste nous perdra. Ces ennemis de notre civilisation ne méritent aucun
égard : les écraser au moment où ils se foutent le cul en l’air, voilà la
seule politique étrangère qui doit nourrir notre relation à ces contrées.
Terminé la tolérance de ces potes complices du pire.
A-t-on
jamais vu ces musulmans se mobiliser avec pareille passion pour hurler leur
dégoût, leur exécration, leur haine de ceux qui utilisent les voies terroristes
en se réclamant de l’Islam ? Le blasphème suprême n’est-il pas là plutôt
que dans une dénonciation humoristique de ces dérives sanguinaires ? Si ce
n’est pas la démonstration de l’infinie connerie humaine, notamment des brebis
hideuses d’Allah, de Mahomet et toute la troupe divinement imaginée, alors il
ne reste qu’à chier un bon coup sur ces nuisibles et à se torcher avec leurs
textes sacrés… nom de dieu !
Samedi 11 février, Minuit trente
Alors
que nos consciences allaient s’émouvoir de l’effondrement apocalyptique du wtc, l’année 2001 voyait naître une
affaire qui, quelques années plus tard, s’imposerait comme un onze septembre
judiciaire, un « désastre » qui pousserait enfin à l’avant-scène
accusatrice la si intouchable institution judiciaire.
Le
point d’orgue de cette catharsis à vocation réformatrice qu’est la Commission
d’enquête parlementaire, s’incarne dans les quelque sept heures d’audition
monocorde du repoussant Burgaud. Ce petit juge d’instruction, c’est
d’abord un physique maladif pour l’occasion : pâleur extrême, voûté et
bras croisés durant sa défense, une tête juvénile mais aigrie par la
hargne rentrée. C’est ensuite une voix et d’insupportables bruits de
salive : aucune texture aimable, mécanique déshumanisée, désincarnation du
timbre ; des interruptions constantes pour avaler sa salive et reprendre
en hésitant son piètre discours. Une présence nauséeuse donc…
A
cette forme qui entête et révulse s’ajoute une inanité argumentative qui s’accroît
au fil des interrogations des parlementaires. Parti pris d’entrée de ne pas se
remettre en cause, ou tellement à la marge que cela s’auto-neutralise :
après quelques minutes, en amorce, de pseudo compassion pour les acquittés, de
longues heures de logorrhée verbale hésitante, brouillonne, ou la technique ne
parvient même plus à dissimuler la médiocrité humaine du personnage.
Bien
sûr qu’il n’est pas seul en cause, et qu’avant tout c’est le système judiciaire
qu’il faut révolutionner, mais cette source multifactorielle ne dédouane en
rien le triste magistrat.
A le
voir, pitoyable, ne pouvoir défendre son instruction qu’entre bredouillements
et silences démunis, se réfugiant derrière de frêles antiennes (les faits
« graves et concordants ») ou son exposé préalable (« comme je
l’ai indiqué tout à l’heure »), on frémit en imaginant le calvaire des
acquittés. Les justes remarques du rapporteur de la Commission auront dévoilé
le grand vide de ce pâlot morbide qui persiste à soutenir ses malfaisances
professionnelles.
Mais
le Burgaud n’est pas une brebis galeuse : il est le parangon d’une cohorte
déshumanisée servie par un système vicié. Pour exemple que l’enm forme des techniciens du droit sans
se soucier de leur bon sens éthique et de la présence de qualités humaines
basiques : j’ai connu un actuel substitut de procureur (en marche normale
vers le poste supérieur) qui, avant son serment, avait tenté de violer sa sœur,
battait ses petites amies, trompait son monde, défendait le pire, arrogant et
fielleux, et qui goûte aujourd’hui à l’enivrant pouvoir sur la liberté des
gens…
Burgaud
n’est pas seul, tremblez citoyens !
Samedi 18 février
Il
fallait s’en douter, le gratin judiciaire monte sur ses ergots jugeant que
l’ouaille Burgaud a été mal traitée par nos parlementaires. Le magistrat
instructeur a justifié une bonne part de ses inconséquences professionnelles
par sa scabreuse et intime conviction « d’indices graves et
concordants », selon la formule consacrée devenue légitimation automatique
de monomanies opportunistes ; le Conseil supérieur de la magistrature met lui
en devanture la sacro-sainte séparation des pouvoirs, quitte à crotter l’esprit
de Montesquieu.
Vieille
dérive pavlovienne des détenteurs de notre liberté : lorsqu’un membre de
leur corps s’illustre par l’exercice aberré de ses responsabilité, on le mute
avec une ‘tite promotion d’usage. Pour noyer le poisson : le
prendre à revers de toute logique élémentaire. Pour les pires, le csm daigne s’occuper de leur cas, mais
en veillant à ce qu’aucun autre corps constitué n’empiète sur ses pouvoirs.
Voilà un cloisonnement qui sert la maison Justice puisqu’elle juge elle-même
ses brebis dévoyées comme ses pourritures manifestes.
L’administration,
jusqu’à la fin du XIXe siècle, a également bénéficié du délire
révolutionnaire en jugeant elle-même les différends avec les administrés. Cela
a fini par choquer, et nous avons établi une indépendance de jugement avec les
juridictions administratives. Le temps de la séparation de ceux qui
sanctionnent des magistrats fautifs n’est-il pas arrivé ?
Que
reproche-t-on à Philippe Houillon, le rapporteur de la Commission
parlementaire ? D’avoir poussé dans ses contradictions l’imprécis et
balbutiant Burgaud ? Il fallait donc gober toutes ses incohérences,
digérer en les magnifiant ses manifestes inaptitudes, ne jamais mettre en exergue
les erreurs criminelles (cela a conduit à de la prison préventive injustifiée
et a, indirectement, provoqué deux décès) de sa démarche… En somme, dénaturer
une mission d’enquête en saponifiante complaisance pour ne surtout pas brusquer
l’infecte ouaille.
Que
tous ces magistrats cogitent un moment au scandale absolu, insoutenable,
qu’aurait représenté la mollesse parlementaire envers Burgaud, Lecygne and Cie
après l’audition des acquittés. Qu’aurait souhaité le csm ? Une collusion puante du
politique et du judiciaire pour minimiser au maximum les dérives ? Comment
faire autrement que pointer sans concession les fameux « indices graves et
concordants » qui démontrent la pratique inquisitoriale et uniquement à
charge d’un Burgaud persuadé, à vingt-neuf ans, d’avoir l’affaire de sa
carrière ?! Ce désastre tient d’abord - à bas les œillères ! – à une
sordide ambition d’un petit juge tout frais sorti de l’école, prêt à détourner à
son profit les règles de l’instruction : c’est cela et avant tout
cela ! Le « mythe de la pédophilie » clamé par le procureur
(quel révisionnisme indigne d’une réalité sociale pour dédouaner le système
judiciaire !) s’effondre immédiatement lorsqu’on jauge la démarche de
Burgaud, mais ça, l’institution à la balance vacillante ne veut pas l’entendre,
comme elle refuse de purger ses conduites malodorantes. Gare au gorille…
Lundi 20 février, 0h20
Vendredi
vers dix-huit heures, papa fait un petit accident vasculaire qui lui fait
perdre brièvement conscience et le prive de l’expression orale. Il a passé le
week-end à l’hôpital Lariboisière pour quelques analyses approfondies, jusqu’à
un IRM qui révèlera la rupture d’une petite artère située au-dessus de l’arcade
et qui alimente une toute petite partie du cerveau.
Eu au
téléphone, la voix semble claire, et son impatience à sortir des lieux rassure
sur sa santé. Angoisse perceptible cependant (sa maman, à son âge, n’était déjà
plus de ce monde) qui l’incline à remettre en exergue sa volonté d’arrêter de
fumer. Combien de temps résistera cette urgence à pérenniser face au stress de
sa vie professionnelle ? Espérons ad vitam…
Maman
et Jean sont arrivés en début d’après-midi (ils n’étaient venus qu’une fois
chez nous) et restent à Lyon jusqu’à mercredi matin.
Voilà
du factuel affectif qu’il me fallait inscrire.
Ma
‘tite semaine de vacances, interrompue vendredi après-midi par une intervention
à Forpro, va filer à grande vitesse : ne surtout pas laisser pour les
derniers instants les corrections, rangements et préparations à accomplir.
Voilà du bien basique qu’il faut assumer sur ces pages au contenu hétéroclite.
Mardi 7 mars
Des
ondes bénéfiques sur Internet. L’idée hasardeuse de retrouver la trace de
Cécile Marchand, copine de lycée qui avait illustré mes poèmes dans le journal Point
Virgule, vient d’aboutir. Après dix-huit ans, je découvre le site qui
présente ses peintures : des hippos
colorés dans toutes les postures (La Cène,
par exemple), et diverses compositions de la plus attractive facture. Un
message envoyé à l’intéressée, à tout hasard (l’homonymie me semblait plus
vraisemblable, bien que son année et son lieu de naissance correspondent à la
recherche). Quelques heures plus tard, courriel qui me confirme son identité…
et hier soir long échange sur MSN pour se résumer notre large tranche de vie
respective et se laisser porter par l’émotion (surtout moi !). Artiste
reconnue, décorée, qui vend à travers le monde… une vraie réussite qui m’emplit
de bonheur. Nous devons nous retrouver sur le net pour de fructueux échanges…
Fin mars, lors de notre passage à Paris pour le mariage d’Aline (une autre, du
lycée Galilée, qui est arrivée au sommet de son domaine) nous la verrons sans
doute. Quelles retrouvailles !
Jeudi 9 mars
Le son
estudiantin gronderait-il sur le parvis des universités françaises ? Nouvelle
démonstration d’une cohorte de petits vieux prématurés qui défilent pour
l’emploi à vie. Non contents de jouer aux autruches en occultant les réalités
économiques (j’entendais ce soir une représentante d’un syndicat d’étudiants
réclamer l’embauche massive de l’Etat, pour approfondir nos déficits
abyssaux : l’idéal !), ils affichent une conception démocratique qui
s’apparente à l’intimidation syndicale pour ceux qui veulent suivre leurs
cours, voire qui ne partagent pas leurs analyses. Invocations aux cieux d’une
économie florissante pour un plein emploi… et interdiction au gouvernement de
toute initiative.
Ces
ribambelles gigotantes risquent d’avoir raison du CPE, outil de plus à la
trappe, histoire de s’enfoncer un peu plus dans le bourbier.
Le peuple
français qui gâche la construction européenne, les gesticulateurs immatures (et
pas forcément majoritaires chez les jeunes générations) qui empêchent toute
modernisation des moyens socio-économiques : autant j’aime ce pays pour sa
terre et son histoire, autant sa population m’écœure davantage le temps
passant. Alors pourquoi s’ingénier à approfondir ?
Aux
Etats-Unis, l’islamiste français Moussaoui disjoncte et prend méchamment le
chemin d’une sentence mortelle. Une détermination al qaidienne qui révulse tout partisan de la civilisation, mais
laisse songeur sur nos propres lâchetés ou nos accommodements avec le pire.
Notre président tout guimauve avec les potentats du régime autocratique
saoudien s’accroche bien à sa tradition. Saddam Hussein doit peut-être se
souvenir de sa chaleureuse poignée de main, quelques décennies plus tôt, comme
celles de la plupart des pays occidentaux proclamés Etats de droit. Les infâmes
règnent !
Lundi 13 mars, 22h55
Petit
écart vers ces pages avant la petite mort quotidienne. Vu, avec ma BB, le Faites
entrer l’accusé sur Roberto Succo – Succo le fou : mise en scène
prenante du destin de ce tueur froid, peut-être schizophrène, sûrement en
rupture avec cet univers pesant, du familial étouffant, du scolaire sans
accroche, pour finir dans le massacre éperdu de ses parents, terme définitif à
tout espoir de normalité. Entre dégoût et fascination, on retrouve un peu de
notre sombre face dans le déjanté Succo.
Quel
gouffre avec la pression des étudiants qui craignent la précarité qu’engendrerait
le CPE. Là, seule obsession : la petite, médiocre, mais si rassurante
stabilité de l’emploi, rengaine éculée des trente glorieuses, mais colportée
par quelques esprits malhonnêtes et opportunistes. Dès demain, le cirque
gesticulatoire reprend, avec l’attente forcenée d’un retrait d’une loi votée
(49-3 ou pas, l’article majeur avait été accepté par la majorité des députés),
bafouant ainsi le principe de la démocratie représentative.
Mardi 14 mars, 23h10
Peu
d’enclin pour former les tartuffes de l’option Essor. Des bruyants pour
l’essentiel, sans aucun sens de l’effort, cons et incultes, conditionnés par
leur environnement minable… un dégueulis de chiotte… voilà l’image qui me reste
de ce groupe bréneux.
Je ne
peux pourtant pas m’adonner au massacre libérateur, donc j’assume la garderie
pour arriérés, gueulant de temps à autre. Un mépris fondamental pour ces gras
de la vie, sauf quelques exceptions. Quels tristes pitres, les autres !
L’actualité
n’a rien de plus galvanisant : des rots estudiantins aux coups de boutoir
israéliens, rien pour enflammer l’âme.
Samedi 18 mars
Se
défaire un peu des rogatons sociaux qui se perdent autour des tentatives de
réforme. Aurais-je délaissé mon penchant aux défoulements contre l’Etat ?
Sans
doute les doléances pour ne surtout rien tenter, vagir contre l’abysse
croissant et se raidir à toute amorce de comblement m’inclinent à défendre un
geste qui pourrait, au minimum, recevoir le bénéfice du doute.
Avec
Bayrou, la mise à bas de notre Constitution s’érige en voie salutaire. Lors de
son passage au Franc-parler, le centriste affûté semblait faire jubiler
le caustique Giesbert.
L’exécutif
subit l’effet panurge d’un grondement social. Tenir et s’ouvrir, le fil du
pouvoir exige le pire pour de Villepin : se renier par le truchement d’une
rue braillarde toujours minoritaire, mais qui tonne le gong médiatique avec
l’entrain éperdu d’un âge révolu. La France se cloître dans de suicidaires
certitudes. Ainsi croire que le bon Etat providence doit financer à flot pour contrer les infâmes entrepreneurs arqués,
chevillés, empalés sur l’appel du pire : le dévoiement systématique des outils
sociaux proposés. Le CPE aurait comme seule raison d’être l’irrésistible
congédiement du malheureux, de l’esclavagivisé salarié dans les 730 jours
suivant son embauche. Certitude assénée par les Croisés pour l’Enlisement
(amuseurs publics, au demeurant, pour leur détournement de l’abréviation
vilipendée) que de considérer le gueux qui traîne, exploité a priori, formé
accessoirement, comme la victime d’une salauderie patronale. Les relents
prolétariens s’excitent devant tant de gorges capitalistes à trancher… Les
archaïques s’ébrouent et empuantissent notre air !
Vendredi 24 mars
Les
relents de la presse sur l’ultra violence, désormais systématique pour toute
manifestation, de meutes déterminées à terroriser ceux qu’ils ravalent au rang
de privilégiés et à se colleter à la force publique. L’instinct féroce
déchaîné, comme une rafale d’oranges mécaniques, surgit pour détruire,
traumatiser, saccager, piller, foutre la peur à cette masse paisible des anti-CPE.
Notre société n’a plus l’entrain des départs constructifs. Juste la protection
d’acquis en déphasage avec l’époque épuisée par un surdéveloppement condamné.
Samedi 1er avril
Déterrer
le palmipède boiteux ou s’envoler à la nageoire d’une arête nauséabonde ?
L’occasion de renouer avec la charge encrée en ces jours pseudo
prérévolutionnaires.
Avant
de débarquer au Red Lions, encore non fréquenté en 2006, vu avec ma
Blandine Les détectives de l’histoire : objectif de remuer la
matière encombrante d’un passé collectif mal assumé. Pour ce premier
charcutage, la polémique prise de pouvoir du grand Charles. L’exception du
personnage réifie les volutes soupçonneuses sur la légalité de l’accoucheur de
la Ve.
Sur Way
Come From, divinement vocalisé par Brigitte, je dérive du majestueux
Général au dégingandé Chirac, m’effondrant pour entrevoir une quelconque
cohérence dans le passage prédémentiel de l’exécuteur en chef de notre
Constitution. Sa dernière trouvaille institutionnelle après la dissolution
suicidaire de 1997 : la promulgation fantôme ! Pour tenter la
conciliation suprême des belliqueux de tous bords et ne pas s’écarter de son
rôle premier en matière législative, il exécute tortueusement son devoir, botte
l’arrière train de son fidèle de Villepin et gratifie l’opportuniste Sarkozy
d’une reprise cautionnée d’initiative.
« Surréaliste »
pour le littéraire Bayrou qui reprend les fondamentaux, Robert à
l’appui, de la notion de promulgation, laquelle implique l’application
immédiate. Mitterrand, l’histrion du faux attentat, déblatérait sur Le Coup d’Etat permanent
du chef historique de la France libre ; la première décennie du siècle se
sera avachie dans les à-coups du fat déprimant. Le cap du chef de gouvernement
vient d’être amputé de sa superbe, dans un galimatias tarte à la crème.
Désormais,
les boulevards s’offrent aux barbares à capuches, agités ultraviolents à
éradiquer sans ménagement. Voilà une légitime cible à haïr pour la masse mobilisée,
au lieu et place des rengaines de frileux. Aspiration des manifestants : le
fonctionnariat, une stabilité ouatée par la ceinture, les bretelles et le
parachute, le tout sur un matelas de têtes capitalistes fraîchement tranchées…
A
l’époque sempiternelle où le sacré ensanglante à tout va, les paumés du pavé
s’acharnent contre l’élémentaire liberté d’entreprise, clouant au pilori, par
préjugé idéologique, toute tentative pragmatique. L’effet panurge du désespoir
cultivé fait le reste. Quelques écarts ludiques entretiennent la distance
d’avec la fosse commune, celle qu’un chanteur de bon aloi voit se remplir dangereusement
de purin.
Pour
le reste, le folklore des défilés, de l’illégitime coup de force sur asphalte,
avec ses queues de cortège réservées aux vandales terriblement efficaces pour
le fracassement en règle.
Les
hurlements pour une opposition frontale, avec une énième constitution en prime,
négligent le défaitisme des troupes. Le mal profond ne se contentera pas d’une
substitution de texte, tout fondateur qu’il soit.
Jeudi 6 avril, 23h15
Mine
émaciée et teint moins bronzé qu’à l’habitude, le Premier ministre affronte la
période des affres avant la démission probable. Encore une réforme sacrifiée
pour la minorité hurlante. Sombrant dans l’irrationnel nuisible, certains
manifestants réclament également le « retrait » du CNE (retenu,
depuis sa promulgation, par quatre cent six mille contrats de travail) et même
le « retrait » de la loi sur l’égalité des chances, ce qui suppose
une volonté d’empêcher l’extension des zones franches.
Mardi 11 avril
En tas
fumant le panache du Premier ministre. Avoir cédé à la montée en puissance
moutonnière d’une minorité agissante, sans en tirer effectivement les
conséquences personnelles, confirme sa filiation politique : aux antipodes
de l’esprit gaulliste et bien ancrée dans la pratique chiraquienne du pouvoir.
Les manettes de l’exécutif aux pinces de crustacés indélogeables, mais sans
détermination réelle et à la logique gestionnaire bien fluctuante.
Facile,
sans doute, d’achever ce diplomate « saponifiant » à terre, mais, à
la différence des charognards du pavé et de quelques feuilles, je soutenais son
projet. C’est l’abandon de sa ligne, après une promulgation fantoche (pour
l’article huit seulement, mais capitalement !) qui navre et désespère de
ce pays.
Dans
sa méthode Coué déclinée devant un Poivre d’Arvor presque compatissant, il a
terminé sur une piste de réforme des universités. Une façon d’afficher qu’il
persiste dans sa lancée, mais une idée suicidaire qu’il devrait se garder de
mettre en œuvre. Les Devaquet, Juppé, Ferry, Fillon and Cie ont
connu à leurs dépens les charnières minées des terrains de l’enseignement et de
la jeunesse.
Qu’il
demeure accroché à son rocher Matignon sans vagues faire, en espérant que la
dextérité de la population à oublier lui redonne un peu du panache passé.
Quant
au pays, il est entre les mains de syndicats statistiquement non représentatifs,
de quelques cohortes bruyantes et représentatives que d’elles-mêmes – soit
moins de 5% des Français, en retenant les chiffres les plus optimistes – le
tout sous le regard gourmand d’une opposition qui se dispense ainsi de tout
programme de rechange, profitant de facto du chaos puis de l’enlisement
national. Bravo les artistes ! Tristes pitres…
Jeudi 13 avril, 0h30
De
retour d’une ‘tite toile avec ma BB : le duo Fabrice-Johnny divertit sans
peine, en ajoutant une réflexion sur le destin de chacun.
Chacun
se forge, mais se marque aussi d’un alentour déterminant. Evitons le philo de
zinc… mais je songe tout de même à cette chère Cécile Marchand qui a tenu bon
sa barre artistique et qui est parvenue à ses objectifs, alors que j’ai moi
renoncé à toute trajectoire artistique publique réelle. Mon illusoire soupirail
vers un lectorat se limite à un Blog nourri sporadiquement. Pas désespéré pour
cela, pourtant. L’aune assumée me convient, en fait. Cet anonymat m’affranchit
de toute chapelle : en ces temps de suivisme idéologique, peut-être une
voie à préserver.
Un ton
journalistique accrocheur, Le Journal
du monde de Vincent Hervouët, sur LCI, relativise les drames hexagonaux.
Entre une population du Népal martyrisée par le pouvoir en place, un Tchad au
bord de la guerre civile, un Iran qui nargue la communauté internationale en
misant sur le nucléaire militaire via le civil, les attentats sanglants en
Afghanistan, au Pakistan et en Irak, la Palestine prise à la gorge par l’armée
israélienne…
Mercredi 19 avril
Première
journée de 2006 à prendre le soleil au parc de la tête d’Or, en lisière de la
roseraie, là où quelques bancs s’offrent dans un cocon vert. Torse nu défendu à
l’instant par deux limités de la police municipale, aux aguets pour exercer
leurs petits pouvoirs. Sept ans que je fréquente ce lieu, et me voilà prié de
remettre le tee-shirt, sans doute pour ne pas troubler la vieille dame qui
passe.
Argument
avancé par les képis frustrés : on n’est pas à Miribel Jonage :
effectivement, je n’ai ni mon maillot de bain, ni mes saucisses puantes à
frire, ni mes gueulantes de braillards… juste un torse encore potable.
Voilà
le type d’excès bêtifiants d’un ordre public où l’on s’aplatit devant des
barbares-casseurs déchaînés, et où le citoyen calme et respectueux d’autrui se
fait emmerder par ces représentants de l’action incohérente.
Avant
ce petit accroc dans ma sérénité pré estivale, j’observais, sur le banc
connexe, un couple âgé en différend à chaque amorce d’échanges. Une femme
aboyeuse, un bougre encaissant par bougonnements imprécis : calamiteuse
représentation de la dualité.
Le
sacré Sting vient encore une fois de m’échapper. Annoncé en concert aux Nuits
de Fourvière, je me présente, naïf, confiant, à un point de vente Fnac :
plus rien depuis belle lurette, toutes les places arrachées en trois jours.
En
revanche, je ne suis pas encore décidé pour Al Jarreau (qui passe fin juin à la
nouvelle Salle 3000 sise à la Cité internationale) qui tarde à écouler ses
emplacements à tarifs variables, mais un peu trop gonflés à mon goût. Les
passions passent.
Zappant
sur la FM parmi la vingtaine de stations préréglées : le 96.1 me dévoile
en chocs rythmiques bien assénés une des perles singuées de la Diams
revendiquée Boulette. Boule d’énergie ciselée, même si le contenu me
partage. « Pas l’école qui nous a dicté nos codes ! » : à
cent pour cent pour le fond, mais aux antipodes pour les choix. Le firmament
(limité) du rap français accueille en tout cas un joyau créatif.
Vendredi 21 avril, 0h30
De
retour du complexe UGC Ciné Cité, après avoir dévoré le déjanté Enfermé
dehors avec l’inclassable Dupontel. Un conte de fées SDF, à la sauce
électrique des guitares, qui vous transporte parfois jusqu’à l’absurde
qu’engendrerait un bon sniff de
colle.
Autre
découverte de la journée : en cherchant quelques photos pour illustrer
novembre 1991 de mon Journal pamphlétaire mis sur Blog, je tape
« château d’O » et tombe sur de nombreuses représentations du lieu,
avec même un site commercial qui lui est consacré. Les propriétaires l’ont
converti en résidence hôtelière de luxe avec piscines intérieure et extérieure.
Je retrouve les vues du château et du parc presque à l’image de l’univers de
mon enfance préadolescente. Quel vertige à songer au gouffre de temps écoulé
depuis la dernière fois où j’ai dormi dans sa chambre principale de l’aile gauche.
Quinze années pour retrouver une demeure et un parc privés de la féerie que
nous lui avions insufflée. Plus rien de nos jeux, de nos tâches quotidiennes,
de nos promenades enivrantes… cette ribambelle d’instants exaltés qui ont
définitivement perdu leur ancrage pour ne plus pouvoir que vaguement
s’accrocher à quelque mémoire fragile.
Même
tristesse en voyant une photo récente de Hermione, figurant sur son site, qui
dénature l’image qui m’était restée d’elle. Moi-même je ne dois pas être très
aux normes de l’évolution que certains attendaient. Alors relativisons…
toujours.
Samedi 22 avril
Attendant
que ma BB ait achevé sa première manche de Pinball, jeu de flippers sur
Microsoft XP, je poursuis ce grattage.
Le
week-end du 8 mai, passage au château d’Au pour quelques moments affectifs avec
Heïm.
Lundi 24 avril, 23h35
Diffusion
par Arte du Cauchemar de Darwin de Hubert Sauper, dont je n’avais suivi
que de loin les polémiques attenantes. Ce documentaire sans complaisance, un
peu à la façon des instantanés de l’émission Strip-tease qui rapportait
sans commenter des tranches de vie, nous révèle l’Afrique telle qu’elle est et
meurt aujourd’hui. Non que je ne sache rien des fléaux et exploitations
acharnées du continent par les colonisateurs économiques, avant d’avoir
découvert ce chef d’œuvre réaliste ; mais l’incisive démonstration des
images, l’authenticité des autochtones, les contrastes de situation vous
prennent à la gorge, rendant presque honteux d’appartenir au même coin
géographique que les exploiteurs des lieux.
Des
images en vrac me reviennent : ces enfants des rues se battant comme une
meute affamée autour d’une écuelle de riz ; cette femme mettant à sécher
les restes (têtes et arêtes) de perches en repoussant les vers qui ont investi
les plus anciens jonchant le sol ; ce gardien de l’Institut national des
pêcheries qui espère la guerre en Tanzanie et son engagement à tuer pour régler
ses problèmes de survie ; cette Héloïse, prostituée aux yeux de chat, qui
chantonne en douceur devant la caméra de Sauper, victime quelques semaines plus
tard du défoulement meurtrier d’un barbare australien ; cette femme
morte-vivante, atteinte par le Sida et qui parvient, dans un souffle de voix
désespéré, à révéler qu’elle ne peut plus se nourrir… Galerie éperdue de ces sacrifiés
pour l’opulence préservée des potentats du régime, des quelques gros bonnets de
pays riches (l’Europe en tête) impliqués dans le pillage légalisé, et
finalement pour maintenir le déséquilibre mondial en notre faveur.
La
perche du lac Victoria comme parangon d’une ignoble manière d’exploiter
l’Afrique en lieu et place du peuple africain. Ne nous leurrons pas de naïveté,
toutefois : si notre continent avait été le point faible à dépouiller, les
autres coins du monde (y compris le continent noir) se précipiteraient comme
autant de charognards gourmands. Le vice du système tient à une humanité
indigne qui ne respecte que la loi du plus fort, sous d’hypocrites révérences à
la légalité affichée.
Mardi 25 avril
L’appât
des ressources naturelles s’est substitué aux visées territoriales. La
raréfaction de certaines, l’énormité des besoins de pays s’ajoutant aux
développés historiques (arque boutés sur la préservation de leurs privilèges)
risquent d’engendrer l’éclosion de guerres étatiques, au moment où la conscience
collective sera obnubilée par le combat contre l’hyper terrorisme. Quel pays
(Etats-Unis compris) aurait aujourd’hui la volonté et les moyens financiers de
combattre les ambitions belliqueuses d’une puissance moyenne ?
Exaspération et crainte devraient être confirmées par des illégalités en
chaîne.
Le
chef de l’Etat iranien le saisit peu à peu. L’antique désir perse de s’étendre
sur le monde arabe, via les Chiites, n’a pas encore émergé dans ses discours.
L’urgence dialectique se résume à la haine d’Israël, jusqu’au boutisme d’un
discours qui vise tant la scène internationale qu’une tactique politique
intérieure.
Hier,
trois attentats de plus en Egypte qui paye là encore sa modération dans la
problématique israélo-palestinienne. Si les Frères musulmans parvenaient
au pouvoir, par les voies démocratiques, c’en serait fini de l’ère Sadate.
En
bref pour mes affaires intérieures : passage des parents B en fin de
semaine avant qu’ils rejoignent leur cadeau des quarante ans (un séjour
d’une semaine dans les Pyrénées) ; semaine prochaine en vacances avec
passage à Fontès, puis séjour éclair au château d’Au avant le retour à Lyon. Le
lundi 8 mai au soir, entrevue espérée avec Cécile Marchand, pour un résumé
réciproque de presque vingt ans d’existence. Tournis du temps qui nous
rapproche de la fosse.
A
Cqfd, un été qui s’annonce chargé en formations financées par la région, ce qui
suppose la bonne santé financière de notre structure…
Les
vacances d’été se répartiront en quinze jours à cheval sur juillet et août et
une semaine début septembre. Quelques ponts et jours fériés pour compléter.
Voilà un compte rendu salarial, mais sans jamais oublier ma connaissance de la
situation d’employeur, ce qui m’évite les travers revendicatifs de la masse des
travailleurs. Le confort psychologique de ma situation, même modestement
rémunérée, m’incline à une réserve respectueuse des portefaix de la
responsabilité structurelle.
Dimanche 30 avril
Une
bien morose fête du travail pour le Premier ministre. La campagne de presse qui
se déchaîne contre lui dans cette affaire corbeautée lui laisse une
terne alternative : admettre et se démettre en forme de Waterloo personnel,
ou nier et s’accrocher dans la minable tradition des bigorneaux politiques.
Curieusement,
le gros des éditorialistes limite sa verve à l’échevelé dépité sans redoubler
la charge contre son chef qui, selon les déclarations du général Rondot, serait
la source originelle du déclenchement de l’enquête dans l’ombre réclamée contre
le gêneur Sarkozy.
Voilà
du lourd : la sphère opaque du Renseignement, jusqu’alors évanescence
muette pour le commun des mortels, se risque à l’opération Portes ouvertes… aux
scandales.
Des
éléments nous échappent certainement, mais la pointe de l’iceberg suffit à
entretenir la nausée qui s’installe chez tout observateur affûté des miasmes
gouvernementaux et présidentiels. Des ficelles bien grosses dans cette
tentative d’éliminer, dès 2004, celui qui se posait en rival bien rasé du
vieillissant Chirac. Une seule question capitale subsiste : qui est le
corbeau et peut-être, surtout, qui lui a suggéré l’envoi de cette liste
grossièrement falsifiée ?
La
version fade serait un coup des chiraquiens. Beaucoup plus machiavélique,
rappelant les arcanes du faux attentat de l’Observatoire contre Mitterrand,
serait l’approche du « faites-en sorte qu’il ait l’impression que l’idée
vienne de lui » (principe du manipulateur manipulé dans L’Aile ou la
cuisse de Claude Zidi).
Imaginons
que le corbeau soit effectivement un sbire chiraquien approché par un occulte
sarkozyste non déclaré qui, par talent rhétorique, l’amène à avoir l’idée de
liste trafiquée (en l’élargissant à d’autres personnalités pour qu’elle
paraisse plus crédible, moins focalisée). L’objectif des créateurs du
corbeau est de lui faire lancer un appât auquel les Villepin-Chirac, en quête
d’une voie pour neutraliser le Sarkozy, pourraient mordre, préparant ainsi,
sans s’en douter, leur fatal discrédit. Ajoutons à cette hypothèse quelques
autres contacts clandestins pour que la supercherie se révèle au moment
opportun : voilà qui relèverait de la magnifique salauderie.
A
moins qu’un royaliste underground (dévoué non à la couronne, mais à la
Ségolène) soit la clé de cette fumeuse affaire selon, grosso modo, la même
stratégie de fond (ce qui expliquerait la présence de DSK sur la liste
explosive).
A
moins qu’une inavouable alliance d’adversaires ait eu pour impératif d’évacuer
un ennemi commun…
Tout
cela ? Sans doute des contes pour contempteur du ruisseau bourbeux dans
lequel pataugent quelques gouvernants…
Mardi 2 mai
Fontès
pour une petite semaine de jours ouvrables. Le temps de faire découvrir à ma BB
quelques sites remarquables de l’Hérault sur les conseils combinés (mais
successifs) de maman par un courriel et de l’oncle Paul hier soir.
Ma
chère grand-mère garde la forme pour une vénérable de 93 ans.
Vers
les 22 heures, nous avons partagé un Château Mazers avec Paul et sa nouvelle
(et très gentille) compagne, de retour de ses deux hectares et demi de vignes.
Il nous confie que grand-mère, au-delà de son défaitisme apparent, de son moral
affiché le plus maussade qui soit, ne rechigne pas à pratiquer à nouveau la
marche avec son déambulateur dans la maison de retraite, ou au bras de
quelqu’un de confiance pour venir jusqu’à la maison. Lui qui la
« pratique » tous les quinze jours sait faire le tri entre les
humeurs pour la galerie et les potentialités réelles.
Semble
bien aller le Paul, la tignasse grise et la répartie toujours joyeuse : il
prendra probablement sa retraite en fin d’année, puisqu’il fait du rab,
en ce moment.
Plus
triste, j’ai appris dimanche le décès de Jean-François Revel, ce penseur
affûté, irréductible à une chapelle, esprit libre conduit à contre-courant du
bien pensé ambiant. J’ai appris, lors de sa nécrologie sur TF1, qu’il avait été
plutôt à gauche dans ses débuts intellectuels, se retrouvant même au côté de
François Mitterrand à une période de sa vie.
Dans
mon Panthéon en verve, galerie de personnages appréciés réunis par des extraits
de mon Journal dans le blog LD
pamphlétaire, je les avais liés par leur fine intelligence, au-delà de
leurs divergences idéologiques. Finalement, leurs parcours se sont croisés pour
un partage à durée limitée certes, mais dense pour le contenu : de droite
à gauche pour le Fanfan, de gauche à droite pour le feu Revel.
Le
soir. Première pleine journée presque achevée : l’Hérault sous quelques
angles pour ma BB : la manufacture royale de Villeneuvette, un petit
parcours sur route forestière le long du lac artificiel Le Salagou (pays de la
terre rouge) et passage au village ruiné de Celles, site découvert avec
la Néerlandaise (que j’ai récemment supprimée de mes contacts Internet, lassée,
semble-t-il, de recevoir la promo de mes blogs…). Depuis, des grillages
entourent les demeures figées dans l’abandon, pour parer aux pillages, saccages
et tagages des lieux. En brochettes, les abrutis !
En fin
d’après-midi, petit moment au jardin avec grand-mère pour la faire voyager à
travers nos photos, notamment du séjour en Touraine.
Dans
la banlieue parisienne, l’ambiance est à la baston sanglante entre bandes.
Voilà une méthode radicale pour diminuer la surdose de racailles dans ces nids
sordides. On devrait organiser quelques jeux meurtriers avec les raclures des
cités pour qu’ils se neutralisent sans recours à la force publique.
Lu,
dans Le Monde 2, la révolution que préparerait la maîtrise des
nanotechnologies, peut-être encore plus conséquente que l’a été l’informatique.
Comme toujours, impressions ambivalentes sur les apports possibles : des
progrès fabuleux en matière médicale ou technique, jusqu’aux dérives d’une
amélioration de l’espèce humaine par ce biais. Hantise pour les humanistes
traditionnels, chance pour les scientistes : à observer l’humanité telle
qu’elle est, peut-être qu’un coup de pouce à
son évolution redonnerait quelque espoir à une amélioration de son fond.
Je
retourne dans La méprise de Florence Aubenas qui dresse à brut
l’historique de l’affaire d’Outreau dans ses fantasmagories entretenues, dans
cette médiocrité sordide, avilissante des lieux et des protagonistes premiers,
ceux qui s’avèreront effectivement coupables : les Badaoui, Delay, Grenon
et Delplanque, et comment les déversements verbaux de quelques enfants ont fait
basculer la vie d’innocents. Edifiant sur la nature humaine si vile et
méprisable.
On
nous bassine avec le regard sévère, blasé du peuple sur les gouvernants au sens
large, l’élite… mais on ne souligne pas assez, notamment dans les mass médias
(et pour cause !) combien des franges conséquentes du peuple sont
méprisables, à vomir : ces supporters hurlants, bavants, prêts à frapper
l’autre pour dominer, ces voisins de cité se gargarisant des rumeurs et en
rajoutant pour charger les présumés innocents, etc.
Mercredi 3 mai
Le de
Villiers, sur France Inter, a lesté son message, logique ma foi, et trouvant
l’écho non avoué chez nombre d’autochtones. Pas du tout inspiré ce matin.
Je
viens d’avoir Cécile : nous devrions parvenir à nous voir le 8 mai,
qu’elle vienne à Paris ou que je la rejoigne dans son logis.
Renoncement
à la plage de Marseillan, ce jour, préférence pour le farniente au jardin pour
ma BB et la faux-bronzette pour moi,
avec pour objectif d’éliminer le maximum d’herbes folles. Deux heures
partagées, en fin d’après-midi, avec grand-mère dans ce lieu apaisant. Toujours
un moral en demi-teinte : elle affirme son improbable survie l’année
prochaine. Seule pirouette : accentuer l’effet dramatique avec humour pour
le dégonfler.
De
Villepin semble avoir choisi l’accroche au pouvoir par quelques contre-attaques,
notamment contre son ancien camarade de promo énarque, le secrétaire général du
PS. Tenir jusqu’en juin, jusqu’à l’événement sportivo-grégaire qui sonnera l’amnésie
collective, suivi des vacances d’été. La rentrée 2006 marquera le début d’une
campagne présidentielle que le Premier ministre a peu de chance d’animer, mais
une parcelle d’espoir subsiste, alors que démissionnaire le néant politique
s’imposerait à lui.
Jeudi 4 mai
Dernier
jour du séjour à Fontès, demain matin tôt retour à Lyon pour que je donne mon
avant-dernier cours à Forpro en culture générale. Séance simplifiée à l’extrême
pour moi : test d’une heure et demie, puis diffusion du Faites entrer
l’accusé sur l’assassinat du juge Renaud à Lyon.
Programme
du jour : escapade à la grotte des Clamouses puis déambulation à
Saint-Guilhem le désert. Ciel floconneux sur Fontès, mais je maintiens le port
du short blanc pour ce dernier jour.
Vendredi
soir, invités (avec sans doute d’autres amis) chez Bonny et Eddy dans leur
nouvelle demeure, avec jardin, à Villeurbanne. Et le lendemain, je pars vers
Au. Du dense, cette semaine de vacances.
18h30.
Nous venons de quitter ma grand-mère dans cette brève quotidienneté des fins
d’après-midi partagées pour lui narrer nos émerveillements de la journée.
Sortie dans la cour intérieure de la Providence, avant de la laisser à regret
dans la salle à manger, j’essaie de la faire replonger dans quelques époques
anciennes de son existence : son mariage antérieur avec son chef de
bureau, sa rencontre avec grand-père dans un bus à Versailles, sa complicité
avec sa sœur Denise, et quelques autres bribes éparses. Pas le temps ni la
mémoire d’approfondir, mais une façon d’éclairer son regard d’une vivance
régénérative. En passant devant la salle à manger des invalides, et en
parvenant à celle de ceux qui ont encore leur tête l’émotion que cet au revoir
ne bascule vers des adieux. On ne peut se résoudre à l’inéluctable, même avec
cette rallonge accordée par dame Nature. Je pressens ses yeux s’embuer lorsque
nous la laissons dans son fauteuil roulant, face à ses convives de tablée.
Notre retour se fera pour le week-end de Pentecôte, avec maman et Gilles. Nous
essaierons alors de la convaincre de venir passer un bon moment au restaurant.
De
Villepin lustre la coquille de bigorneau qu’il assume, bien accroché au rocher
de Matignon. Les dates de ses dernières conférences de presse mensuelles
coïncident avec d’éprouvantes épreuves à surmonter : abandon du CPE et,
aujourd’hui, soupçon d’utilisation des services de renseignements pour servir
ses ambitions présidentielles. Un chêne en roseau notre Ministre premier, avec
sa mission en ligne de mire qui doit le conduire jusqu’au bout au-delà de toutes
les attaques journalistiques et de tous les sondages. Saluons la persévérance
du verbe, même si la cathédralesque action gouvernementale s’apparente
davantage, les mois passants, à des pâtés de sable.
Samedi 6 mai
Le
château en visée, Heïm non vu depuis deux ans et quelque, espérant un moment de
densité affective, sans dérive cathartique. La période de défiance semble
s’apaiser pour accepter à nouveau le partage intellectuel. Peu inspiré, dans ce
TGV.
Belle
et complice soirée avec Bonny et Eddy dans leur grand jardin attenant à leur
magnifique demeure. Voilà un nouveau grand nid qui devrait laisser s’épanouir
leur union repartie sous d’apparents bons auspices.
Le
spectacle Soul Music Story pourrait
prendre un essor en fin d’année auprès des gros comités d’entreprise de la
région. Le 23 mai, une représentation gratuite aura lieu pour tous les invités
de ces corps d’entreprise. Objectif de la structure Lydéric : obtenir le
maximum de représentations auprès de salariés ravis de posséder un comité si généreux.
Le
château se rapproche, décidément, sur cette ligne tant empruntée à l’époque
tourmentée de ma prise de distance d’avec l’univers de Heïm.
Coldplay
s’amorce sur le Cdivers et c’est à nouveau le frisson renouvelé grâce aux
notes en tension lyrique d’In my place.
Dimanche 7 mai
Je
relève quelques commentaires savoureux à l’éclairage du temps passé Dans
l’intimité de personnages illustres – 1850-1950 :
Sur
Louis Pasteur (en 1852) : « Ira loin disent ses protecteurs : en
tout cas, il va à la messe, ce qui, chez les savants, est déjà une
originalité. »
Sur
Eiffel (en 1882) : « Médite, dit-on, de rebâtir la tour de Babel dans
Paris ? Le canal eut été plus utile. »
Sur
Grévin (en 1887, sur le musée qu’il vient d’ouvrir) : « (…) cette vie
immobile et fardée est pire que la mort. Les criminels célèbres y sont plus
sinistres que nature. A interdire aux enfants. »
Sur de
Vigny : « Lamartine était plus mélodieux, Hugo plus éclatant, Musset
plus spirituel. Vigny n’avait pour lui que sa fierté et cette dignité hautaine que
l’on retrouve dans toute son œuvre. »
Lundi 8 mai
Ci-dessus,
quelques citations à l’arrachée extraites de ces albums extraordinaires
récupérés par Heïm chez les parents de Vanessa. Une plongée dans les portraits
au daguerréotype accompagnés d’une notice manuscrite sur les données jugées
essentielles (parfois mêlées à de savoureux commentaires comme ceux notés) des
personnalités choisies.
Au fil
d’un parcours rapide, hier soir avant l’endormissement, je retrouve des figures
littéraires, accointances ou contemporaines de Léautaud et dont j’ignorais les
traits, pour les moins renommés. Les Figuéras, Capus, Descaves… inconnus du
commun des mortels, me reviennent avec toute l’atmosphère littéraire de la
première moitié du vingtième croquée par le diariste. Voilà un univers
attachant, pourtant si loin de mon existence, et qui fleure bon le papier épais
du Mercure de France.
Bon
séjour au château d’Au, dans la gentillesse affective et sans débordement.
Panorama d’une actualité chargée en destinées de ceux que j’ai côtoyés ou
croisés. Quelques morts au village dont la plus tragique : celle du frère
de la petite Sabrina décédé d’un cancer foudroyant. Heïm me raconte que le
transport du cercueil a été effectué exclusivement par des enfants dans ses
âges, et ce à travers tout le village. Moment poignant.
Yvana,
la plus adorable des trois, est devenue « monstrueuse » : grosse
et revendicative. Quelle transmutation. Je l’avais croisée lors de mon dernier
passage et des rondeurs disgracieuses l’avaient déjà déformée. Une telle
transformation de l’apparence et de la mentalité vous ferait renoncer à tout
essai de compréhension (et d’appréhension) d’une quelconque cohérence humaine.
Le
château et le parc s’embellissent, les années passant, par les efforts
financiers de Heïm : de la salle à manger jouxtant le grand salon enfin
achevé, à la salle en murs de bois (ex salle à manger) transformée en salon de
lecture style Louis XV.
Le
parc aussi se pare de coins enchanteurs comme l’ancien enclos des chiens
désormais soigné avec goût autour de la pièce d’eau d’Onf.
Déception
atténuée ce lundi : pas vu Cécile M qui a annulé bien tardivement (et
curieusement, sous des prétextes suspects
d’anniversaires familiaux qui ne
pouvaient se prévoir !) notre entrevue programmée depuis plusieurs
semaines. De là à soupçonner de clandestines pressions de son mari… Voilà le
désagrément des amitiés cultivées (ou que je souhaiterais réactiver) avec la
gente féminine : tôt ou tard, en
embuscade ou en vigie à l’affût, un sieur prêt à l’éradication du lien.
Finalement, très heureux de revoir Sonia qui, malgré ses problèmes récurrents,
semblent mieux se porter. Croisé à cette occasion son père dans une belle forme
de septuagénaire naissant et à l’accent italien agréable, et l’une de ses sœurs
à l’abord froid.
Retour
comme je les apprécie dans le TGV 6665, dans un carré avec trois jeunes co-voyageuses. En face, endormie, une
demoiselle rousse aux formes généreuses, un petit haut vert laissant percevoir
la naissance d’épaules charnues. A ses côtés, la silhouette longiligne d’une
jeune femme au regard doux et humide, un petit haut estival couvert d’une veste
en cuir marron, laissant deviner une menue poitrine ferme. A mes côtés, une
brunette asiatique qui semble ne pas comprendre le français, à la lèvre supérieure
épaisse qui dépasse légèrement l’inférieure, ce qui, dans un visage aux
mimiques craintives, accentue la note d’innocence coquine. Voilà le petit
exercice descriptif pour accompagner le paysage qui défile.
Dimanche 14 mai
Un peu
de polémique dans Arrêt sur images (Arte) : Karl Zéro, visiblement dépité
et remonté, vient défendre sa décennie (ou ses quinze ans, j’ai un doute)
d’émissions. Pas de connivences avec les politiques, même s’il fait intervenir,
l’année dernière, trois poids lourds du secteur (Fabius, Strauss Khan et
surtout Sarkozy) pour soutenir Le vrai
journal déjà menacé d’arrêt. Depuis deux ans, il confie devoir subir les
fourches de la censure par la nouvelle direction de Canal + pleine
d’aspiration pour le ripolinage sans vague.
Dans l’affaire
Allègre (la mise en cause, par de sordides accusations, de Dominique Baudis,
président du CSA) il reconnaît l’erreur d’avoir lu le courrier du tueur en
série qui lui est adressé, et il révèle avoir payé quinze mille euros l’une des
principales accusatrices pour qu’elle lui réserve son témoignage.
Pour
défendre ses dérives professionnelles, il se retranche derrière les fameuses,
et un peu enfantines, rengaines : je le fais, mais les autres ne font pas
mieux ; je l’ai fait, mais le chef ne me l’a pas interdit ; si je ne
l’avais pas fait, un autre l’aurait fait… Sur la défensive le Karlo : le
pitre irrévérencieux s’est transmué en revendicateur aux abois. Finalement, les
coulisses ont toujours plus d’intérêt que la scène affichée.
Mercredi 17 mai
Petit
passage matinal au parc Tête d’or. Venus s’asseoir dans le « U » de
bancs face au lac où je suis installé, une dizaine de jeunes Allemands en
vadrouille. Joyeux, blagueurs dans la langue de Goethe, je peux deviner la
teneur globale des propos par la tonalité vocale, les mimiques et ce que je
peux supposer des centres d’intérêt de leur âge. Parmi eux, une jeune fille au
comportement plus mature et possédant déjà tous les attributs et la gestuelle
de la féminité. Très troublant.
Samedi 27 mai, 1h15 du mat.
Après
quelques délires sur Msn, retour aux plus introspectifs petits carreaux du Clairefontaine.
Ce
soir, à C dans l’air, brochette de
scientifiques passionnés qui nous laissent entrevoir quelques fascinantes
théories sur le fonctionnement de l’univers. La plus hardie, celle des cordes,
retient un Tout à onze dimensions qui permettent la superposition de plusieurs
infinis (oxymoron !) dont la plupart nous sont inaccessibles.
Dimanche 28 mai, 23h
Lourde
chaleur pour cette fin de long week-end passé comme un éphémère. Semaine à
venir plus aux normes après les légères de ce dernier mois et, vendredi
après-midi, départ pour Fontès où nous retrouverons maman et Jean pour un
séjour festif.
Quelle
magnifique entente (re)trouvée depuis quelques années (et surtout depuis que je
suis avec ma BB) avec mes parents et leur moitié respective. J’ai tellement été
en réserve sur ce sujet, pendant la plus grande partie de mon existence, que je
me réjouis de pouvoir consigner ici la qualité des liens qui m’unissent à eux. Ce
départ pour Lyon aura eu l’effet bénéfique d’un rapprochement dans le cœur.
Dois-je
m’entêter à hurler avec les féroces sur cette fin rance de quinquennat ?
Pourquoi chaque époque cultive-t-elle un alarmisme sur sa propre déchéance
clamée ? Finalement, tout ce jeu médiatique autour de telle ou telle
affaire montée en épingle a-t-il une quelconque utilité pour changer les tares
immémoriales de notre civilisation, ou n’est-ce que les agitations
guignolesques d’un théâtre d’ombres, ni plus ni moins respectables que toutes
celles qui les ont précédées.
Le
panurgisme de presse n’étonne pas, mais doit se concilier avec la
relativisation que permet une mise à distance de l’actualité.
La
dernière année de la présidence Chirac peut s’aligner à côté des ambiances d’autres
fins de mandat comme le de Gaulle d’après mai 68, jugé comme dépassé par une
part croissante (et ingrate) de la population ; le VGE ayant perdu tout
élan dynamique face au souffle rose ; le Mitterrand affaibli, au bord
d’inaugurer les chrysanthèmes tout en devant affronter les mille et un secrets
livrés à la presse fouineuse. Apocalyptique tableau dans lequel s’intègre, sans
effort, le Chirac du jour.
Mercredi 31 mai, 23h58
Je m’arrache au Couple dans la guerre des attachants About et Nakad pour confier un
nouveau sujet d’indignation.
Vingt
ans après, les médias télévisuels rediffusent les ahurissantes déclarations du
professeur-escroc Pellerin. Avec ses cartes truquées, ses airs offusqués
tellement les questions des journalistes lui semblent hors de propos, il a
contribué à légitimer un crime d’Etat (de plus). Aucun danger pour nous suite à
l’explosion de Tchernobyl, nous serinait-on ; les seuls qui risquaient étaient
ceux enfermés dans la centrale elle-même. Les plus grosses ficelles sont les
plus faciles à faire passer.
Dimanche 3 juin
Depuis
Fontès me reviennent par la presse et
les ondes radio le tintamarre alambiqué autour des déclarations de la
séduisante Royal. Le Strauss-Kahn s’ébouriffe, le Lang tergiverse, l’Aubry
s’étrangle, le Fabius sermonne et même le Hollande, son légitime de mari, se
voit contraint de reléguer les idées de sa Ségolène sur l’étagère des
infréquentables. A l’inverse, quelques voix s’ébrouent pour approuver la fin
d’une démarche hypocrite et suicidaire dans le traitement de la délinquance
juvénile : des députés, des maires du 9-3
et le toujours alerte Chevènement.
Voilà
enfin un véritable schisme dans la gauche : entre les indécrottables
adeptes de la prévention à œillères, celle qui excuse a priori toutes les formes de sauvagerie, voire de barbarie, des
jeunes terreurs de cité ; et les autres, minoritaires, qui prennent
conscience de la vanité des bons sentiments à l’égard des saloperies
malfaisantes. Le « tendez-la-joue » de gauche pour résoudre les dérives
d’une infime partie de la jeunesse, mais part polluante majeure des quartiers
sous leur coupe, a fait son temps. L’exégèse socio-psychanalytique des causes
ne doit plus parasiter l’action efficace pour rétablir dans ces zones l’ordre
public tant réclamé par les populations locales.
La
gangrène n’est évidemment pas nouvelle, et beaucoup d’entre nous peuvent
évoquer la présence terrorisante d’une bande dans un immeuble, un quartier, une
école. Ma scolarité s’est faite, en partie, sous l’atmosphère tolérante des
socialistes au pouvoir. Ainsi, de 1983 à 1985, le C.E.S. de
Conflans-Sainte-Honorine (ville administrée par Michel Rocard), pourtant bien
plus calme que celui d’Éragny-sur-Oise où je résidais, accueillait un trio de
branleurs à qui l’encadrement militaire aurait profité grandement, m’évitant
ces nombreuse récréations gâchées jusqu’au jour où l’un d’eux, venu me titiller
en solitaire, sûr de sa toute puissance, s’est chopé mon pied au cul avant de
prendre les siens à son cou. De ce jour, après quelques stériles menaces de
représailles du trio de morveux, j’ai intégré la salubrité de la répression
personnelle, et jamais plus personne n’est venu me chercher des noises. Sans
doute que l’encadrement socialisant du collège avait une approche compatissante
de ces pauvres merdeux délaissés ou martyrisés dès leur jeune âge.
Pour épargner
ces ratés familiaux, il faudrait tolérer l’empuantissement des lieux
publics ? Quelle négation des fondements mêmes de la vie en collectivité.
Point de contrat social chez les extrémistes de la tolérance ciblée comme les
sbires de Lutte ouvrière, mais un culte du diktat des échoués. On comprend la
haine que ces enfarinés du Grand Soir peuvent porter à l’irrévérencieuse
Ségolène Royal.
Feu de
paille ou vraie naissance d’une conscience à gauche que les méchants ne se
focalisent pas que chez les possédants ? A observer le cirque des indignés
de la Rose, on peut douter de l’émergence durable d’une approche lucide de ce
fléau social chez les héritiers des potes de Tonton.
Samedi 10 juin
De
l’estival qui baigne le parc, je laisse mon esprit vagabonder de la lecture
d’articles à l’observation d’une roseraie rayonnante et de passants heureux de
tels feux du ciel.
L’Irak
a perdu son boucher sanguinaire Zarkaoui, l’une des têtes innombrables (mais
sans aucun doute la plus hideuse) du terrorisme islamiste. Tout comme son
maréchal Ben Laden, il a épuisé sa jeunesse dans tous les vices occidentaux
qu’il a fustigés par la suite. Des opportunistes du Djihad qui ont très bien su
jouer de la puissance des moyens modernes de communication.
Petite
coquetterie non négligeable dans les carnages revendiqués par Abou
Moussab : la haine déchaînée contre les chiites qu’il souhaitait trucider
dans une apothéose de guerre civile généralisée. Finalement, la vraie terreur
du terrorisme islamiste, depuis le onze septembre, dans son déchaînement
fréquent, ou quotidien comme en Irak, s’est focalisée sur des pays musulmans et
non dans les contrées occidentales. L’évidente facilité pour déployer cette
violence aveugle dans ces zones déstabilisées et imbibées par l’esprit
salafiste ne doit pas leurrer. Dans l’ombre, quelques gros coups se préparent
contre les Occidentaux.
Jeudi 15 juin
Alors
que l’acariâtre Bedos traîne quelque part encore ses grisâtres coups de gueule,
le jubilatoire et aérien Devos vient de laisser s’envoler son âme. Mes jeunes
années s’embrouillaient parfois pour accoler le bon visage à ces paronymes
approximatifs, mais sitôt le timbre de voix entendu, j’identifiais l’univers du
clown à bons mots ou de la teigne aux formules acérées.
Devos
avait la gentillesse que ne peuvent plus se permettre d’afficher les cuvées
ultérieures de comiques. Vu quelques images, dans Envoyé spécial, du castelet de ce spécialiste ès trituration de la
langue, et qui songeait à en faire un musée post
mortem. A voir cette douce masse appuyée sur une canne, on ne peut que
verser une larme en l’imaginant aux cieux trop sérieux.
Samedi 17 juin, 1h40 du mat.
Ma BB
en sortie, pour une fois ! avec ses collègues de travail vers
Saint-Priest. Moi, en vase clos, de la toile du net au matelas du lit.
Poursuite de la mise en ligne de mes écrits : côté poésies, bientôt achevé
le transfert. A relire ces vers torturés et parfois bien lancés, je ne peux
m’empêcher de faire le parallèle avec l’indigence extrême de l’expression des
stagiaires du centre Cqfd. Combien mes univers sont à des infinis des leurs,
limités par leur infériorité langagière. Pour la formation et l’expression de
leurs pensées, ils ont recours à une parcelle dérisoire du possible de notre
langue.
À
toute allure les semaines chargées pour ne pas les sentir trop prégnantes. La
réalité : un formidable désintérêt de ma part pour les publics que l’on
reçoit.
Dimanche 25 juin, 23h05
Une
semaine encore bien remplie des face-à-face
pédagogiques qui n’enthousiasment pas. Les formations conventionnées par la
région charrient quelques spécimens d’illettrés je m’en foutistes, tout juste
bon à racler les chiottes. Imbus de leur vide sidéral, ils s’efforcent
d’emmerder les quelques qui voudraient sortir de cette bourbe. De vrais
parasites qui, s’ils ne ramenaient pas quelque blé via la région, devraient
être immédiatement interdits de toute formation. Les laisser crever dans leur
jus : voilà tout juste ce qu’on devrait leur accorder, et en silence siouplaît ! Ahh, ça défoule !
Mariage
de Barbara et Jean-Luc, hier, suivi d’une très conviviale réunion dans la Drôme
des collines.
Encore
deux semaines chargées à bloc, suivies de deux autres plus détendues, avant les
quinze jours de coupure totale.
Lundi 3
juillet
De
retour vers Lyon, après un week-end partagé entre le Cellier et Saint-Denis la
Chevasse. Au programme : les trente
ans de François et les un an de son union avec Emma. Moments festifs un peu
épicés lorsque j’ai bretté avec un des convives (petit ami d’une copine de
François) aux lunettes flash de celui qui ne veut pas vieillir. Entre autres
sujets de polémique : le permis de voter, la notion d’aristocratie, le
populisme de Le Pen… Quelques passages au piano antique, présent chez le jeune
couple, pour déchiffrer quelques airs à quatre doigts, dont un passage de
Coldplay, ou improviser plus ou moins judicieusement.
Le
samedi soir, les V et B réunis devant le petit écran pour assister, dans une
ambiance bon enfant, à l’exploit des bleus
du ballon rond. Comme un parfum de 98, pour beaucoup. La psychologie d’un
peuple tient à peu de choses : panem,
circenses…
Trois
semaines de labeur avant une quinzaine de jours à s’ébattre vers
Brive-la-Gaillarde : des vacances au vert pour se ressourcer.
Rien
de transcendant, certes, mais une douceur de vivre sans pareille : cela
vaut tous les dépaysements, toutes les improvisations exotiques… A jauger les
décennies parcourues, rien ne me sied mieux que le rythme de vie actuel. La
raison de l’expérience, sans doute.
André
B m’a encore gardé un article sur l’ouvrage de Philippe Delerm consacré à
Léautaud. Voilà la démonstration d’un service de presse efficace que n’aura pas
connu mon essai sur l’aristocratisme libertaire chez ce bourru redécouvert par
la presse.
Mes projets
littéraires demeurent bien modestes, et dans l’ombre totale : poursuivre
ce journal malgré sa piètre coloration, nourrir de ses pages des blogs sans
doute trop chargés car n’acceptant plus de nouvelles illustrations, finir des
paroles de L’onde émeraude sur l’air de La chasse aux papillons de Brassens, en
hommage aux quarante ans de mariage du couple B. Les quatre premiers quatrains
déjà rédigés à l’occasion du repas pris au château de Clermont (dit château de
Funès) : les quatre derniers s’axent vers le second acte des célébrations,
à Caluire, fin août. Voilà résumé la minime effervescence créative qui irrigue
mes loisirs.
Samedi 8 juillet
Veille
de communion nationale. Pour une résurgence de l’esprit 98 : au regard des
violences primaires entretenues aux quatre coins d’un hexagone illusionné, on
peut douter de l’œcuménisme footballistique. Les jeux du peuple ne contentent
plus les primaires de la guérilla urbaine. Prétexte du sport pour déchaîner
l’instinct destructeur ou l’affalement grégaire.
Reconnaissons
la talentueuse résurrection des onze tricolores pour qui l’ingratitude
journalistique, emboîtée par quelques supporters mal lunés, a été finalement
bénéfique. Les charges de la presse étrangère ont créé la transcendance des
joueurs. Pour le reste, folklore habituel des braillards.
Depuis
le Red pour rédiger, immergé dans la
nimbe de sons : un classique italien contraste avec l’humeur
franco-française. Le hasard me met face à deux Italiennes (l’une serait
journaliste) qui me snobent.
Surcharge
du Lion rouge qui nous fait perler la
sueur sans effort. Et l’on poursuit : tour de chants de fraîcheur datée.
Surnombre qui défoule les glandes sudoripares et tarit l’inspiration.
Blogs
gelés depuis quelques semaines, faute de réaction vive à l’actualité. La focalisation
du premier plan médiatique sur la baballe au but…
Un
‘tit air italien pour contenter les quelques visiteurs de la Botte. J’apprends
que l’une des deux interlocutrices travaille à Euronews et connaît très bien le
chef d’édition, ami de Pedro, ayant même assisté à son mariage. Pas pour autant
d’accroche pour poursuivre la conversation.
Petite
accalmie dans l’agitation pour du slow en baume apaisant. Petit râteau de la
soirée pour bien pimenter mon humeur réfractaire. Des envies de carotides mâchées,
de tronches explosées, de déflagrations al
quaïdiennes.
Pas
ces lignes qui figureront dans ma sélection pamphlétaire.
Intermède
des tubes à fond pour échauffer un peu plus le coin. Un gros lard s’incruste
quelques secondes à notre bar…
Bien
plus passionnant pour la réflexion, les soubresauts provocateurs de la Corée du
Nord : baroud d’honneur, dérapage contrôlé ou improvisation
déjantée ?
Samedi 22 juillet, 23h30
Premier
jour de vacances à Lagleygeolle, au hameau des Orteils, signe du relâchement
total. Découverte du lieu enchanteur par ses volumes, ses lieux à vivre, sa
piscine attractive et son panorama divin. Les propriétaires bailleurs nous
accueillent avec toute la gentillesse espérée. Les journées et soirées à venir
devraient nous combler.
Dimanche 23 juillet
Avant
9h : profiter de la piscine, en solitaire, avec les légendes du jazz en
fond sonore, un ciel bleu à ravir et un sofa pour récupérer de l’effort.
Hier
soir, dîner à Collonges-la-Rouge, vers l’église, sur une charmante place sans
surcharge humaine. Le débat polémique (voire hystérique) du moment : les
interventions militaires d’Israël sont-elles légitimes, disproportionnées ou
gratuitement criminelles ? Le conflit israélo-palestinien, dans sa version
élargie en l’espèce, échauffe toujours les esprits. Dans les pro-Palestiniens
compréhensifs pour les actions violentes du Hezbollah et du Hamas : ma BB
et Jim ; dans une défense mesurée d’Israël : papa et moi ; en
observatrices plus ou moins attentives : Anna et Aurélia.
23h30.
Journée dans cette demeure estivale à se partager entre baignade, bronzette,
jeux d’eau, badminton, lecture de La
tragédie du Président de Giesbert, le tout sous l’astre chauffant.
Mardi 25 juillet
Rarement
je n’ai ressenti un tel vide pour écrire. L’impression de n’avoir plus rien à
apporter, me contentant de fadaises crétinisantes sur le temps, des faits
matériels sans intérêt et des analyses de comptoir. Bon pour la casse, le gars.
Même
un sujet majeur comme la lutte Hezbollah-Israël ne réveille plus rien en moi.
Retiré du monde et de toute espèce d’ambition, je vivote gentiment.
Temps
orageux sur la Corrèze : les mouches m’emmerdent.
Hier,
visite du gouffre de Padirac : de bon
aloi avec la fournaise ambiante. D’impressionnantes dimensions au fond
desquelles sinue une rivière. Beau.
Voilà
ce qui monopolise ma faiblarde inspiration ! Juste histoire de continuer à
noircir ces pages, à les numéroter consciencieusement pour atteindre
vaillamment, dans quelques jours ou quelques semaines, les mille quatre cents
pages manuscrites pour le corps principal, c’est-à-dire sans tenir compte des Manus portables.
Pour
revenir à du personnel, l’entente est correcte au sein du groupe familial,
malgré quelques conversations musclées et échanges tendus. Les espaces à
disposition sont assez vastes pour avoir ses zones de retrait, de solitude
cultivée…
Hier
soir, les C., loueurs des lieux, nous invitent à un apéritif dînatoire bien
agréable. Des gens charmants, généreux, ayant vécu aux quatre coins du monde,
et notamment dans plusieurs territoires d’Outre-mer français, comme la
Polynésie et Wallis et Futuna. On sent chez eux comme un regret d’avoir dû
abandonner ces contrées pour s’installer dans la France métropolitaine
profonde. Leurs apéritifs locaux (châtaigne, framboise, pêche, abricot…) et
leur vin paillé ont comblé nos sens gustatifs.
Vendredi 28 juillet
La
Corrèze sous la bruine : tristounet comme les prolongements vocaux
d’Alanis Morrissette que j’écoute à l’instant (How Long). La France retrouve peu à peu des températures en phase avec
le label en perdition de pays à climat tempéré.
Si je
voulais verser dans l’anti-américanisme primaire, tant abhorré par le regretté
Revel, l’actualité sportive me fournirait l’abondance des munitions. Non
content d’être les champions cyniques de la pollution planétaire, les Ricains récidivent en crottant notre
plus populaire événement estival. Comme le souligne une plume acérée de la
presse du jour, le fait d’avoir en champion du Tour de France un ex paralytique,
qui succède à un cancéreux reconverti sept fois vainqueur, devait nous rendre
soupçonneux ou pour le moins circonspect. Et voilà l’affaire au goût de
testostérones : Floyd Landis ne doit sa résurrection d’une étape l’autre,
saluée alors unanimement par une presse encore trop naïve, qu’à quelque
méprisable ingestion, application ou injection d’hormones salvatrices. Après un
Armstrong bien plus talentueux (et avec bien d’autres moyens financiers pour la
sophistication du dopage) pour demeurer à jamais comme présumé propre, l’Américain 2006 se répand dans
la grossière tricherie. « Pôvre couillon ! » a-t-on envie de lui
asséner. Sa réserve face à la presse, lors de l’épreuve, ne tenait pas, comme
son écurie avait tenté de le justifier, à un goût prononcé pour l’isolement
spirituel régénératif (on sait maintenant la senteur bien plus prosaïque de ses
sources roboratives), mais au souci d’éviter une grosse gourde en forme d’aveu
anticipé de cet esprit faible.
Ne
jouons pas pour autant les mijaurées ébouriffées par ce pseudo scandale. La
pratique dépasse de très loin le cas du seul pauvre Landis trahi par cette
suspecte transfiguration d’un jour sur l’autre.
Bien
plus grave, au point que B.-H. Lévy se fende d’un voyage médiatisé avec paroles prophétiques dans sa
besace : la guerre Tsahal-Hezbollah. Sentant la bonne récupération à
faire, la tentaculaire vermine Al Qaïda, accessoirement d’obédience sunnite,
appelle à l’union avec les chiites pour éradiquer le juif, puis, sans doute,
sur sa lancée, l’occidental. Peu importe les charretées de musulmans chiites
écharpés par des attentats sunnites, l’occasion fait le sinistre larron et les
fanatismes se retrouvent pour ces macabres déchaînements de violence toujours
recommencés.
En
France, les hypocrisies se cultivent en couches. Tout en condamnant le
terrorisme, nous acceptons comme des pleutres les discours, ou les simples
allusions complaisantes, d’une partie croissante de nos populations d’origine
maghrébine ou versées dans la religion musulmane aux relents islamistes, pour
les djihads démultipliés depuis le vrai coup d’envoi crédible, un certain
11.09.
Comment
accepter cela, de la part de ceux qui jouissent de notre forme de vie, de la
souplesse tolérante de notre civilisation version XXIe siècle, alors que le
projet des intégristes de l’Islam est l’éradication de notre monde ? Si
l’ampleur terrorisante devait s’épanouir jusqu’à cette redoutée guerre des
civilisations, chacun devrait choisir clairement son camp, et non verser dans
l’allusif tendancieux qui tend à faire d’un salopard sanguinaire, et de ses
sbires islamisés, des parangons de l’espérance pour tout musulman. Infecte
déviance rampante à dénoncer sans circonvolution.
Prenons
l’exemple de figures artistiques populaires comme Jamel Debbouze ou Samy
Naceri, je suis certain que leur aversion pour les Etats-Unis, pourtant forme
majeure de la civilisation occidentale qui a permis leur réussite, n’a pas
d’équivalent de rejet, chez eux, pour la nébuleuse du repoussant Ben Laden. On
peut même soupçonner certains d’une forme d’admiration (ou tout au moins de fascination)
pour ces tueurs d’Occidentaux. Tout cela dans le non-dit, l’insinué, le suggéré
dans un sourire méprisant pour ce qui fonde notre forme laïque d’organisation.
Samedi 29 juillet
Nous
fêtons ce soir, dans un restaurant de Brive, l’anniversaire d’Anna.
Journée
physique sur des canoës le long de la Dordogne. Des rives sauvages, une eau
peuplée de longues herbes folles qui forment, par endroits, un tapis vert
aquatique irrégulier. Les occupants changent au gré des kilomètres, mais
certains souffrent : ma BB éclatera en sanglots après quelques efforts
vains pour diriger l’embarcation qu’elle occupait avec Anna. Pour le reste, du
plaisir à glisser sur ces eaux.
L’ouvrage
de Giesbert édifie sur les mœurs politiques français : autour de la figure
contrastée de Jacques Chirac, une flopée de portraits, souvent vitriolés, des
seconds rôles voulant, pour certains, occuper l’avant-scène. Le Villepin,
notamment, apparaît comme un carnassier prêt au massacre pour combler ses ambitions pantagruéliques. D’autres évocations,
plus touchantes, humanisent le personnel politique, et notamment son plus haut
représentant : ainsi l’anorexie de Laurence, la fille aînée du président
qui, après nombre de tentatives de suicide, ne survivra pas à une
défénestration. Le chagrin de cette perte n’a pas, malgré tout, entamé sa gourmandise politique.
La
rentrée réservera de saignantes tactiques pour éliminer les concurrents de son propre parti, avant de pouvoir se
colleter aux autres. 2002 semble n’avoir servi à rien, car le nombre de
candidats qui se profile s’apparente à celui affiché l’année du cataclysme
politique au premier tour. Lorsqu’il faut sonner le tocsin sur les grands
principes, les politiques se bousculent ; mais dès qu’il faut renoncer à
ses propres ambitions pour honorer ces mêmes valeurs, la zone se clairsème au
point de désertification. Une gestion schizophrène qui empêche toute expérience
de servir dans ce domaine.
Dimanche 30 juillet
Jim et
Aurélia partis ce matin vers Fontès via Le Puy-en-Velay pour honorer la tombe
de son père mort à quarante ans dans un accident de voiture, probablement ivre
au volant.
Une
suite de délices culinaires Chez Francis, le restaurant branché,
mais cossu, de Brive-la-Gaillarde. Entrée de gourmandises aux saveurs diverses,
tartare d’exception à la qualité limousine, préparé au couteau pour préserver
tout le relief du goût, sorbet au fromage blanc sur vrai coulis de fruits
rouges et saupoudré de brownies
maison. Ce restaurant officie depuis quinze ans et ses parties planes (murs,
boiseries, plafonds) se couvrent de notations laudatives de gens célèbres,
notoires ou reconnus localement. La foire aux livres et les dîners
d’après-spectacle ont assuré à l’antre joyeuse des signatures de VIP : de
Daniel Prévost à Wolinski, de Pierre Vassiliu au regretté critique
gastronomique Petitjean. On retrouve même, en haut d’un des murs, un petit mot
de Karine Duchochois, l’un des acquittés d’Outreau reconverti en vedette des
médias. La plume, ou le feutre en l’occurrence, de B.-H. Lévy s’est contenté
d’un « je m’est bien régaler » avec cette trouvaille si philosophique
de fautes à la Omar. Quel
effort !
20h.
Journée de récupération aux Orteils entre soleil, lecture et somnolence, après
la dépense physique de la veille. Une certaine mollesse en moi. Comme de
l’insatisfaction insidieuse. L’abandon de toute carrière brillante me
minerait-il au fond ? Plus simplement mon caractère, quelle que soit la
situation.
Loin
des yeux, loin du cœur, le dicton se confirme pour certaines amitiés bien
silencieuses depuis leur éloignement de Lyon. Shue et Liselle, notamment. Je me
dois de relancer le contact, mais ce ne sera pas par le biais d’une carte
postale depuis la Corrèze, n’ayant pas ici leur dernière adresse respective.
Enfin voilà, la banalité du soir…
Le
phénomène Sudoku supplante les traditionnels mots croisés et confirme la
niaiserie de mon esprit en matière de chiffres.
Lundi 31 juillet
A mi-chemin
des mois dits de grandes vacances et
à la moitié dépassée de notre pause estivale, le rythme se ralentit.
Vu,
hier soir, le père Ardisson pour sa dernière de Tout le monde en parle enregistrée début juillet par le père d’Anna
sur une cassette vidéo de type 180, malheureusement trop court pour nous
conduire jusqu’au bouquet final de l’émission avec le maousse Blind test.
Nombre
de ses complices présents pour lui rendre hommage et faire leur promo
respective ; une bonne part des salariés vedettes de Canal + où il
doit faire sa rentrée. Même si je ne suivais quasiment plus son émission
hebdomadaire, il faut reconnaître son apport de liberté dans le PAF, avec son
talentueux complice Baffie, un peu dans la même veine, par le souffle délivré,
que Michel Polac et son Droit de réponse
ou Jacques Martin avec Le Petit
Rapporteur : l’irrévérence, l’assise intellectuelle, la créativité. Au
zénith, le voilà viré par le psychorigide Patrick de Carolis (autre signataire
sur le plafond de Chez Francis) pour
mettre fin aux cumulards de la TV.
Un peu
comme en politique, certains se taillent de belles parts dans les plages
horaires des chaînes. Sur le simple plan juridique, le président de France
Télévision a donc eu raison de remettre de l’ordre en demandant à Ardisson de
choisir entre Paris Première et sa
place dans le secteur public. En revanche, dans l’optique richesse
télévisuelle, cette décision porte un sale coup aux niches originales face au
rouleau compresseur des émissions de masse et de merde.
Ruquier
doit récupérer la plage horaire du samedi soir : cela évitera une série
américaine de plus ou une bouse de télé-réalité.
Le
conflit Tsahal-Hezbollah n’en finit pas de détruire et de tuer. Dès que l’on
tente une réflexion sur les justifications respectives, on ne peut
raisonnablement donner raison à une partie contre l’autre. J’ai pourtant
tendance, contrairement à la tonalité dominante des médias français, à exécrer
l’arrière cuisine idéologique du Hezbollah : jamais Israël, ou les
religieux juifs, n’ont appelé à l’éradication de la civilisation
chrétienne ; c’est, au contraire, le leitmotiv sous-jacent de la démarche des
mouvements intégristes et terroristes. Rien à faire, je me sens ennemi de ces groupes,
même s’il faut reconnaître le martyre des populations palestiniennes et
aujourd’hui libanaises.
Mardi 1er août
Départ
pour la journée : visite des quelques cascades vers Tulle.
Bilan
des portraits politiques de Giesbert : de Villepin apparaît comme le plus
détestable, imbu de lui-même, et son discours off le plus en décalage avec sa tartine démagogique officielle.
Habitude langagière révélatrice du personnage : tout ramener au fait
« d’en avoir ou pas… » dans le pantalon. Le critère des gonades
semble être l’alpha et l’oméga de son sens critique. Des couilles pleins la
bouche, il en sert à ses interlocuteurs en coulisse, certain d’être lui-même
doté des plus impressionnants spécimens… Le désastre du CPE, cette piteuse
retraite en rase campagne, a révélé la texture et le contenu de baudruche des
testicules du Premier ministre, tout juste calibrées pour jouer aux billes.
Exit le mauvais poète des roubignolles !
Cette
nuit, l’un des rêves m’a ramené vers l’attachante figure d’Alice. Que
devient-elle ? Emouvant de se remémorer les complicités partagées.
Terrible de songer aux années qui défilent sans pouvoir lui témoigner de mon
affection toujours vive. Sans conteste celle qu’il me coûte le plus de ne pas
revoir même si, probablement, je ne pourrais retrouver la silhouette et le
caractère connus. Et dire que la dernière fois que je l’ai vue, à Misery, dans
une extrême tension, elle m’a lancé, profitant d’un départ dans la cuisine de
son compagnon, « pourquoi ne m’as-tu pas sautée ? » ce qui
aurait effectivement évité qu’elle ne s’écarte si tôt et que je doive choisir
(provisoirement) mon camp. Derrière l’expression triviale, une vraie
déclaration de sentiments que je n’avais jamais osé imaginer avant. Quel
gourdiflot je faisais alors ! Ce trop-plein de respect pour tout ce qui
était lié affectivement à Heïm avait fini par annihiler en moi toute initiative
sensuelle. Je songe à cette soirée dans nos bureaux, revenus à pied, sous la
pluie battante, de Chaulnes au château d’O. Rien n’aurait empêché un
débordement charnel, sauvage. Mes putains d’étriqués principes d’alors (j’étais
avec Kate) m’ont privé d’une densité fusionnelle accomplie avec celle que je
chérissais en secret. Voilà de la confession de diariste…
18h.
Je devrais bien, à terme, m’approprier toute cette période pour casser le
béni-oui-oui de l’époque et remettre en complexité ces tranches de vie
singulières. Ni rejet, ni idolâtrie, mais sans doute rééquilibrage en faveur
des personnes de l’entourage de Heïm.
Plus
de nouvelles de Sally, sans doute vexée après avoir appris mon message à la
compagne de Karl sur le non désir d’une réunion avec elle et BB en même temps.
Mon détachement se confirme : nullement affecté par ce silence et sans
enclin pour le rompre. Ce suivi en dents de scie me lasse.
Petit
tour aux cascades de Gimel pour voir l’écume jaillissant au sortir d’un goulot
rocheux. Grisaille et vent pour cette soirée.
Mercredi 2 août
L’Humanité, le
journal communiste français, n’a rien changé de sa complaisance envers les
régimes autoritaires à étiquette rouge.
Ce
matin, la revue de presse sur France Inter rapporte les analyses sévères des
quotidiens hexagonaux sur le cas Castro (hospitalisé récemment) et l’Etat
policier, mis en place par ce flamboyant escroc idéologique, avec sources de
renseignements sur les écarts des citoyens dans chaque pâté de maisons.
Toute
la presse ? Non. Un petit journal aux résurgences marxistes éculées
cultive sa résistance à la lucidité et à la vérité sous couvert du factuel. Les
faits matériels du moment, rien que cela : aucun bilan du régime cubain,
de la fortune amassée par Fidel sur le dos du peuple, des emprisonnements
arbitraires, des tortures révolutionnaires, de la corruption
généralisée, de la ruine d’un pays victime de la folie communiste.
Je
rappelle que cette idéologie a engendré bien plus de cadavres, et de très loin,
que les nazisme et fascisme réunis, car elle a avancé sous le masque de la
générosité factice pour les plus modestes. Un rapt, en fait, de plusieurs
dizaines de pays durant quelques décennies.
Les
empaillés du XXIe siècle, Corée du Nord et Cuba, poursuivent le grand œuvre des
Lénine, Staline, Mao and Cie inspirés
par les idéologues barbus qui en rappellent d’autres pour cet art de la
manipulation du peuple en vue de combler des intérêts personnels de pouvoir et
de volonté de toute puissance.
Ces
extrémismes idéologiques (communisme, nazisme, intégrisme religieux) se
nourrissent du projet d’éradiquer une partie de l’humanité ne correspondant pas
à leur projet messianique. Comment un titre de la grande presse française,
maintenu à flots financiers à coups de subventions et d’avantages fiscaux,
peut-il encore, même hypocritement, soutenir le régime castriste, insulte à
tous les droits de l’homme dont les journalistes de ce journal se rengorgent
dès qu’un Sarkozy prend une décision dans la gestion des flux
migratoires ?
Là, on
s’indigne, on crie à la dérive autoritaire, au fascisme perlant ! Quelle
rigolade ! Quelle honte pour ces plumitifs du communisme qui ne lèveront
pas leur plume contre les dizaines de milliers d’assassinats étatiques
commandités par Fidel Castro, don Quichotte sanguinaire, vieille garde des
barbares qui empuantissent l’humanité.
Comment
peut-on encore accepter qu’un si beau terme, l’humanité, baptise un torche-cul
qui essuie, en détournant les yeux, les flaques de sang et de larmes que verse
le peuple cubain depuis les débuts de la feue guerre froide ? Et l’on
croyait cette période renvoyée à la préhistoire : c’était sans compter
l’acharnement des tyrans de Cuba, Corée du Nord et (dans une moindre
mesure ?) Chine.
Et
puis le marxisme a sa relève dans l’oppression des esprits : le ben
ladénisme insuffle sa terreur par la soumission à ses diktats via des manipulés
décervelés…
Jeudi 3 août
Hier
soir, apéritif joyeux avec les C. et le couple Barbara-Jean-Luc arrivés de
Lyon. Les quatre litres de Soupe
(pétillant, Cointreau, sucre de canne et Pulco citron jaune) ont eu leur
effet : fin dans la piscine et à sept dans un jacuzzi censé accueillir
trois personnes au maximum.
20h. De retour de vingt-sept
kilomètres en kayak avec de légers rapides. Pour ma BB et moi, presque une
formalité : nous devions ralentir notre rythme pour ne pas semer l’autre
duo engagé dans l’aventure sur Dordogne. Mon père et Alex ont, eux, moins
apprécié le dernier tiers. Les fréquents
râlages du pater contre son bidon
étanche mal fixé, contre les manœuvres maladroites de son fils, ont quelque peu
entaché l’ambiance bucolique du parcours.
Vendredi 4 août
Râleur : voilà un trait de caractère
hérité de mon père et que je dois combattre. Cette tendance je la sens comme
une vague dès qu’une contrariété se profile, alors que la voie zen serait
tellement plus agréable.
Ce
matin, très agréable tournée avec le sieur C., comme guide averti, pour acheter
quelques produits du coin avec la garantie d’une qualité authentique. Premier
arrêt pour le vin paillé : une octogénaire en pleine santé, du charme et
de la vie dans le visage, nous accueille dans sa cuisine pour nous faire goûter
le nectar couleur café, produit par le couple dans la confidentialité (car dans
l’irrespect des normes étriquées en vigueur). Nous repartons avec nos
bouteilles et un plein sac de reines-claudes données par cette charmante femme.
Second arrêt dans une propriété aux vieilles pierres : foie gras, huile de
noix et farine de production locale viennent s’ajouter au breuvage d’exception.
Fait
du bien de se plonger dans la généreuse France profonde, un peu bougonne mais
préservant l’essentiel des identités locales.
Sur le
retour, Monsieur C. nous compte quelques faits liés à la terrible division Das Reich passée dans la région. Aux
alentours de Lagleygeolle quelques maisons brûlées pour dénicher des Francs-Tireurs
Partisans, notamment sur la petite route nous menant à Collonges-la-Rouge. Pas
de sang d’otages versés, notamment des dizaines d’enfants capturés puis
relâchés faute de maquisard déniché. Bien plus macabre, et restée dans les
livres d’histoire, la centaine de pendaisons à Tulle : les hommes du lieu
se passant la corde au cou les uns des autres, un officier nazi doit se charger
de trucider le centième : le bougre se rebiffe et entraîne l’exécuteur
dans la Dordogne. Bilan exact : quatre-vingt-dix-neuf pendus et deux
noyés. Le prisme localier de la grande histoire apporte une saveur presque
charnelle aux événements qui pourraient nous paraître lointains.
Dimanche 6
août
Semaine
de trente-six heures de FFP. De la rentrée de gros calibre avant le week-end de
quatre jours.
Bilan
de ces quinze jours : agréables en tous points, mais un bémol de taille,
les râlages de mon père, pour tout et
rien. L’âge qui passe semble amplifier son penchant à vouloir avoir le dernier
mot, à gâcher une ambiance, un départ, un moment. Il faudrait qu’il en prenne
conscience pour ne pas rendre insupportable le quotidien de ses proches.
Pour
moi, une quinzaine c’est bien assez, malgré toute l’affection que je lui porte.
La démonstration de l’inanité a été éclatante lord de la journée kayak. Le
pauvre Alex a dû subir à intervalles réguliers ses hausses de voix pour ce qui
devait être d’abord un moment de détente. Dur à supporter, même comme un simple
témoin auditif.
Il
n’accepte pas son âge et les pontages subis : à la fin de la longue
remontée des cascades visitées, il refuse que je le photographie haletant, me
lançant un « tu verras quand tu auras mon âge et mes
pontages ! » d’un air excédé. Quel curieux manque d’autodérision… En
outre, personne ne lui a imposé de fumer et de ne pas avoir la volonté pour
arrêter totalement (deux-trois par jour durant le séjour) malgré la menace qui
pèse sur lui.
Analyse
de sa personnalité à approfondir une prochaine fois.
Retour
à la préparation de ma rentrée avec un tour d’actualité rapide.
Mardi 15 août
Salle
peu remplie pour le Vol 93, sur les
écrans depuis quelques semaines, avant la sortie à tapage du film d’Oliver
Stone sur le 11.09.01.
Pour
une fois, une résolution de l’ONU fait taire immédiatement les armes et
produits explosifs divers au Proche-Orient. Peut-être pas très longtemps, mais
ce seul fait change du peu d’efficacité habituelle. Le consensus des grandes
puissances face à des puissances faibles (le Liban !) et moyennes a
certainement permis ce résultat.
Vendredi 18 août
Ciel
tout bleu au parc de la tête d’Or après une purge nocturne par l’efficace duo
du vent violent et de l’orage tonitruant.
Je
viens, enfin, de mettre un terme à ma négligence épistolaire. L’urgence du
temps qui défile, de ces disparitions prématurées de gens auxquels on se sent
lié à distance, et malgré les silences prolongés, n’engendre pas toujours la
réactivité requise… ou trop tard.
Appris
hier soir le décès, à 61 ans, de Bernard Rapp « des suites d’une longue
maladie » selon la formule pudique consacrée (France Inter, à 6h30 ce
matin, a rompu le principe de discrétion en précisant qu’il s’agissait d’un
cancer des poumons).
Finesse
du personnage à la culture et aux activités éclectiques, je me souviens avoir
suivi quelques numéros de l’Assiette anglaise où régnait, avec ses
joyeux complices, une vraie symbiose enthousiaste. Il avait également participé
à la magnifique série (que j’ai trop sporadiquement suivie) d’Un siècle
d’écrivains.
Plutôt
intellectuellement peiné de cette brièveté de vie pour un homme discret et
certainement très fidèle en amitié.
Cette
triste actualité a rendu plus prégnante la nécessité d’écrire à deux de mes
professeurs : Mme Hélène Sabbah qui vient de prendre sa retraite, et
surtout M. Jean Roncière qui, je l’espère, vit pleinement ses années de
vieillesse. À moins que, pour lui, je m’y prenne trop tard…
Comme
figures universitaires, c’est à Jean Gicquel, pour le droit, et à Marc Dambre,
pour les lettres modernes, qu’il faudrait que j’adresse un mot avant, là
encore, que l’emprise du temps ne me les rende inaccessibles.
Le
Liban semble émerger du chaos où les belligérants Tsahal-Hezbollah l’avaient
étouffé. L’armée libanaise commence à se déployer dans le sud du pays : ce
qui, pour tout pays souverain, relève de la basique normalité, prend ici une
résonance exceptionnelle.
La
France prendrait la tête d’une finul
dopée pour culminer à quinze mille casques bleus (contre deux mille
aujourd’hui), mais elle veut toutes les garanties de sécurité pour ne pas
prendre la bourbeuse voie dans laquelle pataugent les Etats-Unis à quelques
encablures de là. Une présence pour la gloriole internationale, mais pas pour
voir quelques-uns de nos militaires revenir dans des bags. De l’engagement, oui, mais sans risque. Voilà la philosophie
de la France, super puissance de la parole, de l’agitation diplomatique ;
très moyenne puissance en matière de poids effectif. Me voilà bien sévère
contre ma patrie aujourd’hui. Réflexion à remettre sur l’établi sans tarder.
Samedi 19 août
23h.
Désert le Saint-Louis, bien plus ventilé que le Red qui cultive la surchauffe
au point de liquéfier les visiteurs.
Retour
dans cet antre rouge : disposition des sièges modifiée pour un gain de
place sur la piste dansante. La surface du Saint-Louis s’augmente par une
mezzanine, mais l’orientation demeure intimiste. La rythmique diffusée survole
de très loin ce que peut entrevoir le Red : les accents groove enivrent et
me laisse prendre la voix au jeu de l’impro.
Dimanche 3
septembre
Reprise
d’un rythme sporadique pour ces pages. Des instants passés sous silence comme
la célébration des quarante ans de mariage à Caluire d’André et Annette avec
quelque centre trente invités.
La
découverte du site Points communs.com
(PCC), conseillé par une accointance pour avoir un petit lectorat.
La
chaleur du parc me coupe toute envie d’écrire. Je vais rejoindre le bercail
pour de plus productrices lignes. Là, c’est l’extinction de la plume.
Lundi 4 septembre
Achèvement
d’un blog répertoriant les photos de ces noces d’émeraude, tout comme je
l’avais fait pour les vacances en Corrèze au lieu-dit Les ortheils (et non orteils
comme l’indiquent les panneaux alentour) qui font référence aux jardins.
Du
temps passé pour la jubilation de communiquer à un maximum de personnes les
images prises de ces instants.
Même
chose pour la publication d’extraits de ce Journal
sur PCC : l’envie d’être lu. Cet irrépressible, et si vain, besoin
d’exister dans le regard des autres. Mon activité professionnelle ne pouvant
ouvrir à une quelconque admiration (employé moyen dans une obscure
microsociété) je me reporte vers d’illusoires voies pour me croire un chouia
nécessaire à l’humanité. Quelle fadaise !
Ce
soir, France 2 initie le mouvement de commémoration du considérable événement
qui marque l’amorce du XXIe siècle, pas plus enthousiasmant que le
précédent.
Un
film documentaire sur le 11 septembre mêlant les reconstitutions, les
témoignages et les images d’archives. Du bon boulot qui tient en haleine,
émeut, bouleverse sans trop chercher la vision manichéenne (fin exceptée), pour
davantage se concentrer sur l’horreur vécue par les près de trois mille
victimes et les milliers qui en réchappèrent.
Certes,
on peut gloser sur la responsabilité indirecte de l’administration américaine
et des détenteurs du pouvoir. Un petit documentaire à la suite ne s’en est
d’ailleurs pas privé. La négligence criminelle d’institutions comme le FBI ont
contribué à la faisabilité des attentats.
Pour
autant, les vraies menaces viennent de l’islamisme radical et de ses portefaix
haineux. Leur seule optique : faire disparaître notre forme de civilisation.
Entendre
quelques esprits faibles, souvent d’origine maghrébine convenons-en, plein de
complaisance pour le salopard Ben Laden, tout en profitant et en abusant de la
vie sauce occidentale, et la nausée m’envahit. Voilà qui devrait constituer un
motif d’expulsion immédiate, y compris de ceux ayant acquis la nationalité par
le jus soli, mais qui n’ont
visiblement rien à foutre de notre choix de civilisation. Qu’ils aillent en
bouffer de l’Al Qaida sanguinaire. Bon vent, bon débarras !
Samedi 9 septembre
Saluons
la première d’Esprits libres présentée par Guillaume Durand. Maudissons
la dérive des premières parties de soirée, pour le bon pôple qu’il faut
distraire, qui se répandent entre émissions mettant au pinacle des ordinaires
sans intérêt et séries qui assouvissent le goût morbido-voyeuriste d’une masse indistincte.
Résultat :
il faut attendre 23h40 pour avoir la réflexion, la polémique, la profondeur,
l’indignation, la vie qui tranche, en somme.
La
démocratisation à tout prix n’est-elle pas néfaste à la hiérarchisation établie
dans la culture ? C’est l’un des thèmes de cet espace d’échanges accrochés
et vivifiants : la réponse s’impose par la grille télévisuelle.
Ceci
dit, ne boudons pas notre plaisir, même s’il doit attendre la nuit
avancée : les frères Poivre d’Arvor, pétris de sensibilité littéraire et
liés par une rare, à ce stade, complicité fraternelle rappelant celle des
Goncourt ; Yann Moix à l’œil perçant, aux paroles fusantes pour dépeindre
son enfance mitterrandienne (juste un antigaullisme perlant qui me gêne) ;
l’incontournable Philippe Tesson, bruyant mais brillant dans ses à-coups contre
quelques idées reçues (j’essaie de ne pas rater son passage, le mardi, à NPPM
sur iTV) ; la finesse féroce d’un Jean-Michel Ribes qui, à l’inverse de Tesson,
charcute dans la sérénité ceux qu’il juge torves ; le duo fracassant
Naulleau-Domenach, par qui le brouhaha émerge, qui dénonce l’asphyxie de la
culture française dans un pamphlet aiguisé…
Et
notre journaliste, moins échevelé qu’à l’habitude, qui mène les débats avec
maestria et qui assume l’extrême probité intellectuelle d’inviter sur son
plateau des personnages avec lesquels le désaccord préexiste.
Voilà
de la vraie télévision, sans paillettes frelatées, sans goût rance, sans
hypocrisie suintante… Une télé comme savait si bien l’habiter, la transcender
Michel Polac et son Droit de réponse, Jacques Martin et Le Petit
Rapporteur, Armand Jammot avec Les Dossiers de l’écran et Bernard
Pivot dans Apostrophes… Un quatuor éclectique (pour une liste non exhaustive)
mais qu’identifie l’intelligence.
Avec
Durand, s’il parvient à résister aux vagues uniformisatrices de médiamat, une
belle page de la lucarne lumineuse pourrait s’écrire.
Mercredi 13 septembre, 0h10
Passé
le cinquième anniversaire des attentats contre le WTC et le Pentagone (sans
oublier les révoltés du Vol 93).
Je
sors du visionnage de trois documentaires enregistrés dimanche soir. Celui sur
les quelque deux cents personnes ayant choisi de sauter dans le vide plutôt
qu’endurer l’horreur à l’intérieur des tours, m’a particulièrement retourné.
Cet homme qui tombe, salarié du
restaurant au sommet d’une des tours, symbolise toute la résignation sereine
vers son funeste destin.
Après
avoir fait paraître un commentaire sur PCC concernant ce fait majeur et
amorceur du XXIe siècle, quelques réactions négatives n’en pouvant plus de
cette surmédiatisation d’un événement qu’ils relativisent voire, pour les plus
vilement sceptiques, remettent en cause. Le révisionnisme du 11.09 a déjà
émergé !
Personne
n’ose le déclarer ou l’écrire chez Big Média, mais une part grandissante de la
population française d’origine maghrébine porte un regard complaisant, voire
approbateur, sur les actes sanglants d’Al Qaida. Le simplisme de leur vue met
mal à l’aise et nous contraint à une forte vigilance intérieure.
Pour
s’offrir une infinitésimale place littéraire (toujours préférable au néant
complet pour les non nihilistes) le site PCC permet d’aiguiser sa plume. Je
profite du lieu pour proposer quelques extraits de mon Journal comme des jalons du passé utiles pour le présent et
l’avenir.
On
peut également réagir à un autre commentaire et se colleter (par les mots) aux
critiques des autres. L’art de répondre sans concession permet de sortir un peu
du monologue du diariste qui ne trouve que lui-même, à court voire à moyen
terme, pour réagir à ses propres lignes.
Je
peux aussi apprendre le stoïcisme en ne réagissant surtout pas aux pics de la
troupe. Pour l’instant j’en suis loin, préférant la virulence réactive.
Côté
politique, les partis de gauche, représentés à l’Assemblée nationale,
dénaturent le droit d’amendement en ayant déposé plus de cent trente-sept mille
demandes de modification du projet de loi sur la fusion EDF-Suez. Si le 49-3
n’est pas appliqué (comme cherchent à l’obtenir les gauchistes) il faudra huit
ans pour que les débats épuisent cette masse stérile. Les confins de
l’absurdité parlementaire viennent d’être atteints.
Vendredi 15 septembre
Malin
plaisir à me faire détester sur PCC, nid de gauchistes mal embouchés.
Dernier
thème : se souvenir d’avril 2002, de la conception limitée de la
démocratie pour les manifestants anti-Le Pen, de la fonction d’aiguillon de ce
dernier dans le paysage politique français (ça ils n’ont pas du tout
aimé !). Dès qu’on sort des bornes gauchisantes, une flopée de PCCistes vient répandre sa haine
simpliste. Finalement, comme dans la vraie vie, avec le risque en moins, pour
eux, de se prendre quelques claques méritées.
Je
savais l’univers de la mode obsédé par l’apparence, régi par l’artifice, mais
là, j’ai pu récemment jauger la déshumanisation atteinte dans son rapport à la
création.
Le
phénomène Anorexie cultivé par nombre de mannequins répond à des
exigences de ces potentats de la haute couture qui s’entraînent les uns les
autres.
La
malfaisance sociale s’amplifie avec ces jeunes filles qui ne s’alimentent plus
pour espérer rejoindre leurs idoles esthétiques.
Pour
justifier son recours à ces jeunes femmes maigres à l’extrême, un couturier a
déclaré, avec l’aplomb du cynisme érigé en dogme infaillible, que ses créations
étaient automatiquement sublimées par ces corps longs, longs, longs et fins,
fins, fins jusqu’au décharnement. Le bougre sous-entendait qu’il devrait se
creuser un peu plus les méninges s’il devait faire défiler des femmes au
physique plus normal (il a même visé, avec une ironie très mal placée,
les « petites grosses » : les richissimes clientes de cette
catégorie apprécieront…).
Voilà,
pour moi, la vulgarité suprême ! Un Bigard est grossier dans son
propos ; lui, ce créateur obscène, avec ses manières et sa petite
frimousse contente d’elle-même, verse dans la profonde et vulgaire salauderie
humaine, celle qui réifie l’autre pour se l’approprier sans une once de
remords. Beurk !
Il me
rappelle, dans un tout autre registre, cet expert judiciaire qui justifiait ses
erreurs dans le désastre d’Outreau par de basses raisons financières :
« quand on paye les experts au tarif d’une femme de ménage, on a des
expertises de femme de ménage ». Non seulement incompétent, mais d’une
médiocrité condescendante sans borne.
À
gerber !
Samedi 16 septembre
A-y-est !
Ai commencé Houellebeck, Plate-forme. Pour l’instant, rien qui ne
m’enthousiasme ou ne m’irrite. J’attends l’arrivée du personnage-narrateur dans
le pays exotique de prédilection.
Dimanche 17 septembre
Dans On n’est pas couché ! Jean-Louis
Murat, en pleine forme, a tiré à boulets rouges sur la presse people, minant la première de Ruquier,
se plaignant du contenu de l’émission et, finalement, se demandant pourquoi il
a foutu les pieds sur ce plateau.
Triste :
Michel Polac s’associe à Eric Zemmour pour interviewer Klarsfeld. Décati, le
débit cahotant, il fait de la peine et aurait dû s’éviter cette exposition
médiatique. Presque muet, des tics du visage et des mains traduisant sa
vieillesse.
L’hystérique
Christine Angot tressaille devant des paroles de bon sens de Zemmour. L’utopie
de la générosité suicidaire lui semble naturelle et le comédien Berling abonde
avec ses cas particuliers.
Samedi 23 septembre
L’appartement
voisin, vide depuis des mois, devrait revenir à un jeune couple, à l’air
sympathique, qui le rachèterait à un marchand de biens, lui-même acquéreur du
mauvais payeur S. par le biais d’une vente judiciaire. A donner le tournis pour
cet appartement traversant d’un peu moins de soixante mètres carrés.
Le
jeune homme, ayant appris ma fonction de président des copropriétaires, s’inquiète
des futures dépenses pour l’immeuble, et notamment la réfection de la cage
d’escalier (propre, mais avec une peinture qui s’écaille par plaques à certains
endroits). La raison : leur surface financière n’est pas très large, mais
ils « assumeront ».
Actualité
française : je pourrais très facilement abonder dans la fustigation du
Sarkozy accusé du pire des crimes pour un détenteur de pouvoir politique :
l’atteinte à la séparation des pouvoirs.
Voilà
donc un ministre de l’Intérieur, numéro deux du gouvernement et, à ce titre,
une des têtes de proue de l’exécutif, qui critique une parcelle du pouvoir
judiciaire. De là, l’institution s’insurge, s’effarouche comme une vierge prude
à qui l’on chantonnerait quelques vers
du Plaisir des dieux !
Rappelez-vous
la commission d’enquête parlementaire face au juge Burgaud. Là aussi, les
syndicats de magistrats s’étaient offusqués du rudoiement verbal de l’incompétent
juge d’instruction qui lui, avec la participation de l’institution judiciaire,
avait anéanti la vie d’innocents.
Dans
ces deux cas, la magistrature se révèle dans sa pernicieuse revendication de
corps intouchable, sauf par elle-même avec sa batterie de sanctions-promotions
pour les quelques ouailles disjonctées.
Au nom
de quelle miraculeuse légitimité ces ex étudiants en droit seraient-ils
dispensés de tout regard critique extérieur ? Le tribunal de
Bobigny ? Il faudrait le louer comme il faudrait saluer la magistrale
éthique du Burgaud dans son boulot ! Ce n’est plus de la séparation des
pouvoirs à la Montesquieu, c’est l’élévation du pouvoir judiciaire au-dessus
des deux autres pour s’ériger comme l’inatteignable.
Le
laxisme de la justice revient à laisser des multirécidivistes terroriser leur
territoire d’exercice, rendant vaines les arrestations policières : n’y
a-t-il pas là, dans les actes et donc bien plus gravement que l’effet de
quelques paroles bien senties, une atteinte au pouvoir exécutif de la sécurité
publique et une complicité, de fait, de certains magistrats, par peur,
défaitisme ou idéologie, avec les malfaisants ?
Alors
donnons à la Justice les moyens de rendre correctement ses sentences, mais ne
nous privons plus de stigmatiser les inconséquences de certains de ses
représentants pour ne pas aboutir au paradoxe de laisser croupir en prison des
accusés de pédophilie présumés innocents (car en préventive) mais de dispenser
fréquemment les salopards, terreurs des cités, de la moindre sévérité à leur
encontre.
Gare
au gorille…
Dimanche 1er octobre, 23h
Temps
de reprendre la plume avant une lourde semaine d’activité. Le travailleur de
base que je suis doit gagner sa croûte et mettre en berne ses aspirations
artistiques, comme la grande masse des êtres. Que j’en fasse partie, soit, mais
je ne m’y complais point et je resterai toujours à l’écart des revendicateurs
revanchards du bas peuple.
En
haut du gratin, les ténors politiques affûtent leurs armes, graissent leur
artillerie pour répondre, le moment venu, aux assauts alentour. Chez les
socialistes, le névrotique Jospin s’en est finalement allé avec les feuilles
mortes, après une rude prise de conscience de l’inanité de son retour. Celui
qui se voulait l’homme providentiel de la gauche n’aura, péniblement,
qu’effleuré l’événementiel. Pour le reste de la troupe écartelée : Royal
s’affirme, Strauss-Kahn se contraint, Fabius se gauchise et Lang se fantasme.
Un beau Guignol politique à venir avec des coups de bâton bien sentis.
L’épilogue vaudra le détour : après l’écharpage en règle, il faudra
recoudre pour suivre fidèlement la préférée des militants. Contorsions
intellectuelles et sourires jaunes au programme.
A
droite, la surmédiatisation de Sarkozy pourrait engendrer un retournement de
l’opinion qui s’éparpillerait vers les autres candidats de droite : Bayrou
croit encore au miracle d’un centre droit régénéré, de Villiers serine ses
trouvailles argumentatives à tel ou tel média qui veut l’entendre et Le Pen
s’obstine à vieillir en candidat permanent, espérant un bis repetita de 2002 (il avait prédit un second tour Jospin-Le Pen,
voilà un premier flop !)
Vendredi 6 octobre
Trente-sept
piges dans les gencives et rien pour s’égayer. (…) je me recentre sur
l’actualité terrifiante du moment. Après les caricatures danoises, l’opéra
annulé en Allemagne, notre tour est venu : la critique virulente d’un
professeur de philosophie engendre une condamnation à mort par des intégristes
islamistes.
A-t-on
vu une seule manifestation de tous ces musulmans dits modérés pour dénoncer
cette atteinte gravissime à la liberté d’expression ? Sûrement pas. La
complaisance envers les tarés de l’Islam s’insinue, insidieusement, dans la
tête de ces croyants, et la lâcheté de nos politiques, de la plupart des
intellectuels au silence assourdissant laisse songeur sur l’étendue de la
capitulation des consciences.
Le
cher Antoine Sfeir est lui aussi inquiété pour avoir fait paraître, dans Le
Figaro, une analyse, certes plus subtile, mais néanmoins sévère (trop au
goût de ces groupuscules islamistes) envers une certaine forme d’Islam.
Les
mots amalgament-ils trop ? Musulmans, islamistes : quel
partage ?
Aujourd’hui
notre liberté d’expression est clairement menacée via l’exposition médiatique.
Un blog perdu sur la toile pourra sans doute garder sa liberté de ton… jusqu’à
ce qu’un excité du choc des civilisations s’en empare pour appeler au meurtre.
Qu’y
a-t-il à comprendre dans cette démarche de destruction physique de celui avec
qui on est en rupture idéologique ? Rien d’autre qu’un détournement du
spirituel prétendu au profit de la barbarie ordinaire.
Etant
donné les choix migratoires adoptés pendant des décennies par les gouvernants,
nous nous retrouvons avec des ennemis de notre forme de vie, de nos mœurs, de
notre civilisation nichés à l’intérieur même du pays, prêts à égorger en cas
d’amorce de conflit généralisé en interne, une guerre civile larvée, en somme.
La plupart de ces vomisseurs des Etats-Unis gerbent aussi, sans parfois se
l’avouer, sur notre propre forme d’existence.
Comment
rester subtil sans poser des principes non négociables : le régime laïc
qui accorde à chacun une liberté d’expression à laquelle s’attache un droit de
réponse, voire une poursuite judiciaire pour diffamation. Mais rien de tout
cela ne vaut pour les irrationnels religieux assoiffés de sang d’impies.
Samedi 7 octobre
Découverte
d’un univers de sensualité rythmique sur le tournoyant vinyle de Sydney Bechet
joué par Claude Luter. Un 33 tours prêté par mon père et me voilà transporté
dans ces joyeuses contrées aux courants musicaux.
Je
venais d’entrer en jazz : m’esclaffer sans retenue avec Armstrong, suivre
les notes fusantes d’Art Farmer, garder le tempo avec Wayne Shorter, plonger
vers les bases au gré d’un Paul Chambers, me laisser caresser par les prolongations
vocales de Sheila Jordan, flirter avec les transes dansantes de Herbie Hancock,
revenir à du classique transcendé par Helmo Hope, me faire décoiffer la tronche
par la bourrasque Jay Jay Johnson, chérir Lou et louer Dolnaldson pour les
morceaux endiablés, se laisser aspirer par les dénivellations sonores du Benny
Carter pour reposer son rythme cardiaque chez Hank Mobley, avec une rasade de
blanches et noires virevoltantes de Thelonius Monk, et la course reprend,
frénétique, au son d’US3 avant d’oublier la caisse pour du free Tristano and
Marsh, mais Les Mc Lann LTD, en belle embuscade, nous ramène vers de doux
tintements, glisser toujours avec les cuivres ravageurs de Stan Kenton ou se
laisser habiter par l’harmonie Hutcherson…
Continuer
à l’infini pour l’étoile Luter qui m’a ouvert le firmament
« charnellisé » du jazz. Sol Lutte Air !
Découverte
du dernier Depeche Mode : une musique, un phrasé phonétique alarmiste en
phase avec la défroque extrémiste de notre triste temps.
Le
Sheaffer glisse pour le plus rude.
Dimanche 8 octobre, 1h20
Je me
suis risqué à publier sur mon blog LD
pamphlétaire ma Capitulation des
consciences. Sans doute que rien ne se passera, sauf si un groupuscule
radical de cette religion ne tombe sur ma page. Marre de ne prendre aucun
risque. Voilà qui est fait… A l’avis, à la mort par d’extrémistes maures.
23h.
Je parcours le Journal de Jules
Romain, commencé il y a quelques mois (quatre autres ouvrages en cours !)
et me reprends au plaisir du lecteur de diariste. Ces phrases au vif d’une
situation, un ressenti en aphorisme brut, un portrait décuplé, les
retrouvailles, sous une autre plume que celle de Léautaud, de personnalités
littéraires de la fin du XIXe… Tout cela m’incline à y retourner, malgré le
plaisir de faire glisser la plume de ce Sheaffer.
Samedi 14 octobre, 1h du mat.
Ma BB
veille à la Sauvegarde et moi je titille l’introspection.
Que
retenir de cette existence : une douceur quotidienne sans délire, mais
dans une parfaite harmonie existentielle sans empiètement sur le jardin de
chacun. Point d’ambition fondamentale autre que la décence modeste de nos
conditions de vie.
Hors
quelques émissions, la télé m’emmerde de plus en plus, y compris les films
diffusés. Des moments de fidélité, tout de même, avec la pédagogique C dans l’air, l’irrévérencieuse N’ayons pas peur des mots, la fouineuse Madame, Monsieur Bonsoir et la
captivante Faites entrer l’accusé.
Voilà tout mon univers cathodique. Du pur chiant pour le commun, du régal
intellectuel pour moi et quelques autres.
Le
spectacle préélectoral révèle-t-il un système démocratique dévoyé, davantage
porté vers le populisme rampant, sous couvert de rupture généreuse ?
Quelques analystes jugent ainsi les tours de piste des deux locomotives
médiatiques.
Dimanche 22 octobre, 0h30
De
retour d’un très gentil dîner chez M, amie d’enfance d’André (je crois) qui a
accueilli la famille B et les valeurs
ajoutées au complet. L’info de la soirée : Louise donnera naissance,
dans quatre mois, à une fille… Ce jour, autre réunion prévue à Saint-Genis les
Ollières pour les noces de diamant de Grace et Humphrey. Pour l’occasion
rédaction d’un poème acrostiche sur des événements marquants des décennies en
six. Un peu chargé, d’après BB, mais j’assume… pas la première fois que ma
plume ne convainc pas dans le milieu familial. Pas ça qui m’inclinera à
renoncer un chouia aux richesses langagières.
Le jeu
politico-médiatique poursuit ses frasques, ses à-coups illusoires, ses
semblants de conviction. Cette semaine, premier acte de l’oral télévisé des
trois prétendants socialistes.
Chacun
s’est essayé à l’équilibre subtil entre savoir se démarquer sans trop s’écarter
du programme officiel, ni trop montrer sa haine des deux autres. Des
roucoulades, des ronronnements conceptuels et techniques, mais peu d’ouverture
de voies nouvelles, décoiffantes, imprégnées d’un projet transcendant.
La
voix et les intonations désagréables de Royal s’associaient à un discours se
réclamant de la proximité, et pour le coup le nez trop collé à l’accessoire
pour vraiment insuffler le renouveau.
L’enveloppe
rassurante, et un peu économico-lénifiante de Strauss-Kahn pourrait laisser
croire à une stature d’homme d’Etat. Le décryptage au plus près de ses
déclarations révèle l’absence d’amplitude des idées qui tournent dans le cercle
simpliste de quelques pseudo mécaniques économiques.
Enfin,
le transfiguré Fabius, réincarné en révolutionnaire rouge, aux senteurs coco
(pas le numéro 5 !) de la plus sovkhozienne époque : bien pour le
folklore, pour faire applaudir les militants nostalgiques de la rose
mitterrandienne version décennie 80 naissante, mais inconcevable à la tête d’un
pays se réclamant du XXIe siècle. Que M. Fabius-Laguiller conserve
précieusement son International… dans le formol comme témoignage
historique, mais pas comme projet politique, pitié !
A
droite on se gausse, mais le bal ne s’annonce pas plus réjouissant : un
Sarkozy arc-bouté sur ses ambitions personnelles au détriment des
françaises ; un Dupont-Aignan façon blé en herbe qu’il faut laisser mûrir
pour apprécier la sincérité de sa démarche ; un Villepin à l’héroïsme
rogné qui se contente d’un attentisme discret ; une Alliot-Marie dont la
rigidité semble parfois lui interdire la sphère subtilement subversive du
pouvoir présidentiel ; et notre président qui pourrait rempiler… Qui peut
croire à la quelconque faisabilité de ce scénario ?
Tableau
des protagonistes prêts à dégainer dès que possible. Amen !
Lundi 23 octobre, 23h30
Après L’Ennemi intime et les documentaires sur
Mitterrand et VGE, P. Rotman commet un nouveau bijou audiovisuel sur Jacques
Chirac. Le premier volet va jusqu’à 1981 et nous croque ce destin d’ambitieux
politique insatiable, pris d’affection pour Pompidou, sous l’influence
intellectuelle de Juillet et Garaud, puis finalement s’émancipant de ces
esprits manipulateurs. Le combat ne cesse jamais avec ce genre de personnage à
l’affût de son propre accomplissement. Des débuts précoces en politique, des
rencontres décisives, des trahisons de toute part, des relations de l’ombre…
enfin tout ce qui peut favoriser son objectif : occuper le premier poste
politique.
Jeudi 26 octobre, 23h15
Les
médias s’acharnent à mettre au pinacle de l’actualité toute dérive délinquante
qui pourrait raviver la flamme barbare de novembre 2005. Encore quelques jours à
patienter, et les rédactions pourront se régaler des méfaits en concurrence. En
donnant les lieux, les circonstances précises et les conséquences occasionnées,
les médias permettent, voire favorisent la surenchère.
Toujours
le délicat partage entre le droit à l’information et l’abus médiatique qui va
parfois jusqu’à l’équivalent d’une bavure
journalistique : Timisoara, guerre du Golfe, Outreau… Le prétexte de
l’information ne peut tout autoriser : en l’espèce, les cohortes de
racailles en mal de reconnaissance ont trouvé des complices efficaces pour assurer la publicité gratuite de leurs
salauderies.
Demain
soir, nous accueillons maman et Jean de retour de Fontès.
Une
première cette année : ma grand-mère ne s’est pas manifestée pour mon
anniversaire. Le temps file trop vite…
Mercredi 1er novembre, 0h50
En
cette veille du jour des morts, petite annotation sur La Vérité qui dérange
avec Al Gore : du pédagogique rabâché dans nos contrées, mais qui permet
de percevoir plus subtilement les Etats-Unis où se nichent aussi des défenseurs
actifs de l’environnement.
Pour
le reste, le sort d’une humanité exploiteuse à outrance des richesses de notre
fragile planète semble noué, calé, irrésistible, sauf à une utopique réaction
collective de nature radicale.
Oui,
peu d’espoir d’observer mes congénères abandonner leur teuf-teuf et les pays
gourmands de développement se détourner des objectifs économiques.
Les
discours émeuvent sur l’instant, mais chacun reprend le cours de son existence
consommatrice, via les dégâts planétaires occasionnés.
Pour
Al Gore, l’occasion de quelques centaines de conférences qui se veulent
mobilisatrices, pour l’humanité le ratage confirmé d’un moment crucial pour sa
propre intégrité.
Bon
vent !
Lundi 6
novembre
Les
semaines défilent et la vie lyonnaise s’écoule paisiblement avec ma BB, sans
suivi amical intensif. Nous sommes un peu retirés du monde, sans désir
d’atténuer le pli pris.
Je
vaque aux activités alimentaires sans me risquer à vivre de plus artistiques
productions. Ce malheureux Journal a
tout du prétexte illusoire pour se croire encore un peu de l’univers créatif.
Affadissement
des objectifs, mais profonde sérénité de l’existence choisie. Alors pourquoi se
plaindre ?
Je
retourne vagabonder au hasard des 2359 morceaux transférés sur ce bijou de mp3
Sony à vingt gigas. A l’instant, Tiger
Rag d’Art Tatum, joué en 1937, dynamise l’ambiance sonore. Du fade sous la
plume, mais du reposant pour l’âme.
Vu ce
soir Strauss-Kahn dans l’émission Franc-Parler :
un côté rassurant dans son discours social-démocrate. Rien à voir avec les
anxiogènes Royal et Fabius, chacun à son bord tranché. Le DSK aurait la stature
requise… mais les militants socialistes vont-ils l’admettre et le traduire en
acte électoral ? A méditer…
Dimanche 12 novembre
Enthousiaste.
Il faut y courir, lâcher les besognes en cours pour s’y précipiter, embrasser
l’asphalte pour y foncer : Prête-moi
ta main crée le bonheur du spectateur. Léger, spirituel, à rebondissements,
délirant et émouvant, ce film pianote sur le large registre des situations
humaines dans l’inépuisable rapport homme-femme. Et Chabat, et Charlotte… une
alchimie impeccable pour leur rôle.
Samedi 18
novembre
La
voie Royal a été largement ouverte par 107 743 militants sur 178 632
votants : un score qui renvoie aux oubliettes les deux autres prétendants.
Ere nouvelle pour le PS ?
Le
débat qui s’annonce entre les deux mastodontes puisera allègrement dans
l’artillerie douteuse. Pas la présence d’une femme qui va modifier la texture
de la joute.
Lundi 20
novembre
De
justesse engouffrés dans le Grande
Vitesse pour entamer la semaine de labeur. D’agréables moments partagés
pour la série d’anniversaires concentrés en novembre : les trente et un
ans de Jim, les cinquante de Jean, les treize d’Alex et les cinquante-huit ans
de papa. Des cadeaux et des débats, des victuailles, du jus de la treille et
quelques présents en sus pour moi, de la part de ceux absents pour mes
trente-sept. Un bien séduisant ensemble.
La
restauration de l’étage à Saint-Crépin devrait permettre une chambre
supplémentaire pour Noël. Pour le reste, tout se poursuit paisiblement, mais Jim
semble afficher un moral en demi-teinte suite à quelques annulations de projets
musicaux.
La
marque existentielle de chacun croise celle de nos affections familiales sans
décisive imprégnation ou influence. La prise en compte de l’autre, à quelque
degré que se place le lien, se modèle à l’aune de notre propre rayonnement dans
la scène animée.
Entre
la description cataclysmique que délivre Umberto Eco à propos d’un éventuel
choc entre la civilisation occidentalo-chrétienne et l’obédience musulmane dans
A reculons… comme une écrevisse et le
message farouchement optimiste d’Albert Jacquard dans Mon utopie, l’esprit vagabonde et nourrit ses réflexions à
enflammer lors d’une prochaine joute verbale.
Lundi 18 décembre, 23h
Encore
une lourde semaine d’interventions à Cqfd avant quinze jours de coupure régénératrice. J’entrevois de plus en
plus les limites de cette collaboration : une rémunération très médiocre,
pas de perspective d’évolution et certains publics qui ne me conviennent pas.
Je n’ai pas du tout l’esprit d’un éducateur social. Les quelques profils de
merdeux des cités développent chez moi une haine de ces profiteurs
analphabètes, imbus d’eux-mêmes et de leur désert intellectuel. Des nuisibles
agressifs à évacuer pour laisser la place à ceux, bien plus nombreux, qui
veulent apprendre.
Ce qui
m’emmerde le plus : n’avoir que huit heures hebdomadaires d’intervention
auprès des Lieut pour, sans doute,
assurer des heures auprès de groupes basiques. Le surplus des heures pour les Lieut est confié à deux intervenantes
extérieures. Dérisoires soucis au regard de la sanglante actualité
internationale.
Territoires préoccupants
titrait ce matin un quotidien gratuit. Belle trouvaille pour dépeindre
l’absurde montée en tension entre Fatah et Hamas. Preuve flagrante de la
criminelle immaturité de ces mouvements qui se revendiquent politiques. Entre
le parti de la corruption et le mouvement terroriste la symbiose du sang
s’impose au son des sifflantes plombées.
Face à
cette incapacité à l’alternance pacifique, comment croire à une quelconque
démarche d’apaisement salutaire avec Israël. La guerre de Cent ans aura bientôt
un rival de choix dans l’histoire contemporaine…
Sur
mon Sony de mp3 à vingt gigas, 2 478 morceaux convertis en 13 200
octets par seconde et qui recouvrent toute ma CDthèque au crible de mes sélections. Le vagabondage musical prend
ainsi tout son sens.
Samedi 23 décembre
La
SNCF nous a généreusement accordé, à 85 euros le billet, deux strapontins dans
le couloir du TGV. Bagages entassés contre l’une des portes de sortie pour
entamer la tournée festive. Direction Nantes, puis Saint-Denis la Chevasse via
Le Cellier, pour réveillonner, avec un jour d’avance, chez Emma et François.
Hier
midi, repas arrosé dans un bar-restaurant rue Baraban, avec toute la troupe de
Cqfd. La succulence des mets rivalisait avec l’orgiaque palette gustative des
vins couronnée par un coteau du Layon 1990.
La
trêve des confiseurs s’amorce, mais l’avant-goût de la campagne aura un peu
plus révélé les deux mastodontes en voie pour le second tour. La hantise du
faux-pas médiatique pour le premier, l’obsession du meilleur rendu public pour
la seconde, chacun, avec sa flopée de conseillers, tente le dosage idéal entre
le mordant nécessaire pour écharper l’autre et la sérénité rassurante d’une
carrure présidentielle.
Autour
gravitent ceux qui voudraient grossir. Parmi les plus lamentables, l’extrême
gauche qui a participé à gâcher l’Union européenne dans son appel au Non pour
le traité, et qui est aujourd’hui incapable de s’unir autour d’un seul
candidat. Sous l’apparente générosité sociale, les opportunismes écœurent de ce
côté-ci aussi,
Comme
je l’avais dénoncé dès la campagne contre cette constitution européenne, sitôt le scrutin passé, aucun projet
crédible de remplacement n’a été proposé, la faisabilité d’un tel Plan B supposant un poids politique
minimum. A entendre les fadaises des Buffet, Besancenot, Laguiller et autres,
on se désespère un peu plus sur le coche loupé de ce 29 mai 2005.
Le
penseur Umberto Eco égrène les travers des comportements sociopolitiques dans
son A reculons… comme une écrevisse.
Ses démonstrations coulent de source, d’une implacable rhétorique comme celle
qui stigmatise brillamment. La volonté hégémonique n’est pas l’apanage des
autocraties.
Gâtés !
De toutes parts les cadeaux affluent. L’essai de mon Sheaffer n’est pas
concluant : encre faiblarde, problème manifeste de débit. Le type de
papier serait-il incompatible avec la plume.
Tentative
de reprise. Pour moi : un casque Koss
qui allie discrétion et haute qualité sonore ; une
imprimante-photocopieur-scanner Tout-en-Un
qui me fait sortir de l’âge de Cro-Magnon de l’impression privée ; des
victuailles arlésiennes et deux bouteilles sur un plateau de bois ès Richard.
Quelques
échanges vigoureux entre Richard et le reste de la tablée sur le sempiternel
sujet de l’automobile. Pour une fois, je suis resté à l’écart de la polémique,
oreilles enveloppées de mon Koss,
vagabondant entre les 4278 airs contenus par le glouton mp3. Vraie maison à
vivre que celle d’Emma et François : ampleur des pièces (y compris les
chambres), des coins et recoins pour démultiplier les convivialités et les
passages discrets.
L’année
2007 à portée de festivités et pourtant peu de réjouissances se profilent à
l’échelle planétaire. Quelques zones confirment l’extrême barbarie possible de
l’humanité lorsque l’Etat de droit (ou, plus brutalement, autocratique) s’est
effondré. Aucune place aux utopies généreuses dans les chaos entretenus par les
sanguinaires opportunistes.
Dimanche 24 décembre
Assombrissement
des festivités familiales : maman m’informe par téléphone que grand-mère
vient, une troisième fois, à 94 ans, de se casser le col du fémur. Transportée
dans une clinique de Béziers, elle devra souffrir jusqu’à mardi, pour cause de
Noël amorcé, avant d’être opérée. Bien sûr le programme à Saint-Crépin risque d’être
annulé si décision est prise de rallier Fontès en catastrophe suite à la
dégradation subite de son état ou à un mauvais déroulement de l’opération.
Malgré
son âge canonique, je n’imagine pas, affectivement, ne plus l’avoir présente,
vivante, dans un coin chaud de mon cœur. Je songe à son existence
démesurée : mes années vécues totalisent entre un tiers et une moitié de
son parcours. Quoi de plus normal pour elle, pourrait-on penser, qu’une fin
proche : le lien du cœur ne peut se résoudre à ces approches froidement
rationnelles. La Camarde ne sera jamais la
bienvenue, jusqu’au bout nous la repousserons…
Sur
les envolées de I Still Haven’t Found
What I’m Looking For, dans la banquette du Cellier, je me laisse submerger
par l’émotion d’une sérénité oppressée par la souffrance d’un proche… Avec le
lancinant I Forgot de Richie, les
sens se tendent vers ces myriades d’instants partagés avec ma grand-mère,
adorable pour moi. Le temps vous impose son rythme, ses impondérables, ses
bouleversements, ses catastrophes… Ainsi, hier, a eu lieu un carambolage
impliquant quelque deux cents véhicules sur une autoroute vers Bordeaux :
pas de cadavre, mais quatre-vingts blessés et des centaines (voire des
milliers) d’existences plongées dans le drame d’un Noël gâché ou hypothéqué.
Chaque véhicule (la plupart tout au moins) devait acheminer des vacanciers vers
leur chaleureuse destination : corps déchirés, taules fracassées, bagages
défoncés, psychologie traumatisée… Un temps suspendu, recroquevillé sur ces
infernales attentes de l’après accident.
Les
parents B sont partis à la messe de minuit avancée à vingt heures, ma BB et
Louise discutent dans la cuisine, Richard doit se reposer en bas… et moi je me
laisse bercer par la lecture aléatoire de mon mp3. Pas très créatives ces lignes
pour achever de Manus XIV…
L’apparentement au remplissage, désabusé par ce triste sort…
Dans
l’attente d’un nouvel apéritif à partager, quelques pensées à ceux perdus de
contact, disparus à jamais, en survie dans nos mémoires à durée
déterminée… Calme dans cette maisonnée, l’angoisse métaphysique peut surgir,
étreindre les parcelles de vie jusqu’à étouffer toute excroissance jubilatoire…
Bras croisés, tête dans le trou noir.
Lundi 25 décembre
Un
lever à 12h25 ! Voilà de la prolongation de grasse sans complexe.
À mon
tour, au dîner, de bretter à coups d’arguments avec Richard. Le sujet qui nous
divise : le rejet du traité constitutionnel. Rien pour s’étriper au
poignard, mais suffisamment pour quelques éclats vocaux bien placés. Mon point
de départ de la polémique : l’impossible union des partisans de gauche du
Non : Fabius a rabattu sa coulpe après sa déculottée contre Royal,
Besancenot se focalise sur son petit terrain électoral à cultiver, Buffet
s’affiche comme la fervente partisane du candidat antilibéral unique… si c’est
elle qui l’incarne… que du quant-à-soi bien loin des grandes tirades
prometteuses d’un vrai nouveau départ pour l’Europe autour d’un puissant
mouvement initié par cette gauche hétéroclite, mais consciente des enjeux
fédérateurs. La malhonnête clique n’aurait d’ailleurs jamais remporté la mise
sans l’appoint déterminant des voix des Le Pen et de Villiers…
Si ce
n’est pas de l’alliance fumeuse de fait, préfiguratrice de l’implosion
inéluctable de ce mouvement factice, je ne vois pas de quoi cela relève. Un
bien rude coup pour la construction européenne que tous ces tocards
opportunistes n’ont même pas la décence et la dignité de compenser par un début
d’amorce de perspective. Rien ! Nib ! Ce qui leur importe, c’est leur
bichonnée carrière nationale.
Sans
réforme urgente, les bientôt vingt-sept membres vont ankyloser la machine
institutionnelle… Et nous, Français, pourrons toujours rêver à insuffler un
nouveau projet pour l’UE. Le cul-de-basse-fosse, pour ces hexagonaux
déprimants !
L’échange verbal s’est achevé sur une pointe
de consensus possible, à l’échelle virtuelle : peut-être que si je l’avais
rencontré avant la consultation référendaire, il aurait pu se laisser
convaincre par un Oui… de raison. Il nous restera les bribes d’un débat
national passionnant, si les partisans du Non n’avaient pas déféqué sur leurs
chevaleresques promesses.
Mardi 26 décembre
Jacquard,
dans Mon utopie, explore les
possibles d’une humanité mise en danger par elle-même. Les accroches positives
restent congrues. La dérive militaro-atomique n’a pas flanché avec la fin de la
guerre froide : la France a ainsi élargi sa doctrine de la dissuasion à la
sphère terroriste. Un non-sens stratégique lorsqu’on analyse un minimum la
démarche des kamikazes, leur non considération de leur propre vie et le
caractère larvé, en réseaux plus ou moins connectés, de ces mouvances barbares.
Quelle totale inadaptation que brandir la grosse Bertha H. Cela pourrait même
inciter certains intégristes terroristes à ensanglanter une puissance.
11h15. Jean vient de
m’appeler : grand-mère est morte, emportée par une embolie à la fin de son
opération. Nous descendons jeudi à Fontès pour rejoindre maman et Jean, et
peut-être Jim et Aurélia.
Certes
son grand âge rend logique cette fin,
mais sa fraîcheur intellectuelle aurait mérité quelque sursis de la Camarde…
Une peine diffuse m’envahit…
J’ai
tenu à prévenir Heïm de cette disparition. Il était attaché à cette figure
rencontrée à l’âge de vingt ans, belle comme le jour et au caractère intraitable,
mais au fond généreux.
Avec moi, l’affection a été
totale jusqu’au bout ; elle m’a soutenu quels que soient mes choix. Elle
n’aura pas connu de bambins de la part des trois Decrauze.
Emportée au néant, mais
vivante dans nos pensées, son sourire, ses yeux malicieux toujours là pour
apaiser nos tourments d’adultes en devenir. Combien de fois l’ai-je évoquée
dans ces pages ? Pas assez au regard de ce que j’aurais pu détailler comme
ressenti…
Et voilà la commune de Fontès
qui va disparaître de mes points d’ancrage… Plus que des gens aimés disparus
qui peuplent son cimetière en cortège insupportable, renvoyant à notre
intolérable finitude. Mes adorés Denise et Jacques, formidables grand-tante et
grand-oncle toujours chaleureux avec moi, mon bougon mais si attachant
grand-père dont je revois la nuque solide alors qu’il conduisait, dont le
visage affichait l’intégrité, dont la présence impressionnait mes jeunes
années. Ce grand-père partit trop tôt, laissant ma grand-mère à cette
foultitude de moments partagés, condamnée à la solitude, malgré le passage régulier
de ses enfants et petits-enfants.
Ma douce, tendre et adorée
grand-mère… comment puis-je te rendre hommage ? Par ce que je sais le
moins mal faire : écrire pour atténuer le manque. Me voilà orphelin dans
cette dimension : je n’ai plus de grands-parents. Première marche vers sa
propre fin… L’inéluctable angoisse de passer le relais, de ruminer sa
nostalgie, d’accrocher insuffisamment la densité de l’instant pour tendre à le
« sur-vivre ».
Se laisser submerger par ce
qui nous reste du meilleur de l’être aimé que l’on regrette de n’avoir pas vu
davantage. Ma tendre et adorée grand-mère serrée contre moi pour la dernière
fois au printemps : battante, elle remarchait avec son déambulateur, se
forçant à cet effort quotidien qui entretenait sa dignité humaine. Toujours
coquette, des escarpins aux pieds, quitte à souffrir à chaque pas, pour ne pas
céder à la confortable facilité de grosses Nike ou assimilés.
Invraisemblable et absurde
pour le commun de mes contemporains, elle était tout entière dans cet
acharnement archaïque : point de culte du carpe diem, mais un
attachement forcené à son paraître
qui allait bien au-delà d’une banale question d’apparence. C’est toute une
philosophie de l’effort existentiel qui transparaissait chez elle, comme une
vigie urticante pour se rappeler de l’attention constante qu’on doit avoir à se
détacher de nos penchants barbares, ceux qui font ressembler certains coins de
notre planète à des aires sanglantes. Ses escarpins combattaient cette tendance
si absorbante au laisser-faire, à l’aune de ses instincts. Son visage respirait
ce combat sur elle-même qui, malgré sa place de quasi doyenne de La Providence
(sa maison de retraite), tranchait sur la plupart des occupants.
Ma princesse-grand-mère avait
toute la conscience d’elle-même, n’hésitant jamais à amplifier son désagrément
d’être un « poids » pour nous dans telle ou telle situation, ce
qu’elle n’a bien sûr jamais été. Ses tendres indignations la mettaient à des
années-lumière de la vieillesse impotente qui ne donne plus l’illusion que par
ce que la personne a été…
Ma grand-mère a été elle-même
à chaque instant, totalement en emprise sur le présent, d’une capacité à être
par sa tête qui aurait pu faire passer pour de vagues légumes nombre de plus,
beaucoup plus jeunes…
Ma grand-mère, à embrasser de
tout mon amour, n’est plus, et je tourneboule mes souvenirs sans savoir par
quelle facette les aborder. Ne sachant résumer en quelques malheureuses pages,
et ne possédant pas une mémoire du détail factuel, je me résous à
l’essentiel : lui adresser, par-delà son récent départ, mes plus chaudes
et reconnaissantes pensées pour la belle et fabuleuse grand-mère qu’elle n’a
jamais cessé d’être.
Chacun à sa peine, certaines
plus denses par la proximité filiale, nos hommages vont se concentrer sur ces
quelques jours d’entre-deux fêtes : son fils, ses deux filles, ses petits-enfants,
ses amis du village, la tendresse pour ce sacré bout de bonne femme… je ne veux
songer à l’après enterrement et à la gestion des questions matérielles ;
je n’ai aucun rôle dans ce domaine, mais je compte sur l’exemplarité de ses
enfants pour que cela s’aborde et se décide dans la correction.
L’instant festif pourrait
apparaître comme le pire moment pour vivre un deuil, mais il m’offre au
contraire le retrait possible au recueillement que n’auraient pu m’assurer les
impératifs professionnels. Je me laisse glisser vers d’affectives contrées en
concentrant tout mon être, sans parasitage décalé. Tout de même, il me faut me
relier aux convives présents.
Avec Sting en modulés de la
Renaissance, je me replonge dans ce révolu pour prolonger un peu ces instants à
honorer.
Raviver comme une dernière
luminescence de ce qu’il nous faut de facto abandonner… Ce village de l’Hérault
n’aura plus pour moi, désormais, que la saveur oppressante de la vie perdue, de
ses mélancolies éperdues, d’une fin toujours trop vite imposée.
Vagabonder sur les airs
insatisfaits de l’ombrageux de Palmas ne m’incline pas à sortir de mes
ruminations lancinantes. La soirée conviviale ne peut occulter cette carence
diffuse qui me serre la gorge…
I
deserve it de Madonna se fond dans l’ambiance morose qui me tenaille.
Impossible de maintenir ma convivialité très longtemps.
Aqualung et son Strange & Beautiful parachève le
lien grave qui me pousse au retrait… Fontès m’apparaît plus triste que jamais,
plongée dans le raidissement cadavérique…
Les majestueux cyprès de
l’antique cimetière qui jouxte l’église vont accueillir la Versaillaise qui
s’imposa à cette population fermée, méfiante à l’égard de l’étranger. Elle
s’est fait accepter, avec ses manières, et détester par quelques bégueules
farcies de principes… Une urbaine débarquée dans ce trou à rats pour épouser le
B, c’est forcément la démarche d’une intéressée… Elle a survécu à ces
médisances et a fait reconnaître son intègre indifférence… Elle n’aura jamais
l’accent du Sud, et ne se résoudra jamais à renier ses racines parisiennes,
confiant même un regret de n’être pas retournée dans ces contrées avant le sort
fatal.
Je viens de relire les
quelques pages rédigées début mai, lors de notre dernier passage de son
vivant : toute l’émotion des adieux en germe transpire de ces lignes.
Facile de préfigurer le décès d’une vénérable, mais l’impact de ces propos
résonne d’autant plus le drame arrivé. Comme un avant-goût ému de cette fin qui
me laisse sur la berge…
Renouer avec le ressort vital
grâce au Beautiful Day des échevelés
U2. Soulever ma grand-mère et la serrer contre mon cœur dans un joyeux
tournoiement… La faire éclater de rire jusqu’aux larmes purgatives, qu’elle en
oublie la pesanteur de son âge… Elevation
du même groupe déjanté abonde à l’instant dans ma projection posthume.
Que ma grand-mère repose en
paix, je la ferai s’élever vers les cimes enthousiasmantes d’une affection
partagée, d’une confiance renouvelée. Je te dédie cette vivacité musicale, ma
chère grand-mère.
Mercredi 27 décembre
10h40.
Voix d’outre-tombe de maman qui m’appelle depuis Fontès pour m’informer que
l’enterrement aura lieu vendredi matin. Elle me précise que le coucher sera
« spartiate » car « tout le monde est là ».
20h.
Ce soir, sobriété pour moi, car les aigreurs d’estomac se renouvellent. Ce
matin, dégustation chez des voisins-amis des B de plusieurs bouteilles fameuses
(entre des vins d’Anjou et des whiskies rares). Un coteau du Layon 97 a
notamment mobilisé toutes mes papilles : parfum, sucre, profondeur, saveur
d’exception. La plus grande année pour ce type de vin d’après notre hôte
connaisseur.
Dès
demain matin, levé de camp pour un long parcours routiers : Jean devrait
nous récupérer à Béziers. Sombres retrouvailles d’entre-deux fêtes avant
l’adieu ultime de vendredi matin.
Je me
sens bien vide ce soir, comme un stand
bye nécessaire pour ne pas déprimer. Ma très chère Elo, qui a aussi perdu
sa grand-mère, il y a quelques mois, m’a adressé d’affectifs textos après que je l’ai informée de
cette triste nouvelle.
Je
crois devoir lâcher mon Sheaffer, dont je viens de trouver l’inclinaison pour
une glisse bien encrée, sous peine de stagner dans la redite.
Ces
quelques journées auront la densité émotionnelle requérant quelques traces sur
petits carreaux.
22h20.
Je dois confesser que les conversations autour de la pré maternité et de la
maternité m’emmerdent. Cruel et inavouable sentiment, totalement antisocial,
mais je n’ai pas repris la plume pour faire l’hypocrite.
Avec
la sœur de BB enceinte, les sujets reviennent bien normalement vers cet
événement familial. J’avoue me sentir étranger à tout cela… cœur de pierre sans
doute, à la manière d’un Léautaud, mais incapable de forcer ma nature à faire
semblant. Ce soir les clichés du fœtus ont été montrés : pas un brin mon
univers. Je suis resté en retrait, silencieux… comme je le pratique dès que je
me sens en décalage. Pas l’once d’un ressentiment de ma part, juste
l’exacerbation d’une indifférence bienveillante.
Peut-être
aussi que je supporte de moins en moins les non-dits interrogatifs qui
voudraient comprendre pourquoi je n’ai toujours pas mis enceinte BB, voire même
pourquoi je lui hypothèque sa maternité potentielle… en mars 2007 elle aura
quarante ans !
J’ai
dit, depuis le début de notre relation, n’avoir pas de goût effréné pour
l’enfantement. Si un doit venir, je ne l’empêcherais pas, mais je ne le
chercherai pas à tout prix. C’est ainsi, et ce n’est pas la multiplication des
grossesses alentour qui vont modifier mon optique. Je suis ainsi : qu’on
me laisse si l’on ne peut tolérer cette posture.
Vendredi 29 décembre
Moments
intenses pour cet enterrement : d’abord la vue du corps de grand-mère le
jeudi soir, puis ce matin avant la mise en bière. Sérénité troublante de ce
corps sans vie, je ne pouvais détacher mon regard de son visage et de ses mains
fines croisées.
Le
moment des larmes aux yeux, ce matin, m’a décidé à l’embrasser sur le front
puis à respirer un instant l’air extérieur.
Après
ce moment, nous suivons le corbillard jusqu’à l’église. A l’exception de Bruce,
toute la famille proche est là : ses enfants (Paul, Béatrice et maman),
ses petits-enfants (Michelle, Serge venu spécialement de Norvège, Aurore, Bertrand, Nathalie, Jim et
moi) et même Pierre P. (fils de Denise), son épouse Line, et Mona, l’ex
compagne de Paul. Chacun avec son compagnon ou sa compagne, comme un essentiel
soutien.
Sur le
trajet, les pas s’alourdissent en repensant à cet être cher que nous ne
reverrons plus. La majestueuse église se profilant, je passe mon regard de
l’arrière du corbillard motorisé à l’édifice imposant et à son cimetière de
cyprès démesurés.
Sitôt
arrivé, le cercueil est religieusement accueilli par le prêtre avant le
déroulement de la cérémonie. Une cinquantaine de Fontésols sont présents en
plus de la famille. Interventions du prêtre avec une place privilégiée accordée
à la Vierge Marie que ma grand-mère vénérait tant ; lecture à trois voix
(Aurore, Serge et moi) du poème Le
bouquet de grand-mère que nous lui avions offert dans un cadre pour ses 90
ans ; lecture d’un évangile par Paul et sa compagne Liliane.
Au
cimetière, avant la mise en terre dans le caveau C.-B., petite intervention du
prêtre et lecture de mon hommage en version écourtée qui a été largement
apprécié, au point d’être félicité par Paul qui m’a assuré que j’avais transmis
ce que chacun éprouve et que mon portrait (psychologique) touchait juste.
Une
belle cérémonie, dans l’émotion contenue mais à fleur d’yeux que grand-mère
aurait profondément appréciée.
Samedi 30 décembre
Nous
repartons ce soir pour Lyon. Ce moment consensuel aura permis la réconciliation
des trois enfants (Paul d’un côté, maman et Béatrice de l’autre) : il faut
espérer que la gestion de la succession confirme cette communion d’intérêts.
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