2008 – De surprises en subprimes

 

Mercredi 9 janvier

Le documentaire sur la mécanique du lynchage médiatique, lequel se nourrit de certaines convictions policières et judiciaires sur certains protagonistes présumés de faits divers (en l’espèce trois parangons : Chouraqui et la prétendue guerre des cliniques, Baudis et le délirant réseau de barbares sexuels, Outreau et ses fantasmés pédophiles), rappelle que les journalistes ne savent toujours pas tirer les leçons des dérives antérieures au point, comme dans l’affaire d’Outreau, d’afficher la même véhémence d’abord contre les monstres d’Outreau puis, lorsque les mensonges de Badaoui et des enfants ont été établis, contre cette infâme justice qui a conduit des innocents en détention préventive. Imaginons un seul instant le déchaînement de la presse si, à l’époque, les accusés avaient été laissés en liberté… Qui influence qui ?

 

Dimanche 20 janvier, 22h35

Encore un bref passage au rythme de ses envies qui s’achèvent trop vite. Tournis des semaines et des années centrées sur un travail alimentaire.

Formateur, piètre fonction sans transcendance, aux rares, très rares moments d’exaltation intellectuelle. Tout mon être se tend vers la prochaine pause, l’espérée halte qui suspendra ces inutiles périodes.

Carlos décédé à soixante-quatre ans, Heïm a dû en prendre un coup (il est dans sa soixante-quatrième année). Moi, cela m’a d’un coup projeté aux féeriques instants de complicité, entre Hermione, Karl et moi, où nous improvisions, dans ma chambrette du château d’O, un trio musical sur le 45 tours du Loup-garou de Bourgalou. Carlos le jovial offrait, dans ces quelques minutes, toute la jubilation qu’espéraient les préadolescents que nous étions.

A cet instant, je me remémore la configuration précise de ce château reconverti en relais et château de luxe. Il me faudrait relater toutes les atmosphères gardées en moi comme autant de souffles constitutifs…

Pour en revenir au feu fils de Françoise Dolto, sa disparition catapulte ce passé plus loin encore, rendant plus prégnante la nostalgie qui s’y substitue.

Ma maman fêtera, le 5 février prochain, ses soixante ans ! Nous la visiterons à la fin du mois précité pour lui adresser toute notre affection. Ne faudrait-il pas s’efforcer de fréquenter davantage nos ancrages affectifs, familles et amis, plutôt que de laisser couler le sablier sans se manifester autant qu’on le souhaiterait ?

Vu un touchant documentaire sur Albert Jacquard (dans la série Empreintes, de belle facture). Appris que la croix physique qui l’a miné de longues années, avant sa notoriété, était due à un grave accident de voiture dont il réchappa au prix d’un enlaidissement post opératoire. Son intelligence sensible et son extrême lucidité attisaient sa souffrance du regard des autres. Par ailleurs, appris aussi que ses premières passes d’arme idéologiques l’ont été avec le Club de l’horloge (concurrent de la NDF de Heïm) et avec Louis Pauwels du Figaro magazine qui lui avait reproché de ne pas savoir distinguer « le diamant de la merde »…

Là que je prends conscience de mon évolution idéologique : le discours d’un Pauwels n’a, aujourd’hui, plus l’ombre d’un attrait pour moi. Se défier des chapelles, des clans, des écoles systématiques de pensée, et se fier plutôt à ses propres, profondes et sincères convictions. Jacquard, homme de gauche, voire d’extrême gauche ? Cela n’amoindrit pas mon admiration pour l’engagement du personnage. La maturité intellectuelle c’est de ne se sentir aucune appartenance a priori, mais de se trouver des affinités au-delà des clivages idéologiques apparents. Une leçon de vie…

 

Lundi 21 janvier, 23h20

Ce soir, dans le journal du monde sur LCI, l’incisif Vincent Hervouët interrogeait le président colombien en visite à Paris. Sa détermination à éradiquer les Farc se fend d’une volonté de ne pas désobliger les instances françaises dans leur quête (éperdue) de libérer la fragilisée Betancourt. En revanche, pas un mot sur Chavez et son impact auprès du groupe. Comme une obscénité à oublier au plus vite…

 

Jeudi 24 janvier, 22h37

Dès le 18 août 2007, j’écrivais sur les vautrements boursiers qui submergent l’économie aujourd’hui. A se focaliser sur les indéfendables dérives du « capitalisme financier », pour reprendre le quasi pléonasme du directeur de Marianne, les anticapitalistes s’ébrouent, ravis de légitimer leur argumentaire de mise à bas du système vicié. Par ce malhonnête raccourci, on condamne l’outil parce qu’il a été utilisé à mauvais escient. Curieux réflexe idéologique. A ce compte, interdisons l’agriculture puisque des sagouins empoisonnent nos sols, éradiquons la production industrielle face aux infectes exploitations humaines de quelques enseignes, vomissons le tertiaire empuanti par des escrocs de tout acabit… stérilisons l’espèce humaine, par la même occasion, à force de se désespérer des salopards qu’elle accueille dans ses rangs.

L’angle légitime d’attaque doit donc sérier les défauts sans verser dans l’inepte table rase… pour lui substituer quoi ?

 

Vendredi 25 janvier

23h50. Petit combiné entre mes écrits des deux derniers jours et celui du 18 août 2007 pour parution dans mon blog principal, sous le titre élégant Coup de pouce… dans l’cul ! Pub faite auprès de mon fichier internet et, par le biais de commentaires, sur quelques sites de la presse.

La photo de ce Jérôme Kerviel, ainsi que son identité figurent partout, sauf dans mon blog : refus de participer à ce lynchage médiatique nappé d’un brin d’admiration. Mes foudres visent plutôt l’établissement bancaire et ses responsables planqués (en revanche, les supérieurs du trader ont été, comme de plus crédibles fusibles, licenciés sur le champ).

Dans le Droit d’inventaire : Mai 68, visionné ce soir, touchant moment d’interview mené par la nièce Drucker qui ne peut se priver de tutoyer son Michel d’oncle. Cohn-Bendit a conservé intacte sa réactivité, n’hésitant pas à gratifier d’« ordure » le feu Marchais qui l’avait stigmatisé dans une chronique parue dans L’Humanité et empreinte d’un antisémitisme en filigrane.

 

Samedi 2 février, 23h30

Un nez pris et une fatigue passagère m’a fait me coucher tôt (23h), un chouia avant ma BB dont le réveil s’imposera vers 5h20.

La semaine qui s’annonce battra des records de présence à Cqfd : quarante-deux heures cumulées entre les FFP et la présence administrative. Intérêt de bien farnienter demain pour me préparer à ce cumul.

Dans le dodo, petit tour d’actualité hebdomadaire avec Le Monde week-end. Une façon de ne pas me restreindre au traitement superficiel des médias audiovisuels dans lesquels je vais plutôt me nourrir des débats sur les faits porteurs de polémiques.

Vu l’hommage de Hondelatte aux acquittés d’Outreau dans une édition spéciale de Faites entrer l’accusé : les sept ou huit présents semblaient encore loin d’être remis. La seule à respirer la joie de vivre, et pour qui Outreau a finalement ouvert des portes professionnelles qu’elle n’aurait jamais pu approcher, c’est Karine Duchochois, aujourd’hui tenant une rubrique sur France Info concernant… la Justice. Il semble qu’elle ait sa carte de journaliste. Une belle fin pour cette « ambitieuse » (selon son propre terme) qui s’assume. Elle jurait, parmi les démolis d’Outreau, par sa légèreté et sa transfiguration physique et vestimentaire.

En vrac, dans l’actualité : les municipales qui risquent de porter un vote sanction à la présidence Sarkozy. Marié ce matin à la belle Bruni, et ce en toute discrétion, l’activiste politique doit désormais se consacrer à l’engagement austère, mais efficace.

Le Liban souffre des attaques incessantes d’Etats comme la Syrie. Le redressement économique semble encore bien lointain, à la merci d’influences délétères.

Et encore épinglé par le rapport annuel de HRN (Human Rights Watch) le régime castriste, et ce sans aucune ambiguïté. Aucune liberté d’expression, pas de vie privée, une capacité réduite de circulation, etc. Et dire que mon article Le castrateur de Cuba avait suscité la révolte de quelques fanas du leader Maximo… douillettement installés en France. Pitoyable !

 

Lundi 4 février, 22h

Semaine écrasante en perspective et rhume entêtant ont un avantage dans la gestion de ma soirée : me conduire plus rapidement au lit et me laisser tenter par l’écriture de ce Journal dans sa dix-septième année.

Ce soir, au Franc-parler d’Itv, le flamboyant de Villepin débarrassé des engoncements costume-cravate pour une veste-pull au col roulé en parfaite cohérence avec sa nouvelle posture de libre censeur du pouvoir exercé par son irréductible et triomphant adversaire politique.

Le voilà se mêlant de tout, jaugeant, jugeant, déclamant sa vision d’une France à l’excellence diplomatique renouvelée, à l’indépendance de la politique étrangère revendiquée, à la détermination sans reniement de compter en Europe et dans le monde. Il déroule ses arguments, les teintant d’un lyrisme porteur…

Vrai que le physique compte dans l’incarnation de la France : de Villepin a autrement plus d’allure, même loin du pouvoir, que le frénétique Sarkozy aux proportions peu avantageuses. Pourquoi le nier ? La volonté de conquérir le pouvoir y a été d’autant plus exacerbée chez lui que sa présence physique pouvait décevoir.

Définitivement, l’ex Premier ministre se dispense de tout engagement politique via les urnes. Grand commis de l’Etat, il assume ce choix, mépris de la démocratie élective pour certains, et se cantonne à éclairer de son expérience ceux qui veulent l’écouter.

Un Jospin de droite, l’influence des réseaux en moins : lui reste le panache d’une parole libre…

Aujourd’hui, le Congrès du Parlement a modifié la Constitution pour rendre possible la ratification du Traité de Lisbonne.

 

Mercredi 6 février, 23h

Je m’ingénie à dénicher le titre coup de poing pour ma gueulante contre les Nonistes. Pour l’instant, rien de bien convaincant. Peut-être que la plongée ensommeillée portera davantage conseil, exaltera un chouia plus l’imagination. Tentons…

 

Dimanche 17 février, 21h50

Tôt sous la couette pour aspirer la quiétude du logis, la plume glissante et le Valparaiso inspiré de Sting. L’équilibre de vie s’affirme, dans la modestie financière certes, mais largement compensée par la douceur existentielle. Les destins de chacun m’ont éloigné de ce qui constituait toute mon existence il y a encore dix ans (enfin, un peu plus). Un tel délaissement de ma part ne peut s’expliquer que par l’extrême mal être que j’avais développé sans me l’avouer. Hypocrite rapport avec plusieurs des gens du Nord, idéologie aux relents mâchés sans conviction, presque machinalement : le faux-semblant minait toute tentative d’être en phase avec ma réalité intellectuelle, beaucoup moins monolithique que le conditionnement heïmien le laissait transparaître. Ainsi mes convictions européennes, ma défense sans concession de l’aventure Union européenne, au point de me fâcher avec Hermione. Moi, souverainiste sous influence, j’ai découvert la portée du combat des défenseurs de l’Europe, et le traité constitutionnel en a été le magnifique summum, malgré la flopée de déjections qui l’ont fait disparaître sous le Non honteux.

Big Sarko disjoncte : après avoir défendu, comme candidat, l’abandon salutaire de la repentance française à l’égard de ses boulets historiques, le voilà comme possédé par la contrition, proposant que chaque élève de CM2 se couvre de l’ombre terrible d’un petit d’homme déporté par les abjects nazis, le plus souvent guidés par les sbires pétainistes.

Sans, bien sûr, remettre en cause la valeur émotionnelle et identificatoire d’un tel embrassement à travers les âges, on peut se risquer à y voir quelques effets contre-productifs. La sordide concurrence des mémoires se fera jour, contraignant l’école à charger ses ouailles d’autres ombres enfantines victimes des bourreaux du siècle technico-barbare.

Pourquoi donc revenir sur sa volonté d’en finir avec la flagellation permanente par les lames des noirceurs françaises ?

Nouvelle échappatoire à une plus triviale actualité : morosité socio-économique, assèchement des finances publiques, retard des effets de réformes, précocité de l’effondrement sondagier. Big Sarko tente la distraction pascalienne par l’annonce fracassante, les polémiques cultivées, les fariboles privées…

Le voilà qui, manifestement, peine à dénicher la stature présidentielle : son discours saluant la ratification française du Traité de Lisbonne (qu’il persiste à nommer « traité simplifié » pour s’arroger l’exclusive paternité) en est un flagrant témoignage. La gestuelle agitée, le dynamisme forcé, la tonalité mal placée ont transformé ce qui devait être une intervention solennelle en démonstration de VRP en campagne promotionnelle. Sans mutation profonde de son fonctionnement et de sa gestion de la pression extérieure, je pressens le pire pour la suite, à moins que le terme en soit raccourci.

 

Vendredi 22 février, 11h

L’estafilade éphémère se lance vers les monts et plaines de notre nation en discrète campagne municipalo-cantonale. La vrille médiatique s’excite pourtant sur les grotesques tribulations de l’ostentatoire Neuilly-sur-Seine. L’engoncé, l’empesé, l’affecté jusqu’au cou surgonflé, figurine mal dégrossie, l’amer David Martinon avait tenté le parachutage doré, adoubé par Sarkozy Ier. Cette première coque artificielle s’est alourdie de piètres prestations ; le charisme d’un lavabo les meilleurs jours, d’un bidet les autres, des frustrations et humiliations se cumulant, ont dynamité la bringuebalante expédition en terre neuillaise.

La subtilité du message de ses adversaires s’est résumée à un détournement patronymique digne des cours récréatives. Le « Martinon Non ! Non ! Non ! » a parachevé le loufoque panorama du ballet électoral.

Débarqué le porte-parole de l’Elysée, dont même la demande de démission n’a pas été approuvée. La place vacante a déchaîné les à-coups et vaseux retournements : le candidat dissident qui devient l’officiel de l’UMP, le colistier de Martinon qui s’engage dans la dissidence et le fiston Sarkozy qui va se frotter aux urnes pour honorer la belle voie ouverte par le papa président.

 

Samedi 23 février

Au calme à Saint-Crépin, les copies au lamentable contenu (pour 95 %) corrigées, je me ressource aux pages de ce Journal, dans sa dix-septième année. Une bien sereine adolescence après des années heurtées de petite enfance. Ne plus se tourmenter d’une existence que l’on pérennise à son aune et non pour satisfaire de tierces et envahissantes attentes.

De là, une attention au monde pour aiguiser son regard critique, mais pas forcément monolithique.

 

Lundi 25 février

Hâte, hier soir, pour saisir ma dernière envolée pamphlétaire, au titre Canard que je voulais être le premier à lancer sur la toile, avec date certaine, ce que le site AgoraVox permet, même en cas de refus. Le sale con de l’agriculture n’avait germé dans aucun esprit d’internaute, à mon plus vif contentement. Quelques copier-coller du début de cette volée d’encre bouillonnante sous des articles de presse valant commentaire et renvoyant vers mon Blog pour authentifier davantage la date, et la sérénité du besoin littéraire accompli s’est niché en moi.

Ce matin, depuis Rueil, un petit tour d’appoint sur l’actualité via Google puis un détour sur LDP qui m’informe d’un premier commentaire sous ma dernière ponte.

Stupéfaction à son ouverture : une signataire anonyme me déclare, tutoiement à l’appui, s’être retrouvée sur mes blogs et avoir été émue de me lire, même si les idées défendues ne sont pas partagées. Sombre et alarmiste tonalité lorsqu’elle confie espérer que je ne me rends plus « au château » et encore moins les éventuels enfants que j’aurais pu avoir. L’année 2002 de mon Journal à taire, mis en ligne, semble lui avoir confirmé la « folie » qui imprègne quelques figures de ceux que j’ai mis à distance par l’appellation géographico-brélienne Gens du Nord. Sans doute l’allusion aux violences de Hubert envers sa compagne… lui le salaud de magistrat qui, quinze ans plus tôt, a très certainement tenté de violer celle qui m’écrit treize ans après notre dernière entrevue (à Misery, dans une ambiance délétère, missionné par Heïm pour déceler le prétendu détournement de biens). Je n’ai, en effet, plus de doute lorsque ce message espère que mon histoire, avec celle que je surnomme BB, se poursuit et qu’il s’achève avec des « bisous d’une autre bb » ! ses initiales à la reprise du patronyme initial de son père, et sous lequel elle s’est mariée. Alice qui tente ce nouveau contact affectif avec moi, c’est une inénarrable émotion qui me submerge.

Avec le recul, combien mes coups de sang contre elle, jusque dans les pages de ce Journal, étaient injustifiés et ne relevaient que de la stratégique et salaude influence de Heïm qui n’aurait pas admis la moindre subsistance de lien entre ceux de son entourage, plus ou moins proche, et cette fille reniée après ses attaques contre le mythe heïmien.

Comme me reviennent les confidences de mal-être de ma sœur de cœur, notamment lors d’une promenade partagée dans les terres agricoles qui s’étendent à l’arrière du château d’Au. Mes propres échecs encore chauds, ma conviction d’avoir gâché un fantastique projet de vie, m’empêchèrent de la prendre par la main pour nous affranchir de cette oppressante existence. Leborgne aura eu le mérite de lui permettre un salutaire éloignement.

Son soupir final, « que de vies gâchées », auquel j’ajoute que de liens injustement perdus, ne laisse aucun doute sur la qualité toujours présente de son extrême sensibilité. Au contraire de sa sœur Hermione qui a mis ses idées avant l’affection qui nous liait, Alice se moque de nos divergences idéologiques, du moment que l’humanité partagée peut nous rapprocher à nouveau.

Je forme le vœu qu’elle se manifeste, à mon invitation à m’écrire en privé via l’une de mes adresses e-mail.

 

Jeudi 28 février, 0h30

De retour, avec ma BB, du joyeux film de D. Boon, Bienvenue chez les ch’tits. A propos du Nord, la suite du contact avec bb (Alice) s’avère contrastée. Sa haine envers Heïm est telle qu’elle juge mes propres critiques (notamment dans les pages clandestines mises en ligne sur un blog à accès restreint) bien minorées.

Vrai que ce qu’elle me rapporte sur le personnage confine à l’horreur : l’abus systématique de ses enfants de sang ou rapportés. Ainsi Hubert qui aurait été, enfant, abusé par lui, attaché à un radiateur et autres délires sadomasochistes avec sa mère comme soumise complice. Karl, lui aussi, aurait eu à connaître des abus sexuels de Heïm, tout comme Béatrice, fille de Maddy, et Alice elle-même. Seule inconnue pour elle : Hermione a-t-elle aussi connu un viol de son père ?

L’affaire, colportée par Heïm, du prétendu viol d’Alice par son frère Hubert serait une pure manifestation du soudard : il aurait lui-même demandé à son fils, après une soirée arrosée, d’aller coucher avec sa sœur, ce qui s’est résumé à un tendre endormissement dans les bras de sa sœurette.

Bien sordide tableau dépeint qui renforcerait la thèse d’une manipulation systématique pour l’assujettissement conditionné de ses proches. Tout comme cet état physique, annoncé depuis si longtemps en phase terminale, notamment en 1991 ce qui m’a incité, après une forte influence rhétorique, à accepter de prendre la tête, pour la façade légale, de la SERU. Dix-sept ans plus tard, le mourant est toujours vivant !

Vrai aussi qu’un Mitterrand a tenu presque quinze ans avec un cancer aux effets normalement foudroyants. Part du réel et de l’amplifié chez Heïm… sujet à creuser.

Alice n’a, en tout cas, pas de mot assez violent, incendiaire pour caractériser les agissements criminels de son géniteur.

 

Samedi 1er mars

Jeudi dernier, dans la matinée, une violente explosion au gaz, en plein cœur de Lyon : un pompier décédé et une quarantaine de blessés. Le lieu, à moins de deux cents mètres de la place de l’Europe où j’ai résidé quelques années et à deux pas du Monoprix où je faisais mes courses.

Curieux sentiment de voir aux journaux télévisés et en photos sur Internet cette partie du Cours Lafayette jonchée de gravas, avec d’énormes flammes sortant du sol…

L’enquête devra déterminer les responsabilités.

 

Vendredi 7 mars, 23h30

Période de surcharge professionnelle qui laisse peu de place pour l’approfondissement diariste.

A noter, tout de même, le suivi contrasté avec Alice qui ne manque pas, à chaque occasion, d’exprimer sa haine et son dégoût de son géniteur, le « miasmique » Heïm. Fascinante et interloquante rupture qui l’a fait me soupçonner de n’être pas encore maître de ma plume et de mes penchants pamphlétaires. Comme si le feu inspirateur opérait encore clandestinement, à mon insu même, en moulant ma forme d’expression excluante. Ces attaques larvaires, revendiquées ironiques, attisent ma grogne, tout affective soit-elle.

 

Dimanche 9 mars, 0h34

Agréable soirée avec la famille paternelle dans notre nid lyonnais : mets confectionnés par ma BB, puis festif visionnage d’Astérix : mission Cléopâtre. La patte Chabat demeure d’une infaillible efficacité pour le rire démultiplié.

Premier tour des municipales : pour affirmer mon devoir citoyen, j’aborderai ces élections avec un prisme exclusivement local. L’actuelle équipe Collomb me convient, et ce d’autant plus face à l’artificielle implantation de l’ex ministre Perben.

 

Samedi 22 mars

Se sentir porté par la frustration accumulée, jusqu’à se revendiquer enragé. Pierre Viansson-Ponté avait pressenti, dans les colonnes du Monde, deux mois avant le paroxysme insurrectionnel et une semaine avant le mouvement de Cohn-Bendit et quelques autres, l’impasse sociale d’une France à bout de souffle.

 

Jeudi 27 mars

Comme presque chaque soir de cette semaine, brève plongée dans quelques pages de La mort est mon métier de Robert Merle, paru en 1952. Bien avant Les bienveillantes, ce roman tente de tracer le profil complexe des bourreaux nazis par une approche intrinsèque qui nous fait assister au fonctionnement mental des criminels ordonnés. Edifiant.

Et voilà que des journalistes français évoque une Carlamania naissante en Grande-Bretagne, et qui pourrait bien passer la Manche, après l’admirable prestation de l’épouse présidentielle lors de la visite d’Etat achevée ce soir.

Moi, c’est en 1995 que j’ai écrit sur cette femme intelligente, sensible, raffinée et possédant l’extrême sens de la situation. Mon Brûlant hommage à Bruni n’a pas dépassé les pages de ce Journal, mais était destiné à paraître dans un projet de feuille de presse gratuite qui ne vit jamais le jour (initiative de Maryline R.). Treize ans plus tard, elle est la première dame de France et confirme tout le bien que je pensais d’elle.

 

Samedi 29 mars

Le spectacle judiciaire va connaître l’une de ses plus atroces représentations pour deux mois d’horreur exhaustive. La promotion en a été faite quelques semaines durant par des médias rappelant, sporadiquement, la date d’ouverture et diffusant des documentaires sur le couple monstrueux.

Enfin, la première audience et l’abject Fourniret qui tient, sans décevoir, son sinistre rôle, ergotant sur la publicité du procès et ne souffrant pas la présence dispendieuse d’avocats commis d’office : trois pour digérer un tel dossier.

Sa compagne, pour le macabre et pour le pire, a tenté l’apparente contrition : physique transfiguré pour faire oublier sa brune noirceur.

 

Lundi 31 mars

Ce soir, au Franc-Parler d’Itv, l’économiste Cohen confirme l’alarmisme que je développais dans ces pages le seize courant. La possibilité d’une implosion du système financier américain nécessiterait l’intervention de l’Etat et de la banque fédérale pour l’équivalent du PIB annuel français, soit deux mille milliards de dollars.

A folie financière, enragé judiciaire : Fourniret le sordide laisse couler ses abominations suite à l’émouvant témoignage de celle grâce à qui il a pu être neutralisé. Son effroyable cynisme ne peut que s’épanouir, prospérer dans la procédure qui préserve les droits des accusés, et bien heureusement d’ailleurs pour ce dernier point. Seul souhait : qu’il ait les plus difficiles conditions carcérales possibles.

 

Mercredi 9 avril, 23h17

Curieux comme l’opinion mondiale, dans sa partie médiatisée, a délaissé les ressentiments contre les messianiques américains pour concentrer leur haine sur le pouvoir chinois. La gestion des révoltes tibétaines a horrifié les mêmes qui ignoraient l’impitoyable autocratie communiste à l’expansionnisme économique entretenu.

Attribuer les J.O. à la Chine, c’est d’abord remettre le peuple chinois au cœur de la communauté internationale. Pour le reste, des engagements pris par le pouvoir qu’on ne pouvait sérieusement croire.

 

Lundi 14 avril, 22h39

Calme dans mon existence, tourbillons dans l’actualité. Rien de transcendant dans ces semaines pro qui défilent. L’activité se fait de plus en plus comme une obligation alimentaire et non pour un quelconque plaisir de faire. Fondamentalement, cela me barbe. L’ambiance à Cqfd n’est pas si mirifique : quelques tensions dévoilées, une démission acceptée, des agacements de part et d’autre… Rien de cataclysmique, mais de navrantes failles qui s’imposent.

L’actualité virevolte : des obscènes entêtements du criminel Fourniret à la magistrale libération des otages sur le Ponant, la palette s’ébroue.

 

Mardi 15 avril, 22h26

Ce soir réunion, dans la cage d’escalier, avec quelques copropriétaires et ceux qui sont chargés de changer la colonne EDF. Une charge financière conséquente pour mon salaire modeste qui a nécessité une épargne depuis plusieurs mois, non encore achevée alors que le premier versement doit intervenir ce mois-ci.

Les polémiques intra gouvernementales, avec couverture médiatique disproportionnée, se multiplient : vraie dérive de l’équipe ou enfumage volontaire pour permettre aux réformes douloureuses de s’exécuter presque clandestinement.

PPDA se lâche au JT du soir, commentant l’indigne tortillement du cul du comité olympique français qui remet en cause le port, par les athlètes, d’un badge avec la mention « Pour un monde meilleur », expression qui apparaîtrait pourtant dans la charte de l’olympisme. Quelle pitoyable courbure d’échine pour ces autorités aux ordres. Le journaliste a donc rappelé que la formule du badge « ne cassait pourtant pas trois pattes à un canard laqué » ! Agacement de mise.

 

Vendredi 18 avril, 22h43

Mollesse généralisée pour aborder cette semaine de congés après une période chargée en heures de FFP (face à face pédagogique) : à cumuler un débat sur les émeutes de la faim – émission Ce soir (ou jamais !) d’hier – sur le trafic d’organes dans C dans l’air et les deux derniers volets de The War, le moral sombre face à tant d’horreurs. Là où je devrais exulter de cette parenthèse régénérante au sein de l’intense activité professionnelle, je me laisse imprégner par la seule humeur qui puisse accompagner ces terribles dérives humaines : la triste morosité. Pas l’envie de poursuive.

 

Samedi 19 avril

7h30. Et pour couronner la soirée d’hier, pages de La mort est mon métier, immersion dans le cortex trop bien ordonné du pas encore commandant d’Auschwitz.

Matinée physique à participer au déménagement d’une collègue de BB. Ça passe le temps…

 

Mardi 22 avril

Ce soir, un docu-fiction de Serge Moati sur le passé « vichysso-résistant » de François Mitterrand. Le réalisateur avoue son étonnement et sa déception lorsque l’ouvrage de Pierre Péan pointa la zone d’ombre. Ce qui surprend, chez Moati comme chez tant d’autres qui semblèrent tomber des nues, c’est le manque total de curiosité.

Le magazine Le Crapouillot, certes classé à l’extrême droite, avait consacré plusieurs numéros à ce thème, et le premier dès 1972 ! J’ai en possession ceux de 1984, 1988 et 1990. Comment un esprit fureteur comme celui de Moati n’a-t-il pu découvrir avant ces révélations. Moi, simple adolescent en 1984, j’en savais donc bien plus que nombre des Mitterrandiens… Cela laisse songeur sur la pratique de l’autruche pour préserver la pureté ressentie de celui qu’on adule.

Finalement, n’ai-je pas procédé de la même façon à l’égard de Heïm ? N’aurais-je pu écouter plus tôt le discours alarmiste de mes parents ? Chacun refuse, à un instant donné, ce qu’il perçoit comme des sources infréquentables…

 

Mercredi 23 avril, 0h23

Déception sur le docu-fiction de Moati, encore trop complaisant, excusant presque tous les choix opportunistes de Mitterrand. De Gaulle est campé comme un bourru falot. Certaines versions contestées du parcours sont entérinées : les prétendues trois évasions, l’existence d’un réseau Morland, la conception précoce de faux papiers, le coup d’éclat salle Wagram… Mièvre, donc, le résultat de ce film qui montre Mitterrand à la tête d’un journal engagé et libre sitôt sa carrière ministérielle retardée. Rien sur sa participation à Votre beauté, magazine fondé par le cagoulard Schueller… Le Fanfan mité s’en sort donc bien… l’histoire a ses chouchous, même chez les sulfureux.

 

Vendredi 25 avril, 1h28 du mat.

Tout juste couché, je ne peux me dérober à cet appel de la plume pour du ressenti à chaud.

Après un dîner avec les parents B animé de sujets polémiques, visionnage en différé de la prestation du président Sarkozy.

Rien à faire, il faut lui reconnaître une efficacité dans la communication. Le format de l’émission, combinant le décor de l’Elysée pour insuffler du solennel au bling-bling, avec un ton déterminé, sans apparente langue de bois, a touché juste.

Sans doute l’obstination, la férocité journalistique étaient-elles absentes, mais l’agressivité revancharde, à la façon d’un Domenach (commentateur de la prestation sur France 2), aurait été déplacée et sans résultat pour son auteur.

L’impopularité ne cessera pas, mais la perception d’un homme qui entend assumer ses choix politiques, quoi qu’on en pense, s’est renforcée. Alors peut-être un rééquilibrage selon les clivages traditionnels.

Côté journaliste, à noter un David Pujadas accrocheur, un PPDA peu présent, vieillissant et aux UV mal répartis, une Catherine Augé un peu transparente malgré sa sublime chevelure argentée, un Yves Calvi pertinent et sachant transposer son ton Calvi au format d’une interview présidentielle et un Vincent Hervouët tout en nuances incisives, parfois moins adapté au format, qui ont finalement servi l’argumentation du chef de l’Etat.

A chaud : une bonne prestation à l’impact limité.

9h10. La réaction de Ségolène Royal, reçu dans le sept-dix de Nicolas Demorand, n’a, elle, pas brillé par la mécanique pavlovienne de sa critique à tout va de l’émission. Toujours cette désagréable impression de l’entendre éructer en lieu et place d’une argumentation raisonnée.

 

Samedi 26 avril

De l’estival au bord du Rhône en attendant ma BB. Lecture intensive pour me préparer à cette petite reprise, trois jours d’activité, puis une nouvelle pause de quatre. Les parents de BB, arrivés jeudi soir, passent la journée à Toussieu avec quelques anciens de la famille pour un anniversaire de mariage.

Mon Ramolli mois de « mais ! » publié sur AgoraVox n’a engendré que de très crétines remarques. De moins en moins d’intérêt à me confronter aux haineux qui se dissimulent – pour un retour sur blog bien maigre.

 

Jeudi 1er mai

9h30. Hier, sitôt sorti de Cqfd, je retrouve ma BB au garage pour filer en Grande Punto vers Montagnac, dans l’Hérault. Retrouver l’univers barbare des automobilistes, avec ses grosses cylindrées qui s’énervent dès qu’on s’attarde sur leur voie de gauche pour doubler à notre rythme. Pitoyables couillons !

Je remarque une nette reprise de la vitesse excessive qui nécessiterait une plus féroce répression. Le paradoxe : au nom de la préservation des libertés individuelles on entérine de fait le prélèvement de vies sur les routes, ce lot morbide de morts violentes et prématurées.

Passage obligé sur l’asphalte autoroutier pour rejoindre maman et Jean dans le gîte loué. Arrivés un peu avant 23h, nous mangeons dans une chaleureuse ambiance de vacances et maman nous fait découvrir, par photos, l’avancement de la construction de la maison estivale sise dans une partie du jardin de Fontès. Les murs sont édifiés et la toiture s’annonce pour les prochaines semaines. Du plaisir d’été et d’intersaisons à venir, la maison devrait être livrée à la mi-juillet.

Découpé en trois, le jardin est méconnaissable avec ses arbres abattus, sa haie partiellement rasée et les traces temporaires du gros œuvre. La demeure qui se dessine préfigure les rires familiaux, les conversations sonores par le goût des polémiques maîtrisées, les jeux prétexte aux délires partagés : la palette renouvelée d’une complicité humaine pérenne. Comme un hommage existentiel à mon adorée grand-mère : perpétuer, sur ce lieu, la densité affective, les instants de vraie communion festive, l’essentiel de la vie vive, ces parenthèses que l’on voudrait comme éternité.

 

Vendredi 2 mai

Journée familiale, avec l’oncle Paul et sa compagne Liliane venus en voisins fontesols pour le repas et la promenade dans les ruelles de Montagnac.

Après la visite de quelques caves coopératives ce matin, nous irons prendre le café chez eux avant, BB et moi, de rouler vers Arles, pour un tout autre univers.

Vu hier, sur l’ordinateur de maman, la photographie d’une peinture, apparemment non torturée, de Bruce : il faut lui reconnaître un talent dans la conception, la mise en forme, en couleurs et en espace de ses toiles. Que cela l’épanouisse, je lui souhaite, mais je doute d’un impact éthique sur son rapport au monde. L’art n’a jamais favorisé l’exemplarité existentielle. Nos goûts pour les œuvres de certains ne peuvent s’encombrer de la trajectoire parfois sordide de leurs auteurs.

Exaspérant sujet d’actualité : le pauvre pouvoir d’achat des Français. J’en viens même à changer de chaîne, de station ou à tourner la page lorsqu’un média nous farcit de cette antienne qui agrège tous les mécontentements. Nous faire accroire que la situation moyenne de la population s’est dégradée, lorsqu’on jauge son taux d’équipement technologique et la course effrénée à satisfaire ses désirs, rebute et agace. Comme cette tarte à la crème d’un euro qui serait le péché originel expliquant l’envolée des prix depuis maintenant six ans.

Que le peuple arrête de se prendre pour un conglomérat de cons ou, tout au moins, qu’il fasse preuve d’un minimum de mémoire. Toute situation monétaire est ambivalente, bien sûr, mais ne vaut-il pas mieux bénéficier d’un bouclier protecteur qui, entre autres avantages, freine la hausse du pétrole pour les consommateurs automobilistes, que de fantasmer sur les illusoires bénéfices que nous aurait apporté un franc dévalué à deux reprises en un demi-siècle ?

Chacun s’est habitué, à l’époque des surplus agricoles (les peuples des futurs pays émergents crevaient, eux, de faim, mais ça ne nous affectait pas plus que cela…) à payer toujours moins sa nourriture. On ne peut aspirer à toujours plus de confort, de loisirs, et se hérisser dès que des masses de gens accèdent simplement à un mieux vivre qui passe forcément par l’alimentation. Il faudra admettre payer plus cher pour se nourrir et renoncer, le cas échéant, à l’accessoire de l’équipement.

Des miséreux qui acceptaient leur sort, nous voilà à l’ère du misérabilisme revendicateur. Chacun justifie sa défiance à l’égard des dirigeants politiques, économiques, par des simplismes rassurants sur sa propre posture victimaire. A partir de quelle donnée peut-on affirmer qu’il y aurait plus de malfaisants, en poids relatif, chez les dirigeants des multinationales que chez les employés ? Dans son esprit approximatif, le citoyen anonyme admet qu’il y ait des brebis galeuses dans ses rangs, et s’en fait même parfois des sujets de fantasme ou de fascination, de Kerviel à Fourniret, mais perçoit comme une généralité les déviances humaines des détenteurs de pouvoirs. Sachons, là aussi, rester modeste dans nos sentences.

 

Samedi 3 mai

9h10. Nuit dans le joli nid de Fanny (à Aix en Provence pour le week-end), après un dîner partagé avec Louise et Richard. Occasion de goûter un Pineau des Charentes d’exception et un Cognac X.O. hors d’âge, mêlé aux volutes d’un cigare de Guantanamera.

Attente que ma BB soit en beauté pour aller vagabonder dans les artères colorées du marché d’Arles. Je me laisse bercer par quelques airs inspirants d’un signet de mon MP3 : Jeff Buckley, John Legend… et parcours les myriades d’objets et décorations qui personnalisent ce charmant appartement. Comment ne pas déceler dans ce lieu la belle âme qui l’occupe.

Cela replonge dans ces instants de joyeuse troupe qui magnifièrent quelques soirées improvisées. Ces moments où le bon esprit fuse et la complicité semble ne pas vouloir expirer. Les Fanny, Mylène, Romy, Aude autour de la sœur de BB, et tous ceux à présence variable, qui savaient créer, le temps d’une réunion, la trame festive pour un partage à renouveler.

Du factuel, plus que jamais, la réflexion en berne. Poursuite de La Décennie de Cusset qui me permet de contrecarrer, dans la marge, certains arguments.

 

Dimanche 4 mai

10h04. Retour au bercail. Curieux comme certaines ambiances, tout accueillants que soient les hôtes, me laissent fermé. Comme si je ne pouvais sortir de ma réserve défensive. Cochon de caractère que je me trimballe !

Hier soir, évocation des délires sentimentaux (réglés aujourd’hui) du fils de Richard, avec une Tunisienne jamais rencontrée, de dix ans plus âgée, et n’offrant aucune autre perspective qu’un gouffre financier pour assouvir les besoins d’interminables entretiens téléphoniques.

Ce fantasme de l’idéal féminin, qui vous transporte dans l’irrationnel, je l’ai eu vers 1994, avec une certaine Rachel C. (au pseudo d’Ornella, via le Minitel) et dont je n’avais eu que quelques soupçons de voix et une photo… de dos ! Heureusement, pas de téléphone obtenu ce qui m’a évité les conséquences pécuniaires, mais ce qui a dessiné la non sincérité de la demoiselle, voire sa perfide manipulation. Ainsi s’aguerrissent les petits cœurs que les mâles sensibles tentent de ne plus être, ou plus que de façon parcimonieuse.

 

Lundi 5 mai, 23h24

Tentative de reprise du Shaeffer offert par ma BB et qui n’a jamais eu un débit d’encre digne d’un plume. Ma douce travaille cette nuit, une reprise à regret pour nous deux. Terne vie professionnelle, pour ma part, qui ne répond qu’aux nécessités minimales financières. Cette vie active n’a rien de transcendant. Aucune amitié suivie, rien pour exalter. Le néant existentiel n’est pas loin. Pas d’amertume, juste la conscience de mes limites, de mon absence d’ambition.

 

Mardi 6 mai, 23h23

Alors que l’an I du quinquennat sarkozyen s’achève, les médias s’ébrouent sur le bilan. Dans N’ayons pas peur des mots, le chenu, mais toujours vivace, Philippe Tesson s’enthousiaste sur l’audace réformatrice du chef de l’Etat. Pour lui, aucun président de la Ve n’avait entrepris autant de projets de changement à la fois et dans tous les domaines. La population française semble admettre la nécessité de ces réformes, même si, individuellement, chacun voudrait ne pas en subir les contraintes en les réservant à ses voisins. Toujours cette incapacité à se remettre en cause dans son fonctionnement social.

Le relationnel amical se délite, chacun focalisé sur les obligations de son existence. Les relances d’invitation ou de contact de Barbara & Jean-Luc, d’Eddy & Bonny, n’ont rien donné. Des disponibilités beaucoup plus rares d’Elo, d’Aline & Pedro. L’éloignement de Shue a raréfié les contacts, celui de Liselle les a anéantis. Piteux résultat donc.

 

Vendredi 9 mai

Le dîner à une quinzaine, mercredi, chez une collège de ma BB, a confirmé mon peu d’enclin pour les réunions groupales. Chacun laisse transparaître une face tellement incomplète ou déformée que tout écart à l’apparente harmonie s’identifie comme une incongruité à étouffer dans l’œuf. Les trois quarts des présents, pris à l’unité, n’ont rien de désagréable, bien au contraire, mais leur conversation de prédilection, sitôt le grégarisme assumé, c’est l’attaque ad hominem visant leur univers professionnel. Le vice est poussé jusqu’à se lâcher à la critique d’un couple invité, parti en premier le café achevé.

Ce n’est pas tant le regard acéré qui m’incommode, ma pratique pamphlétaire me rendrait sinon incohérent, que son expression en l’absence des sujets de rogne et sans remettre en cause la face affichée lors de leur présence.

Tout de même, dans l’assemblée réunie, un médecin et sa (récente) compagne m’irritent : l’un s’essaye à la nonchalance urticante, l’autre rabaisse son agaçant partenaire dès qu’une occasion surgit. Dès que j’ai pu contrecarrer un argument du thérapeute, je l’ai fait avec une froideur et un tranchant explicites. A leur départ, la distraite poignée de main échangée avec le bougre, la femme n’ayant pas, à ma grande satisfaction, fait le déplacement jusqu’à moi, et la teneur définitive de l’au revoir prononcé, ne laissaient aucun doute sur le peu d’affinités réciproques.

Je n’ai tout de même pas poussé mon caractère réfractaire jusqu’à l’éclat assumé à la Dupontel, dans Deux heures à tuer, pour ma BB et les autres sympathiques convives.

Avec Alice, quelques échanges un peu plus nourris sur Msn. Sa haine de Heïm est totale. Elle souhaitait m’appeler pour préciser sa perception critique de mon état mental et existentiel : j’ai repoussé l’offre. Pas envie de replonger dans ces pertes de temps du jaugeage de la vie de l’autre. Je me sens parfaitement équilibré, je n’ai nul besoin de conseils, même s’ils viennent d’une affection indubitable.

Comme elle laisse un commentaire sous chacun de mes articles, Heïm doit être au courant de notre reprise de contact.

 

Samedi 10 mai

Au Q boat, sur la confortable terrasse qui doit être inaugurée le 15 courant. L’artère verte de ces bords du Rhône reste bien peuplée à 20h15. Défilé estival qui doit enchanter l’équipe municipale reconduite. Totale appropriation par la population lyonnaise. La propreté des pelouses laissées à disposition, pour une fin de journée, tendrait à démontrer un respect des lieux.

Après mon pessimisme foncier dans le grand Manus, me voilà presque rassuré dans ce Manus portable.

Reprise de la vie près du fleuve. Le symbole et la pratique ont propulsé Lugdunum au troisième rang des grandes villes où il fait bon vivre.

Comme souvent, je dois être un des rares attablés seuls : avec un Monaco, quelques cacahuètes, la pop de mon MP3, aucun regret de cette situation et tendre pensée à ma BB.

Quelques témoignages flatteurs sur mon Journal mis en ligne : le désert les entourant autorise, pour affermir un peu l’ego, que j’en laisse trace dans l’objet des louanges.

D’abord un lyonnais anonyme, résidant rue Bonnel, s’enthousiaste d’avoir pu trouver ce témoignage de vie qu’il rapproche des extravagances d’un Bukowski, l’imprégnation alcoolique retirée. Sans doute ma période batifolante avec échos dans ces pages.

Le Bring on the night sur scène, avec un virtuose des blanches et noires, vous envoie vers l’ubiquité stellaire, des ondes musicale comme un voyage à la vitesse des sens, tous azimuts, sans limite, inénarrable décollage vers les cimes de l’impro, chef d’œuvre incarné des élancements rythmés.

Les aventures humaines, les dons de soi pour une cause qui permet de faire un peu grandir l’humanité réconcilient avec cette espèce imprévisible.

Un entre chien et loup prononcé va m’élancer vers d’autres sphères. Improvisons, en selle de mon Bitween Seven.

Fin du parcours pour du conventionnel en couche épaisse : cité ciné et la dernière méga production hollywoodienne : Iron Main. Sans doute médiocre pour le scénario, la plongée dans le spectaculaire compensera les grosses ficelles. Pour se purger les boyaux de la tête.

La singularité du son de Keziah Jones me fait patienter dans la salle d’attente du complexe.

Les bords du Rhône connaissent une vie estivale sans pareille, avec tous les atouts du farniente multiforme.

Deuxième réaction d’Alice sous mon article Le ramolli mois de « mais ! » : elle estime que seules les mauvaises explications justifient le mécontentement lycéen ; rien sur la possible frilosité de certains, l’abus d’autres avec pour unique visée la dispense de cours (j’ai concrètement assisté à ces comportements lors des grognes entretenues contre le projet Devaquet, en 1986 ou 87). Commode refuge dans le systématique renvoi de la faute sur le dirigeant en place.

Outre cette option de l’ultra tolérance, Alice m’abjure de croire en l’humanité et de faire plein d’enfants pour leur léguer une terre préservée par le combat acharné d’une communauté humaine bienveillante (j’en rajoute un chouia dans la reformulation !). La divergence est là centrale : je n’ai aucun enclin pour le concept globalisant d’humanité, d’autant plus en parcourant ses dérives sanglantes, ses barbaries toujours recommencées, et ce depuis ses débuts. Si la fréquentation peut me conduire aux meilleurs sentiments et jugements, je garde cette méfiance léautaudienne a priori.

 

Dimanche 11 mai

23h40. Sans doute une prise de distance avec Alice, suite à son souhait de m’appeler longuement pour m’expliquer diverses choses, me faire partager sa vision impitoyable de Heïm. Elle n’apparaît pas connectée sur Msn ce soir, peut-être même m’a-t-elle éliminé de ses contacts. Si tel était le cas, je ne relancerai pas. Lassitude de tout cela. Qu’elle continue à être persuadée que je ne suis pas encore en phase avec moi-même, que je reste embourbé dans mes enfers passés…

Ne pas avoir sa radicalité sur ce « vieux fou à enfermer » - selon son souhait lancinant – m’empêcherait toute lucidité ? Eh bien j’assume et persiste.

Ces quelques jours de congés à Lyon en (presque) solitaire n’a pas densifié enthousiasme et projets. La quotidienneté s’écoule, en labeur et en loisirs, sans que cela excite mes fibres. Ce profond détachement des choses, et même des êtres, éclaire le quasi désert relationnel en expansion. Je ne cherche pas vraiment à enrayer le mouvement, comme si mon objectif inavoué était de m’ancrer dans une ville où plus aucune attache (sauf ma BB !) ne perdure. Voilà ma nature profonde : le refus de l’autre qui incommode et l’inaptitude à générer un suivi relationnel.

Sans goût pour autrui, comment s’investir davantage pour une vie nourrie de constructions ? Sombre, depuis mon dodo, délaissant l’actualité, je n’ai rien à prouver, juste à assurer le minimum vital financier pour rembourser un prêt immobilier sur vingt ans et permettre le basique vital.

 

Lundi 12 mai

Dernier jour de cette parenthèse ludique, je débute l’après-midi dans un cocon vert, non loin de la roseraie animée par le chant d’oiseaux aux anges, car dispensés de prédateurs.

L’angle sombre d’hier ne parasite pas les envolées enthousiastes.

Partie du texte « Mener, Guerroyer, Mourir » non publiée sur le site AgoraVox :

« Là où Mazarine Pingeot délivre des souvenirs affectueux pour son père, Alice incendie, à juste raison, la pédophile existence de Heïm, prompt à assouvir ses appétits sexuels sans tenir compte des progénitures engendrées ou recueillies. Pitoyable, lamentable échec outre-tombe qui se profile pour celui qui encensait la parole de ses enfants contre les mamans alors en ligne de mire. C’est bien par la parole et les écrits de ses ex ouailles, enfin libérés du joug psychologique, physique et financier, que viendra la fustigation définitive du personnage.

Par petits coups de scalpel, le charisme cultivé laisse transparaître les perversions occultées par une dérision conditionnante. D’Amstetten aux Ardennes, en dérivant par les plats pays, d’écœurantes révélations édifient sur le néant paternel de ces enfumeurs de réalité, uniquement déterminés à soulager leurs sordides élans sexuels. Mentir, Gueuler, Manipuler. »

 

Vendredi 16 mai

Divine surprise pour le modeste salarié que je suis : l’accumulation d’heures effectuées en surplus, par comparaison avec les autres formateurs, me vaut une semaine de liberté. Idéale occasion d’écrire, de publier sur LDP et de poursuivre la saisie et la mise sur Internet du Journal à taire.

Traneing In du virevoltant Coltrane pour improviser sur un sujet.

De la terre au ciel, le deuil de masses asiatiques dépasse nos conceptions de drames plus focalisés. Les crapules d’Etats autoritaires gèrent les offres humanitaires faites par nombre de pays comme de suspectes ingérences. Certes, les potentats chinois maîtrisent bien mieux leur rapport au monde extérieur que l’obtuse et infecte junte militaire : laisser venir à eux tous les petits dollars et euros, ainsi que les matériels proposés, mais éconduire les initiatives humaines.

Au malin cynisme de la sphère dirigeante chinoise, ne répond que la monomaniaque fermeture des oppresseurs. Les peuples, eux, souffrent des deux côtés sans illusion.

La France, elle, hoquette en attendant que les réformes fassent effet et sans cataclysme social. Oui, c’est vrai, le seriné couplet sur le pouvoir d’achat en berne entretient la grogne ambiante, permettant à chacun de reporter ses propres échecs, ses renoncements ou ses incapacités sur le commode portefaix étatique. Ça manifestouille, moui, pour que l’exécutif renonce à ses initiatives, mais sans rien proposer de viable derrière. A moins que la bouille révolutionnaire et anticapitaliste du Besancenot nous délivre une solution miracle. Allez ! Chiche ! Laissons-lui le Pouvoir cinq ans, rien que pour voir… et avoir la confirmation incarnée de l’inanité de ses slogans simplistes. Son incapacité à former un mouvement qui agrège les composantes de l’extrême gauche peut rendre dubitatif sur ses aptitudes à la gestion déménageante du pays. Qu’il engraisse à son rythme urticant, mais sans jamais déranger les penchants d’une France qui ronchonne.

 

Lundi 19 mai

Vers 15h. De retour chez Elo, comme au temps où je lui donnais des cours, pour travailler sur son mémoire et prendre de ses nouvelles après qu’elle a attrapé un staphylocoque doré. Si la jambe est encore endolorie, l’être est en forme.

Semaine dernière, dans un C dans l’air consacré à la réforme des institutions, notamment au volet parlementaire, parmi les invités experts dans leur domaine, Jean Gicquel que j’ai eu en 1988 ou 89 comme professeur de droit constitutionnel. Vingt ans plus tard, le revoir avec le même pétillement dans le regard, les mêmes intonations, la même habitude de manger certaines fins de mots… même s’il semble beaucoup moins à l’aise sur un plateau de télévision qu’à animer un amphi, émotion de le revoir en plein passion argumentative. Parmi quelques souvenirs, celui de m’être fait applaudir par les quelques centaines d’étudiants pour une question donnant lieu à félicitations du professeur : comment expliquer la contradiction entre le principe de non rétroactivité de la loi (inscrit dans la DDHC) et l’intégration d’une rétroactivité pour les crimes contre l’humanité.

Eloignement d’avec Alice qui, une nouvelle fois, s’est fendue d’un absurde commentaire sur mon article Mener, Guerroyer, Mourir, dans lequel elle n’a rien perçu de l’allusif qui lui donnait raison. Pourquoi avoir écrit un article dans lequel on n’apprend rien : certain qu’elle connaissait tout des détails sur la fin de vie de Mitterrand. Stupide remarque : mon texte est d’abord l’émotion d’un témoignage et non une démonstration informative.

Autre piste critique : j’aurais voulu, ô condamnable démarche, replonger dans le passé ! Ça c’est de la critique gros calibre… Quel est donc cet esprit malade qui trouve déplacé, incompréhensible, l’évocation d’une parcelle de notre histoire politique ? Est-ce sa haine du père spécialisé dans l’exhumation du passé qui explique cette dérive ?

Finalement, sa pirouette finale, c’est de trancher sur l’absence de talent dans mes écrits. Voilà une sentence de choix qui contredit son propre commentaire sous un autre de mes articles, lequel versait dans l’apologie de ses qualités littéraires. Dérisoire hypocrisie. Notre intolérance réciproque doit nous contraindre à ne pas nous contacter pendant un temps indéterminé.

 

Mercredi 21 mai

Le relationnel avec Alice s’est dégradé davantage : pour être convaincue de ne pas être la seule à rejeter mes écrits, elle s’est aventurée sur le site de citoyens reporters, AgoraVox, qu’elle a pris pour un autre de mes blogs, laissant quelques commentaires ironiques accompagnés de déplacés « Bisous Lo ! ». La teneur personnelle de ses remarques, à mille lieues de ce qu’on attend sur le site (de l’argumentation étayée sur les articles) m’a mis en rage.

Dans l’une de mes réponses, j’ai souligné que « lorsqu’on partage si peu de choses, on ne tutoie pas ». Effet inverse, elle déballe le contexte avec son prisme déformant : notre filiation (sans préciser non sanguine), le fait de m’avoir retrouvé par le biais de mon blog principal, le peu d’enclin pour ma façon de penser et d’écrire… Et l’insulte suprême pour elle : « le Heïm nouveau est arrivé, berk !!! », n’ayant rien perçu des allusions sévères contre Heïm qui conclut mon article sur Mitterrand. Sur ce, je l’ai virée de mon fichier d’adresses pour informer de mes parutions sur la toile et j’ai bloqué son adresse Msn.

Grave contradiction dans sa démarche : elle s’érige moralisatrice sur mon peu d’enclin pour l’humanité, et prétend que je veux imposer mes vues sans admettre la critique. Qu’elle argumente sur les propos de mon article, et je participerais volontiers au débat créé (comme je le fais avec mes plus virulents opposants sur AgoraVox), mais qu’elle cesse, exactement comme Heïm le faisait – et elle prétend s’en distinguer – de s’ingérer dans mes choix existentiels et de s’ingénier à m’éclairer sur ce qu’est un VRAI écrivain. Sotte attitude. Finalement, après Hermione, une nouvelle mise à distance salutaire pour cause d’incompatibilité fondamentale. Peut-être, sur nos vieux jours, lorsque nous n’aurons plus rien à prouver à l’autre, mais que seule comptera l’affection préservée, nous pourrons nous retrouver, avant que la Camarde ne fauche tout ce monde tourmenté.

 

Vendredi 23 mai

Le « fais ce qu’il te plaît » du mois s’applique parfaitement à mon emploi du temps. Après le bénéfice de deux ponts, dont un de cinq jours, une semaine de récupération pour le trop d’heures effectuées les mois précédents, les trois semaines à venir n’auront rien du planning d’un forçat. A goûter pleinement, donc, ce que je fais à la tête d’Or, au calme, face à une étendue verte occupée par quelques daims.

Quel paradoxe : Alice a critiqué mes invectives littéraires et, en l’espèce, mon hommage à Mitterrand, justement dans l’écrit qui attaquait implicitement, mais férocement, le géniteur qu’elle exècre tant. Pas de perception des initiales utilisées dans le titre et le rappel par les trois verbes finaux. Rien compris de mon allusion à la Picardie comme autre « plat pays » qui accueille le vieux monsieur. Aucune envie de lui dévoiler la lecture bien plus personnelle de cet écrit au thème public.

Après l’explosion du prix d’un baril de pétrole, les professions grosses consommatrices de carburant grognent et réclament à l’Etat. Les concurrences à quémander, à faire pression par le blocage…

 

Mardi 27 mai

Appris hier que le formateur HG, le plus anciennement dans la structure, mettra fin à sa collaboration le 13 juin prochain. Il a trouvé une nouvelle voie plus proche de chez lui, et plus en rapport avec le monde adulte de l’emploi.

Petit choc, tout de même, de voir partir celui qui intervenait sur les mêmes matières que moi. L’entente était complète : j’ai répondu à son mail d’invitation pour un repas de départ, le 11 juin. J’espère que ce ne sera pas le dernier. Pour ma part, la proximité géographique m’incline à poursuivre cette activité aux perspectives d’évolution quasi nulles, malheureusement. Nous verrons la tournure des choses lors de la vraie rentrée de septembre-octobre.

Autre nouvelle : maman a rencontré Alice hier pour un repas édifiant en révélations. Pas de détails dans son mail, mais la confirmation de l’horreur, du sordide, de la manipulation.

Ce jour, par le biais de Facebook, Alice m’a demandé d’être son ami. J’ai accepté, mais je ne l’ai pas enregistrée sur Msn.

Impression d’une phase transitoire, dans pleins de domaines.

La réforme des institutions capte un peu de temps médiatique, réduisant, à ma plus grande satisfaction, le traitement du barbant pouvoir d’achat du consommateur français.

Après Jean Gicquel, invité la semaine dernière, Yves Calvi fait appel au constitutionnaliste Guy Carcassonne pour débattre dans l’émission du jour. On le sent bien plus à l’aise sur le plateau que son brillant confrère de la Sorbonne, et il démontre, notamment, l’inanité du vocable d’hyperprésident accolé à Nicolas Sarkozy. Sa comparaison entre les pouvoirs effectifs détenus par un G. Pompidou et ceux qui restent au chef de l’Etat actuel, fait largement pencher la balance vers le premier : très peu de décentralisation, une CEE encore timide, une mondialisation embryonnaire, aucune AAI (Autorité administrative indépendante), un secteur public étendu à de grandes structures financières, etc.

Christophe Barbier, autre invité de Calvi, aura beau tenter de sauver cette appellation par un raisonnement un peu spécieux, les références précises du professeur ont eu raison du néologisme de journalistes brouillons et approximatifs par trop d’empressement.

Guy Carcassonne a d’ailleurs souligné le rôle fondamental des médias qui semblent le négliger gravement ces dernières années : vérifier, par l’investigation, les conditions d’application et les conséquences des multiples réformes annoncées à grand renfort de clairon.

Ce soir, le jury populaire du procès Fourniret devait délibérer pour, sans doute, suivre les réquisitions du procureur de la République marquées par l’ignominie des faits et des êtres. « À gerber, Fourniret. À gerber, Olivier » conclue-t-il sa stigmatisation de l’inhumanité des criminels pervers. A 23h27, j’allume France Info pour vérifier si la sentence n’est pas déjà rendue… il ne semble pas encore.

Toujours un petit tour par le Journal du monde présenté par l’accrocheur Vincent Hervouët. Un ton toujours singulier dans un PAF de l’information majoritairement convenu.

 

Jeudi 29 mai

Le sujet est complexe, objet d’études contradictoires ou complémentaires, mais les parallèles qu’il permet peuvent s’avérer savoureux ou sordides selon la disposition d’esprit.

Alors que des émeutes de la faim catalysent les plus pauvres contrées, et qu’une des causes de la flambée des prix serait la part croissante de la production agricole consacrée à nourrir… les moteurs, la meute des corporatismes, via les pays riches, cherche à obtenir tous les soutiens financiers pour prolonger les activités grosses consommatrices de carburant.

 

Vendredi 9 juin

Alerte hier soir lorsque le papa de BB appelle pour signaler que son épouse a été admise en soins intensifs : une douleur persistante à la poitrine a décidé son médecin généraliste à cette urgence. Finalement, une heure plus tard, nouvel appel pour préciser qu’il ne s’agit que d’une angine de poitrine et non d’un infarctus. Pas la première alerte de santé puisque Annette a dû cesser l’activité de distribution de journaux dès potron-minet suite au diagnostic d’un genou détérioré. Un complément de revenus évaporé, mais une nécessité corporelle. Le 14 juillet prochain, elle fêtera ses soixante-dix ans.

Week-end du vélo dans quatre cents villes françaises, mais une grisaille presque déprimante enveloppe Lyon depuis plusieurs jours et ne se lèvera pas pour les deux-roues. Le vandalisme sur les Vélo’v et les Vélib’ se confirme et ajoute même quelques lamentables cordes à ses exactions : bornes explosées, vélos chouravés, attaches cassées. À chaque fois que je découvre les restes de ces passages, le pire des sentiments de représailles disproportionnées me tenaille. France Inter, dans son journal du matin, donne la parole à quelques obscurs parangons du vandalisme urbain. Lamentable !

Parmi les arguments lus et entendus des anti-américains, quelques perfidies remettaient même en cause la réalité démocratique du pays. Quelle leçon depuis quelques mois et les captivantes primaires démocrates.

Finalement, moins rassurantes nouvelles pour Annette : BB m’appelle du travail pour m’informer qu’elle a dû subir une réouverture d’une coronaire.

 

Dimanche 8 juin, 23h15

Un lever prévu à 6h25, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’une semaine. La période n’est pas à la surcharge professionnelle.

Journée dominicale studieuse avec Elo à s’acharner sur la rédaction de son mémoire à rendre en fin de semaine. Sujet sur les valeurs de l’entreprise et le rôle de la communication en ce domaine. Pas vraiment un domaine enchanteur pour moi, mais l’affection transcende les réserves formelles.

Elle a eu quelques nouvelles de Shaïna, pas vue depuis des lustres, qui a connu une difficile période avec la mort par empoisonnement de son grand-père : sa grand-mère, sujette à une schizophrénie, serait soupçonnée.

La maman de BB, toujours à l’hôpital, semble se remettre vaillamment de l’intervention médicale. Le suivi nécessitera le sérieux un peu plus prononcé d’un généraliste.

 

Lundi 9 juin

16h, depuis les berges du Rhône et sous un astre régénérant. L’après-midi s’est conjugué avec la fastidieuse relecture du mémoire d’Elo. Des passages truffés de fautes et un sujet de moyen intérêt pour moi font de ce travail un pur acte affectif. Après Shue et Sandre, Elo est la troisième bénéficiaire de mes conseils plus ou moins inspirés, pour finaliser leurs études (thèse de médecine, de didactologie et mémoire de DECF). Que de la satisfaction relationnelle.

À retenir du week-end dans l’actualité des VIP : une mort et un départ forcé.

Disparition du grand Dino Risi, réalisateur de comédies avec, notamment, l’immense Vittorio Gassman.

 

Mercredi 18 juin

L’après-midi au parc tête d’Or à tenter d’améliorer mes couleurs épidermiques après des jours de grisaille et des rasades de flotte. Avant cette détente scribouilleuse, diverses tâches personnelles dont l’achat d’une place pour le jeudi 4 septembre à la halle Tony Garnier. La Vida Tour Coldplay fait halte sonore à Lyon. Le dernier album, acheté et téléchargé dès lundi, comble les attentes.

 

Vendredi 20 juin, des bords du Rhône

Décidément, Alice persiste à venir me chercher des noises en appuyant les perfidies d’un lourdingue d’AgoraVox. Me reprochant de n’avoir aucun recul sur moi parce que je cite quelques faits biographiques datés des châteaux d’O et d’Au, elle en devient grotesque en complétant ses piques d’une familiarité pseudo affective.

Rien à argumenter avec elle sur le fond : après avoir bloqué son adresse sur Msn, je la vire de mes contacts amicaux sur Facebook. Une telle incompréhension réciproque appelle un terme à cette résurgence relationnelle. Exit, donc !

Ma dernière ruade anti-Noniste, dans ce nid d’hystériques gauchistes qui s’excitent contre tout ce qui tranche avec leur haine sarkozo-capitalisto-européenne (version 1951 et la suite…), a eu l’effet escompté. Pour eux, la démocratie représentative est illégitime lorsque le peuple a décidé par référendum, même si lesdits parlementaires ont été élus par ce même peuple postérieurement à sa décision, et en connaissant leur programme, notamment sur les institutions de l’UE.

Cet intégrisme démocratique s’illusionne sur la vertu de sa démarche. Entre eux ils peuvent croire à l’aboutissement constructif vers une autre Europe. La vérité c’est que le poids déterminant d’une conjoncture déprimante ne peut laisser émerger un consensus populaire, sauf à retenir les règles fédérales d’une consultation, et non l’addition des vingt-sept majorités. Evidemment pas à l’ordre du jour, d’autant plus que dans le panel varié des Nonistes figurent des souverainistes et des nationalistes.

L’invective ad hominem traverse nombre de ces interventions, ce qui restreint le débat, moi-même ayant un fâcheux penchant à la contre-attaque disproportionnée.

 

Samedi 21 juin

Après-midi radieuse qui laisse présager une surabondance humaine pour cette courte nuit de la musique. Artères, rues et ruelles vont se sonoriser avec plus ou moins de talent.

Petite balade en vélo ce soir, avec ma BB, pour goûter quelques ambiances. Elle a obtenu son dimanche, me quittant quatre jours pour une formation à Paris.

Sous l’épaisseur feuillue d’un marronnier, la touffeur ralentit mes élans et rend brumeuses mes intentions.

Vu l’iconoclaste Claude Alègre dans l’Esprit libre de Guillaume Durand, en promotion de son journal 2007, La Science et la vie, dans lequel il s’insurge contre quelques consensus idéologiques qui monopolisent l’attention et les efforts de la communauté internationale au détriment de plus prégnantes urgences comme l’eau et l’énergie. Au premier rang des alarmismes démesurés, le réchauffement climatique. Il ne conteste pas l’aube d’un changement climatique, mais réfute la viabilité des projections à un siècle tant des températures que du niveau des océans. La complexité des facteurs en jeu et notre relative méconnaissance de la discipline rend plus idéologiques que scientifiques ces données.

Everything’s not lost de Coldplay transporte toute mon attention argumentative vers d’oniriques contrées. Impossible résistance, le flot mélodique coule trop de source…

 

Dimanche 22 juin

Rien de bien exaltant à cette fête de la musique. L’interprétation d’un morceau d’Eagle Eye Cherry par un quintet de quinquas dans le vieux Lyon a relevé un chouia le niveau.

Au lac d’Aiguebelette avec ma BB, surpeuplé mais à l’ambiance familiale, sans kakou pour plomber l’alentour de sa navrante parade.

 

Mercredi 25 juin

Stupeur en consultant le contenu des derniers commentaires sur AgoraVox concernant mon article Unis dans la malignité : Alice la perfide s’acharne, dans un pavé haineux, contre le portrait que j’ai donné de moi.

 

Jeudi 26 juin

« Puisque AgoraVox laisse des commentaires qui n’ont strictement rien à voir avec le sujet de l’article et constitue une diffamation en règle, je vais répondre.

Tu me reproches le contenu trop positif, voire mensonger de mon profil sur AgoraVox. A-t-on jamais vu quelqu’un se présenter en mettant en avant les heurts de son existence ?

Moi, j’ai fait mieux : j’ai mis en ligne mon Journal à œillères qui n’occulte rien de mes échecs et ne m’épargne pas. Je n’ai donc pas attendu tes fielleuses leçons pour pratiquer l’autocritique.

A l’inverse, je n’ai pas lu grand-chose de toi constituant une amorce de remise en cause personnelle. De la paille et de la poutre, tu connais l’adage…

Sur la question du talent, et en l’occurrence de son absence sidérale dans mes écrits. Voilà bien une donnée qui t’obsède. Tout d’abord, pour éclairer les très rares lecteurs de tes dérives et de mes tentatives de réponses, qu’ils sachent que tu t’es emparée la première du sujet : peux-tu citer un seul passage des plus de 1500 pages manuscrites publiées sur internet où je m’adonnerais à l’autosatisfaction littéraire ? Tu peux chercher, tu ne trouveras que des doutes, des réserves, des critiques sur mes propres écrits. Là encore, je ne t’ai pas attendue.

Sache, tout de même, que ta sentence ne représente qu’une opinion et que j’ai de nombreux témoignages inverses et soutiens sans faille. Je note, d’ailleurs, l’opportunisme de ton argumentation : au début de ton intervention, ton géniteur Heïm est jugé, a contrario, comme ayant du talent, lui ; à la fin de ton texte, il n’est pas considéré comme ayant un quelconque talent d’écrivain. Autant je me fous de ton orthographe approximative, autant m’insupporte cette distorsion du jugement pourvu que cela serve l’attaque du moment.

Rien, ni personne, tant que l’intellect suivra, ne me fera abandonner l’écriture : c’est une jubilation et un besoin.

Revenons à tes critiques sur ma petite autobiographie : oui, Heïm m’a proposé ce projet. J’avais le choix de refuser, quoi que tu en penses, et j’ai assumé les conséquences jusqu’au bout, allant même jusqu’à endosser des responsabilités qui ne m’incombaient pas juridiquement, comme la prise en gérance de la Sebm que tu dirigeais, peu de temps avant son prévisible effondrement. Ne m’étant pas dérobé, ayant répondu à mes engagements, je ne vois pas pourquoi, aujourd’hui, je  devrais occulter le fait que plus de trois cents titres ont été publiés pendant que j’occupais et exerçais la fonction de gérant. Que Heïm, comme directeur de la collection que j’exploitais, ait eu une influence déterminante, je ne l’ai, là encore, jamais nié. Cela n’anéantit pas pour autant le travail éditorial assumé.

La multiplicité des tâches accomplies (et relatées dans mon Journal) suffit à vider de sens ton affirmation. Pourquoi cette tendance, chez toi, à ne retenir que le sombre, à ne pas tirer quelque enthousiasme constructif du vécu ? En l’espèce, je revendique ma position d’éditeur, de gérant de société, de codirecteur de collection, etc. Et si tu as des papiers plein tes archives, sache que j’en ai au moins autant qui prouvent la véracité de ces lignes.

Minable, ton attaque sur mon recueil de poésies. A dégoûter d’avoir répondu à ta reprise de contact. J’affirme et je jure n’avoir pas versé le moindre argent pour que ce recueil paraisse. C’est donc bien une publication à compte d’éditeur ! Je te rappelle qu’à 17 ans je n’étais plus au château d’O, et ce depuis de nombreuses années, et que j’ai fait la démarche d’envoyer mes premiers textes à Heïm, oui ! Et alors ? Tu crois que dans les vraies (selon tes obscurs critères) maisons d’édition on ne fait pas jouer les relations ? Naïveté ou aveuglement volontaire ? Tiens, tu devrais lire en la matière le journal de Madeleine Chapsal qu’on ne peut soupçonner d’appartenir à la « secte » de Heïm ! Tu nies sa qualité d’éditeur, libre à toi. Pour ma part, ce qui importe c’est l’existence objective d’un ouvrage avec un numéro ISBN.

À propos de l’Aristocratie libertaire… : tout est sujet à critique et à interprétation, y compris ce que tu n’as pas lu. Encore une fois, tu rayes d’un trait l’investissement personnel mis dans un travail accepté par Marc Dambre, professeur à Paris III, spécialiste incontesté de Roger Nimier, et sans aucun rapport avec Heïm. C’est lui qui a retenu mon sujet, et je l’ai rédigé tout seul comme un grand. L’opportunité qui m’a été donnée de le faire publier, pourquoi l’aurais-je refusée ?

Tu as un tel mépris pour ce que tu étiquettes comme des « auteurs mineurs », que c’en est risible. Quelle légitimité as-tu pour décréter qui a le statut d’auteur ou pas ? Moi, un des livres qui m’a le plus bouleversé, c’est Grand-mère est morte de François Richard. J’échangerais les œuvres complètes de Claudel ou de Proust contre cet ouvrage. Tu vois que le subjectif règne en maître, moi je ne le nie pas.

C’est vrai que tu cites Molière et Hugo… alors là, évidemment, on est kapout d’emblée. À ce propos, toi qui me conseilles la « simplicité » dans l’écriture, as-tu tenté la lecture de la poésie de l’immense Victor, des Châtiments aux Contemplations ? Heureusement qu’il est panthéonisé, sinon il serait passé sous ton impitoyable crible.

Encore une contradiction interne dans ta justification des fautes en pagaille : « cette homme nous a aussi privé d’instruction et d’école légal ». En te lisant, on peut être disposé à te croire, sauf que… le « nous » est hors de propos. Il me semble qu’il nous a incités à faire du droit : j’en ai fait jusqu’en licence, puis j’ai enchaîné avec les lettres modernes, sans en être empêché. Il y a donc bien une part de responsabilité individuelle, non ? N’est-ce pas un peu facile de se décharger de tout…

Moi, je ne renie rien de ce que j’ai été et de mes engagements passés, même si aujourd’hui, contrairement à ce que tu insinues, je suis à des années-lumière de ce monde.

Enfin, cesse un peu tes considérations sur ma supposée situation psychologique. La seule chose qui m’attriste, c’est d’avoir lu ton déchaînement. Pour le reste, je suis parfaitement heureux avec ma BB, aux anges dans cette magnifique ville de Lyon et on ne peut mieux dans ma peau ! Est-ce un style suffisamment clair et simple ?

J’espère ne plus devoir justifier les constituants de mon existence et que notre croisement malheureux, lui, s’arrêtera là. »

 

Samedi 28 juin

Finalement, AgoraVox a accédé à ma demande de suppression, deux jours plus tard et alors que ma réponse avait été publiée peu de temps avant. Cela a dû mettre Alice dans une folle rage, restreignant sa réaction au fait que mon argumentation ne soit constituée que « DE GROS MENSONGES ! », en lettres capitales, et que « la vérité fait peur ». Les administrateurs du site complices de mes abominations : à se tordre… de rire !

 

Lundi 30 juin

Le courriel de maman à Alice, après lecture de notre échange incendiaire sur AgoraVox, m’a rassuré quant à la légitimité tant de ma réaction que des arguments avancés.

A l’ombre d’érables au bord du lac de la tête d’Or, un parc presque vide par le cumul des premiers congés estivaux et du premier jour de la semaine.

Elo a terminé les épreuves pour son master 2. Je l’ai accompagnée hier en fin d’après-midi au complexe de Vaise pour découvrir le chapitre deux du Monde de Narnia. Un gentillet mélange de Potter chez les Hobbits au cœur du livre de la jungle. Divertissement sans transcendance créative.

Elle doit s’installer, à la rentrée, à Tignes avec son compagnon. Mon relationnel lyonnais aura alors atteint son plus bas niveau, un quasi néant. Pas morose pour autant, car avec ma BB l’amour affectif est plus ancré que jamais, comme une évidence de vie, avec tous ces petits instants cumulés de bonheur. Chacun semble avoir trouvé son équilibre dans cette dualité sans heurt, sans coup d’éclat, à l’aune de nos besoins respectifs.

 

Mardi 8 juillet

Première des trois nuits au gîte perdu dans un hameau loué par maman et Jean. Une partie de la soirée sur mon différend avec Alice. Les atrocités de Heïm se sont cumulées au fil des ans, au point que nous évoquions l’hypothèse d’un cadavre laissé au château de Limeray avec la disparition d’une certaine Béatrice D. Fantasme ou sinistre vérité cachée ? Me reviennent certaines déclarations de Heïm, lors de soirées avinées, faisant allusion à un possible acte meurtrier comme l’initiatique capacité à aller au bout du rapport à l’être humain.

 

Mercredi 9 juillet

Parvenus à l’unique plage aménagée du Salagou. Maman vient de me joindre : clou planté dans le pied sur le chantier de la maison ; destination les urgences de Pézenas pour une piqûre antitétanique.

Découverte de cet espace ludique, plage de pierres à l’herbe inégalement présente. Une colonie d’une trentaine de mômes et de préados vient d’accélérer le peuplement des lieux.

« L’homme qui forniquait les enfants » : voilà ce qui pourrait résumer la facette criminelle de Heïm. Que je ne renie pas mon passé ne m’interdit pas l’écoute de témoignages dont on ne voit pas l’intérêt du caractère mensonger, puisqu’ils s’abstiennent de toute stratégie judiciaire.

Il me faudra répondre ici, pour la trace nécessaire, au dernier courriel d’Alice. Avant cela, la part d’enfer vécue par l’entourage juvénile de Heïm se doit d’être consignée pour développements ultérieurs.

Béatrice, la plus âgée des enfants, très vite objet sexuel du pédophile enclin à assouvir ses fantasmes scatologiques avec elle. Réduite à l’état de boniche du château d’O, elle n’a pu bénéficier d’aucune scolarité et n’a pu espérer, une fois virée du vase clos, qu’un boulot de ménages pour survivre, vaille que vaille, encore terrorisée, à plus de quarante ans, par ce passé entre esclavage sexuel et domestique. Sa mère Maddy s’est rapprochée d’elle, hantée par la faute majeure d’avoir laissé sa fille en pâture à cet ogre de chairs fraîches.

Alice, la fille aînée de Heïm, baisée contre sa volonté – ce qui la fera passer, dans un message lancinant du violeur, comme une jeune fille frigide ! Elle aussi a été dissuadée, sous couvert d’un choix apparent laissé, de se lancer dans des études de droit. Son niveau d’expression écrite, évalué des années plus tard à celui d’un enfant de quatrième, pèsera le reste de son existence comme un douloureux handicap. Certes, elle aurait pu tenter de résister à la pression de son géniteur, voyant Hubert et moi entreprendre ces études, mais le contexte ne lui a pas permis cet affranchissement. Reconnaître son incontestable souffrance, ce n’est pas accepter d’elle toutes les critiques.

Que Heïm ait monté ses proches les uns contre les autres me semble aujourd’hui une évidence. La plus scabreuse illustration en est la tentative de tenir son futur magistrat de fils en le convainquant, un soir de plus d’alcoolisation totale, d’aller fourrer sa grande sœur. Hubert n’exaucera pas le vœu pernicieux de son salaud de père, s’effondrant dans les bras accueillants de la sœurette. L’échec du projet n’empêchera pas Heïm de déclarer à maintes reprises, notamment après le départ fracassant d’Alice, que le nouvellement nommé substitut du procureur a commis l’irréparable, le « viol de sa sœur ». Venant de celui qui n’a quasiment laissé aucun de ses enfants de sang ou confiés indemnes, cela pourrait apparaître comme cocasse si le sujet ne rendait la chose ignoble et l’individu sinistre.

L’enfant Hubert a, lui aussi, subi le pire du crado sexuel à Pontlevoy, obligé de participer aux ébats entre sa mère (aujourd’hui artiste peintre aux Etats-Unis) et l’initiateur Heïm qui poussera le vice jusqu’à faire du déjà illicite trio un quatuor zoophile avec le chien ! L’abbaye de Pontlevoy servant de cadre aux déviances dégénérées : le tableau écœure…

Karl, cher ami Karl dont je n’ai plus de nouvelle, aurait lui aussi été fourni par sa mère à la sexualité gargantuesque de Heïm. Jamais il ne s’est confié à moi, comme jamais je ne me suis épanché à lui sur ce sujet.

Pourquoi serait affabulation pour les autres ce qui, pour moi, est une vérité : non point que Heïm m’ait violé au sens strict du mot, mais une fellation réciproque couronna, alors que je n’avais pas encore douze ans, une particulière initiation au sexe avec visionnage préalable de petites séquences filmées avec quelques-unes de celles que je dénommais, par le cœur, mes mamans. Comme dirait Ardisson, « sucer est-ce tromper ? » et se faire sucer par un préado est-ce violer ? Voilà qui est inscrit, à trente-huit ans, brisant la chape de plomb que Heïm avait évidemment réclamé sur ce sujet… Dix ans tout juste après la prescription de ses crimes.

 

Jeudi 10 juillet

Ma maman s’en tire avec un petit bandage sur une partie du pied et une claudication variable. Ma BB lui a fait, hier soir, les piqûres nécessaires.

Ce matin, retour sur les terres ocre du Salagou après un détour par Bédarieux. La signalisation des directions est la faiblesse du coin : des circuits circulaires au cœur de la localité avant de parvenir à s’échapper du cirque urbain.

De retour sur cette petite plage à 11h15, maman m’informe (le message antérieur m’est signalé après que j’ai raccroché) que Paul, Liliane et Elisa, la fille de Nathalie, arrivent pour déjeuner à 13h. Séjour raccourci pour le bronzage…

Suite de la mise au jour des abus de Heïm remise à plus tard.

 

Vendredi 11 juillet

Long périple routier à subir : Vernazoubres-Le Cellier. La plus courte des trois étapes s’achève avec un brouillard épais sur la montagne d’en face. Nous ne croiserons malheureusement pas Jim et Aurélia : arrivée prévue pour samedi soir ; quelques jours dans l’Hérault.

Revenir un peu, avant le départ avec ma BB, aux terribles conséquences engendrées par les impardonnables exigences et pernicieuses suggestions de Heïm.

L’infect exploit du vieux est d’avoir obtenu la séparation de fait entre ceux qui l’entouraient, chacun ayant un type de ressentiment à son égard inconciliable avec ceux des autres. Mes brèves retrouvailles avec Hermione, puis Alice, interrompues à la première bisbille venue, le démontrent avec force. À chaque fois, une approche de la vie et des jugements incompatibles. L’affectif amplifie l’outrance : inexorable point de rupture. Ainsi, chacun dans son coin, Heïm peut finir tranquillement son existence, sans menace judiciaire qui le ravalerait à la minable série des criminels sexuels.

Alors à moi, sans concession, de rapporter, de témoigner sur ce qui peut éclairer la vérité d’être de Heïm, sans nier ses apports, ses talents, mais à des univers des panégyriques à la Franck Roc, un de ceux qui ont laissé leur enfant en gage charnel de leur allégeance.

 

Samedi 12 juillet

Vers 14h. BB et moi allons rejoindre St Denis la Chevasse pour deux jours de festoiements avec les anniversaires d’Annette et de François.

 

Dimanche 13 juillet

9h50. La (re)découverte du Journal de Léon Bloy et de sa première étape, Le mendiant ingrat, me laisse un sentiment ambivalent à rapprocher de celui que j’ai à l’égard de Heïm qui me la fait connaître.

Sa religiosité extrême, transpirante, m’éloigne de ses réflexions ; sa si peu catholique façon d’envoyer au diable ses affections, amitiés et accointances, sitôt obtenu tout le soutien financier qu’il pouvait en espérer, me gêne. Tracé de génie dans le style, fulgurances apocalyptiques, mais sangsue repoussante dans la vie. La tonalité larmoyante, sous enrobage stylistique, de courriers pour amollir la proie à pressurer, peut être vite suivie, en cas de déception avancée ou de refus persévérant, d’une cinglante réaction. Versatile opportuniste Bloy ? Pas loin de le penser… La pauvreté affichée (qui ne l’empêche pas d’avoir une bonne !) n’excuse pas tout. Ce manège, Bloy qui louvoie puis Bloy qui grogne en fonction de ce qu’il peut retirer ou de ce qu’il estime devoir évacuer de son champ de conscience, m’évoque la caricature humaine qu’a si lumineusement campée de Funès… On roucoule devant les forts et on aboie sur les faibles. Plus vicieux chez Bloy, et peu comique de surcroît : sérénade onctueuse pour celui qui peut vous nourrir ; rage expectorante contre celui qui ne verse plus ou ne versera pas.

Heïm le maudit a su jouer des circonstances, monter les uns contre les autres, faire régner une terreur sourde pour mieux contrôler son petit monde et assouvir ses appétits charnels. Je ne nie rien des apports intellectuels, d’un sens de la dérision, d’une plume sans pareille… mais je m’affranchis de tout refoulement, de toute dissimulation, de tout silence en forme d’oubli.

Merveilleuse, l’enfance châtelaine ? Le cadre oui. Pour le reste, les contrastes s’imposent. Pour une promenade partagée avec les enfants sur les chemins alentour on peut soustraire une dizaine de repas d’engueulades dans la salle à manger du château d’O. Les interminables monologues de Heïm, selon la conjoncture mesnique, se concentraient contre l’unique mis au pilori – les autres obligés d’écouter le flot ordurier, assassin – ou balayaient la tablée réglant leur compte aux présents, mais aussi, plus férocement encore, aux absents.

23h51. L’année 1892 de Bloy achevée. Brefs échos d’une très limitée effervescence lors de la parution du Salut par les juifs. La version expurgée par l’auteur lui-même limite le diarisme, donnant la part belle à la correspondance. Une bien plus elliptique approche que celle de Léautaud qui cultivait l’authentique et l’exhaustif compte rendu. Bloy met en scène ses fulgurances littéraires ; Léautaud laisse la scène à l’improvisation naturelle.

Pour Heïm, point de Journal tenu : que pourrait-il aborder sans révéler l’extrême falsification de son rapport à l’autre, tout entier dévolu à l’exploitation qui peut en être tirée.

Qu’aurait provoqué mon refus, en 1991, de prendre la responsabilité juridique de la SERU et du reste ? Une mise à l’écart certaine et toutes les humiliations attenantes. Connaissant mon peu d’enclin pour le modèle social classique, il me tenait immanquablement.

Je ne souhaite pas un instant atténuer ma responsabilité, mais je ne veux pas occulter l’amont de ma décision et ses révélatrices coulisses.

Qu’il puisse me croire, encore aujourd’hui, un tantinet bienveillant à son égard me ravit : enfin il a droit à sa dose de double langage, de manipulation et de désillusion sur l’autre. Si j’apprends que la Camarde est sur le point de le faucher, je lui révèlerai les parts manquantes, pour que le choc le désarçonne…

 

Lundi 14 juillet

Pique-nique rupestre avec la famille B dans une forêt domaniale non loin de St Denis la Chevasse.

Quiétude dans ces moments pour mieux fouiller le passé. Une relecture de mon témoignage du Journal à œillères, notamment des années 91-95, laisse apparaître un naïf, mais sincère, engagement pour mener au mieux les activités et une pressurisation déséquilibrante des finances pour subvenir aux besoins de la vie châtelaine sur l’implacable impulsion de Heïm. Cette activité a permis de payer cash la moitié du château d’Au : principal bénéfice de la dévotion de proches encore confiants dans les plans du directeur des collections. À nous les ennuis juridiques, à lui la garde sacrée du stock et de l’idée. Chez les autres, les irrégularités devenaient des crapuleries malhonnêtes ; chez lui cela s’érigeait comme légitime combat contre l’Etat républicain prévaricateur. Vieux comme le vice humain : orienter la conscience des ouailles pour ennoblir et justifier le pire.

Cette descente en règle du système heïmien, ruminée depuis une dizaine d’années (le fait déclencheur conscient en a été la trahison de sa parole dans l’optique mirifique de fiançailles programmées avec Sandre : là le visage exploiteur, centré sur son seul bien-être quitte à désespérer ceux qu’il avait encensés, m’est pleinement apparu) n’empêchera pas ma réponse affective au dernier courriel d’Alice. Contrebalancer ici, dans la mesure, est un devoir pour la dignité respective.

Alice : « Je continuerai à passer te lire en fonction de mon temps disponible et dans l’espoir que, les années passants, ta personnalité évolue. »

Voilà d’emblée ce qui me gêne dans sa façon d’aborder ceux qu’elle affirme aimer. Quand nous avons repris contact, et avant qu’elle n’adopte l’attaque ad hominem, je n’ai jamais remis en cause sa propre façon d’être, son humour et son esprit de dérision qui m’évoquaient, bien plus souvent qu’elle ne doit l’imaginer, ceux de son géniteur. Pourquoi exige-t-elle des autres ce qu’elle n’a pas atteint elle-même ? Qu’elle n’attende donc pas de mutation de mon caractère pour répondre à ses obscurs critères… Ce type d’exigence me rappelle celle de Heïm sur le genre de jeune femme qu’il exigeait pour moi. Aimer les gens pour ce qu’ils sont et pour leurs propres choix est le premier des respects.

Ai-je moi, à un seul moment depuis nos retrouvailles, critiqué sa façon de vivre, ses choix sentimentaux ? Non, jamais ! Alors débattons, échangeons, argumentons, mais laissons en paix les personnalités de chacun.

 

Alice : « (…) en effet je n’interviendrai plus, pas parce que tu me l’as demandé, mais parce qu’il ne sert à rien d’être complice de ce que je vois et lis si je ne peux le dénoncer et en apporter la preuve. »

Encore les gros mots. Je serais une sorte de collabo dont la seule lecture salirait la pure Alice. Tout est donc affaire de témoignages, de preuves, de confrontations de nos vécus.

Encore une fois, je ne remets nullement en cause les horreurs subies par l’entourage affectif de Heïm, et les pages récentes de ce Journal en sont le gage, mais il faudrait que ce respect soit réciproque. Alice et ces « autres personnes » qu’elle aime ne peuvent exiger qu’on pense tout exactement comme elles, comme des clones intellectuels : non seulement parce que c’est une absurdité en soi, mais aussi parce que cela constituerait exactement l’une des dérives qu’elles ont reprochées au système Heïm.

Voilà encore une façon d’aborder l’autre que je ne peux admettre : combien de fois Alice, à la lecture d’un de mes articles, n’a pas jugé bon de me répondre sur le fond du sujet (par exemple mon article sur Mitterrand dont elle n’a pas perçu les attaques en filigrane contre Heïm) mais s’est placée sur le plan personnel pour tenter de modeler ma façon d’être, de me présenter et d’aborder le monde à l’image de ce qu’elle espérait. N’est-ce pas exactement ce qu’elle reproche à Heïm d’avoir fait ?

Alice : « Quand je t’ai eu au téléphone, tu m’as présenté tes excuses de m’avoir menacée sous l’emprise de Heïm. Cela n’était pas utile car tu n’étais pas responsable. »

Ah la responsabilité ! Là encore tu sous-estimes ceux que tu dis aimer et surestimes l’influence de Heïm.

Je ne peux nier ma rancœur d’alors lorsqu’Alice s’en est allée avec Leborgne me laissant seul assumer les ruines en séries. À 25 ans, je me sentais parfaitement responsable de mes choix, de mes adhésions. Mes excuses portaient donc bien sur ce que je m’estimais responsable dans ce contexte tendu.

Dois-je croire, moi, qu’Alice n’était, elle, pas responsable de ce qu’elle m’a déclaré lors de cette entrevue et que j’ai rapporté à brut dans ces pages ? Là Heïm était absent. C’était une déclaration pour le moins scabreuse d’une sœur à un frère estimé comme tel, face à face sans autre témoin. Remettrait-elle en cause ma parole sur ce fait ? Si oui, cela jetterait de facto un doute sur tout ce qu’elle a pu me raconter.

Alice : « J’espère que la prochaine fois que tu me croiseras, si ça se fait un jour, là tu les feras (des excuses) pour ton comportement du moment où là tu as une part de responsabilité et où tu te comportes d’une manière odieuse et irrespectueuse (pas face à ta sœur mais face à l’être humain que je suis et en fonction de l’enfer que nous avons vécu, même si nous n’avons pas vécu les mêmes choses. Tu ne peux juger ma souffrance et celle de ceux qui se sont confiés à moi. J’estime que cela mérite un minimum de respect et de délicatesse, c’est ma façon de vivre et de penser. »

Jamais je ne présenterai la moindre excuse pour quelque chose que je n’ai pas commis. J’ai répondu à tes attaques personnelles, oui ! Jamais je n’ai jugé tes souffrances, ta façon de vivre et tes opinions… tant que ces dernières ne m’attaquent pas dans mon intégrité. Avec ce genre d’attente, nous ne sommes effectivement pas près de reprendre contact. Un beau gâchis de plus !

Alice : « Oui c’est moi qui ai pris contact avec toi (…). Mais nos relations ont mal tourné au moment où tu as insisté pour que je te lise et te donne mon avis. »

L’erreur, je l’admets, est d’avoir pensé que te demander ton avis sur mes écrits favoriserait un échange sur le fond des articles et pas sur ce que tu décelais d’infâme dans ma personnalité. Si mon objectif était de m’imaginer « Dieu le père », je n’irais pas proposer mes articles à des sites où je cumule les adversaires idéologiques. Je resterais, au contraire, bien sagement sur mon blog en éliminant tout commentaire critique !

En revanche, lorsqu’on me critique comme personne, ainsi que tu l’as fait, oui je m’estime en droit de répondre, même brusquement. On peut donc se renvoyer à l’infini les reproches… perte de temps et d’énergie. L’incompatibilité s’impose.

Alice : « (…) ta position actuelle et ta façon de me répondre ne peuvent que me révolter car ce n’est pas ce qui a été vécu. Va dans les tribunaux, ouvre les dossiers, écoute, s’ils veulent bien te parler, les acteurs de cette époque. »

Que j’ouvre les dossiers, que j’aille devant les tribunaux : voilà bien ce que j’ai fait des années durant. Je ne remets pas en cause ta vérité vécue, mais je n’admets pas cette volonté de me mettre en coupe réglée, niant ma propre perception des choses. Finalement, tu me reproches ce que tu mets toi-même en œuvre.

Alice : « (…) je me retrouve avec toi dans la même position que lorsque j’ai fui le château. Devant un personnage qui vit dans son monde et son univers et qui ne vois pas que tous sont moqueurs ou indignés dans son dos. Je t’assure, et sans méchanceté, que tu es très mal perçu et que ça nuit à l’homme charmant que, j’espère, tu es au fond. »

Voilà une révélation : d’aucuns se moqueraient de moi, seraient irrités par mes écrits ? Auprès de qui as-tu recueilli ces témoignages ? De la flopée d’extrêmes gauchistes qui peuplent AgoraVox et qui ne sont que de sombres inconnus incognito sur ce site ? Ce serait terrible que tu aies accordé la moindre importance à ces gens dont certains usent leur temps à insulter les autres sitôt qu’ils ne répondent pas à leurs critères idéologiques. Aller sur un site d’ennemis déclarés pour généraliser sur ce qu’on pense de moi, c’est pour le moins une erreur de diagnostic.

Interroge un peu d’autres personnes, qui m’apportent leur soutien, leurs encouragements, et tu pourras alors en tirer quelques principes. Ce que tu as fait, c’est comme demander aux seuls militants UMP ce qu’ils pensent de Besancenot… et d’en tirer les grandes lignes de la personnalité du trotskyste. Un peu pipé comme méthode, non ?

Alice : « (…) avant d’affirmer de fausses vérités, tu devrais prendre la peine d’écouter ceux qui ont vécu comme nous, à un moment, cet enfer, car il te manque des morceaux (…). »

J’ai vécu, tout comme toi, cette époque, et j’ai eu ma part d’enfer… je n’ai donc aucune leçon de vérité à recevoir. J’ai intégré les pièces du puzzle que tu as bien voulu me fournir, mais je ne rejette pas mes propres pièces.

 

Alice : « Tu es la deuxième personne sortie de la secte de Heïm qui a une telle réaction face à moi, l’autre c’est ma génitrice qui, elle aussi, s’est enfermée dans son petit monde, sûrement par protection et refus ou impossibilité de vivre face à la réalité du vécu avec Heïm. »

Curieux rapprochement d’avec ta génitrice que je n’ai que très peu côtoyée et qui ne doit rien partager de commun avec moi. Nous voilà tout de même réunis dans une nouvelle critique contradictoire de ta part. Me reprocher de te reprendre tout en me supposant « enfermé dans mon petit monde »… Chez qui donc se niche la condescendance en l’espèce ? Tu serais, toi, en parfaite maîtrise du monde global révélé alors que ceux qui ne partagent pas ta vision ne peuvent qu’être victimes de leur perception étriquée. Ce doit être ça qu’on nomme l’autocritique…

Sache que je ne me sens cloisonné par rien, que des myriades de sujets me passionnent et souvent dans un sens qui ferait bondir Heïm tout comme cela a pu te déplaire… Ceci dit, je te remercie de cette compassion un chouia donneuse de leçon, mais je suis, et ce depuis dix ans cette année, totalement sorti de la vie autour de Heïm. Pas pour cela que je vais devenir autre.

 

Alice : « J’aurais aimé en discuter avec toi plutôt que tu restes derrière cette façade (moi j’assume tout et ne renie rien) qui t’aide certainement à vivre mais qui est la fausse histoire, celle des livres d’école. »

Pas bien saisi pourquoi mon principe de ne rien renier serait la « fausse histoire »… Je dois vraiment n’être qu’un gentil (ou méchant, selon les moments) bourrin à tes yeux pour n’avoir droit qu’à cette suite de constats simplistes.

Ce n’est certainement pas dans les livres d’école que j’ai appris comment assumer mes engagements. Cette négation absolue du libre-arbitre, même très contraint, me gêne. Que tu te perçoives comme une marionnette intégrale de Heïm jusqu’à ton affranchissement, libre à toi, mais ne te substitue pas à la conscience de chacun. Savoir qui l’on a été, même sous une influence déterminante, c’est assumer sa part de responsabilité.

 

Alice « Je suis prête à t’expliquer pourquoi Clémence et moi n’avons jamais pu faire de droit. Je n’ai pas besoin de mentir, ce n’était absolument pas de notre faute ; c’était une grande mascarade et je veux bien là encore te donner mon témoignage. Je n’ai pas besoin de mentir et d’arranger ma vie, j’ai six ans de psy derrière moi et tout y est passé. »

Prêt à m’enrichir de ton témoignage, mais indigné du sous-entendu me concernant : je n’aurais fait « qu’arranger ma vie » et, pourquoi pas, mentir sur certaines données. Voilà le genre d’attaque qui m’insupporte. Pure médisance. Ce que j’avance sur mes activités est la stricte vérité. Que ta perception diffère n’empêchera jamais les faits de s’imposer : là, mes archives peuvent témoigner de ce que j’ai fait, quelle que soit ma dépendance de Heïm que je ne conteste pas.

Pour le reste, le témoignage affectif, l’échange de son vécu pour progresser dans la vérité, je ne peux que l’accepter, sans aucune animosité. Ne plus être lu par toi serait peut-être la seule voie saine. Eviter toute nouvelle rencontre, de près ou de loin, pour vivre chacun son univers.

 

Mardi 15 juillet

Grand bleu au Cellier : suffisamment rare pour ne pas en perdre une miette.

Fastidieuse réponse au courriel d’Alice. Cela était-il utile ? Ne devrais-je pas me contenter d’un clin d’œil affectif : critiques lues, enregistrées, mais aucune intention de suivre certains conseils. Je ne m’interdis aucun sujet, je suis prêt à entendre toute révélation favorisant ma compréhension du passé, mais je ne rognerai pas mes fondamentaux.

En en sachant un peu plus sur les crades coulisses des années 80 et 90, j’admets que mon Journal pamphlétaire [premier titre retenu] ressemble à un Journal à œillères, non point parce que je ne voulais pas savoir, mais parce que je n’avais aucun moyen de savoir, sauf à prendre au pied de la lettre ce que Heïm présentait comme de l’outrance humoristique.

La meilleure preuve de la sincérité de mon engagement en sont les multiples mots d’encouragement et dessins affectueux d’Alice qui jalonnent les premiers manuscrits du Journal. Jamais, au cours de ces années, et nous étions tous les deux majeurs et aptes à raisonner, Alice n’a laissé perler la moindre réserve tant pour le style que pour les propos. Et elle était la seule à qui je passais à lire si souvent les pages de ce témoignage d’une gestion cahoteuse. Il faut croire que ses œillères étaient au moins aussi déployées que les miennes.

Même si, aujourd’hui, elle juge trop timorées les passages contre Heïm de mon Journal à taire, elle ne peut nier la profondeur de mes divergences avec ce personnage. Ma limite, c’est la négation de tout ce que j’ai été, fait et apprécié. Devrait-on brûler tous les ouvrages de Maupassant, Gide et Céline parce qu’ils ont été respectivement malade sexuel, pédophile et antisémite ? Depuis quand le critère du goût artistique doit-il passer par le crible de l’exemplarité des artistes ? Quel triste et insipide univers culturel ce serait…

Alors voilà : prêt à nourrir ces pages des témoignages extérieurs, sans retenue, mais pas à tirer un trait sur ce que j’ai été et ce que j’ai écrit, quitte à déclencher ironies et moqueries des médiocres qui, eux, n’ont rien produit d’autre que leurs piques à très courte portée. Qu’ils s’acharnent, qu’ils poursuivent, qu’ils s’essoufflent, c’est pour moi la garantie que je suis dans le juste.

 

Jeudi 17 juillet

Malgré le caprice des cieux, journée d’hier sur la côte sauvage. Du factuel, un peu. Passage à l’Océanorium du Croisic, déjeuner sur le port avec, notamment, une succulente choucroute de la mer et son abondant beurre blanc, trop bref arrêt sur une plage de La Baule. Voilà une relation dégraissée de tout commentaire.

Samedi, nous rejoindrons l’hôtel Le Robinson, à la sortie d’Auch, niché dans un coin de bois. De là, nous pourrons découvrir les paysages, les vieilles pierres et les mets roboratifs du Gers.

Fascinante constitution du cerveau : le cortex présente un million de colonnes de neurones, sorte de mystérieuses toiles où les connexions se démultiplient. La fameuse matière blanche donne ainsi vie aux quelque dix milliards de neurones. Les dernières recherches ont démonté l’idée reçue d’une inexorable perte de neurones à partir de l’âge adulte. L’important tient avant tout à la qualité des liens intra et inter colonnes : de là peuvent surgir les fulgurances qui permettent à quelques rares êtres de changer la face de la civilisation humaine.

À côté, nos ordinateurs font encore pâle figure, même si les progrès techniques en font des machines de plus en plus puissantes.

La mère de BB ne semble pas vouloir laisser pénétrer Internet dans sa maison. Comme elle l’a imposé pour la télévision, proscrite du foyer, elle refuse l’incontrôlable média qui accueille la plus représentative palette humaine.

Je suis toujours étonné par cette rigidité intellectuelle consistant à rejeter un moyen technique d’emblée plutôt que de sélectionner ce qu’il peut nous apporter de mieux. La démarche qu’elle adopte avec la presse et la radio, elle la refuse pour la télévision et Internet… Laisser le monde évoluer sans soi, n’est-ce pas le signe premier d’un dommageable abandon ?

La lecture de La course contre la honte de Pierre Clavilier m’inspire cette réflexion sur les kamikazes islamistes et/ou palestiniens. Se donner ainsi la mort, laquelle est instantanée et n’a d’horrible dans la conscience que son évocation, revient à seulement avancer l’inexorable et naturelle échéance. Combien serait plus troublant pour la compréhension de l’esprit de ces extrémistes de la cause religieuse, s’ils se savaient condamnés aux pires souffrances et handicaps jusqu’à une mort hissée en délivrance.

 

Vendredi 18 juillet

Vers 11h. Le projet d’une dernière trempette à Saint-Michel Chef Chef est annulé au regard de l’épaisseur nuageuse. Demain, la dernière phase des vacances débute : dualité dans le Gers.

Bilan productif côté saisie du Journal à taire : achevé hier soir l’année 2007. La présente s’annonce l’une des plus généreuses en scribouillages. L’inspirante actualité et la polémique avec Alice cumulées ont nourri cette abondance.

Hier soir, nous répondons à l’invitation du gentil couple voisin qui avait remplacé Grace et Humphrey (immobilisé par l’appendicite) au déjeuner offert par les parents B au château de Funès pour leurs quarante ans de mariage. L’homme, la soixantaine, confirme sa passion pour l’œnologie : dégustation commentée d’un Cabernet rosé bien frais et de deux Coteaux du Layon de l’année. Les températures requises pour tel type de vin (du champagne millésimé au vieux Bordeaux en passant par le Bourgogne), les années de garde conseillées pour un nectar à maturité : ces univers ne présentent plus trop de secrets pour l’affable amateur. J’apprends, par exemple, que les grands Bordeaux sont aujourd’hui conçus, le plus souvent, pour atteindre leur sommet gustatif au bout de sept à huit ans, seulement. Sortir un prestigieux château bordelais 2007 en 2025 n’aurait donc plus aucun sens, et pourrait même constituer une source d’escroquerie pour ceux tentant les surenchères de prix en se calquant sur le modèle vingtiémiste.

 

Samedi 19 juillet

Auch m’emballe ! Rien à faire : la première impression donnée par une localité vaut celle produite par la vue d’un être. On accroche ou pas.

La préfecture du Gers, malgré sa très modeste taille, offre tous les atours de la ville historique avec espaces majestueux, ruelles imprégnées des siècles précédents et population conviviale, mais qui garde la distance requise.

L’employé de l’office du tourisme a très efficacement comblé nos curiosités, enchaînant les questions pour mieux sérier nos attentes et nous délivrer les documents adéquats. Un bon professionnel, tout simplement.

Premier arrêt gustatif à une brasserie-pub servant du tartare gascon : viande, tranche de foie gras et magret de canard pour un succulent trio. Là encore, accueil très agréable, dosé à la juste mesure, l’équilibre pour ne verser ni dans la froideur austère, ni dans le copinage collant.

Notre séjour s’annonce avec tous les atours d’une belle rencontre dans cette merveilleuse France aux mille visages géographiques.

Aux antipodes, le Tour de France 2008 est salopé par quelques tricheurs minables. Quasiment coupé de l’actualité depuis quinze jours, Le Monde week-end, acheté ce matin, en fait l’un des titres de la Une. L’un des espoirs du cyclisme mondial, un Espagnol de 24 ans dont il convient d’oublier le patronyme, a vu ses exploits lors d’étapes du Tour ratatinés au rang de foireuses manœuvres d’un dopé. Aucune clémence : la radiation du cyclisme professionnel doit être à vie et les amendes dissuasives. On peut soupçonner l’équipe entière de n’être pas exempte de similaires saloperies.

 

Dimanche 20 juillet, 22h37

De retour au bercail du Robinson, emplis de sons et de boustifaille.

Matinée centrée sur la découverte de la vieille ville par le biais d’un circuit conseillé. De l’escalier monumental aux quelques pousterles, les dénivelés de marches activent nos mollets. Toujours si peu de monde dans les rues : un vrai confort pour photographier les lieux sans trognes malvenues. Un bien-être qui se confirme : je me sens en phase avec l’atmosphère de cette ville.

Au détour d’une rue gardée par quelques policiers, nous tombons en pleine commémoration de la journée contre le racisme et l’antisémitisme et en hommage aux Justes de France (moins de trois mille personnes) ayant accueilli et sauvé des juifs sous le régime pétaino-nazi. Sobriété du discours du préfet (seul officiel présent, les autres – maire, président du Conseil général – se sont fait représenter) suivi de la sonnerie aux morts, de la Marseillaise et du dépôt des gerbes de chaque corps constitué.

Grand écart pour l’après-midi musicale : la dixième édition du festival Cuivro’foliz à Fleurance accueille une douzaine de fanfares : de jeunes musiciens déchaînés font très vite oublier la connotation pantouflarde qu’on pouvait avoir de ce type de groupes. Les textures varient : du jazz au rap, du métissage des genres aux improvisations collectives. Du bon enfant, un tantinet chargé d’alcool le soir. Nous nous éclipserons avant le crépuscule et le Poivrot’foliz.

Nous entrecoupons les musicales, mais bruyantes, prestations par un concert d’une heure d’un organiste plutôt doué dans la cathédrale Sainte-Marie d’Auch. Né en 1974, l’artiste a obtenu une médaille d’or dans ce domaine à dix-neuf ans ; performance remarquable pour les connaisseurs.

Pour ne pas quitter le religieux, petit détour, avant l’extinction des feux, vers Le mendiant ingrat de Bloy dont la personnalité me partage de plus en plus. Courageux engagement pour défendre le lynché Laurent Tailhade, mais exaspérante posture de quémandeur à œillères religieuses. Parfois l’envie de l’étouffer par un trop-plein d’hosties pour qu’il dégorge d’un coup cet obscurantisme, si véhément soit-il.

 

Lundi 21 juillet

18h. Nouvelle escapade-découverte : la matinée sur les pas d’Etigny, un intendant d’Auch du XVIIe siècle ayant particulièrement embelli la localité ; arrêt déjeuner léger au café-brasserie d’Artagnan (autre immense figure gasconne), puis visite de la cathédrale Sainte-Marie. Même agnostique, je reste admiratif de l’abondance artistique d’anonymes portés par la foi. La douzaine de chapelles qui jalonnent le pourtour de l’édifice religieux, comme autant de niches somptueuses dédiées à la spiritualité, rivalisent d’apparats ayant mobilisé les plus nobles arts. Quant au chœur, il se présente comme un confortable ovale délimité par un gigantesque paravent de chêne sculpté en hommage à de multiples figures mythologiques et religieuses. Encore une merveille de l’art catholique.

Pour la suite, passage dans trois villages du grand Auch dans lesquels nous semblions être les seuls touristes à fureter le bon angle, la belle vue, dans les ruelles escarpées : Montaut-les-Créneaux, Castelnau Barbarens et Pessan. Pas du transcendant esthétique, mais de relaxantes balades avec ma BB.

Retour aux saveurs culinaires pour ce soir : à vingt heures, La Table d’Oste… Le tourisme vert a décidément du bon lorsqu’il flirte avec les mets locaux.

 

Mardi 22 juillet

8h53. La réforme des institutions a donc trouvé preneur grâce à l’appoint d’une voix : pour les parlementaires socialistes aucun doute, Jack Lang le renégat en est l’incarnation.

Dépité, aux Quatre vérités sur France 2, le souverainiste Dupont-Aignan dit ne rien regretter de son vote contre : on ne perçoit pas bien ce que son vote pour aurait changé ! Commentaire nul et non avenu.

Régal, hier soir, à la Table d’Oste (ou table d’hôte) : une planche des principaux mets gascons avec une bouteille de rouge régional. Une partie de la conversation sur le nouvel éloignement d’avec Alice : ma BB me conseille de la rappeler et de l’écouter. Soit. La démarche affective pourrait dépasser le contentieux existentiel. Je n’ai d’ailleurs jamais remis en cause son terrible témoignage. Je n’éprouve pas cette haine absolue de Heïm, mais ne réprouve pas qu’elle la ressente. Voilà le point d’achoppement : qu’elle admette un ressenti autre. Pas très en mots, ce matin.

13h10. À nouveau sur la place de la Libération pour un rapide déjeuner (nos premiers sandwiches)) avant de prendre le bus 4 qui nous acheminera, grosso modo, vers notre Grande Punto, via l’hippodrome. La promenade le long du Gers, après quatre kilomètres aller sous l’astre brûlant, nous a décidés à un retour motorisé.

18h56. Le calme rural de la Baïse en kayak : activité réussie pour l’après-midi. Hormis une famille de touristes étrangers, nous ne croisons personne sur le tronçon sis entre deux barrages. L’eau paisible présente divers obstacles végétaux facilement contournables.

Sur le trajet routier pour aller au  lieu de départ des embarcations, le village Beaucaire, deux éléments pour nourrir mes charges contre certaines facettes de l’univers automobile.

Côté grotesque : un panneau jaune triangulaire alertant de la présence… d’arbres le long de la route ! Le Gers a conservé le charme de certaines départementales habillées de platanes en enfilade. Dans d’autres coins, des autorités administratives ont décidé l’éradication des majestueux arbres qui avaient la sporadique, mais criminelle, habitude de couper la trajectoire d’automobilistes sortis du tracé d’asphalte. Alors, hop ! on coupe ! Ainsi, les chauffards ronds comme des queues de pelle et les jeunots branleurs en mal de sensations fortes peuvent perpétuer leur habituelle délinquance routière.

Ici, dans le Gers, on a trouvé la voie médiane : conserver l’esthétisme, mais faire prendre conscience aux égarés et aux tarés de la route de cette imposante présence IMMOBILE ! A quand les panneaux qui alerteront les mêmes décérébrés du possible passage d’autres véhicules sur la même route qu’eux ?

Côté symbolique : une silhouette sombre en bord de route, signalant aux consciences le trépas anonyme d’une des leurs, est comme guillotinée à la moitié du torse, ajoutant à l’incarnation une seconde mort, mais privant l’objet de sa forme humanoïde. J’ose espérer que ce ne soit pas le méfait d’un conducteur enragé par ce rappel à la prudence vitale.

 

Mercredi 23 juillet

8h52. Rien à dire sur les autochtones, jusqu’à présent. Parmi les touristes qui crèchent au Robinson, en revanche, un spécimen de sans-gêne, de lourdaud m’as-tu-vu qui m’a contraint à sortir un instant de la quiétude.

Après 23 heures, le gus au portable greffé ne trouve rien de mieux (je le découvrirai en sortant l’interpeller) que de laisser la lourde de sa piaule ouverte et de déambuler dans le couloir (le système d’éclairage est basé sur la captation des mouvements) pour bien faire profiter chaque hôte de ses fadaises, inepties, insondables débilités débitées. Après trente à quarante minutes du crétin manège, j’ouvre brusquement notre porte pour lui demander combien de temps allait durer ce cirque. Là que je distingue (sans lentilles ni lunettes) qu’il crèche, très temporairement je l’espère, juste en face. Du flou de sa silhouette je retiens le branleur tout de blanc décontracté vêtu, le cheveu lissé en arrière et la tronche imbue. Trois minutes après mon intervention d’hirsute en grogne, le bellâtre fadasse a laissé les capteurs tranquilles : le sommeil a pu se substituer à l’énervement.

Trente-deux degrés à l’ombre prévus pour cet après-midi. Nous passons la journée à Condom (vagabondage dans la ville le matin, bronzage et baignade au centre de loisirs aqualudiques de la Ténarèze pour la suite) et la soirée à la ferme de la Gouardère (à Roquelaure) pour un repas champêtre avec trio de jazz. Des vacances encore, en somme !

Confirmation de notre visite à la famille paternelle samedi prochain sur leur lieu de détente dans l’Ain, au Petit Abergement, dans un gîte qui pourra nous accueillir le soir. Nous aurons ainsi cultivé le dépaysement hexagonal jusqu’au dernier jour de mes congés estivaux (ma BB ne reprendra son labeur que le vendredi suivant).

Le journal télévisé de ce matin rapporte le cas d’un nouveau décès d’enfant (une fillette de deux ans et demi) oublié dans une voiture. Un cadre d’Aréva serait le père plus que négligent. Parmi les commentaires recueillis, celui, ahurissant, d’un collègue de travail : « c’est malheureux, mais cela peut arriver à n’importe qui » ! On nivelle pour justifier le criminel comportement.

 

Jeudi 24 juillet

9h06. Un peu décevant, le repas champêtre avec trio de jazz. Un menu trop basique pour son coût, un groupe sans flamme, jouant de leur instrument comme on va au boulot, compétents mais pas transcendants, une assemblée sage, de ce fait. Tout de même, à notre table : des ch’tits pur jus pour égayer l’ambiance.

Du gris au ciel, ce matin, comme pour sonner la fin des distractions. Nous poursuivons, même sans soleil, jusqu’à la dernière miette.

Profiter du ciel bas pour mitrailler en noir et blanc les sites visités. Charme du clocher hélicoïdal de Barran : l’illusion d’un mouvement qui l’élancerait plus haut vers les cieux. Toujours le confort de lieux non surchargés en présences humaines, permettant les plus panoramiques perspectives à impressionner sur pellicule.

À Bassoues, après s’être élevés à plus de quarante mètres sur la plate-forme circulaire du donjon, nous nous restaurons sur la moyenâgeuse terrasse animée par un trio enchanteur de serveuses au souffle entraîné. Pour ces longueurs de tablées combles, elles se coordonnent avec bonne humeur dans un ballet de services improvisés au gré des attentes.

18h28. Passage à l’antre des tentations, la Maison de Gascogne à Auch, pour divers produits liquides, solides et semi… pour nous ou pour offrir. Nous finissons de nous préparer pour finir à, selon Le Routard, la meilleure table du Gers, Le Jardin des Saveurs à l’Hôtel de France. Quintessence gustative à l’horizon… avant le retour au bercail lyonnais et à notre nid (qui nous manque un peu… juste un peu !).

19h20. Au cœur d’Auch pour cette dernière soirée duale de nos vacances gersoises. Arrivée en avance pour apercevoir quelques bribes des festivités auscitaines, nous finissons au calme sur un banc de la place Salinis. Coin de quiétude avant de butiner les saveurs.

 

Dimanche 27 juillet

Non loin du Petit Abergement, dans le Jura.

Triste privilège, signe d’une maison en perdition : nous étions seuls dans la grande et haute salle du Jardin des Saveurs. Impression d’assister aux derniers soubresauts de cette table de renom dans le département, qui a vu s’installer dans ses larges fauteuils nombre de personnes de pouvoir. Bon moment avec ma BB à déguster leurs mets bien dosés. Profiter de ce bonheur en Gers et en Auch !

 

Retour à Lyon le vendredi pour retrouver quelques heures notre nid intact avant de repartir, pour un séjour exprès, visiter pôpa et les siens.

A-y-est ! Alex, qui va investir le lycée, nous dépasse tous, le long corps encore en pousse. Raph, lui, est sur le chemin, et poursuit sa brillante scolarité avec son année de Cinquième qui se profile, classe symbole pour moi puisqu’elle me faisait retrouver l’école républicaine après quelques années passées au château d’O.

Je fais découvrir à pôpa le contenu de la polémique entre Alice et moi : au-delà de la violence de l’échange, il ressent toute l’affection qui nous relie. Il a raison, mais notre approche du monde et la gestion du passé parasitent le lien.

A propos de Heïm, il me confie les doutes qu’il a eus, à l’époque de la JFPF, sur la réalité d’un alitement maladif de son créateur au moment même où il demandait à ses collaborateurs un engagement physique contre des adversaires désignés. Ce serait le comble qu’en plus du manipulateur, de l’exploiteur et de l’abuseur sexuel se greffe un pleutre aux éclats de matamore. J’ai encore du mal à le croire, mais le doute émerge.

Il faudrait avoir le témoignage des plus proches qui ont croisé sa trajectoire multi facettes au cours du demi-siècle pour espérer tracer une réalité de la part immergée du personnage.

J’avance dans la lecture du Mendiant ingrat de Bloy et je découvre les emprunts de Heïm à cet auteur. Par exemple le projet d’ouvrage qui devait se titrer Heïm ?... Connais pas ! est calquée sur l’exclamation d’Alphonse Daudet lorsqu’on lui parle de Bloy, et que celui-ci rapporte le 8 avril 1895. D’autres rapprochements m’attendent.

Sur le fond, la volonté de pèlerin de l’Absolu de se faire haïr par le maximum de gens tranche avec la première partie de la vie de Heïm, à l’affût de toutes les adorations possibles, mais semble devenir, de fait, sa condition finale par les abus de ce consommateur de pâte humaine…

23h30. Là, vraiment au bord de la reprise. Une journée administrative pour commencer en douceur ; réveil à 6h45.

Grandes nouvelles d’Elo : elle a son diplôme, elle est en voie pour décrocher un CDD à Courchevel et, surtout, elle envisage de se marier avec son Julio en juillet 2010. Encore un peu de temps devant elle pour la robe, donc, ce qui ne l’empêche pas de me soumettre quelques modèles retenus. Par ailleurs, je fais partie des possibles retenus pour être son témoin. Mon handicap : trop la connaître ce qui, vis-à-vis de l’élu de son cœur, pourrait être déplacé. Advienne ce qu’elle voudra, donc. Je suis déjà si touché qu’elle m’ait annoncé cela. En espérant surtout que cette union engendre un bonheur majoritaire (à défaut d’être total) pour l’existence d’Elo.

 

Lundi 28 juillet

Une reprise climatisée à l’accueil de Cqfd alors que l’air lyonnais est surchauffé.

 

Petit travail littéraire de ces deux derniers soirs : donner un titre à chaque année de mon Journal mise en ligne afin de l’identifier autour d’une image forte.

L’Illusoire Absolu pour 1991 pose d’emblée le hiatus total entre l’intention naïve et la réalité qui se profile. Le clin d’œil critique à Heïm, via Léon Bloy, peut se déceler.

1992, année de L’Obsession (trouvé par ma chère Elo, à qui j’ai soumis le premier jet, Sur la lancée) : réussir coûte que coûte la mission confiée, quitte à se perdre soi-même. Imparable : L’Effondrement devait qualifier la sombre année 1993 annonciatrice des liquidations en série. Au Purgatoire, en 1994 comme je le rappelle fréquemment, je tente de gérer les ruines depuis ce refuge sordide (pour mes yeux d’alors) rue Vercingétorix à Paris. Mon Alésia à moi. La Renaissance à œillères vise 1995 et mes multiples complicités littéraires (notamment avec Chapsal et Kelen) sans prendre conscience du cas Heïm et de ses intolérables manipulations qui se poursuivent dans l’impunité.

Sur les Cendres, au sortir du gâchis engendré, n’empêche pas la rencontre épistolaire avec celle que je surnomme Sandre dès 1996. La correspondance et le lien se poursuivront en 1997, d’où le choix de Persistance duale, et ce malgré les ordurières attaques verbales, toujours revendiquées comme affectives, de Heïm et de ses sbires féminines contre celle avec qui je devais me fiancer. Seul compromis trouvé : L’exil volontaire à Lyon (Grézieu puis Tassin, plus exactement) en 1998. Le prétexte de cette histoire pour m’éloigner du château d’Au ne règlera pas tous mes doutes puisque la dualité cesse l’année suivante, laissant place à L’ancrage incertain. La déprime s’intensifie en 2000 : les Soubresauts d’un inadapté résumant une humeur heurtée sans lien durable. Les Excroissances jouissives de 2001 n’atténueront rien de la perdition en route, jusqu’à la rencontre de ma BB qui apportera, enfin, la sérénité en 2002.

A l’aune de soi est l’apaisante conséquence de cette relation naissante. Vivre à sa dimension, en s’affranchissant des parasitages passés. Entre grogne et affection, en 2003, systématise une double approche du monde, A l’Orée des équilibres de 2004 qui permet d’oublier ses inconstances pour s’accrocher à la propriété immobilière. S’Unir à l’Essentiel, en 2005, couvre non seulement une philosophie de vie, mais aussi mon attachement à l’UE dans le passionné débat autour du TCE, malheureusement rejeté. 2006 s’achève bien dramatiquement avec la mort de grand-mère : Des Cyprès démesurés, ceux du cimetière de Fontès, forment le plus discret, mais intense, hommage à lui rendre.

 

Mardi 29 juillet

La touffeur nocturne liquéfie le semblant d’inspiration. Des journées à administrativer sans passion, mais en agréable et apaisante compagnie (respectivement CM et LD de Cqfd).

Samedi, projet de se retrouver au lac de Paladru pour pique-nique et ski nautique avec PP et HG, s’ils sont disponibles. À savourer immodérément.

 

Dimanche 3 août

Après la fureur et les grondements de Hulk, un coin ombragé du parc Tête d’Or pour achever la pause dominicale.

Repos nécessaire pour plusieurs muscles des cuisses après la tentative avortée de faire du ski nautique. Sur invitation de CM, LD et moi rejoignons les bords du lac de Paladru dans une petite demeure magnifiquement placée. Sa famille est l’un des vingt-quatre actionnaires du lac (l’eau, pas le sol).

Des parents charmants, un gentil mari, une sœur présente ayant un visage et des attitudes de l’épouse de Heïm (décidément, je n’en sors pas !) et CM, toujours sublime. Sa démonstration de ski nautique, elle a commencé à l’âge de cinq ans, m’époustoufle. LD, malade à l’arrivée (sans doute une intoxication alimentaire) a pu déployer sa puissance musculaire pour prolonger quelques sorties de l’eau, sans toutefois parvenir à se redresser, gardant ainsi une position couchée très inconfortable sur l’eau filante. Je n’ai pas eu ce privilège : le double ski m’a permis, au mieux, un grand écart nécessitant le lâcher du palet ; le monoski a lui engendré une douleur au genou droit. Fiasco, mais grand éclat de rire.

Après le repas partagé dans le joli petit parc, je me suis rabattu sur une vieille barque pour goûter le calme apaisant du lieu. Touchant de voir la lumineuse CM au sein de sa famille.

Imprévisible nature que la mienne : là où des réunions ne m’inspirent que le retrait ronchon, le repas d’hier m’a inspiré pour les plus vives réparties, ne manquant pas d’amuser la tablée.

 

La semaine s’annonce la plus pédagogique depuis bien des semaines avec les deux groupes Sport et les aspirants ambulanciers de retour de stage. Ce soir, passage des parents B pour une nuit chez nous après avoir pris part aux festivités d’un mariage. Calme d’août qui se profile, espérons pas trop lourd en degrés, rien donc pour déclencher des foudres. L’occasion de peaufiner la mise en forme et l’illustration des années mises en ligne, avant une ‘tite promo à la rentrée.

22h37. Un vrai salarié moyen comme un autre, qui fait sa besogne pour assurer sa vie matérielle, mais sans aucune finalité professionnelle. Ma morosité du soir signe la présence, dès demain matin, d’un FFP avec un groupe sans intérêt (la réciproque est certaine). Aucune envie de me faire apprécier, d’ailleurs. Je délivrerai mes conseils pour répondre aux exigences de leur UC3, une bonne part sera improvisée, n’ayant rien préparé, mais reprenant des bouts d’interventions antérieures.

Sur France Inter, en fond, sans doute une spéciale Jazz in Marciac. Petite pensée au Gers qui laisse de bien agréables souvenirs encore tout frais.

Le peu de vélo fait aujourd’hui a sans doute évité que je me rouille, que mes jambes se bloquent après les efforts déraisonnables d’hier.

Bref détour vers le mendiant ingrat avant l’extinction du filament.

 

Lundi 4 août, 22h11

Soljenitsyne s’est éteint, doucement, à Moscou, en contraste avec le fracas salutaire de ses œuvres. Sans doute que son nationalisme antilibéral de ces dernières années a terni l’image de l’écrivain aux yeux de l’Occident capitaliste, mais cela ne doit pas rendre secondaires des témoignages qui dépassent l’évolution personnelle de leur auteur.

Terrible, atroce année 1895 pour Bloy qui laisse quelques empreintes d’un désespoir hors norme. Un peu l’état de ceux qui, à Heaumont dans le Nord, ont  subi le vacarme et les assauts destructeurs d’une tornade focalisée. Des gens morts d’avoir simplement été chez eux au moment de la déferlante des airs. Depuis que je me trouve en position de propriétaire, je saisis plus charnellement le drame de la perte inopinée de ses biens.

 

Jeudi 7 août

7h47. Pôpa, Anna, Jim, Aurélia, Alex, Raph, ma BB et moi : au complet la tablée chez nous. Le plus jeune couple revient de trois semaines en Corse : une vraie plongée pédestre dans les beautés en altitude, en eaux transparentes, en ruelles intactes, en panoramas subjuguants. En plus de deux cents photos numériques, mon frère et sa douce nous font vivre un peu de leur séjour baroudeur.

Fin novembre, ce sera les soixante ans de notre père : il nous faudra songer à un anniversaire un peu hors norme. Peut-être, au-delà des traditionnels présents, lui écrire et lui interpréter quelque chose qui marque l’événement familial.

Tintouin autour des JO de Pékin dont la cérémonie d’ouverture est programmée pour demain. Peu d’enclin pour m’étendre sur le sujet. Un petit pronostic cependant, malgré l’enthousiasme des sportifs français : la descente française au rang des pays médaillés va se poursuivre, confirmant la marginalisation de notre pays au profit des puissances montantes.

 

Mardi 12 août, 23h30

Confirmation de la minable moisson française aux JO. Notre façon de boycotter les jeux, c’est de s’empêcher à tout prix d’atteindre le podium. Parangon du désastre, la touchante Manaudou qui a sacrifié sa potentielle suite prodigieuse de carrière sportive sur l’autel des broutilles caractérielles et des vétilles sentimentales. Le bourru Lucas, l’inflexible entraîneur, avait raison sur toute la ligne. Cela doit être d’autant plus difficile à accepter pour la nageuse en perdition.

Pendant ces dérisoires états d’âme, la Russie s’accorde une réponse disproportionnée au stupide coup de force géorgien contre les casques bleus russes basés en Ossétie du Sud. Les sales habitudes reviennent vite au pouvoir, même s’il n’est plus soviétique. Bush gronde, Sarkozy tente les bons offices et le duo Medvedev-Poutine se cabre, misant sur la mollesse d’un Conseil de sécurité paralysé par son veto. Comme au temps de la guerre froide, chacun teste l’autre pour mieux positionner ses atouts.

Semaine grise, et pas seulement sur les trois quarts du territoire français.

 

Vendredi 15 août, 23h30

Ma BB aux urgences pour sa nuit de labeur, moi sans ressort après quelques virtuelles déconvenues.

A noter, le commentaire charmant d’un anonyme à la suite de mon article Le Bonheur, en Gers et en Auch, compilation des pages du Journal consacrées à ce séjour. Il estime mon style indigeste cumulant l’atrocement compliqué, le torturé maladif et l’ennuyeux ton d’un rapport de police ! Tout et son contraire, donc. Autant attaquer sans retenue et rendre sa sentence : je serais, quel ultime statut, « littérairement incompétent » : l’anonyme le recopie une seconde fois pour être bien sûr que ça m’atteigne.

Loupé ! Non seulement je ne censure pas cette diarrhéique intervention, mais je m’en amuse profondément. A quelques signes, je soupçonne un familier, ou prétendu tel, d’être derrière ce dérisoire donneur de leçon. L’effet ne va pas le réjouir : ça m’incite à amplifier encore mes sales habitudes littéraires et à l’emmerder stellairement !

Nuit dernière, sale dérive des songes : inversion totale de ma situation tout en ayant conscience que cela ne correspondait en rien à mon enclin naturel. Me voilà durablement présent au château, juste à cette époque d’anniversaire quasiment oublié de mon conscient, et me demandant quand je pourrais m’éclipser quelques jours et sous quel prétexte. Un malaise profond dans ma situation cauchemardée qui me rappelait celui des années 96 et 97 lorsque j’ai commencé à mal supporter cette ambiance de vie. À fuir dès que l’occasion se présentait, se presser dans les pièces communes pour éviter les autres résidents, espérer le plateau-repas dans sa piaule châtelaine pour se dispenser des interminables et nauséeux repas alcoolisés où Heïm rabâchait ses monomaniaques messages jusqu’à l’inaudible.

Alors pas ces clandestines interventions sur mon blog qui vont me faire changer d’un iota ma tonalité littéraire. Témoigner et s’indigner sans frilosité textuelle. Vivre les mots et merde aux simplistes du vocabulaire.

 

Samedi 16 août

10h36. Calme, face au lac, en attendant la séance de 11h05 pour le sombre Dark Knight.

Alors qu’elle déçoit aux JO, la Russie fait son matamore sur les planches criblées de la diplomatie internationale.

Ma thèse, pour le commentaire anonyme d’hier : un missi dominici d’Alice. La formule « il est mille fois meilleur que son style » signe son attaque affective.

Quand saisira-t-elle que j’écris au fil de la plume, quasiment d’instinct, et que si ça ne vient pas, je délaisse la plume attendant un moment plus inspiré. Que cela respire l’artificiel, pourquoi pas ; son intervention s’apparente, elle, à de l’acharnement pathologique.

Vaine visée, elle n’obtiendra pas l’once d’une concession sur ce plan. Et même si, un jour, mes charges contre Heïm rejoignent ses vues, ce sera avec le même goût des mots, de la formule, du rythme incendiaire.

Si ce n’était pas elle, derrière cette piquette minable, cela me donnerait l’occasion de piétiner un nouvel adversaire dans la bonne humeur !

 

Lundi 18 août, 0h12

Cette sensation d’un temps sous-exploité, gâché à d’inutiles occupations, amplifie la sombre humeur.

Un qui densifiait son temps de vie pour produire son œuvre gigantesque, c’est Soljenitsyne. Vu l’Apostrophe de 1983 qui lui était consacré : personnage lumineux d’intelligence et ayant eu la prescience de ce qui devait se passer dans sa patrie, avec un effondrement de l’URSS insufflé par l’intérieur.

Pas une grande considération de l’espèce humaine dans son piétinement, voire son effondrement de conscience au XXe siècle.

Progresser, à l’échelle humaine, passe d’abord par le respect de la justice et, de fait, la crainte de la sanction potentielle.

Autre très forte prémonition de l’écrivain russe en exil, et à contre-courant de toute la physionomie géopolitique d’alors, celle de son retour prochain chez lui. Onze ans plus tard, il foulera la terre de ses aïeux.

Sans doute à ce genre d’indice que l’on peut certifier être en présence d’un esprit d’exception.

 

Lundi 18 août, 23h

Enième scan approfondi de mon disque dur par un logiciel dénicheur de saloperie, mais cette fois en ayant fait appel à la solidarité entre internautes. Deux minutes après avoir posté mes explications et un rapport fourni par un logiciel souvent cité sur les forums compétents, je reçois un message d’actions à faire et un autre m’invitant à installer un anti-virus bien plus efficace que les Avast et consorts. Faire confiance, en espérant la désinfection de l’ordi.

Univers fascinant des virus, Trojans etc. La métaphore médicale s’accompagne d’outils plus ou moins fiables pour éradiquer les invasions.

En attendant la fin de l’exploration, petit détour par le Journal de Bloy, année 1897.

 

Mardi 19 août, 22h47

Logique émotionnelle de la proximité. Bloy rapporte un fait divers meurtrier : l’incendie du Bazar de la Charité dont les victimes appartenaient à la classe aisée. Mobilisation nationale pour décupler l’impact du drame ; fulmination de Bloy que l’on pourrait épouser pour tellement de cas récents : « Ce qu’il y a d’affolant, de détraquant, de désespérant, ce n’est pas la catastrophe elle-même, qui est en réalité peu de chose auprès de la catastrophe arménienne, par exemple, dont nul, parmi ce beau monde, ne songeait à s’affliger. » Voilà l’imprécateur dans sa plus admirable posture et sur des réflexions tellement modernes. Vite, vite, y retourner !

 

Vendredi 22 août, 0h43

Les parents de ma BB – laquelle gère les urgences de la clinique cette nuit – sont arrivés ce soir pour un séjour lyonnais jusqu’au tout début septembre. Dans une grosse semaine, les festivités de la Caclinade formeront le point d’orgue de leur passage. Je me dois d’être un peu plus convivial pour ne pas leur apparaître comme un bourru inaccessible.

Les JO de Pékin vont s’achever bien médiocrement pour la France, comme je l’avais pressenti. Une nation comme la Jamaïque vient même de nous dépasser par son cumul de médailles d’or en athlétisme. La plupart des espoirs ont déçu ou n’ont pas rempli leurs ambitieux objectifs : c’est à des inconnus du public que les plus belles prouesses sont à attribuer. Les prochains à devoir subir une nouvelle pression en vue des JO de Londres, en 2012.

Au travail, dégradation des rapports entre l’une des têtes dirigeantes, au statut brumeux, et les salariés permanents de Cqfd. Irascible, cyclothymique, sans doute rongé par une déprime latente, il ne peut agir sans gueuler et critiquer ce qu’il estime être l’incompétence alentour. Ses gourdes et erreurs sont pourtant au moins aussi nombreuses, mais l’autocritique se fait (du moins espérons-le) dans le secret de sa conscience, sans personne pour lui asséner les mêmes éclats sonores. Un sujet clinique à suivre, en espérant que cela n’affecte pas la pérennité des activités de cette société nourricière, pour moi.

 

Mercredi 27 août, 22h51

Qu’une personnalité politique de la stature de Gorbatchev s’inquiète du risque de « cataclysme mondial » suite à la reconnaissance, par la Russie poutino-medvedevienne, de deux bouts du territoire géorgien, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, qui ont proclamé leur indépendance, laisse soucieux, pour le moins.

Il y a quelques années, je confiais ici mes craintes d’un surgissement, sans qu’on s’y attende, tout focalisés que nous sommes sur la lutte antiterroriste, d’un coup de force étatique selon la bonne vieille méthode de la revendication territoriale suivie d’intimidations à l’adresse de la communauté internationale. Réaction de celle-ci à l’aune de son inefficacité consubstantielle : du virulent verbeux, mais aucune sanction concrète.

 

Dimanche 31 août

Un peu pâteux après la journée Caclinade à Saint-Vulbas. Une centaine de convives de midi à quatre heures du matin pour les plus noctambules. Je n’ai pu échapper à un final grognon, en retrait, où ne comptait plus que le rejet et l’ignorance du contexte. Rien à tirer de mon sale caractère : je me suis alors isolé pour une marche purgative.

 

Mercredi 3 septembre

23h21. Kahn a raison : nous reprochons à la Russie ce que nous avons entériné et soutenu avec le Kosovo. Cette tendance à l’émiettement de territoires, au nom de revendications ethniques, peut très vite dégénérer et engendrer des radicalisations en chaîne.

Nous voilà donc revenu aux tensions traditionnelles avec succession de déclarations jusqu’aux boutistes et d’hypocrisies diplomatiques. Côté Russe, une propension à hausser le ton pour marquer sa condescendance de grande puissance figurée. Côté Union européenne, l’absence d’unité de position, sauf pour les évidences et les portes ouvertes. Les ronds de jambe européens répondent bien timidement aux claquements militaires des semelles russes. L’œil rivé sur nos approvisionnements énergétiques, nous ondoyons nos mises en garde pour ne pas braquer trop brusquement l’immense voisin.

Pour s’évader de ces miasmes internationaux, revenons vers la musique : ce soir, vu un documentaire revigorant, Happy birthday Jazz in Marciac. Demain soir, Coldplay sur scène…

 

Vendredi 5 septembre, 1h42 du mat.

Fourbu, les gambettes à plat, mais toujours imprégné des ondes sonores du quatuor anglais. Il a fallu passer sur les conditions étouffantes, surchargées, aux têtes et hauts corps entravant le regard, mais le rendu des artistes en valait très largement la peine.

Chris Martin s’essaye à quelques mots en français et dévoile ses goûts de pianiste pour, entre deux morceaux, jouer quelques notes de… Satie ! Incroyable ! Mon préféré, et de loin, en musique classique interprété par le meneur de Coldplay.

Le point fort de leur show : avoir su allier la profusion technologique en sons et lumières, en projections et effets divers, avec des instants intimistes mêlant piano et voix, gratte et harmonica… Une palette complète sans fausse note.

 

Samedi 6 septembre, 0h18

Je vais devoir me remettre à flot d’actualité, au plus tard pour le 15 septembre, vraie rentrée pédagogique pour moi, plus prégnante encore le 22 avec le début des préparations aux concours de SPP 2ème classe, lieutenant et de divers métiers dans la sécurité.

Ai retenu de cette fin d’été les traditionnelles universités politiques qui tentent de marquer leur territoire respectif. Le PS patauge encore puisque aucun leader incontournable n’émerge et que la foire aux combinaisons, alliances d’antichambres, aux évolutions de circonstance, est plus riche que jamais. Vraiment l’impression, comme le théorise le prolixe Christophe Barbier, que les socialistes français veulent consolider leur parti d’élus locaux alors que la voie nationale les démobilise ou, plus subtilement, développe leur capacité d’auto-neutralisation.

9h34. Oublié de noter qu’au JT de TF1  du vendredi soir des images du camping de Fontès ainsi que des vignes alentour en charpie ont illustré le sujet sur des orages violents survenus dans l’Hérault. Je m’inquiète pour la maison en construction de maman et Jean ainsi que pour les vignes de l’oncle Paul. Si pour ces dernières mes craintes se confirment, la maison rue de la République, où résidaient mes chers grands-parents, présente quelques dégâts : véranda du premier étage envolée, vitres cassées, pour ce que l’on sait… L’atelier de Liliane et Paul jouxtaient la véranda : j’espère qu’aucune de leurs œuvres n’a subi de dommages. Affective pensée pour eux deux.

 

Dimanche 7 septembre, 23h18

La dernière semaine à caractère administratif s’amorce pour moi. Le pédagogique reprendra sa charge pleine pour de longs mois. Il était donc temps, pour être encore disponible, d’avoir quelques entrevues amicales. Le cas dès lundi soir avec un passage à Lyon de Sonia, pas vue depuis au moins deux ans. Je l’accueille pour la soirée et la nuit, et elle s’en retourne le lendemain à Big Lutèce après avoir eu son audience. Grand plaisir de revoir cette amie connue à la Sorbonne, même s’il ne semble pas y avoir eu de changement positif dans son existence.

Au contraire, la vie d’Elo, que je dois voir mercredi matin pour une balade improvisée, s’élance vers un bouleversement total : un changement de département, une quotidienneté sentimentale et un horizon professionnel à préciser.

Eu un tout petit courriel de Shue répondant à mon mot d’affection : elle semble bien aller. Les années vont passer sans que l’on puisse retrouver cette proximité complice. Quoique l’amitié puisse perdurer malgré l’éloignement, elle se maintient plutôt comme une position de principe sans plus les atours humains attenants. Combien de personnalités perdues de vue et que j’aurais aimé garder à portée d’affection. Finalement, un peu comme si elles étaient décédées. L’absence s’équivaut puisque je ne sais plus ce qu’elles vivent.

Et puis les réamorçages qui font flop ! Exemplaire, celui avec Cécile M. Une entrevue à Lyon qui a finalement eu lieu, mais depuis plus rien. Pire même : une volonté de ne plus reprendre le lien de mon blog principal sur son site refondu. Sa volonté propre ou celle de son concepteur internet qui est peut-être son mari. J’ai donc aussi procédé à un nettoyage en règle. Rien à s’apporter, sans doute. Laisser glisser et ignorer, jusqu’à oublier.

Alors qu’à gauche les têtes socialistes s’étripent, qu’à droite l’UMP suit les consignes de son président de chef, Bayrou s’acharne à la voie insoumise, inclassable, presque iconoclaste ! L’opportuniste Hervé Morin, qui l’a trahi pour se proposer comme ministre, tente aujourd’hui de se distinguer de la masse gouvernementale par une grogne mesurée contre le système de fichage et de renseignements Edvige. Un procédé qui, sur le principe, existait déjà de fait. Encore une magistrale hypocrisie qui va faire s’agiter les oppositions tous azimuts.

 

Mercredi 10 septembre, 0h37

Une perception quasi léthargique du monde. J’ai beau me forcer, l’actualité ne provoque plus ni colère ni enthousiasme. Comme une banale morosité… jusqu’au refroidissement final. La sinistre, même drolatique, épopée des Bronzées résume les facettes écœurantes de l’humanité.

16h, bord du Rhône. Dans une heure, petite entrevue gourmande d’Elo chez Nardone. Son départ de Lyon rendra ces moments plus exceptionnels, en espérant ne pas la perdre de vue.

A la veille des sept ans du 11 Septembre, constat de la dégradation des conditions de lutte contre les talibans. Les récentes pertes françaises (dix soldats tués et quelques dizaines blessés dans une embuscade) laissent présager un tribut bien plus conséquent de la France dans l’engagement anti-Al Qaida, à déduire du choix politique d’un renforcement des troupes présentes. Les Occidentaux connaîtront-ils la même humiliante défaite finale que celle des soviétiques dans ces contrées idéales pour la guérilla ?

Beaucoup plus passionnant, le lancement aujourd’hui du LHC (Large Hadron Collider) : l’étude de collisions à la puissance astronomique dans l’infiniment petit pourrait ouvrir quelques portes de connaissances et de compréhension pour l’antimatière, les bosons de Higgs, l’énergie sombre et les particules primordiales. La métaphore d’un physicien pour expliquer le colossal objectif en matière d’énormité et de concentration de l’énergie obtenue : l’équivalent de celle d’un groupe de quatorze moustiques dans un espace « mille milliards de fois plus petit qu’un diptère ». Cette quête des premiers instants de l’univers fascine et devrait éloigner un peu plus des arriérations religieuses, même si certains ont surnommé le boson la « particule divine ».

 

Mercredi 17 septembre

Ambiance de fin d’un cycle économique. Ce que j’avais pressenti dans Coup de pouce… dans l’cul en janvier dernier se confirme un peu plus chaque jour. La réalité de la dégringolade du capitalisme financier atteint une telle gravité qu’elle oblige l’Etat américain à un interventionnisme de type socialiste inégalé par sa proportion.

Si la banque financière Lehman Brothers n’a pas été aidée par la Fed, cette dernière vient de lâcher 85 milliards de dollars pour sauver l’assureur AIG.

Dans cet univers de la rumeur, du panurgisme et de l’opportunisme, chaque entité financière va tenter de sauver sa peau, quitte à sacrifier ceux d’en face…

Ce système de financement anonyme et de marchandisation des créances a atteint son point de rupture. Rien de sain n’en ressort.

Entre les résurgences nationalistes, les coups de boutoir terroristes et la déliquescence du système financier, l’histoire dramatique de l’humanité ne s’est jamais si bien portée.

En France, les officiels, et notamment Madame Coué-Lagarde en charge de l’économie, minimisent l’impact en France de la crise mondiale. La leçon de Tchernobyl n’a pas suffi. Laissons venir la vague destructrice mais, en attendant, restons la tête dans le sable.

 

Jeudi 18 septembre, 22h46

Saloperie d’anonymat ! En économie aussi il faudrait éradiquer cette déviance qui favorise les plus absurdes abus.

Se plonger dans la période florissante qui a préparé le lit du chaos, qui se dessine aujourd’hui, ne peut qu’édifier : des milliers de structures financières accordant à tout va du crédit, ne se préoccupant pas de la capacité réelle, et à long terme, des ménages emprunteurs à rembourser, puisque l’objectif premier de l’organisme prêteur était de se séparer de la créance par la titrisation. Dématérialisées, sans identité, ces créances mutées en obligations ont pu ainsi infecter l’ensemble du réseau financier.

 

Mercredi 24 septembre, 22h18

La charge de travail alimentaire a repris sa place avec sa nécessaire plongée dans l’actualité.

Amusant paradoxe : parmi les aspirants Lieutenants SPP, qui relèvent de la fonction publique territoriale, une jeune femme avoue son regret qu’il n’y ait pas eu de révolte généralisée, comme un certain Mai 68. Pas la première qui me tient ce discours, avec des motivations à l’inverse du « changer la vie » de nos aînés. En 2008, la source des ires tient dans la baisse claironnée du pouvoir d’achat. Comme si une grève générale en France pouvait avoir une quelconque influence sur les prix de vente. Foutaise de matérialistes obsédés par leur capacité à consommer ! Minable et irréaliste.

 

Lundi 29 septembre, 22h20

L’alliance des contraires a permis le rejet du plan d’Henry Paulson, le secrétaire au Trésor américain. Entre les jusqu’aux boutistes du libéralisme qui prônent la purge naturelle du marché financier et les dénonciateurs d’un choix qui vise à sauver les possédants sans se préoccuper des expulsés de l’immobilier, la majorité de rejet a été atteinte.

Les analystes n’envisageaient pas l’hypothèse d’un tel refus. Si jeudi un nouveau vote n’entérine pas la stratégie Paulson, la ronde déliquescente s’engagera dans un tourbillon destructeur de richesses.

Pourrait-il y avoir conjonction des chaos entre l’implosion du système financier et des attaques hyper terroristes ou étatiques ? Espérons que non… Que la barbarie soit limitée. La récession est déjà là, avec son cortège de sacrifiés.

 

Jeudi 2 octobre, 23h16

Yves Calvi ne parvient plus à lâcher ce sujet majeur : deuxième soir de suite consacré à la crise financière mondiale, en devenir pour être une crise économique profonde. Les tronches policées d’économistes en vue et d’analystes financiers, qui se succèdent sur son plateau, doivent exaspérer nombre de téléspectateurs. Les vomisseurs du capitalisme ne tolèrent plus qu’on puisse raisonner sur les événements, sitôt qu’on ne se déclare pas préalablement adversaire irréductible du système en folie. L’intégrisme idéologique des revanchards ne laisse rien augurer de réjouissant comme éventuel substitut à notre fonctionnement économique.

 

Dimanche 5 octobre, 11h30

A la veille de mes 39 ans ! Rien de joyeux ne se profile côté monde ? La douceur de vivre avec ma BB compense largement.

S’amuser un peu, tout de même, notamment par quelques rapprochements de faits qui révèlent le cynisme de certains potentats financiers et les contradictions dans la perception du quidam sans pouvoir.

Depuis quelques jours, un spot publicitaire fait se succéder une série d’images consensuelles avec un texte alarmiste, prononcé par l’icône Zidane, qui dénonce les dérives de l’humanité. A la fin de la séquence, seulement, on comprend pourquoi cela figure dans la promotion commerciale. La société d’assurance Generali vante ainsi la pratique éthique de son métier.

Que cela ajoute un peu plus à la fortune de l’ex footballeur, aucune importance. Le hic se situe plutôt dans les déclarations passées du PDG de cet assureur : éloge de la pratique financière sans bride, sans règle… La cause même des désastres en marche pour l’économie mondiale. D’un côté, un assureur qui n’hésite pas à pratiquer le grand écart idéologique, entre les convictions et l’image à donner au grand public ; de l’autre une idole pleine aux as qui n’hésite pas à associer sa voix à ce trompe l’œil comique tant il est indécent.

Ma liberté d’écriture, c’est d’essayer de n’être dupe de rien : ni d’un Besancenot qui se torche avec le pouvoir judiciaire et affiche sa complaisance à l’égard d’un sinistre criminel, ni de pratiques écœurantes chez ceux-là même qui nous conduisent, peut-être, vers d’éprouvants moments socio-économiques.

 

Mardi 7 octobre

Appel de pôpa en début de soirée pour me fêter mes 39 ans, après l’envoi d’un texto hier peu avant minuit.

Première victime, dans mon entourage affectif, de la crise économico financière. A bientôt 60 ans, il doit subir l’incertitude d’une société placée en redressement judiciaire alors que ses principaux clients (pour cette imprimerie) figurent parmi les plus fortes baisses du CAC 40. Leurs premières mesures d’économie seront prises dans ce secteur utile, mais pas indispensable. Si la liquidation était prononcée, il devrait patienter deux ans avec une médiocre prise en charge avant sa retraite pleine et entière. A suivre donc, en espérant le meilleur pour lui.

En faisant abstraction du volet personnel, cette crise permet l’observation passionnante de comportements collectifs. Confirmation de ma défiance de ces agitations panurgiennes qui mettent en péril l’économie réelle.

Parmi la flopée d’économistes invités depuis deux semaines par Yves Calvi, l’un développe ce soir une analyse à rebours qui dédouane presque la tétanie financière. Un brin sophiste, il estime que les baisses en cascade ne sont que le réajustement naturel de la bulle boursière face à une conjoncture préalablement très dégradée.

Combien cela devient alors facile d’expliquer, voire de justifier, l’attitude des banques qui se soupçonnent réciproquement du pire, tout comme des masses d’opérateurs qui n’obéissent qu’aux rumeurs et ne sont obsédés que par la récupération de leur mise, avec une ‘tite culbute en plus, si possible. Pour cela, suivre le mouvement… délétère.

 

Mercredi 8 octobre, 23h55

L’emballement du système semble ne faire aucun cas des initiatives politiques nationales, comme de la si attendue décision de la BCE qui vient de baisser son taux directeur d’un demi-point. De quoi rassurer les marchés… une petite demi-heure.

Chez Calvi, le ton de certains habitués, l’économiste Cohen et le directeur de l’Express Barbier, frise avec l’alarmisme et le catastrophisme sans fard. Le premier s’emporte sur des confusions de sens et considère que la force majeure doit diriger la conduite politique, quitte à s’asseoir sur les engagements budgétaires ; le second pose l’hypothèse d’une dégradation accentuée de l’économie qui aboutisse à une déflagration sociale… une révolution incontrôlable.

Chaque intervenant sur les médias tente d’atténuer la panique, mais ne peut occulter la gravité de la dépression qui s’annonce… Et dire que le terme récession avait été utilisé, dans les années trente, pour éviter de qualifier cela de dépression économique, tant la connotation avec un psychisme en perdition pouvait effrayer. Du vocable inculpé à l’euphémisme mis en examen, de la dépression à la récession : pas les mots qui comptent, mais la perception du contenu.

À minuit passé les marchés européens roupillent avant le bal de neuf heures… Bientôt quelques cadavres à ajouter au tableau du chaos.

 

Jeudi 9 octobre, 23h04

Chacun s’excite sur les délires boursiers en cours, attendant le souffle délétère comme une inexorable fatalité. L’irrationalité des comportements des opérateurs prend une telle ampleur qu’un responsable de ces salles de jeux financiers a évoqué, ce soir sur TF1, le caractère « psychiatrique » de l’attitude de traders en perdition.

Interner les hystériques de la finance pour soulager le monde : un programme de salut mondial ? L’exploitation par d’extrémistes idéologues ne tarderait pas. A la déshérence économique s’ajouterait la violence revancharde de pseudos révolutionnaires.

Le nationalisme social que j’évoquais dès 2005 à propos de ceux qui ont rejeté la constitution européenne sans pouvoir rien  y substituer depuis, va s’affirmer les semaines et les mois passants, si la crise s’approfondit. Plus rien n’empêchera alors les tensions géopolitiques de déstabiliser un peu plus nos contrées. Premier signe ? La Grande Bretagne demande des comptes à l’Islande, au bord de la faillite, après que celle-ci ait gelé des dépôts britanniques situés chez elle. Le dépôt de plainte anglais n’a pas tardé. Première phase qui devrait laisser place à de plus expéditives réactions, à défaut d’une prise de conscience de l’univers miasmatique de la finance.

 

Samedi 11 octobre

L’hommage à Brel m’a fait renouer avec la part littéraire de l’écriture, l’élan lyrique qui puise là où le conduit l’impératif d’exprimer.

Passé sur AgoraVox hier : l’article en vedette recueillait 98 %  de votes positifs (avant, j’avais difficilement atteint, une fois, les 60 %). Objet du consensus : remettre en cause la réalité d’une crise financière, expression d’un conditionnement médiatique. Croire à sa lucidité sur toutes les manipulations qui nous cerneraient, comme autant de saloperies des détenteurs des pouvoirs, a de quoi faire exulter l’obscur lecteur empêtré dans ses filaments d’existence.

Faux anti-conformisme qui tape dans le sens de la grogne commune, facile rébellion de fauteuil où l’anonymat permet tous les excès non assumés, jetés à l’assemblée friande de gueulantes par procuration.

La question des médias tient du paradoxe : les mêmes qui, aujourd’hui, suspectent les refrains médiatiques de résulter d’une fumeuse conspiration des puissants (comme si leurs intérêts allaient dans le même sens et qu’une action concertée impliquait les grands médias), auraient hurlé, trente ans plus tôt, à la sous-information, aux secrets cultivés, à l’indigne dissimulation de faits dramatiques. Finalement, en ligne de mire, toujours l’idée qu’on nous cache quelque chose, mais au silence radio stigmatisé s’est substitué le brouhaha accusé de détourner l’attention, tel un leurre de réalité.

Evidemment, le plein aux as a tous les torts et le petit porteur doit être plaint. Rapprocher les comportements pour cesser les anathèmes incohérents. Pourquoi ne pas voir dans la démarche du trader confirmé, de l’amateur boursicoteur comme du joueur de Loto la même tendance qui pousse à s’en remettre à d’irrationnelles données ou intuitions ? Le culte de la rumeur pour tout indicateur doit-il être descendu si l’on ne décrie pas cette obsession du retour immodéré sur modeste investissement, le fondement même qui capte l’accoutumance des modestes à ce jeu de hasard ? Confiez quelque fortune à ces cohortes de joueurs de la classe moyenne, et vous multiplierez l’activité des bourses, pour une chute encore plus abyssale…

 

Lundi 13 octobre

La démonstration d’unité de l’Eurogroup a rassuré les bourses du continent mais a amplifié les gueulantes, souvent simplistes, d’anonymes commentateurs sur le Net. Les confusions facilitent toutes les rages revanchardes.

Si l’on peut s’étonner du gigantisme des garanties apportées potentiellement aux prêts interbancaires, on ne doit pas les comparer à des dépenses d’investissement pour juger ces dernières d’un montant ridicule. La garantie relève, par définition, d’une capacité et pas d’une dépense effective.

Les dénonciateurs préféreraient peut-être qu’on laisse faire pour que le coût d’un effondrement financier total soit décuplé avec le retour d’une loi de la jungle pour une survie improvisée. Programme enthousiasmant.

L’un des lecteurs du Monde sur Internet reproche à ce plan d’être une générosité à fonds perdus sans que l’Etat se donne les moyens d’influer sur la stratégie. C’est tout le contraire qui est instauré. Toute garantie de l’Etat est conditionnée par la signature d’une convention qui imposera le contrôle de la puissance publique, notamment sur la stratégie de l’établissement financier.

Ignorance ou mauvaise foi du correspondant ? Cela profite à ceux qui réclament, comme électrochoc assuré, l’arrêt des bourses pour une remise à plat du système. Tout à fait réaliste : geler, on ne sait par le fait de quelle autorité (Dieu le Père, sans doute…) toute l’activité financière mondiale sans anticiper une quelconque conséquence dramatique ; donner un blanc-seing aux Etats, y compris aux trois-quarts fondés sur la répression de leur peuple, pour se substituer aux opérateurs privés. Comme si la vertu du tout-Etat devait naturellement se déduire des malfaisances opérées dans la sphère privée.

Un économiste, invité chez Calvi, expliquait ce soir que la pratique des subprimes avait été initiée par une décision politique (faire des Etats-Unis de propriétaires…) et non par des organismes privés.

Si les USA, pays démocratique, versent dans une telle inconséquence idéologique, imaginons de quoi seront capables les Etats liberticides. Même pas besoin d’imaginer, l’histoire nous fournit des cas exemplaires. Songeons, par exemple, à cet Etat qui a réquisitionné toute la production agricole (splendide nationalisation de fait) pour l’exporter et ainsi se payer une magistrale force de frappe contre l’Ouest menaçant. Quelques millions de morts par famine doivent être ajoutés au coût de cette étatisation.

Les appels à la mise à bas du système ne sont complétés par aucun descriptif précis de celui qui devrait le remplacer. L’Etat sera là, et cela semble remplacer toute argumentation. Cela entretient les fantasmes idéologiques jusqu’à la prochaine catastrophe due à d’écœurants comportements.

 

Jeudi 16 octobre

Le gras plein d’oseille, spéculateur financier sur les marchés financiers, a dû provoquer urticaire et nausée chez ceux qui vomissent le système.

Sans une once de retenue, l’anglo-saxon explique avoir gagné trois cent mille euros dans la matinée par quelques clics inspirés sur son ordinateur. Un jeu complexe maîtrisé à la perfection par le bougre, et qui laisse dubitatif sur la portée des règles internationales qui sortiraient d’une conférence internationale pour la refondation du capitalisme. L’intitulé lui-même respire l’effet d’annonce à contenu inapplicable.

Le spéculateur, aussi détendu que peuvent être stressés les traders en déroute, n’hésite pas à confier aux journalistes de TF1 les dérives repérées dans les subprimes sans, à aucun moment, remettre en cause sa propre activité.

« Etonnant, non ? » lancerait un certain Monsieur Cyclopède.

 

Dimanche 19 octobre

Week-end estival, mais charge du labeur alimentaire. A Cqfd, retour de groupes exécrables, notamment un lot de branques se destinant à l’activité d’ASH ou de brancardier. Allergique à certains stagiaires que le système s’acharne à aider.

Petite promenade à vélo avec ma BB pour aboutir à la cité internationale. En visée : la séance de 15h50 du Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caune. Un documentaire diffusé la semaine passée synthétise la trajectoire tourmentée de l’amuseur irrévérencieux. L’un de ses pires moments : l’émission Droit de réponse qui lui était consacrée non pour un hommage, mais pour se colleter à des adversaires de toujours ou des détracteurs d’un jour. Coups dans la tronche et le cœur qui s’assimileront difficilement. Cela se produisait quelques mois/années après sa candidature avortée aux présidentielles de 1981 qu’aborde justement le film cité.

Retour aux grandes peurs entretenues de l’actualité via quelques articles du Monde imprimés.

 

Lundi 20 octobre, 22h30

Ce matin, sœur Emmanuelle s’est endormie pour une quiétude éternelle avant d’atteindre le siècle d’âge. Poivre d’Arvor voulait faire sa rentrée sur France 5 en sa pétillante (bien que physiquement affaiblie) compagnie, il devra se contenter d’une émission en forme d’hommage posthume.

Chacun se prend à croire à l’électrochoc Obama, prochain président des Etats-Unis. Même McCain envisage la défaite. Les débats entre les deux hommes, notamment le dernier, laissaient l’impression d’un candidat républicain focalisé sur l’offensive presque hargneuse, alors que le démocrate s’exerçait déjà à la stature présidentielle. Si l’élection consacre l’Afro-américain, la leçon de modernité devra nous faire réfléchir sur nos considérables retards dans ce domaine. En espérant que le destin du jeune Président ne soit pas écourté par quelque déjanté isolé ou quelque conspiration soignée.

La série Empreintes ouvrait son dernier numéro à Poivre d’Arvor : découverte de son intérieur décoré par des milliers d’ouvrages soigneusement rangés. Esthétisme et chaleur des lieux…

 

Mardi 21 octobre, 22h43

Le choc des destins comme programme sur France 2. Je viens de regarder le téléfilm sur la tragique trajectoire de Guy Moquet, communiste de dix-sept ans inspiré par la Résistance et fusillé avec d’autres pour l’exemple. Doit suivre un hommage à sœur Emmanuelle engagée corps et âme pour les autres avant de tranquillement s’éteindre au bord du siècle nouveau.

Beaucoup moins de panache dans l’intervention du Premier ministre luxembourgeois, celui que d’aucuns voyaient comme possible premier président de l’UE. Juncker vient de carboniser son éventuelle légitimité à ce poste futur, si le fonctionnement institutionnel change un jour.

Sa défense de l’opacité financière de son bout de territoire confine à l’indécence technocratique en ces temps de chaos boursier. Sans doute qu’il peut se permettre la condescendance offusquée puisque l’argent sale, accueilli dans les officines bancaires, dispensera le Luxembourg de toute perdition à l’Islandaise.

Il n’empêche. La France doit-elle perpétuer cette complaisance à l’égard de ses petits voisins (Suisse, Monaco, Luxembourg) ou doit-elle exiger un coup d’arrêt du secret bancaire comme principe, sous peine de rompre tous les accords bilatéraux.

J’apprends ce soir que France 2 vient de se coucher devant le premier ministre du Grand Duché : des excuses pour ménager le courroux du dignitaire… Minable.

 

Vendredi 24 octobre

Du parc automnal.

Après avoir trouvé le profil d’Adèle C sur Facebook, petit signe affectif envoyé quelques semaines plus tôt. Elle me répond gentiment, m’adressant les salutations de ses parents. Elle m’informe avoir vu Sally récemment. Le suivi a lieu de ce côté, ce qui pourrait expliquer le peu d’effusions dans ces retrouvailles. Le temps a fait son œuvre, et mon peu d’enclin à maintenir ce qui doit se déliter a parachevé les quelques résurgences. Lyon en dualité, avec quelques arrêts familiaux, de plus rares détours amicaux, sans plus.

L’alimentaire occupationnel a mobilisé ces dernières semaines qui se succèdent comme autant de non événements personnels. En suspens, pour la douceur de vivre sans aspérité enthousiasmante ou minante, dans l’attente de… la fin, sans doute.

Le spectacle de sphères en débâcle finit d’occuper le temps imparti. A quoi rime de se passionner pour l’actualité du monde dès lors qu’aucun soupçon de pouvoir ne vous revient par choix du retrait de ce même monde ? Un faux-semblant pour s’imaginer impliqué ou seulement affecté par les événements d’un jour, d’une semaine, d’un mois, d’une année ? Se conforter dans une défiance vis-à-vis d’êtres dont l’obsession capitale est d’amasser et de paraître ? Ce serait trop facile et hypocrite de s’estimer en dehors des vices dénoncés.

L’étendue verte, face à moi, remet à distance le cirque sur ondes…

 

Dimanche 26 octobre

Vu l’enregistrement de Matrix ce matin. Une version informatique du gnosticisme avec le postulat indémontrable : tout ce qui nous entoure, tout ce qui fait notre conscience au monde est une réalité.

La frêle trajectoire qui nous occupe parasite l’essentiel de nos tentatives de sortir de soi. La pesanteur n’est pas qu’une loi physique, c’est la condition de nos pensées. L’embrumement nous maintient dans nos sphères approximatives et rassurantes.

 

Vendredi 31 octobre, 23h54

La face des Etats-Unis va-t-elle se transmuer au regard du monde grâce au nouvel occupant de la Maison blanche ? L’antiaméricanisme primaire deviendra alors ringard d’un coup, nous renvoyant à nos propres carences.

Autre parallèle hasardeux : l’Etat va tirer les oreilles aux banques qui ne prêtent pas aux ménages et aux entreprises. Cette incitation forcée rappelle la démarche de l’Etat fédéral américain qui voulait faire de ses modestes citoyens, y compris ceux manifestement insolvables, des propriétaires.

Le fait que l’Etat français se porte garant par principe ne va-t-il pas inciter les banques à distribuer du crédit sans précaution, à sombrer dans la frénésie subprimes ? L’augmentation du nombre de chômeurs, la multiplication des faillites commerciales et la baisse du marché immobilier ne constitue-t-il pas une mixture explosive à moyen terme dont même l’Etat ne pourra pas contrôler les conséquences ?

Une mise sous tutelle financière s’imposerait alors : le pays qu’on présentait comme l’un des moins touchés par la crise financière se retrouverait aux premières loges de la crise économique, et ce par l’impulsion généreuse, mais irréfléchie, de l’Etat.

Catastrophisme délirant ? Espérons-le…

 

Samedi 1er novembre

Arrivée jeudi soir, maman nous visite jusqu’à dimanche. Temps de chiottes à Lyon, mais occasion de fêter à nouveau mes 39 ans. Appris qu’Alice avait rencontré Jim à St Crépin, mais sans la présence de Jean et Aurélia. Confirmation de cette imprégnation heïmienne quasi inconsciente qui lui fait avoir des propos choquants et déplacés. Ainsi, à un moment, Jim part aux toilettes et elle s’étonne qu’il ne se lave pas les mains AVANT ! Outre que la remarque sur quelqu’un qu’elle n’a pas vu depuis vingt ans semble totalement incongrue, maman lui indique qu’on se lave plutôt les mains APRES, par respect pour les contacts à venir. Du détail, sans doute, sur lequel je me focalise, mais très révélateur d’une attitude de fond qui nie son propre conditionnement. Le calvaire vécu aux châteaux rend peut-être impossible cette prise de conscience.

À noter la différence d’impression sur ses deux garçons : autant l’aîné apparaît adorable, autant le petit verse dans le sans-gêne et le je-sais-tout, irritant rapidement.

Un ensemble qui ne m’incite pas à réinstaurer de sitôt les liens perdus.

La dégringolade boursière qui se poursuit a contrasté avec l’envolée du titre Volkswagen. Un mouvement irrationnel contraire révélateur de la même folie. A l’origine de cette tendance : la spéculation inconsidérée sur le constructeur allemand.

 

Dimanche 2 novembre, 22h23

Palme du crétinisme au testotéroné des navets, le gouverneur de Californication qui s’est vautré dans l’ad hominem minable. Sa cible, Obama qui semble pouvoir écraser McCain et sa troupe hargneuse. Quel bonheur d’entrevoir ce souffle frais à la Maison blanche ! Quelle leçon aux peuples européens, et notamment à ceux des Français si enclins à l’antiaméricanisme basique.

 

Jeudi 13 novembre

Une entrée dans le XXIe siècle par l’onde enthousiaste de l’élection d’Obama aurait bien plus de panache que par le sordide attentat des terroristes ben ladénistes.

Saluer, oui, s’illusionner, évitons… Le poids délétère d’une crise économique majeure pourra difficilement s’évacuer par la simple bonne volonté de quelques dirigeants, même des vingt premières puissances. En outre, d’ici le 20 janvier, Bush demeure aux manettes, ce qui n’augure d’aucune décision spectaculaire pour la refondation du capitalisme, selon l’expression consacrée.

La financiarisation excessive, et de plus en plus déconnectée des réalités, ne peut se perpétuer, mais la nature humaine permettra-t-elle au système d’embrasser un cycle vertueux ? Lorsqu’on observe le raidissement obscène de chefs d’Etats estampillés paradis fiscaux, face à quelques interrogations de bon sens, on peut largement douter des négociations collectives à venir.

Ainsi, le président français durcit son discours à l’égard de l’administration américaine alors que l’unanimité semble difficile à atteindre sur les remèdes à cette crise dans l’UE elle-même.

 

Mercredi 26 novembre, 22h45

Trop monopolisé par l’activité alimentaire pour commenter la pourtant riche actualité.

Au premier plan de la scène française, la piteuse succession au poste du dépassé Hollande.

Déjà, la paupière lourde parasite cette maigrichonne reprise.

 

Jeudi 27 novembre, 22h30

Avec BB, dans le train sur le départ pour Rambouillet.

Escapade éclair pour fêter, samedi soir, les soixante ans de pôpa. Demain matin j’enregistre, sur l’arrangement concocté par Jim, la chanson composée pour l’occasion. Du festif avant trois semaines de reprise pro intense qui m’ôtent tout élan diariste.

Le terrorisme islamiste ne connaît pas la crise. Actions meurtrières coordonnées à Bombay pour écharper de l’autochtone, du touriste, tout humanoïde suspecté de ne pas répondre à d’obscurantistes critères.

Aujourd’hui, lors d’une séance avec l’un des groupes qui préparent le concours SPP, un jeune d’origine maghrébine, et probablement de confession musulmane, s’offusque d’un des dessins de Plantu soumis à l’analyse. Une jeune femme occidentale, décontractée à un bar, verre d’alcool à la main, string apparent au détour de la cambrure. Gros plan sur la zone exhibée qui se transforme, en quelques géniaux coups de crayon, en visage d’une musulmane, larme à l’œil et prisonnière de son voile… Rapprochement choquant pour le jeune qui n’a, en revanche, pas émis un mot de dégoût, de rejet, d’exécration des actes barbares commis par les intégristes de sa religion.

Inconsciente abstention, sans doute, mais révélatrice d’une approche inéquitable d’un dessin talentueux ne faisant que stigmatiser certaines pratiques lorsqu’elles sont imposées aux ouailles soumises, et d’une tuerie délibérée, d’âge caverneux, à écœurer de la démarche prétendument spirituelle.

Un bon nombre de musulmans, par ailleurs modérés, n’ont pas saisi, tout comme les croyants d’autres religions, la portée nécessaire de la liberté d’expression qui ne peut se voir opposer des pans de pensée sous prétexte que certains leur confèrent une valeur sacrée. Ne pas défendre ce principe premier, cardinal, de notre civilisation, c’est renier tout ce qui forge notre mode vie basé sur le respect d’existence de toutes les croyances, y compris celle ayant pour objet de critiquer, dénoncer, fustiger quelque aspect d’une autre.

 

Dimanche 30 novembre

À Rueil. A quinze, hier soir, pour fêter les soixante ans de pôpa. De bons moments d’émotion, notamment avec la chanson Pôpa sexagénaire interprétée en cours d’apéritif par Jim à la guitare et moi à la voix ; puis le CD offert avec le montage combinant les refrains parlés par Alex et Raph sur le musical. Dix ans après son pontage, les cinquante n’avaient pas la même saveur festive dans l’enceinte hospitalière, la décennie suivante s’ouvre sur d’affectifs élans, malgré les difficultés professionnelles en filigrane (son employeur est mis en redressement judiciaire).

Parmi les présents, le recueil des couvertures de Charlie Hebdo et d’Hara Kiri hebdo réalisées par feu Reiser. La courte préface du chenu Cavanna nous catapulte dans les sphères créatives, délirantes, délicieusement infâmantes de la troupe Choron. On mesure, en parcourant ces coups de traits sans concession, la régression éditoriale de notre période enviandée par moultes angoisses matérialistes, recroquevillements individualistes et intégrismes castrateurs. Cavanna, et son incisive tonalité, nous ouvre un peu de cette aventure improbable sur les supports médiatiques de masse, Internet excepté, peut-être : « Cet univers grouillant suggéré par de rares effilochures semées dans une immensité de vide, cette férocité sanglante, cette vacherie pas du tout tendre par-dessus, cette pitié ravalée à coups de pompe dans la gueule, cette innocence d’enfant qui écrase l’oiseau dans sa petite main en riant de bonheur… ». Ciselé jusqu’à l’os.

 

Jeudi 11 décembre, 23h45

Ma situation de petit employé obscur dans une micro société commerciale se charge d’une bien déplaisante soumission. Devoir se colleter une pseudo formation de brancardiers qui s’assimile à du gardiennage d’éducateur social me dégoûte au plus profond de moi. Je ne supporte pas ces profils de dégénérés gueulards et m’as-tu-vus.  Mais voilà : le blé rentre bien par ces formations financées par la région. Alors au diable la qualité pédagogique. On prend, on fait gérer vaille que vaille par des formateurs qui ne sont pas compétents pour ça, et on empoche la cagnotte. Si cela permet d’assurer nos salaires, que dire, qu’oser contester ? La crise socio-économique majeure qui égrène son lot quotidien de licenciements ne peut que nous inciter à nous soumettre à cette règle tacite.

Aucun repas de Noël à Cqfd ne semble prévu. Une première qui confirme la dégradation des relations entre l’équipe pédagogique et la direction (réduite à deux personnes). Du bien médiocre à vivre, finalement, mais qui assure les besoins minimum. Mon renoncement à toute ambition ne me fera certainement pas choisir une autre voie.

 

Dimanche 14 décembre, 22h12

À la veille de cette dernière semaine avant la détente festive. Encore chargée, et un lundi après-midi avec son chargement de Niktamer décérébrés.

Rien dit à BB de l’appel, vendredi en fin de journée, de Heïm. Auditivement éméché à coups de Bisons il s’est adonné à son refrain de circonstance : mélange d’affection laudative, d’outrances décalées et cherchant à comprendre ma défiance et l’éloignement cultivé. J’ai campé sur ma stratégie : pas d’éclats qui le conforteraient dans ses certitudes, même s’il a bien compris le changement de tonalité dans les dernières années de mon Journal mis en libre accès sur le Net. Il a aussi croisé l’une des dernières attaques contre moi de sa fille Alice qui me traitait de « nouveau Heïm » ! Rien à lui signaler, donc, sauf le minimum affectif pour qu’il s’illusionne encore un peu.

Toujours les mêmes fadaises de sa part : petite lèche sur mon style, mon « talent d’écriture », mais immédiate justification de la non publication de l’époque. Toujours curieuses ces remontées d’une autre ère d’existence… Le garder à portée, sans claquer sa porte avec haine, pour mieux rendre compte de sa fin. De salaud à leurre de salaud…

Les anti-capitalistes, les rouges écarlates de fureur tiennent leur Stavisky du XXIe siècle : une pourriture maligne qui a escroqué les plus grands interlocuteurs financiers pour cinquante milliards de dollars. On va entendre redoubler les grondements contre le système qui a produit cet hyper malfaisant alors qu’il ne s’agit que de la dérive, contournant toutes les règles en place, d’un escroc.

L’ambiance délétère va se renforcer par quelques schématisations simplistes bien senties. Système pourri où les politiques consacrent leurs largesses à la sphère financière alors que les modestes de l’économie réelle s’enfoncent dans les mouvances conjoncturelles. Haro ! sur le libéralisme, le capitalisme et tout ce qui rappelle la défaite cuisante, après le sacrifice de dizaines de millions de personnes, de l’économie étatisée…

Le temps se couvre et 2009 engendrera le pire : la hargne revancharde et criminogène. En outre, à force de hurler et d’entretenir ce rejet jusqu’au boutiste, quelque opportuniste l’exploitera politiquement…

 

Lundi 15 décembre

Madoff pourrait presque incarner la vengeance des petits, étrangers aux obscénités pécuniaires de quelques fortunés. Ce serait d’abord eux les victimes du mystificateur de Wall Street. Des déplumés de la haute : de quoi mettre en extase sans frais les jetés sur le carreau de l’emploi.

 

Mercredi 17 décembre, 23h

Les révélations sur le système Madoff écœurent et devrait détourner tout être sensé des délires de la finance. Copinage entre contrôleurs de la SEC et financiers contrôlés : bien le signe de la déliquescence…

Le Madoff sélectionnait les très nombreux prétendants à ses pseudo placements juteux pour ne garder que les bonnes pâtes crédules, malléables et qui semblaient pouvoir laisser à long terme le capital confié, se contentant des intérêts promis et renouvelés. De la funambule rodée avec couverture généreuse, caritative, pour placer l’escroc au-dessus de tout soupçon.

 

Jeudi 18 décembre

À trop sniffer de l’actu, les signes d’une fin prochaine de l’insouciance habituelle dans nos contrées se densifient, prennent corps dans cette ambiance délétère.

Une interminable agonie de nos formes de vie avec quelques soubresauts sanglants.

 

Vendredi 26 décembre

Après un Noël passé qu’avec ma BB, une première ! pour cause de labeur de ma dulcinée en journée, la tournée auprès des familles commence. Le Cellier, Saint-Crépin, puis Rueil pour quelques douceurs festives, comme une parenthèse à savourer avant les incertitudes conjoncturelles.

Un ciel limpide, les rayons hivernaux qui dardent, le calme reposant des paysages de France : ensemble étranger à la débandade cultivée.

 

Samedi 27 décembre

Le Cellier lumineux, venté, frigorifié ; voilà qui incite à remplir quelques lignes factuelles.

Retrouver la famille de ma BB et les « pièces rapportées », comme ils désignent affectueusement les aimé(e)s d’un autre sang, fait du bien. La fille aînée de Richard a perdu sa silhouette de fillette pour se plonger dans celle de l’adolescente en voie de féminisation. La ‘tite dernière, Ilya, se détache des mimiques infantiles pour endosser la posture de petite fille. Relais fascinant à observer comme témoin sporadique.

 

Lundi 29 décembre

A chaque étape familiale, un cadeau de ma BB pour un Noël qui se prolonge. Au Cellier, le dernier ouvrage de Patrick Poivre d’Arvor, A Demain ! Largement entamé hier, je vais l’achever ce jour. Pas transcendé par le style, mais touché par le vagabondage littéraire, entre sa marche estivale sur les traces de Compostelle et le crépuscule brutal de sa place de premier journaliste de France, selon le critère de l’impact renouvelé du lundi au jeudi.

Sans avoir besoin de les côtoyer, certaines personnalités inspirent de l’affection d’emblée. La sérénité en tension, hypersensible au monde, l’air détaché alors que chaque détail sollicite son regard aiguisé, Poivre d’Arvor appelle la complicité, l’amitié sans étalage, l’échange nourri.

La promiscuité prolongée épanouit rarement. À huit dans la maisonnée des B (sans compter la ‘tite Ilya et la visite éclair d’Emma et François) les caractères révèlent leurs moins attractives facettes, suscitant quelque friction contenue : ainsi, hier soir, entre la maman de BB et le compagnon de Louise. Du feutré, du chuchoté, certes, mais le signe que tout peut déraper vers l’animosité à n’importe quel moment. L’une pétrie de principes, attachée jusqu’à la monomanie au déroulement maîtrisé des réunions festives, encline à la parole qui comble les silences mal assumés ; l’autre allergique au calibré, porté aux improvisations qui rendent incontournables ses prestations, évacuant les contraintes matérielles pour servir le convivial et les sens. Certains croisements de fin de soirée peuvent crisser, sans sortie avec fracas fort heureusement…

 

Mardi 30 décembre

8h et quelques, dans le TGV direction Paris. Le papa de BB nous a conduits, dans le frimas nocturne, à la gare du Cellier nouvellement aménagée pour éviter la traversée automobile et piétonne des voies. Une plaque commémorative, au tournant de la montée progressive qui permet de rejoindre le quai pour la direction de Nantes, rend hommage à un certain Benjamin décédé par accident au cours des travaux. Pensée à ce travailleur inconnu alors que nous rejoignons de festives contrées.

À lire, quasiment d’une traite, le Bêtisier 2008 du Canard enchaîné, à 80 % réquisitoire contre Nicolas Sarkozy, nausée dégoût et rage vous envahissent. Miroir déformant, sans doute, à force de ne focaliser que sur les travers des politiques, mais certainement pas transformant, sinon les procédures en diffamation se multiplieraient. Suivre l’infect manège des uns, et des autres, fait douter de la moindre trace du sens de l’intérêt général dans leurs actions, tant pour ceux qui tiennent les rênes de l’exécutif que pour ceux qui y aspirent.

Là, au contraire des zones de travaux ferroviaires, peu de risques d’un sacrifice involontaire : tout est dédié à sa propre cause, à sa trajectoire bichonnée quitte à se torcher avec ses belles déclarations de principe, celles réservées à la galerie électorale des trompe l’œil. La foire aux sordides salauderies, aux renoncements pitoyables, aux minables mais efficaces stratégies : l’espace politique, via Le Canard, tient de la fosse septique.

Pour relativiser, toute activité humaine qui permet aux ambitions de s’ébattre et de se battre laisse la part congrue à la grandeur d’âme. Pour ma part, voilà bien longtemps que j’ai renoncé à tout appétit de carrière, par exécration des zones fangeuses, et à tout altruisme par méfiance cultivée envers la grosse part de mes congénères.

Laisser venir à soi toutes les petites joyeusetés de cette fin d’année avant les grimaces d’un appréhendé 2009.

 

Mercredi 31 décembre

Enfin ce dernier jour pour le partage loin des bruits de la ville et de la déprime du monde. Hier soir, un Loto déchaîné avec de multiples lots partagés entre les quatre couples. Ma BB, un peu malade, s’éclipse à la moitié et je prends en charge les huit cartons à remplir de boutons au gré des annonces.

Marius, le nouveau compagnon de Candy, la fille de Jean, est d’un contact chaleureux et en totale harmonie avec la teneur festive du groupe.

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