2008 – De surprises en subprimes
Mercredi 9 janvier
Le documentaire sur la mécanique du lynchage
médiatique, lequel se nourrit de certaines convictions policières et
judiciaires sur certains protagonistes présumés de faits divers (en l’espèce
trois parangons : Chouraqui et la prétendue guerre des cliniques, Baudis
et le délirant réseau de barbares sexuels, Outreau et ses fantasmés
pédophiles), rappelle que les journalistes ne savent toujours pas tirer les
leçons des dérives antérieures au point, comme dans l’affaire d’Outreau,
d’afficher la même véhémence d’abord contre les monstres d’Outreau puis, lorsque les mensonges de Badaoui et des enfants ont
été établis, contre cette infâme justice qui a conduit des innocents en
détention préventive. Imaginons un seul instant le déchaînement de la presse
si, à l’époque, les accusés avaient été laissés en liberté… Qui influence
qui ?
Dimanche 20 janvier, 22h35
Encore un bref passage au rythme de ses envies qui
s’achèvent trop vite. Tournis des semaines et des années centrées sur un
travail alimentaire.
Formateur, piètre fonction sans transcendance, aux
rares, très rares moments d’exaltation intellectuelle. Tout mon être se tend
vers la prochaine pause, l’espérée halte qui suspendra ces inutiles périodes.
Carlos décédé à soixante-quatre ans, Heïm a dû en
prendre un coup (il est dans sa soixante-quatrième année). Moi, cela m’a d’un
coup projeté aux féeriques instants de complicité, entre Hermione, Karl et moi,
où nous improvisions, dans ma chambrette du château d’O, un trio musical sur le
45 tours du Loup-garou de Bourgalou. Carlos le jovial offrait, dans ces
quelques minutes, toute la jubilation qu’espéraient les préadolescents que nous
étions.
A cet instant, je me remémore la configuration
précise de ce château reconverti en relais et château de luxe. Il me faudrait relater toutes les atmosphères gardées en moi
comme autant de souffles constitutifs…
Pour en revenir au feu fils de Françoise Dolto, sa
disparition catapulte ce passé plus loin encore, rendant plus prégnante la
nostalgie qui s’y substitue.
Ma maman fêtera, le 5 février prochain, ses
soixante ans ! Nous la visiterons à la fin du mois précité pour lui
adresser toute notre affection. Ne faudrait-il pas s’efforcer de fréquenter
davantage nos ancrages affectifs, familles et amis, plutôt que de laisser
couler le sablier sans se manifester autant qu’on le souhaiterait ?
Vu un touchant documentaire sur Albert Jacquard
(dans la série Empreintes, de belle facture). Appris que la croix physique qui l’a miné de
longues années, avant sa notoriété, était due à un grave accident de voiture
dont il réchappa au prix d’un enlaidissement post opératoire. Son intelligence
sensible et son extrême lucidité attisaient sa souffrance du regard des autres.
Par ailleurs, appris aussi que ses premières passes d’arme idéologiques l’ont
été avec le Club de l’horloge (concurrent de la NDF de Heïm) et avec Louis Pauwels du Figaro magazine qui lui avait
reproché de ne pas savoir distinguer « le diamant de la merde »…
Là que je prends conscience de mon évolution
idéologique : le discours d’un Pauwels n’a, aujourd’hui, plus l’ombre d’un
attrait pour moi. Se défier des chapelles, des clans, des écoles systématiques
de pensée, et se fier plutôt à ses propres, profondes et sincères convictions.
Jacquard, homme de gauche, voire d’extrême gauche ? Cela n’amoindrit pas
mon admiration pour l’engagement du personnage. La maturité intellectuelle
c’est de ne se sentir aucune appartenance a priori, mais de se trouver des
affinités au-delà des clivages idéologiques apparents. Une leçon de vie…
Lundi 21 janvier, 23h20
Ce soir, dans le journal du monde sur LCI,
l’incisif Vincent Hervouët interrogeait le président colombien en visite à
Paris. Sa détermination à éradiquer les Farc se fend d’une volonté de ne pas désobliger
les instances françaises dans leur quête (éperdue) de libérer la fragilisée
Betancourt. En revanche, pas un mot sur Chavez et son impact auprès du groupe.
Comme une obscénité à oublier au plus vite…
Jeudi 24 janvier, 22h37
Dès le 18 août 2007, j’écrivais sur les vautrements
boursiers qui submergent l’économie aujourd’hui. A se focaliser sur les
indéfendables dérives du « capitalisme financier », pour reprendre le
quasi pléonasme du directeur de Marianne, les anticapitalistes s’ébrouent, ravis de légitimer leur argumentaire
de mise à bas du système vicié. Par ce malhonnête raccourci, on condamne
l’outil parce qu’il a été utilisé à mauvais escient. Curieux réflexe
idéologique. A ce compte, interdisons l’agriculture puisque des sagouins
empoisonnent nos sols, éradiquons la production industrielle face aux infectes
exploitations humaines de quelques enseignes, vomissons le tertiaire empuanti
par des escrocs de tout acabit… stérilisons l’espèce humaine, par la même
occasion, à force de se désespérer des salopards qu’elle accueille dans ses
rangs.
L’angle légitime d’attaque doit donc sérier les
défauts sans verser dans l’inepte table rase… pour lui substituer quoi ?
Vendredi 25 janvier
23h50. Petit combiné entre mes écrits des deux
derniers jours et celui du 18 août 2007 pour parution dans mon blog principal,
sous le titre élégant Coup de pouce… dans
l’cul ! Pub faite auprès de mon fichier internet et, par
le biais de commentaires, sur quelques sites de la presse.
La photo de ce Jérôme Kerviel, ainsi que son
identité figurent partout, sauf dans mon blog : refus de participer à ce
lynchage médiatique nappé d’un brin d’admiration. Mes foudres visent plutôt
l’établissement bancaire et ses responsables planqués (en revanche, les
supérieurs du trader ont été, comme de plus crédibles fusibles, licenciés sur
le champ).
Dans le Droit d’inventaire : Mai 68, visionné ce soir, touchant moment d’interview mené par la nièce
Drucker qui ne peut se priver de tutoyer son Michel d’oncle. Cohn-Bendit a
conservé intacte sa réactivité, n’hésitant pas à gratifier
d’« ordure » le feu Marchais qui l’avait stigmatisé dans une
chronique parue dans L’Humanité et empreinte d’un antisémitisme en filigrane.
Samedi 2 février, 23h30
Un nez pris et une fatigue passagère m’a fait me
coucher tôt (23h), un chouia avant ma BB dont le réveil s’imposera vers 5h20.
La semaine qui s’annonce battra des records de
présence à Cqfd : quarante-deux heures cumulées entre les FFP et la
présence administrative. Intérêt de bien farnienter demain pour me préparer à
ce cumul.
Dans le dodo, petit tour d’actualité hebdomadaire
avec Le Monde week-end. Une façon de ne pas me restreindre au traitement superficiel des
médias audiovisuels dans lesquels je vais plutôt me nourrir des débats sur les
faits porteurs de polémiques.
Vu l’hommage de Hondelatte aux acquittés d’Outreau dans une édition spéciale de Faites entrer l’accusé : les
sept ou huit présents semblaient encore loin d’être remis. La seule à respirer
la joie de vivre, et pour qui Outreau a finalement ouvert des portes professionnelles qu’elle n’aurait
jamais pu approcher, c’est Karine Duchochois, aujourd’hui tenant une rubrique
sur France Info concernant… la Justice. Il semble qu’elle ait sa carte de
journaliste. Une belle fin pour cette « ambitieuse » (selon son
propre terme) qui s’assume. Elle jurait, parmi les démolis d’Outreau, par sa légèreté
et sa transfiguration physique et vestimentaire.
En vrac, dans l’actualité : les municipales
qui risquent de porter un vote sanction à la présidence Sarkozy. Marié ce matin
à la belle Bruni, et ce en toute discrétion, l’activiste politique doit
désormais se consacrer à l’engagement austère, mais efficace.
Le Liban souffre des attaques incessantes d’Etats
comme la Syrie. Le redressement économique semble encore bien lointain, à la
merci d’influences délétères.
Et encore épinglé par le rapport annuel de HRN (Human Rights Watch) le régime
castriste, et ce sans aucune ambiguïté. Aucune liberté d’expression, pas de vie
privée, une capacité réduite de circulation, etc. Et dire que mon article Le castrateur de Cuba avait
suscité la révolte de quelques fanas du leader Maximo… douillettement installés
en France. Pitoyable !
Lundi 4 février, 22h
Semaine écrasante en perspective et rhume entêtant
ont un avantage dans la gestion de ma soirée : me conduire plus rapidement
au lit et me laisser tenter par l’écriture de ce Journal dans sa dix-septième année.
Ce soir, au Franc-parler d’Itv, le flamboyant de Villepin débarrassé des engoncements
costume-cravate pour une veste-pull au col roulé en parfaite cohérence avec sa
nouvelle posture de libre censeur du pouvoir exercé par son irréductible et
triomphant adversaire politique.
Le voilà se mêlant de tout, jaugeant, jugeant,
déclamant sa vision d’une France à l’excellence diplomatique renouvelée, à
l’indépendance de la politique étrangère revendiquée, à la détermination sans
reniement de compter en Europe et dans le monde. Il déroule ses arguments, les
teintant d’un lyrisme porteur…
Vrai que le physique compte dans l’incarnation de
la France : de Villepin a autrement plus d’allure, même loin du pouvoir,
que le frénétique Sarkozy aux proportions peu avantageuses. Pourquoi le
nier ? La volonté de conquérir le pouvoir y a été d’autant plus exacerbée
chez lui que sa présence physique pouvait décevoir.
Définitivement, l’ex Premier ministre se dispense
de tout engagement politique via les urnes. Grand commis de l’Etat, il assume
ce choix, mépris de la démocratie élective pour certains, et se cantonne à
éclairer de son expérience ceux qui veulent l’écouter.
Un Jospin de droite, l’influence des réseaux en
moins : lui reste le panache d’une parole libre…
Aujourd’hui, le Congrès du Parlement a modifié la
Constitution pour rendre possible la ratification du Traité de Lisbonne.
Mercredi 6 février, 23h
Je m’ingénie à dénicher le titre coup de poing pour
ma gueulante contre les Nonistes. Pour l’instant, rien de bien convaincant.
Peut-être que la plongée ensommeillée portera davantage conseil, exaltera un
chouia plus l’imagination. Tentons…
Dimanche 17 février, 21h50
Tôt sous la couette pour aspirer la quiétude du
logis, la plume glissante et le Valparaiso inspiré de Sting. L’équilibre de vie s’affirme, dans la modestie
financière certes, mais largement compensée par la douceur existentielle. Les
destins de chacun m’ont éloigné de ce qui constituait toute mon existence il y
a encore dix ans (enfin, un peu plus). Un tel délaissement de ma part ne peut
s’expliquer que par l’extrême mal être que j’avais développé sans me l’avouer.
Hypocrite rapport avec plusieurs des gens du Nord, idéologie aux relents mâchés sans conviction, presque
machinalement : le faux-semblant minait toute tentative d’être en phase
avec ma réalité intellectuelle, beaucoup moins monolithique que le
conditionnement heïmien le laissait transparaître. Ainsi mes convictions
européennes, ma défense sans concession de l’aventure Union européenne, au
point de me fâcher avec Hermione. Moi, souverainiste sous influence, j’ai
découvert la portée du combat des défenseurs de l’Europe, et le traité constitutionnel
en a été le magnifique summum, malgré la flopée de déjections qui l’ont fait
disparaître sous le Non honteux.
Big Sarko disjoncte : après avoir défendu,
comme candidat, l’abandon salutaire de la repentance française à l’égard de ses
boulets historiques, le voilà comme possédé par la contrition, proposant que
chaque élève de CM2 se couvre de l’ombre terrible d’un petit d’homme déporté
par les abjects nazis, le plus souvent guidés par les sbires pétainistes.
Sans, bien sûr, remettre en cause la valeur
émotionnelle et identificatoire d’un tel embrassement à travers les âges, on
peut se risquer à y voir quelques effets contre-productifs. La sordide
concurrence des mémoires se fera jour, contraignant l’école à charger ses
ouailles d’autres ombres enfantines victimes des bourreaux du siècle technico-barbare.
Pourquoi donc revenir sur sa volonté d’en finir
avec la flagellation permanente par les lames des noirceurs françaises ?
Nouvelle échappatoire à une plus triviale
actualité : morosité socio-économique, assèchement des finances publiques,
retard des effets de réformes, précocité de l’effondrement sondagier. Big Sarko
tente la distraction pascalienne par l’annonce fracassante, les polémiques
cultivées, les fariboles privées…
Le voilà qui, manifestement, peine à dénicher la
stature présidentielle : son discours saluant la ratification française du
Traité de Lisbonne (qu’il persiste à nommer « traité simplifié »
pour s’arroger l’exclusive paternité) en est un flagrant témoignage. La gestuelle
agitée, le dynamisme forcé, la tonalité mal placée ont transformé ce qui devait
être une intervention solennelle en démonstration de VRP en campagne
promotionnelle. Sans mutation profonde de son fonctionnement et de sa gestion
de la pression extérieure, je pressens le pire pour la suite, à moins que le
terme en soit raccourci.
Vendredi 22 février, 11h
L’estafilade éphémère se lance vers les monts et
plaines de notre nation en discrète campagne municipalo-cantonale. La
vrille médiatique s’excite pourtant sur les grotesques tribulations de
l’ostentatoire Neuilly-sur-Seine. L’engoncé, l’empesé, l’affecté jusqu’au cou
surgonflé, figurine mal dégrossie, l’amer David Martinon avait tenté le
parachutage doré, adoubé par Sarkozy Ier. Cette première coque
artificielle s’est alourdie de piètres prestations ; le charisme d’un
lavabo les meilleurs jours, d’un bidet les autres, des frustrations et
humiliations se cumulant, ont dynamité la bringuebalante expédition en terre neuillaise.
La subtilité du message de ses adversaires s’est résumée
à un détournement patronymique digne des cours récréatives. Le « Martinon
Non ! Non ! Non ! » a parachevé le loufoque panorama du
ballet électoral.
Débarqué le porte-parole de l’Elysée, dont même la
demande de démission n’a pas été approuvée. La place vacante a déchaîné les
à-coups et vaseux retournements : le candidat dissident qui devient
l’officiel de l’UMP, le colistier de Martinon qui s’engage dans la dissidence
et le fiston Sarkozy qui va se frotter aux urnes pour honorer la belle voie ouverte
par le papa président.
Samedi 23 février
Au calme à Saint-Crépin, les copies au lamentable
contenu (pour 95 %) corrigées, je me ressource aux pages de ce Journal,
dans sa dix-septième année. Une bien sereine adolescence après des années
heurtées de petite enfance. Ne plus se tourmenter d’une existence que l’on
pérennise à son aune et non pour satisfaire de tierces et envahissantes
attentes.
De là, une attention au monde pour aiguiser son
regard critique, mais pas forcément monolithique.
Lundi 25 février
Hâte, hier soir, pour saisir ma dernière envolée
pamphlétaire, au titre Canard que je voulais être le premier à lancer sur la toile, avec date
certaine, ce que le site AgoraVox permet, même en cas de refus. Le sale con de l’agriculture n’avait germé dans aucun esprit d’internaute, à mon plus vif
contentement. Quelques copier-coller du début de cette volée d’encre
bouillonnante sous des articles de presse valant commentaire et renvoyant vers
mon Blog pour authentifier davantage la date, et la sérénité du besoin
littéraire accompli s’est niché en moi.
Ce matin, depuis Rueil, un petit tour d’appoint sur
l’actualité via Google puis un détour sur LDP qui m’informe d’un premier
commentaire sous ma dernière ponte.
Stupéfaction à son ouverture : une signataire
anonyme me déclare, tutoiement à l’appui, s’être retrouvée sur mes blogs et
avoir été émue de me lire, même si les idées défendues ne sont pas partagées.
Sombre et alarmiste tonalité lorsqu’elle confie espérer que je ne me rends plus
« au château » et encore moins les éventuels enfants que j’aurais pu
avoir. L’année 2002 de mon Journal à taire, mis en ligne, semble lui avoir confirmé la
« folie » qui imprègne quelques figures de ceux que j’ai mis à
distance par l’appellation géographico-brélienne Gens du Nord. Sans doute l’allusion aux violences de Hubert envers sa compagne… lui
le salaud de magistrat qui, quinze ans plus tôt, a très certainement tenté de
violer celle qui m’écrit treize ans après notre dernière entrevue (à Misery,
dans une ambiance délétère, missionné par Heïm pour déceler le prétendu
détournement de biens). Je n’ai, en effet, plus de doute lorsque ce message
espère que mon histoire, avec celle que je surnomme BB, se poursuit et qu’il
s’achève avec des « bisous d’une autre bb » ! ses initiales à la
reprise du patronyme initial de son père, et sous lequel elle s’est mariée.
Alice qui tente ce nouveau contact affectif avec moi, c’est une inénarrable
émotion qui me submerge.
Avec le recul, combien mes coups de sang contre
elle, jusque dans les pages de ce Journal, étaient injustifiés et ne relevaient que de la stratégique et salaude
influence de Heïm qui n’aurait pas admis la moindre subsistance de lien entre
ceux de son entourage, plus ou moins proche, et cette fille reniée après ses
attaques contre le mythe heïmien.
Comme me reviennent les confidences de mal-être de
ma sœur de cœur, notamment lors d’une promenade partagée dans les terres
agricoles qui s’étendent à l’arrière du château d’Au. Mes propres échecs encore
chauds, ma conviction d’avoir gâché un fantastique projet de vie, m’empêchèrent
de la prendre par la main pour nous affranchir de cette oppressante existence.
Leborgne aura eu le mérite de lui permettre un salutaire éloignement.
Son soupir final, « que de vies
gâchées », auquel j’ajoute que de liens injustement perdus, ne laisse
aucun doute sur la qualité toujours présente de son extrême sensibilité. Au
contraire de sa sœur Hermione qui a mis ses idées avant l’affection qui nous
liait, Alice se moque de nos divergences idéologiques, du moment que l’humanité
partagée peut nous rapprocher à nouveau.
Je forme le vœu qu’elle se manifeste, à mon
invitation à m’écrire en privé via l’une de mes adresses e-mail.
Jeudi 28 février, 0h30
De retour, avec ma BB, du joyeux film de D. Boon, Bienvenue chez les ch’tits. A propos du Nord, la suite du contact avec bb (Alice) s’avère
contrastée. Sa haine envers Heïm est telle qu’elle juge mes propres critiques
(notamment dans les pages clandestines mises en ligne sur un blog à accès
restreint) bien minorées.
Vrai que ce qu’elle me rapporte sur le personnage
confine à l’horreur : l’abus systématique de ses enfants de sang ou
rapportés. Ainsi Hubert qui aurait été, enfant, abusé par lui, attaché à un
radiateur et autres délires sadomasochistes avec sa mère comme soumise
complice. Karl, lui aussi, aurait eu à connaître des abus sexuels de Heïm, tout
comme Béatrice, fille de Maddy, et Alice elle-même. Seule inconnue pour
elle : Hermione a-t-elle aussi connu un viol de son père ?
L’affaire, colportée par Heïm, du prétendu viol
d’Alice par son frère Hubert serait une pure manifestation du soudard : il
aurait lui-même demandé à son fils, après une soirée arrosée, d’aller coucher
avec sa sœur, ce qui s’est résumé à un tendre endormissement dans les bras de
sa sœurette.
Bien sordide tableau dépeint qui renforcerait la
thèse d’une manipulation systématique pour l’assujettissement conditionné de
ses proches. Tout comme cet état physique, annoncé depuis si longtemps en phase
terminale, notamment en 1991 ce qui m’a incité, après une forte influence
rhétorique, à accepter de prendre la tête, pour la façade légale, de la SERU.
Dix-sept ans plus tard, le mourant est toujours vivant !
Vrai aussi qu’un Mitterrand a tenu presque quinze
ans avec un cancer aux effets normalement foudroyants. Part du réel et de
l’amplifié chez Heïm… sujet à creuser.
Alice n’a, en tout cas, pas de mot assez violent,
incendiaire pour caractériser les agissements criminels de son géniteur.
Samedi 1er mars
Jeudi dernier, dans la matinée, une violente
explosion au gaz, en plein cœur de Lyon : un pompier décédé et une
quarantaine de blessés. Le lieu, à moins de deux cents mètres de la place de
l’Europe où j’ai résidé quelques années et à deux pas du Monoprix où je faisais
mes courses.
Curieux sentiment de voir aux journaux télévisés et
en photos sur Internet cette partie du Cours Lafayette jonchée de gravas, avec
d’énormes flammes sortant du sol…
L’enquête devra déterminer les responsabilités.
Vendredi 7 mars, 23h30
Période de surcharge professionnelle qui laisse peu
de place pour l’approfondissement diariste.
A noter, tout de même, le suivi contrasté avec
Alice qui ne manque pas, à chaque occasion, d’exprimer sa haine et son dégoût
de son géniteur, le « miasmique » Heïm. Fascinante et interloquante
rupture qui l’a fait me soupçonner de n’être pas encore maître de ma plume et
de mes penchants pamphlétaires. Comme si le feu inspirateur opérait encore
clandestinement, à mon insu même, en moulant ma forme d’expression excluante.
Ces attaques larvaires, revendiquées ironiques, attisent ma grogne, tout
affective soit-elle.
Dimanche 9 mars, 0h34
Agréable soirée avec la famille paternelle dans
notre nid lyonnais : mets confectionnés par ma BB, puis festif visionnage
d’Astérix : mission Cléopâtre. La patte Chabat demeure d’une infaillible efficacité pour le rire
démultiplié.
Premier tour des municipales : pour affirmer
mon devoir citoyen, j’aborderai ces élections avec un prisme exclusivement
local. L’actuelle équipe Collomb me convient, et ce d’autant plus face à
l’artificielle implantation de l’ex ministre Perben.
Samedi 22 mars
Se sentir porté par la frustration accumulée,
jusqu’à se revendiquer enragé. Pierre Viansson-Ponté avait pressenti, dans les colonnes du Monde, deux mois avant le paroxysme
insurrectionnel et une semaine avant le mouvement de Cohn-Bendit et quelques
autres, l’impasse sociale d’une France à bout de souffle.
Jeudi 27 mars
Comme presque chaque soir de cette semaine, brève
plongée dans quelques pages de La mort est mon métier de Robert Merle, paru en 1952. Bien avant Les
bienveillantes, ce roman tente de tracer le profil complexe des
bourreaux nazis par une approche intrinsèque qui nous fait assister au
fonctionnement mental des criminels ordonnés. Edifiant.
Et voilà que des journalistes français évoque une Carlamania naissante en
Grande-Bretagne, et qui pourrait bien passer la Manche, après l’admirable
prestation de l’épouse présidentielle lors de la visite d’Etat achevée ce soir.
Moi, c’est en 1995 que j’ai écrit sur cette femme
intelligente, sensible, raffinée et possédant l’extrême sens de la situation.
Mon Brûlant hommage à Bruni n’a pas dépassé les pages de ce Journal, mais était destiné à
paraître dans un projet de feuille de presse gratuite qui ne vit jamais le jour
(initiative de Maryline R.). Treize ans plus tard, elle est la première dame de
France et confirme tout le bien que je pensais d’elle.
Samedi 29 mars
Le spectacle judiciaire va connaître l’une de ses
plus atroces représentations pour deux mois d’horreur exhaustive. La promotion
en a été faite quelques semaines durant par des médias rappelant,
sporadiquement, la date d’ouverture et diffusant des documentaires sur le
couple monstrueux.
Enfin, la première audience et l’abject Fourniret
qui tient, sans décevoir, son sinistre rôle, ergotant sur la publicité du
procès et ne souffrant pas la présence dispendieuse d’avocats commis
d’office : trois pour digérer un tel dossier.
Sa compagne, pour le macabre et pour le pire, a
tenté l’apparente contrition : physique transfiguré pour faire oublier sa
brune noirceur.
Lundi 31 mars
Ce soir, au Franc-Parler d’Itv, l’économiste Cohen confirme l’alarmisme que je développais dans
ces pages le seize courant. La possibilité d’une implosion du système financier
américain nécessiterait l’intervention de l’Etat et de la banque fédérale pour
l’équivalent du PIB annuel français, soit deux mille milliards de dollars.
A folie financière, enragé judiciaire :
Fourniret le sordide laisse couler ses abominations suite à l’émouvant
témoignage de celle grâce à qui il a pu être neutralisé. Son effroyable cynisme
ne peut que s’épanouir, prospérer dans la procédure qui préserve les droits des
accusés, et bien heureusement d’ailleurs pour ce dernier point. Seul
souhait : qu’il ait les plus difficiles conditions carcérales possibles.
Mercredi 9 avril, 23h17
Curieux comme l’opinion mondiale, dans sa partie
médiatisée, a délaissé les ressentiments contre les messianiques américains
pour concentrer leur haine sur le pouvoir chinois. La gestion des révoltes
tibétaines a horrifié les mêmes qui ignoraient l’impitoyable autocratie
communiste à l’expansionnisme économique entretenu.
Attribuer les J.O. à la Chine, c’est d’abord
remettre le peuple chinois au cœur de la communauté internationale. Pour le
reste, des engagements pris par le pouvoir qu’on ne pouvait sérieusement
croire.
Lundi 14 avril, 22h39
Calme dans mon existence, tourbillons dans
l’actualité. Rien de transcendant dans ces semaines pro qui défilent.
L’activité se fait de plus en plus comme une obligation alimentaire et non pour
un quelconque plaisir de faire. Fondamentalement, cela me barbe. L’ambiance à
Cqfd n’est pas si mirifique : quelques tensions dévoilées, une démission
acceptée, des agacements de part et d’autre… Rien de cataclysmique, mais de
navrantes failles qui s’imposent.
L’actualité virevolte : des obscènes
entêtements du criminel Fourniret à la magistrale libération des otages sur le
Ponant, la palette s’ébroue.
Mardi 15 avril, 22h26
Ce soir réunion, dans la cage d’escalier, avec
quelques copropriétaires et ceux qui sont chargés de changer la colonne EDF.
Une charge financière conséquente pour mon salaire modeste qui a nécessité une
épargne depuis plusieurs mois, non encore achevée alors que le premier
versement doit intervenir ce mois-ci.
Les polémiques intra gouvernementales, avec
couverture médiatique disproportionnée, se multiplient : vraie dérive de
l’équipe ou enfumage volontaire pour permettre aux réformes douloureuses de
s’exécuter presque clandestinement.
PPDA se lâche au JT du soir, commentant l’indigne
tortillement du cul du comité olympique français qui remet en cause le port,
par les athlètes, d’un badge avec la mention « Pour un monde
meilleur », expression qui apparaîtrait pourtant dans la charte de
l’olympisme. Quelle pitoyable courbure d’échine pour ces autorités aux ordres.
Le journaliste a donc rappelé que la formule du badge « ne cassait
pourtant pas trois pattes à un canard laqué » ! Agacement de mise.
Vendredi 18 avril, 22h43
Mollesse généralisée pour aborder cette semaine de
congés après une période chargée en heures de FFP (face à face
pédagogique) : à cumuler un débat sur les émeutes de la faim – émission Ce soir (ou jamais !) d’hier – sur le trafic d’organes dans C dans
l’air et les deux derniers volets de The War, le moral sombre face à tant
d’horreurs. Là où je devrais exulter de cette parenthèse régénérante au sein de
l’intense activité professionnelle, je me laisse imprégner par la seule humeur
qui puisse accompagner ces terribles dérives humaines : la triste
morosité. Pas l’envie de poursuive.
Samedi 19 avril
7h30. Et pour couronner la soirée d’hier, pages de La mort est mon métier, immersion
dans le cortex trop bien ordonné du pas encore commandant d’Auschwitz.
Matinée physique à participer au déménagement d’une
collègue de BB. Ça passe le temps…
Mardi 22 avril
Ce soir, un docu-fiction de Serge Moati sur le
passé « vichysso-résistant » de François Mitterrand. Le réalisateur
avoue son étonnement et sa déception lorsque l’ouvrage de Pierre Péan pointa la
zone d’ombre. Ce qui surprend, chez Moati comme chez tant d’autres qui
semblèrent tomber des nues, c’est le manque total de curiosité.
Le magazine Le
Crapouillot, certes classé à l’extrême droite, avait consacré
plusieurs numéros à ce thème, et le premier dès 1972 ! J’ai en possession
ceux de 1984, 1988 et 1990. Comment un esprit fureteur comme celui de Moati
n’a-t-il pu découvrir avant ces révélations. Moi, simple adolescent en 1984,
j’en savais donc bien plus que nombre des Mitterrandiens… Cela laisse songeur
sur la pratique de l’autruche pour préserver la pureté ressentie de celui qu’on
adule.
Finalement, n’ai-je pas procédé de la même façon à
l’égard de Heïm ? N’aurais-je pu écouter plus tôt le discours alarmiste de
mes parents ? Chacun refuse, à un instant donné, ce qu’il perçoit comme
des sources infréquentables…
Mercredi 23 avril, 0h23
Déception sur le docu-fiction de Moati, encore trop
complaisant, excusant presque tous les choix opportunistes de Mitterrand. De
Gaulle est campé comme un bourru falot. Certaines versions contestées du
parcours sont entérinées : les prétendues trois évasions, l’existence d’un
réseau Morland, la conception précoce de faux papiers, le coup d’éclat salle
Wagram… Mièvre, donc, le résultat de ce film qui montre Mitterrand à la tête
d’un journal engagé et libre sitôt sa carrière ministérielle retardée. Rien sur
sa participation à Votre beauté, magazine fondé par le cagoulard Schueller… Le Fanfan mité s’en
sort donc bien… l’histoire a ses chouchous, même chez les sulfureux.
Vendredi 25 avril, 1h28 du mat.
Tout juste couché, je ne peux me dérober à cet
appel de la plume pour du ressenti à chaud.
Après un dîner avec les parents B animé de sujets
polémiques, visionnage en différé de la prestation du président Sarkozy.
Rien à faire, il faut lui reconnaître une efficacité
dans la communication. Le format de l’émission, combinant le décor de l’Elysée
pour insuffler du solennel au bling-bling, avec un ton déterminé, sans apparente langue de bois, a touché juste.
Sans doute l’obstination, la férocité
journalistique étaient-elles absentes, mais l’agressivité revancharde, à la
façon d’un Domenach (commentateur de la prestation sur France 2), aurait été
déplacée et sans résultat pour son auteur.
L’impopularité ne cessera pas, mais la perception
d’un homme qui entend assumer ses choix politiques, quoi qu’on en pense, s’est
renforcée. Alors peut-être un rééquilibrage selon les clivages traditionnels.
Côté journaliste, à noter un David Pujadas
accrocheur, un PPDA peu présent, vieillissant et aux UV mal répartis, une
Catherine Augé un peu transparente malgré sa sublime chevelure argentée, un
Yves Calvi pertinent et sachant transposer son ton Calvi au format d’une
interview présidentielle et un Vincent Hervouët tout en nuances incisives,
parfois moins adapté au format, qui ont finalement servi l’argumentation du
chef de l’Etat.
A chaud : une bonne prestation à l’impact
limité.
9h10. La réaction de Ségolène Royal, reçu dans le sept-dix
de Nicolas Demorand, n’a, elle, pas brillé par la mécanique pavlovienne de sa
critique à tout va de l’émission. Toujours cette désagréable impression de
l’entendre éructer en lieu et place d’une argumentation raisonnée.
Samedi 26 avril
De l’estival au bord du Rhône en attendant ma BB.
Lecture intensive pour me préparer à cette petite reprise, trois jours
d’activité, puis une nouvelle pause de quatre. Les parents de BB, arrivés jeudi
soir, passent la journée à Toussieu avec quelques anciens de la famille pour un
anniversaire de mariage.
Mon Ramolli mois de
« mais ! » publié sur AgoraVox n’a
engendré que de très crétines remarques. De moins en moins d’intérêt à me
confronter aux haineux qui se dissimulent – pour un retour sur blog bien
maigre.
Jeudi 1er mai
9h30. Hier, sitôt sorti de Cqfd, je retrouve ma BB
au garage pour filer en Grande Punto vers Montagnac, dans l’Hérault. Retrouver l’univers barbare des
automobilistes, avec ses grosses cylindrées qui s’énervent dès qu’on s’attarde
sur leur voie de gauche pour
doubler à notre rythme. Pitoyables couillons !
Je remarque une nette reprise de la vitesse
excessive qui nécessiterait une plus féroce répression. Le paradoxe : au
nom de la préservation des libertés individuelles on entérine de fait le
prélèvement de vies sur les routes, ce lot morbide de morts violentes et
prématurées.
Passage obligé sur l’asphalte autoroutier pour
rejoindre maman et Jean dans le gîte loué. Arrivés un peu avant 23h, nous
mangeons dans une chaleureuse ambiance de vacances et maman nous fait
découvrir, par photos, l’avancement de la construction de la maison estivale
sise dans une partie du jardin de Fontès. Les murs sont édifiés et la toiture
s’annonce pour les prochaines semaines. Du plaisir d’été et d’intersaisons à
venir, la maison devrait être livrée à la mi-juillet.
Découpé en trois, le jardin est méconnaissable avec
ses arbres abattus, sa haie partiellement rasée et les traces temporaires du
gros œuvre. La demeure qui se dessine préfigure les rires familiaux, les
conversations sonores par le goût des polémiques maîtrisées, les jeux prétexte
aux délires partagés : la palette renouvelée d’une complicité humaine
pérenne. Comme un hommage existentiel à mon adorée grand-mère : perpétuer,
sur ce lieu, la densité affective, les instants de vraie communion festive,
l’essentiel de la vie vive, ces parenthèses que l’on voudrait comme éternité.
Vendredi 2 mai
Journée familiale, avec l’oncle Paul et sa compagne
Liliane venus en voisins fontesols pour le repas et la promenade dans les
ruelles de Montagnac.
Après la visite de quelques caves coopératives ce
matin, nous irons prendre le café chez eux avant, BB et moi, de rouler vers
Arles, pour un tout autre univers.
Vu hier, sur l’ordinateur de maman, la photographie
d’une peinture, apparemment non torturée, de Bruce : il faut lui
reconnaître un talent dans la conception, la mise en forme, en couleurs et en
espace de ses toiles. Que cela l’épanouisse, je lui souhaite, mais je doute
d’un impact éthique sur son rapport au monde. L’art n’a jamais favorisé
l’exemplarité existentielle. Nos goûts pour les œuvres de certains ne peuvent
s’encombrer de la trajectoire parfois sordide de leurs auteurs.
Exaspérant sujet d’actualité : le pauvre pouvoir d’achat des Français.
J’en viens même à changer de chaîne, de station ou à tourner la page lorsqu’un
média nous farcit de cette antienne qui agrège tous les mécontentements. Nous
faire accroire que la situation moyenne de la population s’est dégradée,
lorsqu’on jauge son taux d’équipement technologique et la course effrénée à
satisfaire ses désirs, rebute et agace. Comme cette tarte à la crème d’un euro
qui serait le péché originel expliquant l’envolée des prix depuis maintenant
six ans.
Que le peuple arrête de se prendre pour un
conglomérat de cons ou, tout au moins, qu’il fasse preuve d’un minimum de
mémoire. Toute situation monétaire est ambivalente, bien sûr, mais ne vaut-il
pas mieux bénéficier d’un bouclier protecteur qui, entre autres avantages,
freine la hausse du pétrole pour les consommateurs automobilistes, que de
fantasmer sur les illusoires bénéfices que nous aurait apporté un franc dévalué
à deux reprises en un demi-siècle ?
Chacun s’est habitué, à l’époque des surplus
agricoles (les peuples des futurs pays émergents crevaient, eux, de faim, mais
ça ne nous affectait pas plus que cela…) à payer toujours moins sa nourriture.
On ne peut aspirer à toujours plus de confort, de loisirs, et se hérisser dès
que des masses de gens accèdent simplement à un mieux vivre qui passe forcément
par l’alimentation. Il faudra admettre payer plus cher pour se nourrir et
renoncer, le cas échéant, à l’accessoire de l’équipement.
Des miséreux qui acceptaient leur sort, nous voilà
à l’ère du misérabilisme revendicateur. Chacun justifie sa défiance à l’égard
des dirigeants politiques, économiques, par des simplismes rassurants sur sa
propre posture victimaire. A partir de quelle donnée peut-on affirmer qu’il y
aurait plus de malfaisants, en poids relatif, chez les dirigeants des
multinationales que chez les employés ? Dans son esprit approximatif, le
citoyen anonyme admet qu’il y ait des brebis galeuses dans ses rangs, et s’en
fait même parfois des sujets de fantasme ou de fascination, de Kerviel à
Fourniret, mais perçoit comme une généralité les déviances humaines des
détenteurs de pouvoirs. Sachons, là aussi, rester modeste dans nos sentences.
Samedi 3 mai
9h10. Nuit dans le joli nid de Fanny (à Aix en
Provence pour le week-end), après un dîner partagé avec Louise et Richard.
Occasion de goûter un Pineau des Charentes d’exception et un Cognac X.O. hors
d’âge, mêlé aux volutes d’un cigare de Guantanamera.
Attente que ma BB soit en beauté pour aller
vagabonder dans les artères colorées du marché d’Arles. Je me laisse bercer par
quelques airs inspirants d’un signet de mon MP3 : Jeff Buckley, John Legend… et parcours les myriades
d’objets et décorations qui personnalisent ce charmant appartement. Comment ne
pas déceler dans ce lieu la belle âme qui l’occupe.
Cela replonge dans ces instants de joyeuse troupe
qui magnifièrent quelques soirées improvisées. Ces moments où le bon esprit
fuse et la complicité semble ne pas vouloir expirer. Les Fanny, Mylène, Romy,
Aude autour de la sœur de BB, et tous ceux à présence variable, qui savaient
créer, le temps d’une réunion, la trame festive pour un partage à renouveler.
Du factuel, plus que jamais, la réflexion en berne.
Poursuite de La Décennie de Cusset qui me permet de contrecarrer, dans la marge, certains
arguments.
Dimanche 4 mai
10h04. Retour au bercail. Curieux comme certaines
ambiances, tout accueillants que soient les hôtes, me laissent fermé. Comme si
je ne pouvais sortir de ma réserve défensive. Cochon de caractère que je me
trimballe !
Hier soir, évocation des délires sentimentaux
(réglés aujourd’hui) du fils de Richard, avec une Tunisienne jamais rencontrée,
de dix ans plus âgée, et n’offrant aucune autre perspective qu’un gouffre
financier pour assouvir les besoins d’interminables entretiens téléphoniques.
Ce fantasme de l’idéal féminin, qui vous transporte
dans l’irrationnel, je l’ai eu vers 1994, avec une certaine Rachel C. (au
pseudo d’Ornella, via le Minitel) et dont je n’avais eu que quelques soupçons
de voix et une photo… de dos ! Heureusement, pas de téléphone obtenu ce
qui m’a évité les conséquences pécuniaires, mais ce qui a dessiné la non
sincérité de la demoiselle, voire sa perfide manipulation. Ainsi s’aguerrissent
les petits cœurs que les
mâles sensibles tentent de ne plus être, ou plus que de façon parcimonieuse.
Lundi 5 mai, 23h24
Tentative de reprise du Shaeffer offert par ma BB
et qui n’a jamais eu un débit d’encre digne d’un plume. Ma douce travaille
cette nuit, une reprise à regret pour nous deux. Terne vie professionnelle,
pour ma part, qui ne répond qu’aux nécessités minimales financières. Cette vie
active n’a rien de transcendant. Aucune amitié suivie, rien pour exalter. Le
néant existentiel n’est pas loin. Pas d’amertume, juste la conscience de mes
limites, de mon absence d’ambition.
Mardi 6 mai, 23h23
Alors que l’an I du quinquennat sarkozyen s’achève,
les médias s’ébrouent sur le bilan. Dans N’ayons
pas peur des mots, le chenu, mais toujours vivace, Philippe Tesson
s’enthousiaste sur l’audace réformatrice du chef de l’Etat. Pour lui, aucun
président de la Ve n’avait entrepris autant de projets de changement
à la fois et dans tous les domaines. La population française semble admettre la
nécessité de ces réformes, même si, individuellement, chacun voudrait ne pas en
subir les contraintes en les réservant à ses voisins. Toujours cette incapacité
à se remettre en cause dans son fonctionnement social.
Le relationnel amical se délite, chacun focalisé
sur les obligations de son existence. Les relances d’invitation ou de contact
de Barbara & Jean-Luc, d’Eddy & Bonny, n’ont rien donné. Des
disponibilités beaucoup plus rares d’Elo, d’Aline & Pedro. L’éloignement de
Shue a raréfié les contacts, celui de Liselle les a anéantis. Piteux résultat
donc.
Vendredi 9 mai
Le dîner à une quinzaine, mercredi, chez une
collège de ma BB, a confirmé mon peu d’enclin pour les réunions groupales.
Chacun laisse transparaître une face tellement incomplète ou déformée que tout
écart à l’apparente harmonie s’identifie comme une incongruité à étouffer dans
l’œuf. Les trois quarts des présents, pris à l’unité, n’ont rien de
désagréable, bien au contraire, mais leur conversation de prédilection, sitôt
le grégarisme assumé, c’est l’attaque ad hominem visant leur univers professionnel. Le vice est poussé jusqu’à se
lâcher à la critique d’un couple invité, parti en premier le café achevé.
Ce n’est pas tant le regard acéré qui m’incommode,
ma pratique pamphlétaire me rendrait sinon incohérent, que son expression en
l’absence des sujets de rogne et sans remettre en cause la face affichée lors
de leur présence.
Tout de même, dans l’assemblée réunie, un médecin
et sa (récente) compagne m’irritent : l’un s’essaye à la nonchalance
urticante, l’autre rabaisse son agaçant partenaire dès qu’une occasion surgit.
Dès que j’ai pu contrecarrer un argument du thérapeute, je l’ai fait avec une
froideur et un tranchant explicites. A leur départ, la distraite poignée de
main échangée avec le bougre, la femme n’ayant pas, à ma grande satisfaction,
fait le déplacement jusqu’à moi, et la teneur définitive de l’au revoir
prononcé, ne laissaient aucun doute sur le peu d’affinités réciproques.
Je n’ai tout de même pas poussé mon caractère
réfractaire jusqu’à l’éclat assumé à la Dupontel, dans Deux heures à tuer, pour ma BB et les
autres sympathiques convives.
Avec Alice, quelques échanges un peu plus nourris
sur Msn. Sa haine de Heïm est totale. Elle souhaitait m’appeler pour préciser
sa perception critique de mon état mental et existentiel : j’ai repoussé
l’offre. Pas envie de replonger dans ces pertes de temps du jaugeage de la vie
de l’autre. Je me sens parfaitement équilibré, je n’ai nul besoin de conseils,
même s’ils viennent d’une affection indubitable.
Comme elle laisse un commentaire sous chacun de mes
articles, Heïm doit être au courant de notre reprise de contact.
Samedi 10 mai
Au Q boat, sur la confortable terrasse qui doit être inaugurée le 15 courant.
L’artère verte de ces bords du Rhône reste bien peuplée à 20h15. Défilé estival
qui doit enchanter l’équipe municipale reconduite. Totale appropriation par la
population lyonnaise. La propreté des pelouses laissées à disposition, pour une
fin de journée, tendrait à démontrer un respect des lieux.
Après mon pessimisme foncier dans le grand Manus, me voilà presque
rassuré dans ce Manus portable.
Reprise de la vie près du fleuve. Le symbole et la
pratique ont propulsé Lugdunum au troisième rang des grandes villes où il fait
bon vivre.
Comme souvent, je dois être un des rares attablés
seuls : avec un Monaco, quelques cacahuètes, la pop de mon MP3, aucun
regret de cette situation et tendre pensée à ma BB.
Quelques témoignages flatteurs sur mon Journal mis en ligne : le désert
les entourant autorise, pour affermir un peu l’ego, que j’en laisse trace dans
l’objet des louanges.
D’abord un lyonnais anonyme, résidant rue Bonnel,
s’enthousiaste d’avoir pu trouver ce témoignage de vie qu’il rapproche des
extravagances d’un Bukowski, l’imprégnation alcoolique retirée. Sans doute ma
période batifolante avec échos dans ces pages.
Le Bring on the night sur scène, avec un virtuose des blanches et noires, vous envoie vers
l’ubiquité stellaire, des ondes musicale comme un voyage à la vitesse des sens,
tous azimuts, sans limite, inénarrable décollage vers les cimes de l’impro,
chef d’œuvre incarné des élancements rythmés.
Les aventures humaines, les dons de soi pour une
cause qui permet de faire un peu grandir l’humanité réconcilient avec cette
espèce imprévisible.
Un entre chien et loup prononcé va m’élancer
vers d’autres sphères. Improvisons, en selle de mon Bitween
Seven.
Fin du parcours pour du conventionnel en couche
épaisse : cité ciné et la dernière méga production hollywoodienne : Iron Main. Sans doute
médiocre pour le scénario, la plongée dans le spectaculaire compensera les
grosses ficelles. Pour se purger les boyaux de la tête.
La singularité du son de Keziah Jones me fait
patienter dans la salle d’attente du complexe.
Les bords du Rhône connaissent une vie estivale
sans pareille, avec tous les atouts du farniente multiforme.
Deuxième réaction d’Alice sous mon article Le ramolli mois de « mais ! » : elle estime que seules les mauvaises explications justifient le
mécontentement lycéen ; rien sur la possible frilosité de certains, l’abus
d’autres avec pour unique visée la dispense de cours (j’ai concrètement assisté
à ces comportements lors des grognes entretenues contre le projet Devaquet, en
1986 ou 87). Commode refuge dans le systématique renvoi de la faute sur le
dirigeant en place.
Outre cette option de l’ultra tolérance, Alice
m’abjure de croire en l’humanité et de faire plein d’enfants pour leur léguer
une terre préservée par le combat acharné d’une communauté humaine
bienveillante (j’en rajoute un chouia dans la reformulation !). La
divergence est là centrale : je n’ai aucun enclin pour le concept
globalisant d’humanité, d’autant plus en parcourant ses dérives sanglantes, ses
barbaries toujours recommencées, et ce depuis ses débuts. Si la fréquentation
peut me conduire aux meilleurs sentiments et jugements, je garde cette méfiance
léautaudienne a priori.
Dimanche 11 mai
23h40. Sans doute une prise de distance avec Alice,
suite à son souhait de m’appeler longuement pour m’expliquer diverses choses,
me faire partager sa vision impitoyable de Heïm. Elle n’apparaît pas connectée
sur Msn ce soir, peut-être même m’a-t-elle éliminé de ses contacts. Si tel
était le cas, je ne relancerai pas. Lassitude de tout cela. Qu’elle continue à
être persuadée que je ne suis pas encore en phase avec moi-même, que je reste
embourbé dans mes enfers passés…
Ne pas avoir sa radicalité sur ce « vieux fou
à enfermer » - selon son souhait lancinant – m’empêcherait toute
lucidité ? Eh bien j’assume et persiste.
Ces quelques jours de congés à Lyon en (presque)
solitaire n’a pas densifié enthousiasme et projets. La quotidienneté s’écoule,
en labeur et en loisirs, sans que cela excite mes fibres. Ce profond
détachement des choses, et même des êtres, éclaire le quasi désert relationnel
en expansion. Je ne cherche pas vraiment à enrayer le mouvement, comme si mon
objectif inavoué était de m’ancrer dans une ville où plus aucune attache (sauf
ma BB !) ne perdure. Voilà ma nature profonde : le refus de l’autre
qui incommode et l’inaptitude à générer un suivi relationnel.
Sans goût pour autrui, comment s’investir davantage
pour une vie nourrie de constructions ? Sombre, depuis mon dodo,
délaissant l’actualité, je n’ai rien à prouver, juste à assurer le minimum
vital financier pour rembourser un prêt immobilier sur vingt ans et permettre
le basique vital.
Lundi 12 mai
Dernier jour de cette parenthèse ludique, je débute
l’après-midi dans un cocon vert, non loin de la roseraie animée par le chant
d’oiseaux aux anges, car dispensés de prédateurs.
L’angle sombre d’hier ne parasite pas les envolées
enthousiastes.
Partie du texte « Mener, Guerroyer,
Mourir » non publiée sur le site AgoraVox :
« Là où Mazarine Pingeot délivre des souvenirs
affectueux pour son père, Alice incendie, à juste raison, la pédophile
existence de Heïm, prompt à assouvir ses appétits sexuels sans tenir compte des
progénitures engendrées ou recueillies. Pitoyable, lamentable échec outre-tombe qui se profile pour celui qui
encensait la parole de ses enfants contre les mamans alors en ligne de mire. C’est bien par la parole et les écrits de ses
ex ouailles, enfin libérés du joug psychologique, physique et financier, que
viendra la fustigation définitive du personnage.
Par petits coups de scalpel, le charisme cultivé
laisse transparaître les perversions occultées par une dérision conditionnante. D’Amstetten aux Ardennes, en dérivant par les plats pays, d’écœurantes
révélations édifient sur le néant paternel de ces enfumeurs de réalité,
uniquement déterminés à soulager leurs sordides élans sexuels. Mentir, Gueuler,
Manipuler. »
Vendredi 16 mai
Divine surprise pour le modeste salarié que je
suis : l’accumulation d’heures effectuées en surplus, par comparaison avec
les autres formateurs, me vaut une semaine de liberté. Idéale occasion
d’écrire, de publier sur LDP et de poursuivre la saisie et la mise sur Internet
du Journal à taire.
Traneing In du
virevoltant Coltrane pour improviser sur un sujet.
De la terre au ciel, le deuil de masses asiatiques
dépasse nos conceptions de drames plus focalisés. Les crapules d’Etats
autoritaires gèrent les offres humanitaires faites par nombre de pays comme de
suspectes ingérences. Certes, les potentats chinois maîtrisent bien mieux leur
rapport au monde extérieur que l’obtuse et infecte junte militaire :
laisser venir à eux tous les petits dollars et euros, ainsi que les matériels
proposés, mais éconduire les initiatives humaines.
Au malin cynisme de la sphère dirigeante chinoise,
ne répond que la monomaniaque fermeture des oppresseurs. Les peuples, eux,
souffrent des deux côtés sans illusion.
La France, elle, hoquette en attendant que les
réformes fassent effet et sans cataclysme social. Oui, c’est vrai, le seriné
couplet sur le pouvoir d’achat en berne entretient la grogne ambiante,
permettant à chacun de reporter ses propres échecs, ses renoncements ou ses
incapacités sur le commode portefaix étatique. Ça manifestouille, moui, pour que l’exécutif renonce à ses initiatives, mais sans
rien proposer de viable derrière. A moins que la bouille révolutionnaire et anticapitaliste
du Besancenot nous délivre une solution miracle. Allez ! Chiche !
Laissons-lui le Pouvoir cinq ans, rien que pour voir… et avoir la confirmation
incarnée de l’inanité de ses slogans simplistes. Son incapacité à former un
mouvement qui agrège les composantes de l’extrême gauche peut rendre dubitatif
sur ses aptitudes à la gestion déménageante du pays. Qu’il engraisse à son
rythme urticant, mais sans jamais déranger les penchants d’une France qui
ronchonne.
Lundi 19 mai
Vers 15h. De retour chez Elo, comme au temps où je
lui donnais des cours, pour travailler sur son mémoire et prendre de ses
nouvelles après qu’elle a attrapé un staphylocoque doré. Si la jambe est encore
endolorie, l’être est en forme.
Semaine dernière, dans un C dans l’air consacré à la
réforme des institutions, notamment au volet parlementaire, parmi les invités
experts dans leur domaine, Jean Gicquel que j’ai eu en 1988 ou 89 comme
professeur de droit constitutionnel. Vingt ans plus tard, le revoir avec le
même pétillement dans le regard, les mêmes intonations, la même habitude de
manger certaines fins de mots… même s’il semble beaucoup moins à l’aise sur un
plateau de télévision qu’à animer un amphi, émotion de le revoir en plein
passion argumentative. Parmi quelques souvenirs, celui de m’être fait applaudir
par les quelques centaines d’étudiants pour une question donnant lieu à
félicitations du professeur : comment expliquer la contradiction entre le
principe de non rétroactivité de la loi (inscrit dans la DDHC) et l’intégration
d’une rétroactivité pour les crimes contre l’humanité.
Eloignement d’avec Alice qui, une nouvelle fois,
s’est fendue d’un absurde commentaire sur mon article Mener, Guerroyer, Mourir, dans lequel
elle n’a rien perçu de l’allusif qui lui donnait raison. Pourquoi avoir écrit un
article dans lequel on n’apprend rien : certain qu’elle connaissait tout
des détails sur la fin de vie de Mitterrand. Stupide remarque : mon texte
est d’abord l’émotion d’un témoignage et non une démonstration informative.
Autre piste critique : j’aurais voulu, ô
condamnable démarche, replonger dans le passé ! Ça c’est de la critique
gros calibre… Quel est donc cet esprit malade qui trouve déplacé,
incompréhensible, l’évocation d’une parcelle de notre histoire politique ?
Est-ce sa haine du père spécialisé dans l’exhumation du passé qui explique
cette dérive ?
Finalement, sa pirouette finale, c’est de trancher
sur l’absence de talent dans mes écrits. Voilà une sentence de choix qui
contredit son propre commentaire sous un autre de mes articles, lequel versait
dans l’apologie de ses qualités littéraires. Dérisoire hypocrisie. Notre
intolérance réciproque doit nous contraindre à ne pas nous contacter pendant un
temps indéterminé.
Mercredi 21 mai
Le relationnel avec Alice s’est dégradé
davantage : pour être convaincue de ne pas être la seule à rejeter mes
écrits, elle s’est aventurée sur le site de citoyens reporters, AgoraVox, qu’elle a pris
pour un autre de mes blogs, laissant quelques commentaires ironiques
accompagnés de déplacés « Bisous Lo ! ». La teneur personnelle
de ses remarques, à mille lieues de ce qu’on attend sur le site (de
l’argumentation étayée sur les articles) m’a mis en rage.
Dans l’une de mes réponses, j’ai souligné que
« lorsqu’on partage si peu de choses, on ne tutoie pas ». Effet
inverse, elle déballe le contexte avec son prisme déformant : notre
filiation (sans préciser non sanguine), le fait de m’avoir retrouvé par le
biais de mon blog principal, le peu d’enclin pour ma façon de penser et
d’écrire… Et l’insulte suprême pour elle : « le Heïm nouveau est
arrivé, berk !!! », n’ayant rien perçu des allusions sévères contre
Heïm qui conclut mon article sur Mitterrand. Sur ce, je l’ai virée de mon
fichier d’adresses pour informer de mes parutions sur la toile et j’ai bloqué
son adresse Msn.
Grave contradiction dans sa démarche : elle
s’érige moralisatrice sur mon peu d’enclin pour l’humanité, et prétend que je
veux imposer mes vues sans admettre la critique. Qu’elle argumente sur les
propos de mon article, et je participerais volontiers au débat créé (comme je
le fais avec mes plus virulents opposants sur AgoraVox), mais qu’elle cesse,
exactement comme Heïm le faisait – et elle prétend s’en distinguer – de s’ingérer dans mes choix existentiels et de
s’ingénier à m’éclairer sur ce qu’est un VRAI écrivain. Sotte attitude.
Finalement, après Hermione, une nouvelle mise à distance salutaire pour cause
d’incompatibilité fondamentale. Peut-être, sur nos vieux jours, lorsque nous
n’aurons plus rien à prouver à l’autre, mais que seule comptera l’affection
préservée, nous pourrons nous retrouver, avant que la Camarde ne fauche tout ce
monde tourmenté.
Vendredi 23 mai
Le « fais ce qu’il te plaît » du mois
s’applique parfaitement à mon emploi du temps. Après le bénéfice de deux ponts,
dont un de cinq jours, une semaine de récupération pour le trop d’heures
effectuées les mois précédents, les trois semaines à venir n’auront rien du
planning d’un forçat. A goûter pleinement, donc, ce que je fais à la tête d’Or,
au calme, face à une étendue verte occupée par quelques daims.
Quel
paradoxe : Alice a critiqué mes invectives littéraires et, en l’espèce,
mon hommage à Mitterrand, justement dans l’écrit qui attaquait implicitement,
mais férocement, le géniteur qu’elle exècre tant. Pas de perception des
initiales utilisées dans le titre et le rappel par les trois verbes finaux.
Rien compris de mon allusion à la Picardie comme autre « plat pays »
qui accueille le vieux monsieur. Aucune envie de lui dévoiler la lecture bien
plus personnelle de cet écrit au thème public.
Après l’explosion du prix d’un baril de pétrole,
les professions grosses consommatrices de carburant grognent et réclament à
l’Etat. Les concurrences à quémander, à faire pression par le blocage…
Mardi 27 mai
Appris hier que le formateur HG, le plus anciennement
dans la structure, mettra fin à sa collaboration le 13 juin prochain. Il a
trouvé une nouvelle voie plus proche de chez lui, et plus en rapport avec le
monde adulte de l’emploi.
Petit choc, tout de même, de voir partir celui qui
intervenait sur les mêmes matières que moi. L’entente était complète :
j’ai répondu à son mail d’invitation pour un repas de départ, le 11 juin.
J’espère que ce ne sera pas le dernier. Pour ma part, la proximité géographique
m’incline à poursuivre cette activité aux perspectives d’évolution quasi nulles, malheureusement. Nous
verrons la tournure des choses lors de la vraie rentrée de septembre-octobre.
Autre
nouvelle : maman a rencontré Alice hier pour un repas édifiant en
révélations. Pas de détails dans son mail, mais la confirmation de l’horreur,
du sordide, de la manipulation.
Ce jour, par le
biais de Facebook, Alice m’a demandé d’être son ami. J’ai accepté, mais
je ne l’ai pas enregistrée sur Msn.
Impression d’une phase transitoire, dans pleins de
domaines.
La réforme des institutions capte un peu de temps
médiatique, réduisant, à ma plus grande satisfaction, le traitement du barbant
pouvoir d’achat du consommateur français.
Après Jean Gicquel, invité la semaine dernière,
Yves Calvi fait appel au constitutionnaliste Guy Carcassonne pour débattre dans
l’émission du jour. On le sent bien plus à l’aise sur le plateau que son
brillant confrère de la Sorbonne, et il démontre, notamment, l’inanité du
vocable d’hyperprésident accolé à Nicolas Sarkozy. Sa comparaison entre les pouvoirs effectifs
détenus par un G. Pompidou et ceux qui restent au chef de l’Etat actuel, fait
largement pencher la balance vers le premier : très peu de
décentralisation, une CEE encore timide, une mondialisation embryonnaire,
aucune AAI (Autorité administrative indépendante), un secteur public étendu à
de grandes structures financières, etc.
Christophe Barbier, autre invité de Calvi, aura
beau tenter de sauver cette appellation par un raisonnement un peu spécieux,
les références précises du professeur ont eu raison du néologisme de
journalistes brouillons et approximatifs par trop d’empressement.
Guy Carcassonne a d’ailleurs souligné le rôle
fondamental des médias qui semblent le négliger gravement ces dernières
années : vérifier, par l’investigation, les conditions d’application et
les conséquences des multiples réformes annoncées à grand renfort de clairon.
Ce soir, le jury populaire du procès Fourniret
devait délibérer pour, sans doute, suivre les réquisitions du procureur de la
République marquées par l’ignominie des faits et des êtres. « À gerber,
Fourniret. À gerber, Olivier » conclue-t-il sa stigmatisation de
l’inhumanité des criminels pervers. A 23h27, j’allume France Info pour vérifier
si la sentence n’est pas déjà rendue… il ne semble pas encore.
Toujours un petit tour par le Journal du monde
présenté par l’accrocheur Vincent Hervouët. Un ton toujours singulier dans un
PAF de l’information majoritairement convenu.
Jeudi 29 mai
Le sujet est complexe, objet d’études
contradictoires ou complémentaires, mais les parallèles qu’il permet peuvent
s’avérer savoureux ou sordides selon la disposition d’esprit.
Alors que des émeutes de la faim catalysent les
plus pauvres contrées, et qu’une des causes de la flambée des prix serait la
part croissante de la production agricole consacrée à nourrir… les moteurs, la
meute des corporatismes, via les pays riches, cherche à obtenir tous les
soutiens financiers pour prolonger les activités grosses consommatrices de
carburant.
Vendredi 9 juin
Alerte hier soir lorsque le papa de BB appelle pour
signaler que son épouse a été admise en soins intensifs : une douleur
persistante à la poitrine a décidé son médecin généraliste à cette urgence.
Finalement, une heure plus tard, nouvel appel pour préciser qu’il ne s’agit que
d’une angine de poitrine et non d’un infarctus. Pas la première alerte de santé
puisque Annette a dû cesser l’activité de distribution de journaux dès
potron-minet suite au diagnostic d’un genou détérioré. Un complément de revenus
évaporé, mais une nécessité corporelle. Le 14 juillet prochain, elle fêtera ses
soixante-dix ans.
Week-end du vélo dans quatre cents villes
françaises, mais une grisaille presque déprimante enveloppe Lyon depuis
plusieurs jours et ne se lèvera pas pour les deux-roues. Le vandalisme sur les
Vélo’v et les Vélib’ se confirme et ajoute même quelques lamentables cordes à
ses exactions : bornes explosées, vélos chouravés, attaches
cassées. À chaque fois que je découvre les restes de ces passages, le pire des
sentiments de représailles disproportionnées me tenaille. France Inter, dans
son journal du matin, donne la parole à quelques obscurs parangons du
vandalisme urbain. Lamentable !
Parmi les arguments lus et entendus des
anti-américains, quelques perfidies remettaient même en cause la réalité démocratique
du pays. Quelle leçon depuis quelques mois et les captivantes primaires
démocrates.
Finalement, moins rassurantes nouvelles pour
Annette : BB m’appelle du travail pour m’informer qu’elle a dû subir une
réouverture d’une coronaire.
Dimanche 8 juin, 23h15
Un lever prévu à 6h25, ce qui n’était pas arrivé
depuis plus d’une semaine. La période n’est pas à la surcharge professionnelle.
Journée dominicale studieuse avec Elo à s’acharner
sur la rédaction de son mémoire à rendre en fin de semaine. Sujet sur les
valeurs de l’entreprise et le rôle de la communication en ce domaine. Pas
vraiment un domaine enchanteur pour moi, mais l’affection transcende les
réserves formelles.
Elle a eu quelques nouvelles de Shaïna, pas vue
depuis des lustres, qui a connu une difficile période avec la mort par
empoisonnement de son grand-père : sa grand-mère, sujette à une
schizophrénie, serait soupçonnée.
La maman de BB, toujours à l’hôpital, semble se
remettre vaillamment de l’intervention médicale. Le suivi nécessitera le
sérieux un peu plus prononcé d’un généraliste.
Lundi 9 juin
16h, depuis les berges du Rhône et sous un astre
régénérant. L’après-midi s’est conjugué avec la fastidieuse relecture du
mémoire d’Elo. Des passages truffés de fautes et un sujet de moyen intérêt pour
moi font de ce travail un pur acte affectif. Après Shue et Sandre, Elo est la
troisième bénéficiaire de mes conseils plus ou moins inspirés, pour finaliser
leurs études (thèse de médecine, de didactologie et mémoire de DECF). Que de la
satisfaction relationnelle.
À retenir du week-end dans l’actualité des
VIP : une mort et un départ forcé.
Disparition du grand Dino Risi, réalisateur de
comédies avec, notamment, l’immense Vittorio Gassman.
Mercredi 18 juin
L’après-midi au parc tête d’Or à tenter d’améliorer
mes couleurs épidermiques après des jours de grisaille et des rasades de
flotte. Avant cette détente scribouilleuse, diverses tâches personnelles dont
l’achat d’une place pour le jeudi 4 septembre à la halle Tony Garnier. La Vida Tour Coldplay fait halte sonore à
Lyon. Le dernier album, acheté et téléchargé dès lundi, comble les attentes.
Vendredi 20 juin, des bords du Rhône
Décidément, Alice persiste à venir me chercher des
noises en appuyant les perfidies d’un lourdingue d’AgoraVox. Me reprochant de n’avoir aucun recul sur moi parce que je cite
quelques faits biographiques datés des châteaux d’O et d’Au, elle en devient
grotesque en complétant ses piques d’une familiarité pseudo affective.
Rien à argumenter avec elle sur le fond :
après avoir bloqué son adresse sur Msn, je la vire de mes contacts amicaux sur
Facebook. Une telle incompréhension réciproque appelle un terme à cette
résurgence relationnelle. Exit, donc !
Ma dernière ruade anti-Noniste, dans ce nid
d’hystériques gauchistes qui s’excitent contre tout ce qui tranche avec leur
haine sarkozo-capitalisto-européenne (version 1951 et la suite…), a eu l’effet
escompté. Pour eux, la démocratie représentative est illégitime lorsque le
peuple a décidé par référendum, même si lesdits parlementaires ont été élus par
ce même peuple postérieurement à sa décision, et en connaissant leur programme,
notamment sur les institutions de l’UE.
Cet intégrisme démocratique s’illusionne sur la
vertu de sa démarche. Entre eux ils peuvent croire à l’aboutissement constructif
vers une autre Europe. La vérité c’est que le poids déterminant d’une
conjoncture déprimante ne peut laisser émerger un consensus populaire, sauf à
retenir les règles fédérales d’une consultation, et non l’addition des
vingt-sept majorités. Evidemment pas à l’ordre du jour, d’autant plus que dans
le panel varié des Nonistes figurent des souverainistes et des nationalistes.
L’invective ad hominem traverse nombre de
ces interventions, ce qui restreint le débat, moi-même ayant un fâcheux
penchant à la contre-attaque disproportionnée.
Samedi 21 juin
Après-midi radieuse qui laisse présager une
surabondance humaine pour cette courte nuit de la musique. Artères, rues et
ruelles vont se sonoriser avec plus ou moins de talent.
Petite balade en vélo ce soir, avec ma BB, pour
goûter quelques ambiances. Elle a obtenu son dimanche, me quittant quatre jours
pour une formation à Paris.
Sous l’épaisseur feuillue d’un marronnier, la
touffeur ralentit mes élans et rend brumeuses mes intentions.
Vu l’iconoclaste Claude Alègre dans l’Esprit libre de Guillaume
Durand, en promotion de son journal 2007, La
Science et la vie, dans lequel il s’insurge contre quelques
consensus idéologiques qui monopolisent l’attention et les efforts de la
communauté internationale au détriment de plus prégnantes urgences comme l’eau
et l’énergie. Au premier rang des alarmismes démesurés, le réchauffement
climatique. Il ne conteste pas l’aube d’un changement climatique, mais réfute
la viabilité des projections à un siècle tant des températures que du niveau
des océans. La complexité des facteurs en jeu et notre relative méconnaissance
de la discipline rend plus idéologiques que scientifiques ces données.
Everything’s not lost de Coldplay transporte toute mon attention argumentative vers d’oniriques
contrées. Impossible résistance, le flot mélodique coule trop de source…
Dimanche 22 juin
Rien de bien exaltant à cette fête de la musique.
L’interprétation d’un morceau d’Eagle Eye Cherry par un quintet de quinquas
dans le vieux Lyon a relevé un chouia le niveau.
Au lac d’Aiguebelette avec ma BB, surpeuplé mais à
l’ambiance familiale, sans kakou pour plomber l’alentour de sa navrante parade.
Mercredi 25
juin
Stupeur en
consultant le contenu des derniers commentaires sur AgoraVox concernant
mon article Unis dans la malignité : Alice la perfide s’acharne, dans un pavé haineux, contre le
portrait que j’ai donné de moi.
Jeudi 26 juin
« Puisque AgoraVox laisse des commentaires qui n’ont
strictement rien à voir avec le sujet de l’article et constitue une diffamation
en règle, je vais répondre.
Tu me reproches le
contenu trop positif, voire mensonger de mon profil sur AgoraVox. A-t-on
jamais vu quelqu’un se présenter en mettant en avant les heurts de son
existence ?
Moi, j’ai fait
mieux : j’ai mis en ligne mon Journal à œillères qui n’occulte rien
de mes échecs et ne m’épargne pas. Je n’ai donc pas attendu tes fielleuses
leçons pour pratiquer l’autocritique.
A l’inverse, je
n’ai pas lu grand-chose de toi constituant une amorce de remise en cause
personnelle. De la paille et de la poutre, tu connais l’adage…
Sur la question du
talent, et en l’occurrence de son absence sidérale dans mes écrits. Voilà bien
une donnée qui t’obsède. Tout d’abord, pour éclairer les très rares lecteurs de
tes dérives et de mes tentatives de réponses, qu’ils sachent que tu t’es
emparée la première du sujet : peux-tu citer un seul passage des plus de
1500 pages manuscrites publiées sur internet où je m’adonnerais à
l’autosatisfaction littéraire ? Tu peux chercher, tu ne trouveras que des
doutes, des réserves, des critiques sur mes propres écrits. Là encore, je ne
t’ai pas attendue.
Sache, tout de
même, que ta sentence ne représente qu’une opinion et que j’ai de nombreux
témoignages inverses et soutiens sans faille. Je note, d’ailleurs,
l’opportunisme de ton argumentation : au début de ton intervention, ton
géniteur Heïm est jugé, a contrario, comme ayant du talent, lui ; à
la fin de ton texte, il n’est pas considéré comme ayant un quelconque talent
d’écrivain. Autant je me fous de ton orthographe approximative, autant
m’insupporte cette distorsion du jugement pourvu que cela serve l’attaque du
moment.
Rien, ni personne,
tant que l’intellect suivra, ne me fera abandonner l’écriture : c’est une
jubilation et un besoin.
Revenons à tes critiques
sur ma petite autobiographie : oui, Heïm m’a proposé ce projet. J’avais le
choix de refuser, quoi que tu en penses, et j’ai assumé les conséquences
jusqu’au bout, allant même jusqu’à endosser des responsabilités qui ne
m’incombaient pas juridiquement, comme la prise en gérance de la Sebm que tu
dirigeais, peu de temps avant son prévisible effondrement. Ne m’étant pas
dérobé, ayant répondu à mes engagements, je ne vois pas pourquoi, aujourd’hui,
je devrais occulter le fait que plus de
trois cents titres ont été publiés pendant que j’occupais et exerçais la
fonction de gérant. Que Heïm, comme directeur de la collection que
j’exploitais, ait eu une influence déterminante, je ne l’ai, là encore, jamais
nié. Cela n’anéantit pas pour autant le travail éditorial assumé.
La multiplicité
des tâches accomplies (et relatées dans mon Journal) suffit à vider de
sens ton affirmation. Pourquoi cette tendance, chez toi, à ne retenir que le
sombre, à ne pas tirer quelque enthousiasme constructif du vécu ? En
l’espèce, je revendique ma position d’éditeur, de gérant de société, de
codirecteur de collection, etc. Et si tu as des papiers plein tes archives,
sache que j’en ai au moins autant qui prouvent la véracité de ces lignes.
Minable, ton
attaque sur mon recueil de poésies. A dégoûter d’avoir répondu à ta reprise de
contact. J’affirme et je jure n’avoir pas versé le moindre argent pour que ce
recueil paraisse. C’est donc bien une publication à compte d’éditeur ! Je
te rappelle qu’à 17 ans je n’étais plus au château d’O, et ce depuis de
nombreuses années, et que j’ai fait la démarche d’envoyer mes premiers textes à
Heïm, oui ! Et alors ? Tu crois que dans les vraies (selon tes
obscurs critères) maisons d’édition on ne fait pas jouer les relations ?
Naïveté ou aveuglement volontaire ? Tiens, tu devrais lire en la matière
le journal de Madeleine Chapsal qu’on ne peut soupçonner d’appartenir à la
« secte » de Heïm ! Tu nies sa qualité d’éditeur, libre à toi.
Pour ma part, ce qui importe c’est l’existence objective d’un ouvrage avec un
numéro ISBN.
À propos de l’Aristocratie
libertaire… : tout est sujet à critique et à interprétation, y compris
ce que tu n’as pas lu. Encore une fois, tu rayes d’un trait l’investissement
personnel mis dans un travail accepté par Marc Dambre, professeur à
Paris III, spécialiste incontesté de Roger Nimier, et sans aucun rapport
avec Heïm. C’est lui qui a retenu mon sujet, et je l’ai rédigé tout seul comme
un grand. L’opportunité qui m’a été donnée de le faire publier, pourquoi
l’aurais-je refusée ?
Tu as un tel
mépris pour ce que tu étiquettes comme des « auteurs mineurs », que
c’en est risible. Quelle légitimité as-tu pour décréter qui a le statut
d’auteur ou pas ? Moi, un des livres qui m’a le plus bouleversé, c’est Grand-mère
est morte de François Richard. J’échangerais les œuvres complètes de
Claudel ou de Proust contre cet ouvrage. Tu vois que le subjectif règne en
maître, moi je ne le nie pas.
C’est vrai que tu
cites Molière et Hugo… alors là, évidemment, on est kapout d’emblée. À ce
propos, toi qui me conseilles la « simplicité » dans l’écriture,
as-tu tenté la lecture de la poésie de l’immense Victor, des Châtiments
aux Contemplations ? Heureusement qu’il est panthéonisé,
sinon il serait passé sous ton impitoyable crible.
Encore une
contradiction interne dans ta justification des fautes en pagaille :
« cette homme nous a aussi privé d’instruction et d’école légal ».
En te lisant, on peut être disposé à te croire, sauf que… le « nous »
est hors de propos. Il me semble qu’il nous a incités à faire du droit :
j’en ai fait jusqu’en licence, puis j’ai enchaîné avec les lettres modernes,
sans en être empêché. Il y a donc bien une part de responsabilité individuelle,
non ? N’est-ce pas un peu facile de se décharger de tout…
Moi, je ne renie
rien de ce que j’ai été et de mes engagements passés, même si aujourd’hui,
contrairement à ce que tu insinues, je suis à des années-lumière de ce monde.
Enfin, cesse un
peu tes considérations sur ma supposée situation psychologique. La seule chose
qui m’attriste, c’est d’avoir lu ton déchaînement. Pour le reste, je suis
parfaitement heureux avec ma BB, aux anges dans cette magnifique ville de Lyon
et on ne peut mieux dans ma peau ! Est-ce un style suffisamment clair et
simple ?
J’espère ne plus
devoir justifier les constituants de mon existence et que notre croisement
malheureux, lui, s’arrêtera là. »
Samedi 28 juin
Finalement, AgoraVox a accédé à ma demande de suppression, deux
jours plus tard et alors que ma réponse avait été publiée peu de temps avant.
Cela a dû mettre Alice dans une folle rage, restreignant sa réaction au fait
que mon argumentation ne soit constituée que « DE GROS
MENSONGES ! », en lettres capitales, et que « la vérité fait
peur ». Les administrateurs du site complices de mes abominations : à
se tordre… de rire !
Lundi 30 juin
Le courriel de
maman à Alice, après lecture de notre échange incendiaire sur AgoraVox,
m’a rassuré quant à la légitimité tant de ma réaction que des arguments
avancés.
A l’ombre d’érables au bord du lac de la tête d’Or,
un parc presque vide par le cumul des premiers congés estivaux et du premier
jour de la semaine.
Elo a terminé les épreuves pour son master 2. Je
l’ai accompagnée hier en fin d’après-midi au complexe de Vaise pour découvrir
le chapitre deux du Monde de Narnia. Un gentillet mélange de Potter chez les Hobbits au cœur du livre de
la jungle. Divertissement sans transcendance créative.
Elle doit s’installer, à la rentrée, à Tignes avec
son compagnon. Mon relationnel lyonnais aura alors atteint son plus bas niveau,
un quasi néant. Pas morose pour autant, car avec ma BB l’amour affectif est
plus ancré que jamais, comme une évidence de vie, avec tous ces petits instants
cumulés de bonheur. Chacun semble avoir trouvé son équilibre dans cette dualité
sans heurt, sans coup d’éclat, à l’aune de nos besoins respectifs.
Mardi 8 juillet
Première des trois nuits au gîte perdu dans un
hameau loué par maman et Jean. Une partie de la soirée sur mon différend avec
Alice. Les atrocités de Heïm se
sont cumulées au fil des ans, au point que nous évoquions l’hypothèse d’un
cadavre laissé au château de Limeray avec la disparition d’une certaine
Béatrice D. Fantasme ou sinistre vérité cachée ? Me reviennent certaines
déclarations de Heïm, lors de soirées avinées, faisant allusion à un possible
acte meurtrier comme l’initiatique capacité à aller au bout du rapport à l’être
humain.
Mercredi 9 juillet
Parvenus à l’unique plage aménagée du Salagou.
Maman vient de me joindre : clou planté dans le pied sur le chantier de la
maison ; destination les urgences de Pézenas pour une piqûre
antitétanique.
Découverte de cet espace ludique, plage de pierres
à l’herbe inégalement présente. Une colonie d’une trentaine de mômes et de
préados vient d’accélérer le peuplement des lieux.
« L’homme qui
forniquait les enfants » : voilà ce qui pourrait résumer la facette
criminelle de Heïm. Que je ne renie pas mon passé ne m’interdit pas l’écoute de
témoignages dont on ne voit pas l’intérêt du caractère mensonger, puisqu’ils
s’abstiennent de toute stratégie judiciaire.
Il me faudra
répondre ici, pour la trace nécessaire, au dernier courriel d’Alice. Avant
cela, la part d’enfer vécue par l’entourage juvénile de Heïm se doit d’être
consignée pour développements ultérieurs.
Béatrice, la plus
âgée des enfants, très vite objet sexuel du pédophile enclin à assouvir ses
fantasmes scatologiques avec elle. Réduite à l’état de boniche du château d’O,
elle n’a pu bénéficier d’aucune scolarité et n’a pu espérer, une fois virée du
vase clos, qu’un boulot de ménages pour survivre, vaille que vaille, encore
terrorisée, à plus de quarante ans, par ce passé entre esclavage sexuel et
domestique. Sa mère Maddy s’est rapprochée d’elle, hantée par la faute majeure
d’avoir laissé sa fille en pâture à cet ogre de chairs fraîches.
Alice, la fille
aînée de Heïm, baisée contre sa volonté – ce qui la fera passer, dans un
message lancinant du violeur, comme une jeune fille frigide ! Elle aussi a
été dissuadée, sous couvert d’un choix apparent laissé, de se lancer dans des
études de droit. Son niveau d’expression écrite, évalué des années plus tard à
celui d’un enfant de quatrième, pèsera le reste de son existence comme un
douloureux handicap. Certes, elle aurait pu tenter de résister à la pression de
son géniteur, voyant Hubert et moi entreprendre ces études, mais le contexte ne
lui a pas permis cet affranchissement. Reconnaître son incontestable
souffrance, ce n’est pas accepter d’elle toutes les critiques.
Que Heïm ait monté
ses proches les uns contre les autres me semble aujourd’hui une évidence. La
plus scabreuse illustration en est la tentative de tenir son futur magistrat de fils en le convainquant, un soir de plus
d’alcoolisation totale, d’aller fourrer sa grande sœur. Hubert n’exaucera pas
le vœu pernicieux de son salaud de père, s’effondrant dans les bras
accueillants de la sœurette. L’échec du projet n’empêchera pas Heïm de déclarer
à maintes reprises, notamment après le départ fracassant d’Alice, que le
nouvellement nommé substitut du procureur a commis l’irréparable, le
« viol de sa sœur ». Venant de celui qui n’a quasiment laissé aucun
de ses enfants de sang ou confiés indemnes, cela pourrait apparaître comme
cocasse si le sujet ne rendait la chose ignoble et l’individu sinistre.
L’enfant Hubert a,
lui aussi, subi le pire du crado sexuel à Pontlevoy, obligé de participer aux ébats
entre sa mère (aujourd’hui artiste peintre aux Etats-Unis) et l’initiateur Heïm
qui poussera le vice jusqu’à faire du déjà illicite trio un quatuor zoophile
avec le chien ! L’abbaye de Pontlevoy servant de cadre aux déviances
dégénérées : le tableau écœure…
Karl, cher ami
Karl dont je n’ai plus de nouvelle, aurait lui aussi été fourni par sa mère à
la sexualité gargantuesque de Heïm. Jamais il ne s’est confié à moi, comme
jamais je ne me suis épanché à lui sur ce sujet.
Pourquoi serait
affabulation pour les autres ce qui, pour moi, est une vérité : non point
que Heïm m’ait violé au sens strict du mot, mais une fellation réciproque
couronna, alors que je n’avais pas encore douze ans, une particulière
initiation au sexe avec visionnage préalable de petites séquences filmées avec
quelques-unes de celles que je dénommais, par le cœur, mes mamans. Comme dirait Ardisson, « sucer est-ce
tromper ? » et se faire sucer par un préado est-ce violer ?
Voilà qui est inscrit, à trente-huit ans, brisant la chape de plomb que Heïm
avait évidemment réclamé sur ce sujet… Dix ans tout juste après la prescription
de ses crimes.
Jeudi 10 juillet
Ma maman s’en tire avec un petit bandage sur une
partie du pied et une claudication variable. Ma BB lui a fait, hier soir, les
piqûres nécessaires.
Ce matin, retour sur les terres ocre du Salagou
après un détour par Bédarieux. La signalisation des directions est la faiblesse
du coin : des circuits circulaires au cœur de la localité avant de parvenir
à s’échapper du cirque urbain.
De retour sur cette petite plage à 11h15, maman
m’informe (le message antérieur m’est signalé après que j’ai raccroché) que
Paul, Liliane et Elisa, la fille de Nathalie, arrivent pour déjeuner à 13h.
Séjour raccourci pour le bronzage…
Suite de la mise
au jour des abus de Heïm remise à plus tard.
Vendredi 11 juillet
Long périple routier à subir : Vernazoubres-Le
Cellier. La plus courte des trois étapes s’achève avec un brouillard épais sur
la montagne d’en face. Nous ne croiserons malheureusement pas Jim et
Aurélia : arrivée prévue pour samedi soir ; quelques jours dans
l’Hérault.
Revenir un peu,
avant le départ avec ma BB, aux terribles conséquences engendrées par les
impardonnables exigences et pernicieuses suggestions de Heïm.
L’infect exploit
du vieux est d’avoir obtenu la séparation de fait entre ceux qui l’entouraient,
chacun ayant un type de ressentiment à son égard inconciliable avec ceux des
autres. Mes brèves retrouvailles avec Hermione, puis Alice, interrompues à la
première bisbille venue, le démontrent avec force. À chaque fois, une approche
de la vie et des jugements incompatibles. L’affectif amplifie l’outrance :
inexorable point de rupture. Ainsi, chacun dans son coin, Heïm peut finir
tranquillement son existence, sans menace judiciaire qui le ravalerait à la
minable série des criminels sexuels.
Alors à moi, sans
concession, de rapporter, de témoigner sur ce qui peut éclairer la vérité
d’être de Heïm, sans nier ses apports, ses talents, mais à des univers des panégyriques
à la Franck Roc, un de ceux qui ont laissé leur enfant en gage charnel de leur
allégeance.
Samedi 12 juillet
Vers
14h. BB et moi allons rejoindre St Denis la Chevasse
pour deux jours de festoiements avec les anniversaires d’Annette et de François.
Dimanche 13 juillet
9h50. La (re)découverte du Journal de Léon Bloy et de sa première
étape, Le mendiant ingrat, me laisse un sentiment ambivalent à rapprocher de celui que j’ai à l’égard de Heïm qui me
la fait connaître.
Sa religiosité extrême, transpirante, m’éloigne de
ses réflexions ; sa si peu catholique façon d’envoyer au diable ses
affections, amitiés et accointances, sitôt obtenu tout le soutien financier
qu’il pouvait en espérer, me gêne. Tracé de génie dans le style, fulgurances
apocalyptiques, mais sangsue repoussante dans la vie. La tonalité larmoyante,
sous enrobage stylistique, de courriers pour amollir la proie à pressurer, peut
être vite suivie, en cas de déception avancée ou de refus persévérant, d’une
cinglante réaction. Versatile opportuniste Bloy ? Pas loin de le penser…
La pauvreté affichée (qui ne l’empêche pas d’avoir une bonne !) n’excuse
pas tout. Ce manège, Bloy qui louvoie puis Bloy qui grogne en fonction de ce
qu’il peut retirer ou de ce qu’il estime devoir évacuer de son champ de
conscience, m’évoque la caricature humaine qu’a si lumineusement campée de
Funès… On roucoule devant les forts et on aboie sur les faibles. Plus vicieux
chez Bloy, et peu comique de surcroît : sérénade onctueuse pour celui qui
peut vous nourrir ; rage expectorante contre celui qui ne verse plus ou ne
versera pas.
Heïm le maudit a
su jouer des circonstances, monter les uns contre les autres, faire régner une
terreur sourde pour mieux contrôler son petit monde et assouvir ses appétits
charnels. Je ne nie rien des apports intellectuels, d’un sens de la dérision,
d’une plume sans pareille… mais je m’affranchis de tout refoulement, de toute
dissimulation, de tout silence en forme d’oubli.
Merveilleuse,
l’enfance châtelaine ? Le cadre oui. Pour le reste, les contrastes
s’imposent. Pour une promenade partagée avec les enfants sur les chemins
alentour on peut soustraire une dizaine de repas d’engueulades dans la salle à
manger du château d’O. Les interminables monologues de Heïm, selon la
conjoncture mesnique, se concentraient contre l’unique mis au pilori –
les autres obligés d’écouter le flot ordurier, assassin – ou balayaient la
tablée réglant leur compte aux présents, mais aussi, plus férocement encore,
aux absents.
23h51. L’année 1892 de Bloy achevée. Brefs échos d’une très limitée
effervescence lors de la parution du Salut par les juifs. La version expurgée par l’auteur lui-même limite le diarisme, donnant
la part belle à la correspondance. Une bien plus elliptique approche que celle
de Léautaud qui cultivait l’authentique et l’exhaustif compte rendu. Bloy met
en scène ses fulgurances littéraires ; Léautaud laisse la scène à
l’improvisation naturelle.
Pour Heïm, point
de Journal tenu : que pourrait-il aborder sans
révéler l’extrême falsification de son rapport à l’autre, tout entier dévolu à
l’exploitation qui peut en être tirée.
Qu’aurait provoqué
mon refus, en 1991, de prendre la responsabilité juridique de la SERU et du
reste ? Une mise à l’écart certaine et toutes les humiliations attenantes.
Connaissant mon peu d’enclin pour le modèle social classique, il me tenait immanquablement.
Je ne souhaite pas
un instant atténuer ma responsabilité, mais je ne veux pas occulter l’amont de
ma décision et ses révélatrices coulisses.
Qu’il puisse me
croire, encore aujourd’hui, un tantinet bienveillant à son égard me
ravit : enfin il a droit à sa dose de double langage, de manipulation et
de désillusion sur l’autre. Si j’apprends que la Camarde est sur le point de le
faucher, je lui révèlerai les parts manquantes, pour que le choc le désarçonne…
Lundi 14 juillet
Pique-nique rupestre avec la famille B dans une
forêt domaniale non loin de St Denis la Chevasse.
Quiétude dans ces moments pour mieux fouiller le
passé. Une relecture de mon
témoignage du Journal à œillères,
notamment des années 91-95, laisse apparaître un naïf, mais sincère, engagement
pour mener au mieux les activités et une pressurisation déséquilibrante des
finances pour subvenir aux besoins de la vie châtelaine sur l’implacable impulsion
de Heïm. Cette activité a permis de payer cash la moitié du château
d’Au : principal bénéfice de la dévotion de proches encore confiants dans
les plans du directeur des collections. À nous les ennuis juridiques, à lui la
garde sacrée du stock et de l’idée. Chez les autres, les irrégularités
devenaient des crapuleries malhonnêtes ; chez lui cela s’érigeait comme
légitime combat contre l’Etat républicain prévaricateur. Vieux comme le vice
humain : orienter la conscience des ouailles pour ennoblir et justifier le
pire.
Cette descente en
règle du système heïmien, ruminée depuis une dizaine d’années (le fait
déclencheur conscient en a été la trahison de sa parole dans l’optique
mirifique de fiançailles programmées avec Sandre : là le visage
exploiteur, centré sur son seul bien-être quitte à désespérer ceux qu’il avait
encensés, m’est pleinement apparu) n’empêchera pas ma réponse affective au dernier courriel d’Alice. Contrebalancer ici,
dans la mesure, est un devoir pour la dignité respective.
Alice : « Je continuerai à passer te
lire en fonction de mon temps disponible et dans l’espoir que, les années
passants, ta personnalité évolue. »
Voilà d’emblée ce qui me gêne dans sa façon
d’aborder ceux qu’elle affirme aimer. Quand nous avons repris contact, et avant
qu’elle n’adopte l’attaque ad hominem, je n’ai jamais remis en cause sa
propre façon d’être, son humour et son esprit de dérision qui m’évoquaient, bien plus souvent
qu’elle ne doit l’imaginer, ceux de son géniteur. Pourquoi exige-t-elle des
autres ce qu’elle n’a pas atteint elle-même ? Qu’elle n’attende
donc pas de mutation de mon caractère pour répondre à ses obscurs critères… Ce type d’exigence me rappelle celle
de Heïm sur le genre de jeune femme qu’il exigeait pour moi. Aimer les
gens pour ce qu’ils sont et pour leurs propres choix est le premier des
respects.
Ai-je moi, à un seul moment depuis nos
retrouvailles, critiqué sa façon de vivre, ses choix sentimentaux ? Non,
jamais ! Alors débattons, échangeons, argumentons, mais laissons en paix
les personnalités de chacun.
Alice : « (…) en effet je
n’interviendrai plus, pas parce que tu me l’as demandé, mais parce qu’il ne
sert à rien d’être complice de ce que je vois et lis si je ne peux le dénoncer
et en apporter la preuve. »
Encore les gros mots. Je serais une sorte de
collabo dont la seule lecture salirait la pure Alice. Tout est donc affaire de
témoignages, de preuves, de confrontations de nos vécus.
Encore une fois,
je ne remets nullement en cause les horreurs subies par l’entourage affectif de
Heïm, et les pages récentes de ce Journal en sont le gage,
mais il faudrait que ce respect soit réciproque. Alice et ces
« autres personnes » qu’elle aime ne peuvent exiger qu’on pense tout
exactement comme elles, comme des clones intellectuels : non seulement parce que c’est
une absurdité en soi, mais aussi
parce que cela constituerait exactement l’une des dérives qu’elles ont
reprochées au système Heïm.
Voilà encore une façon d’aborder l’autre que je ne
peux admettre : combien de fois Alice, à la lecture d’un de mes
articles, n’a pas jugé bon de me répondre sur le fond du sujet (par exemple mon article sur
Mitterrand dont elle n’a pas perçu les attaques en filigrane contre Heïm) mais s’est placée sur le plan personnel pour tenter
de modeler ma façon d’être, de
me présenter et d’aborder le monde à l’image de ce qu’elle espérait. N’est-ce pas exactement ce qu’elle
reproche à Heïm d’avoir fait ?
Alice : « Quand je t’ai eu au
téléphone, tu m’as présenté tes excuses de m’avoir menacée sous l’emprise de Heïm. Cela
n’était pas utile car tu n’étais pas responsable. »
Ah la responsabilité ! Là encore tu
sous-estimes ceux que tu dis aimer et surestimes l’influence de Heïm.
Je ne peux nier ma rancœur d’alors lorsqu’Alice
s’en est allée avec Leborgne me laissant seul assumer les ruines en séries. À
25 ans, je me sentais parfaitement responsable de mes choix, de mes adhésions.
Mes excuses portaient donc bien sur ce que je m’estimais responsable dans ce
contexte tendu.
Dois-je croire, moi, qu’Alice n’était, elle, pas
responsable de ce qu’elle m’a déclaré lors de cette entrevue et que j’ai
rapporté à brut dans ces pages ? Là Heïm était absent. C’était une déclaration pour le moins
scabreuse d’une sœur à un frère estimé comme tel, face à face sans autre
témoin. Remettrait-elle en cause ma parole sur ce fait ? Si oui, cela jetterait
de facto un doute sur tout ce qu’elle a pu me raconter.
Alice : « J’espère que la prochaine
fois que tu me croiseras, si ça se fait un jour, là tu les feras (des excuses)
pour ton comportement du moment où là tu as une part de responsabilité et où tu
te comportes d’une manière odieuse et irrespectueuse (pas face à ta sœur mais
face à l’être humain que je suis et en fonction de l’enfer que nous avons vécu,
même si nous n’avons pas vécu les mêmes choses. Tu ne peux juger ma souffrance
et celle de ceux qui se sont confiés à moi. J’estime que cela mérite un minimum
de respect et de délicatesse, c’est ma façon de vivre et de penser. »
Jamais je ne présenterai la moindre excuse pour
quelque chose que je n’ai pas commis. J’ai répondu à tes attaques personnelles,
oui ! Jamais je n’ai jugé tes souffrances, ta façon de vivre et tes
opinions… tant que ces dernières ne m’attaquent pas dans mon intégrité. Avec ce
genre d’attente, nous ne sommes effectivement pas près de reprendre contact. Un
beau gâchis de plus !
Alice : « Oui c’est moi qui ai pris
contact avec toi (…). Mais nos relations ont mal tourné au moment où tu as
insisté pour que je te lise et te donne mon avis. »
L’erreur, je l’admets, est d’avoir pensé que te
demander ton avis sur mes écrits favoriserait un échange sur le fond des
articles et pas sur ce que tu décelais d’infâme dans ma personnalité. Si mon
objectif était de m’imaginer « Dieu le père », je n’irais pas
proposer mes articles à des sites où je cumule les adversaires idéologiques. Je
resterais, au contraire, bien sagement sur mon blog en éliminant tout
commentaire critique !
En revanche, lorsqu’on me critique comme personne,
ainsi que tu l’as fait, oui je m’estime en droit de répondre, même brusquement.
On peut donc se renvoyer à l’infini les reproches… perte de temps et d’énergie.
L’incompatibilité s’impose.
Alice : « (…) ta position actuelle et
ta façon de me répondre ne peuvent que me révolter car ce n’est pas ce qui a
été vécu. Va dans les tribunaux, ouvre les dossiers, écoute, s’ils veulent bien
te parler, les acteurs de cette époque. »
Que j’ouvre les dossiers, que j’aille devant les
tribunaux : voilà bien ce que j’ai fait des années durant. Je ne remets
pas en cause ta vérité vécue, mais je n’admets pas cette volonté de me mettre
en coupe réglée, niant ma propre perception des choses. Finalement, tu me
reproches ce que tu mets toi-même en œuvre.
Alice : « (…) je me retrouve avec toi
dans la même position que lorsque j’ai fui le château. Devant un personnage qui
vit dans son monde et son univers et qui ne vois pas que tous sont moqueurs ou
indignés dans son dos. Je t’assure, et sans méchanceté, que tu es très mal
perçu et que ça nuit à l’homme charmant que, j’espère, tu es au fond. »
Voilà une révélation : d’aucuns se moqueraient
de moi, seraient irrités par mes écrits ? Auprès de qui as-tu recueilli
ces témoignages ? De la flopée d’extrêmes gauchistes qui peuplent AgoraVox
et qui ne sont que de sombres inconnus incognito sur ce site ? Ce serait
terrible que tu aies accordé la moindre importance à ces gens dont certains
usent leur temps à insulter les autres sitôt qu’ils ne répondent pas à leurs
critères idéologiques. Aller sur un site d’ennemis déclarés pour généraliser
sur ce qu’on pense de moi, c’est pour le moins une erreur de diagnostic.
Interroge un peu d’autres personnes, qui
m’apportent leur soutien, leurs encouragements, et tu pourras alors en tirer
quelques principes. Ce que tu as fait, c’est comme demander aux seuls militants
UMP ce qu’ils pensent de Besancenot… et d’en tirer les grandes lignes de la
personnalité du trotskyste. Un peu pipé comme méthode, non ?
Alice : « (…) avant d’affirmer de
fausses vérités, tu devrais prendre la peine d’écouter ceux qui ont vécu comme
nous, à un moment, cet enfer, car il te manque des morceaux (…). »
J’ai vécu, tout comme toi, cette époque, et j’ai eu
ma part d’enfer… je n’ai donc aucune leçon de vérité à recevoir. J’ai intégré
les pièces du puzzle que tu as bien voulu me fournir, mais je ne rejette pas
mes propres pièces.
Alice : « Tu es la deuxième personne
sortie de la secte de Heïm qui a une telle réaction face à moi, l’autre c’est
ma génitrice qui, elle aussi, s’est enfermée dans son petit monde, sûrement par
protection et refus ou impossibilité de vivre face à la réalité du vécu avec
Heïm. »
Curieux rapprochement d’avec ta génitrice que je
n’ai que très peu côtoyée et qui ne doit rien partager de commun avec moi. Nous
voilà tout de même réunis dans une nouvelle critique contradictoire de ta part.
Me reprocher de te reprendre tout en me supposant « enfermé dans mon petit
monde »… Chez qui donc se niche la condescendance en l’espèce ? Tu
serais, toi, en parfaite maîtrise du monde global révélé alors que ceux qui ne
partagent pas ta vision ne peuvent qu’être victimes de leur perception
étriquée. Ce doit être ça qu’on nomme l’autocritique…
Sache que je ne me sens cloisonné par rien, que des
myriades de sujets me passionnent et souvent dans un sens qui ferait bondir
Heïm tout comme cela a pu te déplaire… Ceci dit, je te remercie de cette
compassion un chouia donneuse de leçon, mais je suis, et ce depuis dix ans
cette année, totalement sorti de la vie autour de Heïm. Pas pour cela que je
vais devenir autre.
Alice : « J’aurais aimé en discuter
avec toi plutôt que tu restes derrière cette façade (moi j’assume tout et ne
renie rien) qui t’aide certainement à vivre mais qui est la fausse histoire,
celle des livres d’école. »
Pas bien saisi pourquoi mon principe de ne rien
renier serait la « fausse histoire »… Je dois vraiment n’être qu’un gentil
(ou méchant, selon les moments) bourrin à tes yeux pour n’avoir droit qu’à
cette suite de constats simplistes.
Ce n’est certainement pas dans les livres d’école
que j’ai appris comment assumer mes engagements. Cette négation absolue du
libre-arbitre, même très contraint, me gêne. Que tu te perçoives comme une
marionnette intégrale de Heïm jusqu’à ton affranchissement, libre à toi, mais
ne te substitue pas à la conscience de chacun. Savoir qui l’on a été, même sous
une influence déterminante, c’est assumer sa part de responsabilité.
Alice « Je suis prête à t’expliquer
pourquoi Clémence et moi n’avons jamais pu faire de droit. Je n’ai pas besoin
de mentir, ce n’était absolument pas de notre faute ; c’était une grande
mascarade et je veux bien là encore te donner mon témoignage. Je n’ai pas
besoin de mentir et d’arranger ma vie, j’ai six ans de psy derrière moi et tout
y est passé. »
Prêt à m’enrichir de ton témoignage, mais indigné
du sous-entendu me concernant : je n’aurais fait « qu’arranger ma
vie » et, pourquoi pas, mentir sur certaines données. Voilà le genre
d’attaque qui m’insupporte. Pure médisance. Ce que j’avance sur mes activités
est la stricte vérité. Que ta perception diffère n’empêchera jamais les faits
de s’imposer : là, mes archives peuvent témoigner de ce que j’ai fait,
quelle que soit ma dépendance de Heïm que je ne conteste pas.
Pour le reste, le témoignage affectif, l’échange de
son vécu pour progresser dans la vérité, je ne peux que l’accepter, sans aucune
animosité. Ne plus être lu par toi serait peut-être la seule voie saine. Eviter
toute nouvelle rencontre, de près ou de loin, pour vivre chacun son univers.
Mardi 15 juillet
Grand bleu au Cellier : suffisamment rare pour
ne pas en perdre une miette.
Fastidieuse réponse au courriel d’Alice. Cela
était-il utile ? Ne devrais-je pas me contenter d’un clin d’œil
affectif : critiques lues, enregistrées, mais aucune intention de suivre
certains conseils. Je ne m’interdis aucun sujet, je suis prêt à entendre toute
révélation favorisant ma compréhension du passé, mais je ne rognerai pas mes
fondamentaux.
En en sachant un
peu plus sur les crades coulisses des années 80 et 90, j’admets que mon Journal pamphlétaire [premier titre retenu] ressemble à un Journal à œillères, non
point parce que je ne voulais pas savoir, mais parce que je n’avais aucun moyen
de savoir, sauf à prendre au pied de la lettre ce que Heïm présentait comme de
l’outrance humoristique.
La meilleure
preuve de la sincérité de mon engagement en sont les multiples mots d’encouragement
et dessins affectueux d’Alice qui jalonnent les premiers manuscrits du Journal. Jamais, au cours de ces années, et nous
étions tous les deux majeurs et aptes à raisonner, Alice n’a laissé perler la
moindre réserve tant pour le style que pour les propos. Et elle était la seule
à qui je passais à lire si souvent les pages de ce témoignage d’une gestion
cahoteuse. Il faut croire que ses œillères étaient au moins aussi déployées que
les miennes.
Même si,
aujourd’hui, elle juge trop timorées les passages contre Heïm de mon Journal à taire, elle ne peut nier la profondeur de mes
divergences avec ce personnage. Ma limite, c’est la
négation de tout ce que j’ai été, fait et apprécié. Devrait-on brûler tous les
ouvrages de Maupassant, Gide et Céline parce qu’ils ont été respectivement
malade sexuel, pédophile et antisémite ? Depuis quand le critère du goût
artistique doit-il passer par le crible de l’exemplarité des artistes ?
Quel triste et insipide univers culturel ce serait…
Alors voilà : prêt à nourrir ces pages des
témoignages extérieurs, sans retenue, mais pas à tirer un trait sur ce que j’ai
été et ce que j’ai écrit, quitte à déclencher ironies et moqueries des
médiocres qui, eux, n’ont rien produit d’autre que leurs piques à très courte
portée. Qu’ils s’acharnent, qu’ils poursuivent, qu’ils s’essoufflent, c’est
pour moi la garantie que je suis dans le juste.
Jeudi 17 juillet
Malgré le caprice des cieux, journée d’hier sur la
côte sauvage. Du factuel, un peu. Passage à l’Océanorium du Croisic, déjeuner
sur le port avec, notamment, une succulente choucroute de la mer et son
abondant beurre blanc, trop bref arrêt sur une plage de La Baule. Voilà une
relation dégraissée de tout commentaire.
Samedi, nous rejoindrons l’hôtel Le Robinson, à la
sortie d’Auch, niché dans un coin de bois. De là, nous pourrons découvrir les
paysages, les vieilles pierres et les mets roboratifs du Gers.
Fascinante constitution du cerveau : le cortex
présente un million de colonnes de neurones, sorte de mystérieuses toiles où les connexions se démultiplient. La
fameuse matière blanche donne ainsi vie aux quelque dix milliards de neurones. Les dernières
recherches ont démonté l’idée reçue d’une inexorable perte de neurones à partir
de l’âge adulte. L’important tient avant tout à la qualité des liens intra et
inter colonnes : de là peuvent surgir les fulgurances qui permettent à
quelques rares êtres de changer la face de la civilisation humaine.
À côté, nos ordinateurs font encore pâle figure,
même si les progrès techniques en font des machines de plus en plus puissantes.
La mère de BB ne semble pas vouloir laisser
pénétrer Internet dans sa maison. Comme elle l’a imposé pour la télévision,
proscrite du foyer, elle refuse l’incontrôlable média qui accueille la plus
représentative palette humaine.
Je suis toujours étonné par cette rigidité
intellectuelle consistant à rejeter un moyen technique d’emblée plutôt que de
sélectionner ce qu’il peut nous apporter de mieux. La démarche qu’elle adopte
avec la presse et la radio, elle la refuse pour la télévision et Internet…
Laisser le monde évoluer sans soi, n’est-ce pas le signe premier d’un
dommageable abandon ?
La lecture de La course
contre la honte de Pierre Clavilier m’inspire cette réflexion sur
les kamikazes islamistes et/ou palestiniens. Se donner ainsi la mort, laquelle
est instantanée et n’a d’horrible dans la conscience que son évocation, revient
à seulement avancer l’inexorable et naturelle échéance. Combien serait plus
troublant pour la compréhension de l’esprit de ces extrémistes de la cause
religieuse, s’ils se savaient condamnés aux pires souffrances et handicaps
jusqu’à une mort hissée en délivrance.
Vendredi 18 juillet
Vers 11h. Le projet d’une dernière trempette à
Saint-Michel Chef Chef est annulé au regard de l’épaisseur nuageuse. Demain, la
dernière phase des vacances débute : dualité dans le Gers.
Bilan productif côté saisie du Journal à taire : achevé hier
soir l’année 2007. La présente s’annonce l’une des plus généreuses en
scribouillages. L’inspirante actualité et la polémique avec Alice cumulées ont
nourri cette abondance.
Hier soir, nous répondons à l’invitation du gentil
couple voisin qui avait remplacé Grace et Humphrey (immobilisé par
l’appendicite) au déjeuner offert par les parents B au château de Funès pour
leurs quarante ans de mariage. L’homme, la soixantaine, confirme sa passion
pour l’œnologie : dégustation commentée d’un Cabernet rosé bien frais et
de deux Coteaux du Layon de l’année. Les températures requises pour tel type de
vin (du champagne millésimé au vieux Bordeaux en passant par le Bourgogne), les
années de garde conseillées pour un nectar à maturité : ces univers ne
présentent plus trop de secrets pour l’affable amateur. J’apprends, par
exemple, que les grands Bordeaux sont aujourd’hui conçus, le plus souvent, pour
atteindre leur sommet gustatif au bout de sept à huit ans, seulement. Sortir un
prestigieux château bordelais 2007 en 2025 n’aurait donc plus aucun sens, et
pourrait même constituer une source d’escroquerie pour ceux tentant les
surenchères de prix en se calquant sur le modèle vingtiémiste.
Samedi 19 juillet
Auch m’emballe ! Rien à faire : la
première impression donnée par une localité vaut celle produite par la vue d’un
être. On accroche ou pas.
La préfecture du Gers, malgré sa très modeste
taille, offre tous les atours de la ville historique avec espaces majestueux,
ruelles imprégnées des siècles précédents et population conviviale, mais qui
garde la distance requise.
L’employé de l’office du tourisme a très
efficacement comblé nos curiosités, enchaînant les questions pour mieux sérier
nos attentes et nous délivrer les documents adéquats. Un bon professionnel,
tout simplement.
Premier arrêt gustatif à une brasserie-pub servant
du tartare gascon : viande, tranche de foie gras et magret de canard pour
un succulent trio. Là encore, accueil très agréable, dosé à la juste mesure,
l’équilibre pour ne verser ni dans la froideur austère, ni dans le copinage
collant.
Notre séjour s’annonce avec tous les atours d’une
belle rencontre dans cette merveilleuse France aux mille visages géographiques.
Aux antipodes, le Tour de France 2008 est salopé
par quelques tricheurs minables. Quasiment coupé de l’actualité depuis quinze
jours, Le Monde week-end, acheté ce matin, en fait l’un des titres de la
Une. L’un des espoirs du cyclisme mondial, un Espagnol de 24 ans dont il
convient d’oublier le patronyme, a vu ses exploits lors d’étapes du Tour
ratatinés au rang de foireuses manœuvres d’un dopé. Aucune clémence : la
radiation du cyclisme professionnel doit être à vie et les amendes dissuasives.
On peut soupçonner l’équipe entière de n’être pas exempte de similaires
saloperies.
Dimanche 20 juillet, 22h37
De retour au bercail du Robinson, emplis de
sons et de boustifaille.
Matinée centrée sur la découverte de la vieille
ville par le biais d’un circuit conseillé. De l’escalier monumental aux
quelques pousterles, les dénivelés de marches activent nos mollets.
Toujours si peu de monde dans les rues : un vrai confort pour
photographier les lieux sans trognes malvenues. Un bien-être qui se
confirme : je me sens en phase avec l’atmosphère de cette ville.
Au détour d’une rue gardée par quelques policiers,
nous tombons en pleine commémoration de la journée contre le racisme et
l’antisémitisme et en hommage aux Justes de France (moins de trois mille
personnes) ayant accueilli et sauvé des juifs sous le régime pétaino-nazi.
Sobriété du discours du préfet (seul officiel présent, les autres – maire,
président du Conseil général – se sont fait représenter) suivi de la sonnerie
aux morts, de la Marseillaise et du dépôt des gerbes de chaque corps constitué.
Grand écart pour l’après-midi musicale : la
dixième édition du festival Cuivro’foliz à Fleurance accueille une
douzaine de fanfares : de jeunes musiciens déchaînés font très vite
oublier la connotation pantouflarde qu’on pouvait avoir de ce type de groupes.
Les textures varient : du jazz au rap, du métissage des genres aux
improvisations collectives. Du bon enfant, un tantinet chargé d’alcool le soir.
Nous nous éclipserons avant le crépuscule et le Poivrot’foliz.
Nous entrecoupons les musicales, mais bruyantes,
prestations par un concert d’une heure d’un organiste plutôt doué dans la
cathédrale Sainte-Marie d’Auch. Né en 1974, l’artiste a obtenu une médaille
d’or dans ce domaine à dix-neuf ans ; performance remarquable pour les
connaisseurs.
Pour ne pas quitter le religieux, petit détour,
avant l’extinction des feux, vers Le mendiant ingrat de Bloy dont la
personnalité me partage de plus en plus. Courageux engagement pour défendre le
lynché Laurent Tailhade, mais exaspérante posture de quémandeur à œillères
religieuses. Parfois l’envie de l’étouffer par un trop-plein d’hosties pour
qu’il dégorge d’un coup cet obscurantisme, si véhément soit-il.
Lundi 21 juillet
18h. Nouvelle escapade-découverte : la matinée
sur les pas d’Etigny, un intendant d’Auch du XVIIe siècle ayant
particulièrement embelli la localité ; arrêt déjeuner léger au
café-brasserie d’Artagnan (autre immense figure gasconne), puis visite de la
cathédrale Sainte-Marie. Même agnostique, je reste admiratif de l’abondance
artistique d’anonymes portés par la foi. La douzaine de chapelles qui jalonnent
le pourtour de l’édifice religieux, comme autant de niches somptueuses dédiées
à la spiritualité, rivalisent d’apparats ayant mobilisé les plus nobles arts.
Quant au chœur, il se présente comme un confortable ovale délimité par un
gigantesque paravent de chêne sculpté en hommage à de multiples figures
mythologiques et religieuses. Encore une merveille de l’art catholique.
Pour la suite, passage dans trois villages du grand
Auch dans lesquels nous semblions être les seuls touristes à fureter le bon
angle, la belle vue, dans les ruelles escarpées : Montaut-les-Créneaux,
Castelnau Barbarens et Pessan. Pas du transcendant esthétique, mais de relaxantes
balades avec ma BB.
Retour aux saveurs culinaires pour ce soir : à
vingt heures, La Table d’Oste… Le tourisme vert a décidément du bon
lorsqu’il flirte avec les mets locaux.
Mardi 22 juillet
8h53. La réforme des institutions a donc trouvé
preneur grâce à l’appoint d’une voix : pour les parlementaires socialistes
aucun doute, Jack Lang le renégat en est l’incarnation.
Dépité, aux Quatre vérités sur France 2, le
souverainiste Dupont-Aignan dit ne rien regretter de son vote contre : on
ne perçoit pas bien ce que son vote pour aurait changé ! Commentaire nul
et non avenu.
Régal, hier soir, à la Table d’Oste (ou table
d’hôte) : une planche des principaux mets gascons avec une bouteille
de rouge régional. Une partie de
la conversation sur le nouvel éloignement d’avec Alice : ma BB me
conseille de la rappeler et de l’écouter. Soit. La démarche affective pourrait
dépasser le contentieux existentiel. Je n’ai d’ailleurs jamais remis en cause
son terrible témoignage. Je n’éprouve pas cette haine absolue de Heïm, mais ne
réprouve pas qu’elle la ressente. Voilà le point d’achoppement : qu’elle
admette un ressenti autre. Pas très en mots, ce matin.
13h10. À nouveau sur la place de la Libération pour
un rapide déjeuner (nos premiers sandwiches)) avant de prendre le bus 4 qui
nous acheminera, grosso modo, vers notre Grande Punto, via l’hippodrome.
La promenade le long du Gers, après quatre kilomètres aller sous l’astre
brûlant, nous a décidés à un retour motorisé.
18h56. Le calme rural de la Baïse en kayak :
activité réussie pour l’après-midi. Hormis une famille de touristes étrangers,
nous ne croisons personne sur le tronçon sis entre deux barrages. L’eau
paisible présente divers obstacles végétaux facilement contournables.
Sur le trajet routier pour aller au lieu de départ des embarcations, le village
Beaucaire, deux éléments pour nourrir mes charges contre certaines facettes de
l’univers automobile.
Côté grotesque : un panneau jaune triangulaire
alertant de la présence… d’arbres le long de la route ! Le Gers a conservé
le charme de certaines départementales habillées de platanes en enfilade. Dans
d’autres coins, des autorités administratives ont décidé l’éradication des
majestueux arbres qui avaient la sporadique, mais criminelle, habitude de
couper la trajectoire d’automobilistes sortis du tracé d’asphalte. Alors,
hop ! on coupe ! Ainsi, les chauffards ronds comme des queues de
pelle et les jeunots branleurs en mal de sensations fortes peuvent perpétuer
leur habituelle délinquance routière.
Ici, dans le Gers, on a trouvé la voie
médiane : conserver l’esthétisme, mais faire prendre conscience aux égarés
et aux tarés de la route de cette imposante présence IMMOBILE ! A quand
les panneaux qui alerteront les mêmes décérébrés du possible passage d’autres
véhicules sur la même route qu’eux ?
Côté symbolique : une silhouette sombre en
bord de route, signalant aux consciences le trépas anonyme d’une des leurs, est
comme guillotinée à la moitié du torse, ajoutant à l’incarnation une seconde
mort, mais privant l’objet de sa forme humanoïde. J’ose espérer que ce ne soit
pas le méfait d’un conducteur enragé par ce rappel à la prudence vitale.
Mercredi 23 juillet
8h52. Rien à dire sur les autochtones, jusqu’à
présent. Parmi les touristes qui crèchent au Robinson, en revanche, un spécimen
de sans-gêne, de lourdaud m’as-tu-vu qui m’a contraint à sortir un instant de
la quiétude.
Après 23 heures, le gus au portable greffé ne
trouve rien de mieux (je le découvrirai en sortant l’interpeller) que de
laisser la lourde de sa piaule ouverte et de déambuler dans le couloir (le
système d’éclairage est basé sur la captation des mouvements) pour bien faire
profiter chaque hôte de ses fadaises, inepties, insondables débilités débitées.
Après trente à quarante minutes du crétin manège, j’ouvre brusquement notre
porte pour lui demander combien de temps allait durer ce cirque. Là que je
distingue (sans lentilles ni lunettes) qu’il crèche, très temporairement je
l’espère, juste en face. Du flou de sa silhouette je retiens le branleur tout
de blanc décontracté vêtu, le cheveu lissé en arrière et la tronche imbue.
Trois minutes après mon intervention d’hirsute en grogne, le bellâtre fadasse a
laissé les capteurs tranquilles : le sommeil a pu se substituer à
l’énervement.
Trente-deux degrés à l’ombre prévus pour cet
après-midi. Nous passons la journée à Condom (vagabondage dans la ville le
matin, bronzage et baignade au centre de loisirs aqualudiques de la Ténarèze
pour la suite) et la soirée à la ferme de la Gouardère (à Roquelaure) pour un
repas champêtre avec trio de jazz. Des vacances encore, en somme !
Confirmation de notre visite à la famille
paternelle samedi prochain sur leur lieu de détente dans l’Ain, au Petit
Abergement, dans un gîte qui pourra nous accueillir le soir. Nous aurons ainsi
cultivé le dépaysement hexagonal jusqu’au dernier jour de mes congés estivaux
(ma BB ne reprendra son labeur que le vendredi suivant).
Le journal télévisé de ce matin rapporte le cas
d’un nouveau décès d’enfant (une fillette de deux ans et demi) oublié dans une
voiture. Un cadre d’Aréva serait le père plus que négligent. Parmi les
commentaires recueillis, celui, ahurissant, d’un collègue de travail :
« c’est malheureux, mais cela peut arriver à n’importe qui » !
On nivelle pour justifier le criminel comportement.
Jeudi 24 juillet
9h06. Un peu décevant, le repas champêtre avec trio
de jazz. Un menu trop basique pour son coût, un groupe sans flamme, jouant de
leur instrument comme on va au boulot, compétents mais pas transcendants, une
assemblée sage, de ce fait. Tout de même, à notre table : des ch’tits pur
jus pour égayer l’ambiance.
Du gris au ciel, ce matin, comme pour sonner la fin
des distractions. Nous poursuivons, même sans soleil, jusqu’à la dernière
miette.
Profiter du ciel bas pour mitrailler en noir et
blanc les sites visités. Charme du clocher hélicoïdal de Barran :
l’illusion d’un mouvement qui l’élancerait plus haut vers les cieux. Toujours
le confort de lieux non surchargés en présences humaines, permettant les plus
panoramiques perspectives à impressionner sur pellicule.
À Bassoues, après s’être élevés à plus de quarante
mètres sur la plate-forme circulaire du donjon, nous nous restaurons sur la
moyenâgeuse terrasse animée par un trio enchanteur de serveuses au souffle
entraîné. Pour ces longueurs de tablées combles, elles se coordonnent avec
bonne humeur dans un ballet de services improvisés au gré des attentes.
18h28. Passage à l’antre des tentations, la Maison
de Gascogne à Auch, pour divers produits liquides, solides et semi… pour nous
ou pour offrir. Nous finissons de nous préparer pour finir à, selon Le
Routard, la meilleure table du Gers, Le Jardin des Saveurs à l’Hôtel
de France. Quintessence gustative à l’horizon… avant le retour au bercail
lyonnais et à notre nid (qui nous manque un peu… juste un peu !).
19h20. Au cœur d’Auch pour cette dernière soirée
duale de nos vacances gersoises. Arrivée en avance pour apercevoir quelques
bribes des festivités auscitaines, nous finissons au calme sur un banc de la
place Salinis. Coin de quiétude avant de butiner les saveurs.
Dimanche 27 juillet
Non loin du Petit Abergement, dans le Jura.
Triste privilège, signe d’une maison en
perdition : nous étions seuls dans la grande et haute salle du Jardin
des Saveurs. Impression d’assister aux derniers soubresauts de cette table
de renom dans le département, qui a vu s’installer dans ses larges fauteuils
nombre de personnes de pouvoir. Bon moment avec ma BB à déguster leurs mets
bien dosés. Profiter de ce bonheur en Gers et en Auch !
Retour à Lyon le vendredi pour retrouver quelques
heures notre nid intact avant de repartir, pour un séjour exprès, visiter pôpa
et les siens.
A-y-est ! Alex, qui va investir le lycée, nous
dépasse tous, le long corps encore en pousse. Raph, lui, est sur le chemin, et
poursuit sa brillante scolarité avec son année de Cinquième qui se profile,
classe symbole pour moi puisqu’elle me faisait retrouver l’école républicaine
après quelques années passées au château d’O.
Je fais découvrir
à pôpa le contenu de la polémique entre Alice et moi : au-delà de la
violence de l’échange, il ressent toute l’affection qui nous relie. Il a
raison, mais notre approche du monde et la gestion du passé parasitent le lien.
A propos de Heïm,
il me confie les doutes qu’il a eus, à l’époque de la JFPF, sur la réalité d’un
alitement maladif de son créateur au moment même où il demandait à ses
collaborateurs un engagement physique contre des adversaires désignés. Ce
serait le comble qu’en plus du manipulateur, de l’exploiteur et de l’abuseur
sexuel se greffe un pleutre aux éclats de matamore. J’ai encore du mal à le
croire, mais le doute émerge.
Il faudrait avoir
le témoignage des plus proches qui ont croisé sa trajectoire multi facettes au
cours du demi-siècle pour espérer tracer une réalité de la part immergée du
personnage.
J’avance dans la
lecture du Mendiant
ingrat de Bloy et je
découvre les emprunts de Heïm à cet auteur. Par exemple le projet d’ouvrage qui
devait se titrer Heïm ?... Connais pas ! est calquée sur l’exclamation d’Alphonse Daudet lorsqu’on lui parle de
Bloy, et que celui-ci rapporte le 8 avril 1895. D’autres rapprochements
m’attendent.
Sur le fond, la
volonté de pèlerin de l’Absolu de se faire haïr par le maximum de gens tranche
avec la première partie de la vie de Heïm, à l’affût de toutes les adorations
possibles, mais semble devenir, de fait, sa condition finale par les abus de ce
consommateur de pâte humaine…
23h30. Là, vraiment au bord de la reprise. Une
journée administrative pour commencer en douceur ; réveil à 6h45.
Grandes nouvelles d’Elo : elle a son diplôme,
elle est en voie pour décrocher un CDD à Courchevel et, surtout, elle envisage
de se marier avec son Julio en juillet 2010. Encore un peu de temps devant elle
pour la robe, donc, ce qui ne l’empêche pas de me soumettre quelques modèles
retenus. Par ailleurs, je fais partie des possibles retenus pour être son
témoin. Mon handicap : trop la connaître ce qui, vis-à-vis de l’élu de son
cœur, pourrait être déplacé. Advienne ce qu’elle voudra, donc. Je suis déjà si
touché qu’elle m’ait annoncé cela. En espérant surtout que cette union engendre
un bonheur majoritaire (à défaut d’être total) pour l’existence d’Elo.
Lundi 28 juillet
Une reprise climatisée à l’accueil de Cqfd alors
que l’air lyonnais est surchauffé.
Petit travail littéraire de ces deux derniers
soirs : donner un titre à chaque année de mon Journal mise en ligne
afin de l’identifier autour d’une image forte.
L’Illusoire
Absolu pour 1991 pose d’emblée le hiatus total entre
l’intention naïve et la réalité qui se profile. Le clin d’œil critique à Heïm,
via Léon Bloy, peut se déceler.
1992, année de L’Obsession (trouvé par ma
chère Elo, à qui j’ai soumis le premier jet, Sur la lancée) :
réussir coûte que coûte la mission confiée, quitte à se perdre soi-même.
Imparable : L’Effondrement devait qualifier la sombre année 1993
annonciatrice des liquidations en série. Au Purgatoire, en 1994 comme je
le rappelle fréquemment, je tente de gérer les ruines depuis ce refuge sordide
(pour mes yeux d’alors) rue Vercingétorix à Paris. Mon Alésia à moi. La Renaissance
à œillères vise 1995 et mes multiples complicités littéraires (notamment
avec Chapsal et Kelen) sans prendre conscience du cas Heïm et de ses
intolérables manipulations qui se poursuivent dans l’impunité.
Sur
les Cendres, au sortir du gâchis engendré, n’empêche pas la
rencontre épistolaire avec celle que je surnomme Sandre dès 1996. La
correspondance et le lien se poursuivront en 1997, d’où le choix de Persistance
duale, et ce malgré les ordurières attaques verbales, toujours revendiquées
comme affectives, de Heïm et de ses sbires féminines contre celle avec qui je
devais me fiancer. Seul compromis trouvé : L’exil volontaire à Lyon
(Grézieu puis Tassin, plus exactement) en 1998. Le prétexte de cette histoire
pour m’éloigner du château d’Au ne règlera pas tous mes doutes puisque la
dualité cesse l’année suivante, laissant place à L’ancrage incertain. La
déprime s’intensifie en 2000 : les Soubresauts d’un inadapté
résumant une humeur heurtée sans lien durable. Les Excroissances jouissives
de 2001 n’atténueront rien de la perdition en route, jusqu’à la rencontre de ma
BB qui apportera, enfin, la sérénité en 2002.
A
l’aune de soi est l’apaisante conséquence de cette relation
naissante. Vivre à sa dimension, en s’affranchissant des parasitages passés. Entre
grogne et affection, en 2003, systématise une double approche du monde, A
l’Orée des équilibres de 2004 qui permet d’oublier ses inconstances pour
s’accrocher à la propriété immobilière. S’Unir à l’Essentiel, en 2005,
couvre non seulement une philosophie de vie, mais aussi mon attachement à l’UE
dans le passionné débat autour du TCE, malheureusement rejeté. 2006 s’achève
bien dramatiquement avec la mort de grand-mère : Des Cyprès démesurés,
ceux du cimetière de Fontès, forment le plus discret, mais intense, hommage à
lui rendre.
Mardi 29 juillet
La touffeur nocturne liquéfie le semblant
d’inspiration. Des journées à administrativer sans passion, mais en agréable et apaisante compagnie (respectivement
CM et LD de Cqfd).
Samedi, projet de se retrouver au lac de Paladru
pour pique-nique et ski nautique avec PP et HG, s’ils sont disponibles. À
savourer immodérément.
Dimanche 3 août
Après la fureur et les grondements de Hulk, un coin
ombragé du parc Tête d’Or pour achever la pause dominicale.
Repos nécessaire pour plusieurs muscles des cuisses
après la tentative avortée de faire du ski nautique. Sur invitation de CM, LD
et moi rejoignons les bords du lac de Paladru dans une petite demeure
magnifiquement placée. Sa famille est l’un des vingt-quatre actionnaires du lac
(l’eau, pas le sol).
Des parents charmants, un gentil mari, une sœur
présente ayant un visage et des attitudes de l’épouse de Heïm (décidément, je
n’en sors pas !) et CM, toujours sublime. Sa démonstration de ski
nautique, elle a commencé à l’âge de cinq ans, m’époustoufle. LD, malade à
l’arrivée (sans doute une intoxication alimentaire) a pu déployer sa puissance
musculaire pour prolonger quelques sorties de l’eau, sans toutefois parvenir à
se redresser, gardant ainsi une position couchée très inconfortable sur l’eau
filante. Je n’ai pas eu ce privilège : le double ski m’a permis, au mieux,
un grand écart nécessitant le lâcher du palet ; le monoski a lui engendré
une douleur au genou droit. Fiasco, mais grand éclat de rire.
Après le repas partagé dans le joli petit parc, je
me suis rabattu sur une vieille barque pour goûter le calme apaisant du lieu.
Touchant de voir la lumineuse CM au sein de sa famille.
Imprévisible nature que la mienne : là où des
réunions ne m’inspirent que le retrait ronchon, le repas d’hier m’a inspiré
pour les plus vives réparties, ne manquant pas d’amuser la tablée.
La semaine s’annonce la plus pédagogique depuis
bien des semaines avec les deux groupes Sport et les aspirants ambulanciers de retour de stage. Ce soir, passage des
parents B pour une nuit chez nous après avoir pris part aux festivités d’un
mariage. Calme d’août qui se profile, espérons pas trop lourd en degrés, rien
donc pour déclencher des foudres. L’occasion de peaufiner la mise en forme et
l’illustration des années mises en ligne, avant une ‘tite promo à la rentrée.
22h37. Un vrai salarié moyen comme un autre, qui fait sa besogne pour
assurer sa vie matérielle, mais sans aucune finalité professionnelle. Ma
morosité du soir signe la présence, dès demain matin, d’un FFP avec un groupe
sans intérêt (la réciproque est certaine). Aucune envie de me faire apprécier,
d’ailleurs. Je délivrerai mes conseils pour répondre aux exigences de leur UC3,
une bonne part sera improvisée, n’ayant rien préparé, mais reprenant des bouts
d’interventions antérieures.
Sur France Inter, en fond, sans doute une spéciale Jazz in Marciac. Petite pensée au
Gers qui laisse de bien agréables souvenirs encore tout frais.
Le peu de vélo fait aujourd’hui a sans doute évité
que je me rouille, que mes jambes se bloquent après les efforts déraisonnables
d’hier.
Bref détour vers le mendiant ingrat avant
l’extinction du filament.
Lundi 4 août, 22h11
Soljenitsyne s’est éteint, doucement, à Moscou, en
contraste avec le fracas salutaire de ses œuvres. Sans doute que son
nationalisme antilibéral de ces dernières années a terni l’image de l’écrivain
aux yeux de l’Occident capitaliste, mais cela ne doit pas rendre secondaires
des témoignages qui dépassent l’évolution personnelle de leur auteur.
Terrible, atroce année 1895 pour Bloy qui laisse
quelques empreintes d’un désespoir hors norme. Un peu l’état de ceux qui, à
Heaumont dans le Nord, ont subi le
vacarme et les assauts destructeurs d’une tornade focalisée. Des gens morts
d’avoir simplement été chez eux au moment de la déferlante des airs. Depuis que
je me trouve en position de propriétaire, je saisis plus charnellement le drame de la
perte inopinée de ses biens.
Jeudi 7 août
7h47. Pôpa, Anna, Jim, Aurélia, Alex, Raph, ma BB
et moi : au complet la tablée chez nous. Le plus jeune couple revient de
trois semaines en Corse : une vraie plongée pédestre dans les beautés en
altitude, en eaux transparentes, en ruelles intactes, en panoramas subjuguants.
En plus de deux cents photos numériques, mon frère et sa douce nous font vivre
un peu de leur séjour baroudeur.
Fin novembre, ce sera les soixante ans de notre
père : il nous faudra songer à un anniversaire un peu hors norme.
Peut-être, au-delà des traditionnels présents, lui écrire et lui interpréter
quelque chose qui marque l’événement familial.
Tintouin autour des JO de Pékin dont la cérémonie
d’ouverture est programmée pour demain. Peu d’enclin pour m’étendre sur le
sujet. Un petit pronostic cependant, malgré l’enthousiasme des sportifs
français : la descente française au rang des pays médaillés va se
poursuivre, confirmant la marginalisation de notre pays au profit des
puissances montantes.
Mardi 12 août, 23h30
Confirmation de la minable moisson française aux
JO. Notre façon de boycotter les jeux, c’est de s’empêcher à tout prix
d’atteindre le podium. Parangon du désastre, la touchante Manaudou qui a
sacrifié sa potentielle suite prodigieuse de carrière sportive sur l’autel des
broutilles caractérielles et des vétilles sentimentales. Le bourru Lucas,
l’inflexible entraîneur, avait raison sur toute la ligne. Cela doit être
d’autant plus difficile à accepter pour la nageuse en perdition.
Pendant ces dérisoires états d’âme, la Russie
s’accorde une réponse disproportionnée au stupide coup de force géorgien contre
les casques bleus russes basés en Ossétie du Sud. Les sales habitudes
reviennent vite au pouvoir, même s’il n’est plus soviétique. Bush gronde,
Sarkozy tente les bons offices et le duo Medvedev-Poutine se cabre, misant sur
la mollesse d’un Conseil de sécurité paralysé par son veto. Comme au temps de
la guerre froide, chacun teste l’autre pour mieux positionner ses atouts.
Semaine grise, et pas seulement sur les trois
quarts du territoire français.
Vendredi 15 août, 23h30
Ma BB aux urgences pour sa nuit de labeur, moi sans
ressort après quelques virtuelles déconvenues.
A noter, le commentaire charmant d’un anonyme à la
suite de mon article Le Bonheur, en Gers et
en Auch, compilation des pages du Journal consacrées à ce séjour. Il
estime mon style indigeste cumulant l’atrocement compliqué, le torturé maladif
et l’ennuyeux ton d’un rapport de police ! Tout et son contraire, donc.
Autant attaquer sans retenue et rendre sa sentence : je serais, quel
ultime statut, « littérairement incompétent » : l’anonyme le
recopie une seconde fois pour être bien sûr que ça m’atteigne.
Loupé ! Non seulement je ne censure pas cette
diarrhéique intervention, mais je m’en amuse profondément. A quelques signes,
je soupçonne un familier, ou prétendu tel, d’être derrière ce dérisoire donneur
de leçon. L’effet ne va pas le réjouir : ça m’incite à amplifier encore
mes sales habitudes littéraires et à l’emmerder stellairement !
Nuit dernière, sale dérive des songes :
inversion totale de ma situation tout en ayant conscience que cela ne correspondait
en rien à mon enclin naturel. Me voilà durablement présent au château, juste à
cette époque d’anniversaire quasiment oublié de mon conscient, et me demandant
quand je pourrais m’éclipser quelques jours et sous quel prétexte. Un malaise
profond dans ma situation cauchemardée qui me rappelait celui des années 96 et
97 lorsque j’ai commencé à mal supporter cette ambiance de vie. À fuir dès que
l’occasion se présentait, se presser dans les pièces communes pour éviter les
autres résidents, espérer le plateau-repas dans sa piaule châtelaine pour se
dispenser des interminables et nauséeux repas alcoolisés où Heïm rabâchait ses
monomaniaques messages jusqu’à l’inaudible.
Alors pas ces clandestines interventions sur mon
blog qui vont me faire changer d’un iota ma tonalité littéraire. Témoigner et
s’indigner sans frilosité textuelle. Vivre les mots et merde aux simplistes du
vocabulaire.
Samedi 16 août
10h36. Calme, face au lac, en attendant la séance
de 11h05 pour le sombre Dark Knight.
Alors qu’elle déçoit aux JO, la Russie fait son matamore
sur les planches criblées de la diplomatie internationale.
Ma thèse, pour le commentaire anonyme d’hier :
un missi dominici d’Alice. La formule « il est mille fois meilleur
que son style » signe son attaque affective.
Quand saisira-t-elle que j’écris au fil de la
plume, quasiment d’instinct, et que si ça ne vient pas, je délaisse la plume
attendant un moment plus inspiré. Que cela respire l’artificiel, pourquoi
pas ; son intervention s’apparente, elle, à de l’acharnement pathologique.
Vaine visée, elle n’obtiendra pas l’once d’une
concession sur ce plan. Et même si, un jour, mes charges contre Heïm rejoignent
ses vues, ce sera avec le même goût des mots, de la formule, du rythme
incendiaire.
Si ce n’était pas elle, derrière cette piquette
minable, cela me donnerait l’occasion de piétiner un nouvel adversaire dans la
bonne humeur !
Lundi 18 août, 0h12
Cette sensation d’un temps sous-exploité, gâché à
d’inutiles occupations, amplifie la sombre humeur.
Un qui densifiait son temps de vie pour produire
son œuvre gigantesque, c’est Soljenitsyne. Vu l’Apostrophe de 1983 qui lui était consacré : personnage lumineux
d’intelligence et ayant eu la prescience de ce qui devait se passer dans sa
patrie, avec un effondrement de l’URSS insufflé par l’intérieur.
Pas une grande considération de l’espèce humaine
dans son piétinement, voire son effondrement de conscience au XXe siècle.
Progresser, à l’échelle humaine, passe d’abord par
le respect de la justice et, de fait, la crainte de la sanction potentielle.
Autre très forte prémonition de l’écrivain russe en
exil, et à contre-courant de toute la physionomie géopolitique d’alors, celle
de son retour prochain chez lui. Onze ans plus tard, il foulera la terre de ses
aïeux.
Sans doute à ce genre d’indice que l’on peut certifier
être en présence d’un esprit d’exception.
Lundi 18 août, 23h
Enième scan approfondi de mon disque dur par un
logiciel dénicheur de saloperie, mais cette fois en ayant fait appel à la
solidarité entre internautes. Deux minutes après avoir posté mes explications
et un rapport fourni par un logiciel souvent cité sur les forums compétents, je
reçois un message d’actions à faire et un autre m’invitant à installer un
anti-virus bien plus efficace que les Avast et consorts. Faire confiance, en
espérant la désinfection de l’ordi.
Univers fascinant des virus, Trojans etc. La
métaphore médicale s’accompagne d’outils plus ou moins fiables pour éradiquer
les invasions.
En attendant la fin de l’exploration, petit détour
par le Journal de Bloy, année 1897.
Mardi 19 août, 22h47
Logique émotionnelle de la proximité. Bloy rapporte
un fait divers meurtrier : l’incendie du Bazar de
la Charité dont les victimes appartenaient à la classe aisée.
Mobilisation nationale pour décupler l’impact du drame ; fulmination de
Bloy que l’on pourrait épouser pour tellement de cas récents : « Ce
qu’il y a d’affolant, de détraquant, de désespérant, ce n’est pas la
catastrophe elle-même, qui est en réalité peu de chose auprès de la catastrophe
arménienne, par exemple, dont nul, parmi ce beau monde, ne songeait à
s’affliger. » Voilà l’imprécateur dans sa plus admirable posture et sur
des réflexions tellement modernes. Vite, vite, y retourner !
Vendredi 22 août, 0h43
Les parents de ma BB – laquelle gère les urgences
de la clinique cette nuit – sont arrivés ce soir pour un séjour lyonnais
jusqu’au tout début septembre. Dans une grosse semaine, les festivités de la Caclinade formeront le point
d’orgue de leur passage. Je me dois d’être un peu plus convivial pour ne pas
leur apparaître comme un bourru inaccessible.
Les JO de Pékin vont s’achever bien médiocrement
pour la France, comme je l’avais pressenti. Une nation comme la Jamaïque vient
même de nous dépasser par son cumul de médailles d’or en athlétisme. La plupart
des espoirs ont déçu ou n’ont pas rempli leurs ambitieux objectifs : c’est
à des inconnus du public que les plus belles prouesses sont à attribuer. Les
prochains à devoir subir une nouvelle pression en vue des JO de Londres, en
2012.
Au travail, dégradation des rapports entre l’une
des têtes dirigeantes, au statut brumeux, et les salariés permanents de Cqfd.
Irascible, cyclothymique, sans doute rongé par une déprime latente, il ne peut
agir sans gueuler et critiquer ce qu’il estime être l’incompétence alentour. Ses
gourdes et erreurs sont pourtant au moins aussi nombreuses, mais l’autocritique
se fait (du moins espérons-le) dans le secret de sa conscience, sans personne
pour lui asséner les mêmes éclats sonores. Un sujet clinique à suivre, en
espérant que cela n’affecte pas la pérennité des activités de cette société
nourricière, pour moi.
Mercredi 27 août, 22h51
Qu’une personnalité politique de la stature de
Gorbatchev s’inquiète du risque de « cataclysme mondial » suite à la
reconnaissance, par la Russie poutino-medvedevienne, de deux bouts du
territoire géorgien, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, qui ont proclamé leur
indépendance, laisse soucieux, pour le moins.
Il y a quelques années, je confiais ici mes
craintes d’un surgissement, sans qu’on s’y attende, tout focalisés que nous
sommes sur la lutte antiterroriste, d’un coup de force étatique selon la bonne
vieille méthode de la revendication territoriale suivie d’intimidations à
l’adresse de la communauté internationale. Réaction de celle-ci à l’aune de son
inefficacité consubstantielle : du virulent verbeux, mais aucune sanction
concrète.
Dimanche 31 août
Un peu pâteux après la journée Caclinade à Saint-Vulbas. Une
centaine de convives de midi à quatre heures du matin pour les plus
noctambules. Je n’ai pu échapper à un final grognon, en retrait, où ne comptait
plus que le rejet et l’ignorance du contexte. Rien à tirer de mon sale
caractère : je me suis alors isolé pour une marche purgative.
Mercredi 3 septembre
23h21. Kahn a raison : nous reprochons à la Russie ce que nous avons
entériné et soutenu avec le Kosovo. Cette tendance à l’émiettement de
territoires, au nom de revendications ethniques, peut très vite dégénérer et
engendrer des radicalisations en chaîne.
Nous voilà donc revenu aux tensions traditionnelles
avec succession de déclarations jusqu’aux boutistes et d’hypocrisies
diplomatiques. Côté Russe, une propension à hausser le ton pour marquer sa
condescendance de grande puissance figurée. Côté Union européenne, l’absence
d’unité de position, sauf pour les évidences et les portes ouvertes. Les ronds
de jambe européens répondent bien timidement aux claquements militaires des
semelles russes. L’œil rivé sur nos approvisionnements énergétiques, nous
ondoyons nos mises en garde pour ne pas braquer trop brusquement l’immense
voisin.
Pour s’évader de ces miasmes internationaux,
revenons vers la musique : ce soir, vu un documentaire revigorant, Happy birthday Jazz in Marciac. Demain soir, Coldplay sur scène…
Vendredi 5 septembre, 1h42 du mat.
Fourbu, les gambettes à plat, mais toujours
imprégné des ondes sonores du quatuor anglais. Il a fallu passer sur les
conditions étouffantes, surchargées, aux têtes et hauts corps entravant le
regard, mais le rendu des artistes en valait très largement la peine.
Chris Martin s’essaye à quelques mots en français
et dévoile ses goûts de pianiste pour, entre deux morceaux, jouer quelques
notes de… Satie ! Incroyable ! Mon préféré, et de loin, en musique
classique interprété par le meneur de Coldplay.
Le point fort de leur show : avoir su allier
la profusion technologique en sons et lumières, en projections et effets
divers, avec des instants intimistes mêlant piano et voix, gratte et harmonica…
Une palette complète sans fausse note.
Samedi 6 septembre, 0h18
Je vais devoir me remettre à flot d’actualité, au
plus tard pour le 15 septembre, vraie rentrée pédagogique pour moi, plus
prégnante encore le 22 avec le début des préparations aux concours de SPP 2ème
classe, lieutenant et de divers métiers dans la sécurité.
Ai retenu de cette fin d’été les traditionnelles universités politiques qui
tentent de marquer leur territoire respectif. Le PS patauge encore puisque
aucun leader incontournable n’émerge et que la foire aux combinaisons,
alliances d’antichambres, aux évolutions de circonstance, est plus riche que
jamais. Vraiment l’impression, comme le théorise le prolixe Christophe Barbier,
que les socialistes français veulent consolider leur parti d’élus locaux alors
que la voie nationale les démobilise ou, plus subtilement, développe leur
capacité d’auto-neutralisation.
9h34. Oublié de noter qu’au JT de TF1 du vendredi soir des images du camping de
Fontès ainsi que des vignes alentour en charpie ont illustré le sujet sur des
orages violents survenus dans l’Hérault. Je m’inquiète pour la maison en
construction de maman et Jean ainsi que pour les vignes de l’oncle Paul. Si
pour ces dernières mes craintes se confirment, la maison rue de la République,
où résidaient mes chers grands-parents, présente quelques dégâts : véranda
du premier étage envolée, vitres cassées, pour ce que l’on sait… L’atelier de
Liliane et Paul jouxtaient la véranda : j’espère qu’aucune de leurs œuvres
n’a subi de dommages. Affective pensée pour eux deux.
Dimanche 7 septembre, 23h18
La dernière semaine à caractère administratif
s’amorce pour moi. Le pédagogique reprendra sa charge pleine pour de longs
mois. Il était donc temps, pour être encore disponible, d’avoir quelques
entrevues amicales. Le cas dès lundi soir avec un passage à Lyon de Sonia, pas
vue depuis au moins deux ans. Je l’accueille pour la soirée et la nuit, et elle
s’en retourne le lendemain à Big Lutèce après avoir eu son audience. Grand
plaisir de revoir cette amie connue à la Sorbonne, même s’il ne semble pas y
avoir eu de changement positif dans son existence.
Au contraire, la vie d’Elo, que je dois voir
mercredi matin pour une balade improvisée, s’élance vers un bouleversement
total : un changement de département, une quotidienneté sentimentale et un
horizon professionnel à préciser.
Eu un tout petit courriel de Shue répondant à mon
mot d’affection : elle semble bien aller. Les années vont passer sans que
l’on puisse retrouver cette proximité complice. Quoique l’amitié puisse
perdurer malgré l’éloignement, elle se maintient plutôt comme une position de
principe sans plus les atours humains attenants. Combien de personnalités
perdues de vue et que j’aurais aimé garder à portée d’affection. Finalement, un
peu comme si elles étaient décédées. L’absence s’équivaut puisque je ne sais
plus ce qu’elles vivent.
Et puis les réamorçages qui font flop !
Exemplaire, celui avec Cécile M. Une entrevue à Lyon qui a finalement eu lieu,
mais depuis plus rien. Pire même : une volonté de ne plus reprendre le
lien de mon blog principal sur son site refondu. Sa volonté propre ou celle de
son concepteur internet qui est peut-être son mari. J’ai donc aussi procédé à
un nettoyage en règle. Rien à s’apporter, sans doute. Laisser glisser et
ignorer, jusqu’à oublier.
Alors qu’à gauche les têtes socialistes s’étripent,
qu’à droite l’UMP suit les consignes de son président de chef, Bayrou s’acharne
à la voie insoumise, inclassable, presque iconoclaste ! L’opportuniste
Hervé Morin, qui l’a trahi pour se proposer comme ministre, tente aujourd’hui
de se distinguer de la masse gouvernementale par une grogne mesurée contre le
système de fichage et de renseignements Edvige. Un procédé qui, sur le principe, existait déjà de fait. Encore une
magistrale hypocrisie qui va faire s’agiter les oppositions tous azimuts.
Mercredi 10 septembre, 0h37
Une perception quasi léthargique du monde. J’ai
beau me forcer, l’actualité ne provoque plus ni colère ni enthousiasme. Comme
une banale morosité… jusqu’au refroidissement final. La sinistre, même
drolatique, épopée des Bronzées résume les facettes écœurantes de l’humanité.
16h, bord du Rhône. Dans une heure, petite entrevue
gourmande d’Elo chez Nardone. Son départ de Lyon rendra ces moments plus
exceptionnels, en espérant ne pas la perdre de vue.
A la veille des sept ans du 11 Septembre, constat
de la dégradation des conditions de lutte contre les talibans. Les récentes
pertes françaises (dix soldats tués et quelques dizaines blessés dans une
embuscade) laissent présager un tribut bien plus conséquent de la France dans
l’engagement anti-Al Qaida, à déduire du choix politique d’un renforcement des
troupes présentes. Les Occidentaux connaîtront-ils la même humiliante défaite
finale que celle des soviétiques dans ces contrées idéales pour la
guérilla ?
Beaucoup plus passionnant, le lancement aujourd’hui
du LHC (Large Hadron Collider) : l’étude de collisions à la puissance astronomique dans
l’infiniment petit pourrait ouvrir quelques portes de connaissances et de
compréhension pour l’antimatière, les bosons de Higgs, l’énergie sombre et les
particules primordiales. La métaphore d’un physicien pour expliquer le colossal
objectif en matière d’énormité et de concentration de l’énergie obtenue :
l’équivalent de celle d’un groupe de quatorze moustiques dans un espace
« mille milliards de fois plus petit qu’un diptère ». Cette quête des
premiers instants de l’univers fascine et devrait éloigner un peu plus des
arriérations religieuses, même si certains ont surnommé le boson la
« particule divine ».
Mercredi 17 septembre
Ambiance de fin d’un cycle économique. Ce que
j’avais pressenti dans Coup de pouce… dans l’cul en janvier dernier se
confirme un peu plus chaque jour. La réalité de la dégringolade du capitalisme
financier atteint une telle gravité qu’elle oblige l’Etat américain à un
interventionnisme de type socialiste inégalé par sa proportion.
Si la banque financière Lehman Brothers n’a pas été
aidée par la Fed, cette dernière vient de lâcher 85 milliards de dollars pour
sauver l’assureur AIG.
Dans cet univers de la rumeur, du panurgisme et de
l’opportunisme, chaque entité financière va tenter de sauver sa peau, quitte à
sacrifier ceux d’en face…
Ce système de financement anonyme et de
marchandisation des créances a atteint son point de rupture. Rien de sain n’en
ressort.
Entre les résurgences nationalistes, les coups de
boutoir terroristes et la déliquescence du système financier, l’histoire
dramatique de l’humanité ne s’est jamais si bien portée.
En France, les officiels, et notamment Madame
Coué-Lagarde en charge de l’économie, minimisent l’impact en France de la crise
mondiale. La leçon de Tchernobyl n’a pas suffi. Laissons venir la vague
destructrice mais, en attendant, restons la tête dans le sable.
Jeudi 18 septembre, 22h46
Saloperie d’anonymat ! En économie aussi il
faudrait éradiquer cette déviance qui favorise les plus absurdes abus.
Se plonger dans la période florissante qui a
préparé le lit du chaos, qui se dessine aujourd’hui, ne peut qu’édifier :
des milliers de structures financières accordant à tout va du crédit, ne se
préoccupant pas de la capacité réelle, et à long terme, des ménages emprunteurs
à rembourser, puisque l’objectif premier de l’organisme prêteur était de se
séparer de la créance par la titrisation. Dématérialisées, sans
identité, ces créances mutées en obligations ont pu ainsi infecter l’ensemble
du réseau financier.
Mercredi 24 septembre, 22h18
La charge de travail alimentaire a repris sa place
avec sa nécessaire plongée dans l’actualité.
Amusant paradoxe : parmi les aspirants
Lieutenants SPP, qui relèvent de la fonction publique territoriale, une jeune
femme avoue son regret qu’il n’y ait pas eu de révolte généralisée, comme un
certain Mai 68. Pas la première qui me tient ce discours, avec des motivations
à l’inverse du « changer la vie » de nos aînés. En 2008, la source
des ires tient dans la baisse claironnée du pouvoir d’achat. Comme si une grève
générale en France pouvait avoir une quelconque influence sur les prix de
vente. Foutaise de matérialistes obsédés par leur capacité à consommer !
Minable et irréaliste.
Lundi 29 septembre, 22h20
L’alliance des contraires a permis le rejet du plan
d’Henry Paulson, le secrétaire au Trésor américain. Entre les jusqu’aux
boutistes du libéralisme qui prônent la purge naturelle du marché financier et
les dénonciateurs d’un choix qui vise à sauver les possédants sans se
préoccuper des expulsés de l’immobilier, la majorité de rejet a été atteinte.
Les analystes n’envisageaient pas l’hypothèse d’un
tel refus. Si jeudi un nouveau vote n’entérine pas la stratégie Paulson, la
ronde déliquescente s’engagera dans un tourbillon destructeur de richesses.
Pourrait-il y avoir conjonction des chaos entre
l’implosion du système financier et des attaques hyper terroristes ou
étatiques ? Espérons que non… Que la barbarie soit limitée. La récession
est déjà là, avec son cortège de sacrifiés.
Jeudi 2 octobre, 23h16
Yves Calvi ne parvient plus à lâcher ce sujet
majeur : deuxième soir de suite consacré à la crise financière mondiale,
en devenir pour être une crise économique profonde. Les tronches policées d’économistes
en vue et d’analystes financiers, qui se succèdent sur son plateau, doivent
exaspérer nombre de téléspectateurs. Les vomisseurs du capitalisme ne tolèrent
plus qu’on puisse raisonner sur les événements, sitôt qu’on ne se déclare pas
préalablement adversaire irréductible du système en folie. L’intégrisme
idéologique des revanchards ne laisse rien augurer de réjouissant comme
éventuel substitut à notre fonctionnement économique.
Dimanche 5 octobre, 11h30
A la veille de mes 39 ans ! Rien de joyeux ne
se profile côté monde ? La douceur de vivre avec ma BB compense largement.
S’amuser un peu, tout de même, notamment par
quelques rapprochements de faits qui révèlent le cynisme de certains potentats
financiers et les contradictions dans la perception du quidam sans pouvoir.
Depuis quelques jours, un spot publicitaire fait se
succéder une série d’images consensuelles avec un texte alarmiste, prononcé par
l’icône Zidane, qui dénonce les dérives de l’humanité. A la fin de la séquence,
seulement, on comprend pourquoi cela figure dans la promotion commerciale. La
société d’assurance Generali vante ainsi la pratique éthique de son métier.
Que cela ajoute un peu plus à la fortune de l’ex
footballeur, aucune importance. Le hic se situe plutôt dans les déclarations
passées du PDG de cet assureur : éloge de la pratique financière sans
bride, sans règle… La cause même des désastres en marche pour l’économie
mondiale. D’un côté, un assureur qui n’hésite pas à pratiquer le grand écart
idéologique, entre les convictions et l’image à donner au grand public ;
de l’autre une idole pleine aux as qui n’hésite pas à associer sa voix à ce
trompe l’œil comique tant il est indécent.
Ma liberté d’écriture, c’est d’essayer de n’être
dupe de rien : ni d’un Besancenot qui se torche avec le pouvoir judiciaire
et affiche sa complaisance à l’égard d’un sinistre criminel, ni de pratiques écœurantes
chez ceux-là même qui nous conduisent, peut-être, vers d’éprouvants moments
socio-économiques.
Mardi 7 octobre
Appel de pôpa en début de soirée pour me fêter mes
39 ans, après l’envoi d’un texto hier peu avant minuit.
Première victime, dans mon entourage
affectif, de la crise économico financière. A bientôt 60 ans, il doit subir
l’incertitude d’une société placée en redressement judiciaire alors que ses
principaux clients (pour cette imprimerie) figurent parmi les plus fortes
baisses du CAC 40. Leurs premières mesures d’économie seront prises dans ce
secteur utile, mais pas indispensable. Si la liquidation était prononcée, il
devrait patienter deux ans avec une médiocre prise en charge avant sa retraite
pleine et entière. A suivre donc, en espérant le meilleur pour lui.
En faisant abstraction du volet personnel, cette
crise permet l’observation passionnante de comportements collectifs. Confirmation
de ma défiance de ces agitations panurgiennes qui mettent en péril
l’économie réelle.
Parmi la flopée d’économistes invités depuis deux
semaines par Yves Calvi, l’un développe ce soir une analyse à rebours qui
dédouane presque la tétanie financière. Un brin sophiste, il estime que les
baisses en cascade ne sont que le réajustement naturel de la bulle boursière
face à une conjoncture préalablement très dégradée.
Combien cela devient alors facile d’expliquer,
voire de justifier, l’attitude des banques qui se soupçonnent réciproquement du
pire, tout comme des masses d’opérateurs qui n’obéissent qu’aux rumeurs et ne
sont obsédés que par la récupération de leur mise, avec une ‘tite culbute en
plus, si possible. Pour cela, suivre le mouvement… délétère.
Mercredi 8 octobre, 23h55
L’emballement du système semble ne faire aucun cas
des initiatives politiques nationales, comme de la si attendue décision de la
BCE qui vient de baisser son taux directeur d’un demi-point. De quoi rassurer
les marchés… une petite demi-heure.
Chez Calvi, le ton de certains habitués,
l’économiste Cohen et le directeur de l’Express Barbier, frise avec
l’alarmisme et le catastrophisme sans fard. Le premier s’emporte sur des
confusions de sens et considère que la force majeure doit diriger la conduite
politique, quitte à s’asseoir sur les engagements budgétaires ; le second
pose l’hypothèse d’une dégradation accentuée de l’économie qui aboutisse à une
déflagration sociale… une révolution incontrôlable.
Chaque intervenant sur les médias tente d’atténuer
la panique, mais ne peut occulter la gravité de la dépression qui s’annonce… Et
dire que le terme récession avait été utilisé, dans les années trente,
pour éviter de qualifier cela de dépression économique, tant la connotation
avec un psychisme en perdition pouvait effrayer. Du vocable inculpé à
l’euphémisme mis en examen, de la dépression à la récession : pas
les mots qui comptent, mais la perception du contenu.
À minuit passé les marchés européens roupillent
avant le bal de neuf heures… Bientôt quelques cadavres à ajouter au tableau du
chaos.
Jeudi 9 octobre, 23h04
Chacun s’excite sur les délires boursiers en cours,
attendant le souffle délétère comme une inexorable fatalité. L’irrationalité
des comportements des opérateurs prend une telle ampleur qu’un responsable de
ces salles de jeux financiers a évoqué, ce soir sur TF1, le caractère
« psychiatrique » de l’attitude de traders en perdition.
Interner les hystériques de la finance pour
soulager le monde : un programme de salut mondial ? L’exploitation
par d’extrémistes idéologues ne tarderait pas. A la déshérence économique
s’ajouterait la violence revancharde de pseudos révolutionnaires.
Le nationalisme social que j’évoquais dès 2005 à
propos de ceux qui ont rejeté la constitution européenne sans pouvoir rien y substituer depuis, va s’affirmer les
semaines et les mois passants, si la crise s’approfondit. Plus rien n’empêchera
alors les tensions géopolitiques de déstabiliser un peu plus nos contrées.
Premier signe ? La Grande Bretagne demande des comptes à l’Islande, au
bord de la faillite, après que celle-ci ait gelé des dépôts britanniques situés
chez elle. Le dépôt de plainte anglais n’a pas tardé. Première phase qui
devrait laisser place à de plus expéditives réactions, à défaut d’une prise de
conscience de l’univers miasmatique de la finance.
Samedi 11 octobre
L’hommage à Brel m’a fait renouer avec la part
littéraire de l’écriture, l’élan lyrique qui puise là où le conduit l’impératif
d’exprimer.
Passé sur AgoraVox hier : l’article en
vedette recueillait 98 % de votes
positifs (avant, j’avais difficilement atteint, une fois, les 60 %). Objet
du consensus : remettre en cause la réalité d’une crise financière,
expression d’un conditionnement médiatique. Croire à sa lucidité sur toutes les
manipulations qui nous cerneraient, comme autant de saloperies des détenteurs
des pouvoirs, a de quoi faire exulter l’obscur lecteur empêtré dans ses
filaments d’existence.
Faux anti-conformisme qui tape dans le sens de la
grogne commune, facile rébellion de fauteuil où l’anonymat permet tous les
excès non assumés, jetés à l’assemblée friande de gueulantes par procuration.
La question des médias tient du paradoxe : les
mêmes qui, aujourd’hui, suspectent les refrains médiatiques de résulter d’une
fumeuse conspiration des puissants (comme si leurs intérêts allaient dans le
même sens et qu’une action concertée impliquait les grands médias), auraient
hurlé, trente ans plus tôt, à la sous-information, aux secrets cultivés, à
l’indigne dissimulation de faits dramatiques. Finalement, en ligne de mire,
toujours l’idée qu’on nous cache quelque chose, mais au silence radio
stigmatisé s’est substitué le brouhaha accusé de détourner l’attention, tel un
leurre de réalité.
Evidemment, le plein aux as a tous les torts et le
petit porteur doit être plaint. Rapprocher les comportements pour cesser les
anathèmes incohérents. Pourquoi ne pas voir dans la démarche du trader
confirmé, de l’amateur boursicoteur comme du joueur de Loto la même tendance
qui pousse à s’en remettre à d’irrationnelles données ou intuitions ? Le
culte de la rumeur pour tout indicateur doit-il être descendu si l’on ne décrie
pas cette obsession du retour immodéré sur modeste investissement, le fondement
même qui capte l’accoutumance des modestes à ce jeu de hasard ? Confiez
quelque fortune à ces cohortes de joueurs de la classe moyenne, et vous
multiplierez l’activité des bourses, pour une chute encore plus abyssale…
Lundi 13 octobre
La démonstration d’unité de l’Eurogroup a rassuré
les bourses du continent mais a amplifié les gueulantes, souvent simplistes,
d’anonymes commentateurs sur le Net. Les confusions facilitent toutes les rages
revanchardes.
Si l’on peut s’étonner du gigantisme des garanties
apportées potentiellement aux prêts interbancaires, on ne doit pas les comparer
à des dépenses d’investissement pour juger ces dernières d’un montant ridicule.
La garantie relève, par définition, d’une capacité et pas d’une dépense
effective.
Les dénonciateurs préféreraient peut-être qu’on
laisse faire pour que le coût d’un effondrement financier total soit décuplé
avec le retour d’une loi de la jungle pour une survie improvisée. Programme
enthousiasmant.
L’un des lecteurs du Monde sur Internet
reproche à ce plan d’être une générosité à fonds perdus sans que l’Etat se donne
les moyens d’influer sur la stratégie. C’est tout le contraire qui est
instauré. Toute garantie de l’Etat est conditionnée par la signature d’une
convention qui imposera le contrôle de la puissance publique, notamment sur la
stratégie de l’établissement financier.
Ignorance ou mauvaise foi du correspondant ?
Cela profite à ceux qui réclament, comme électrochoc assuré, l’arrêt des
bourses pour une remise à plat du système. Tout à fait réaliste : geler,
on ne sait par le fait de quelle autorité (Dieu le Père, sans doute…) toute
l’activité financière mondiale sans anticiper une quelconque conséquence
dramatique ; donner un blanc-seing aux Etats, y compris aux trois-quarts
fondés sur la répression de leur peuple, pour se substituer aux opérateurs privés.
Comme si la vertu du tout-Etat devait naturellement se déduire des
malfaisances opérées dans la sphère privée.
Un économiste, invité chez Calvi, expliquait ce
soir que la pratique des subprimes avait été initiée par une décision
politique (faire des Etats-Unis de propriétaires…) et non par des organismes
privés.
Si les USA, pays démocratique, versent dans une
telle inconséquence idéologique, imaginons de quoi seront capables les Etats
liberticides. Même pas besoin d’imaginer, l’histoire nous fournit des cas exemplaires.
Songeons, par exemple, à cet Etat qui a réquisitionné toute la production
agricole (splendide nationalisation de fait) pour l’exporter et ainsi se payer
une magistrale force de frappe contre l’Ouest menaçant. Quelques millions de
morts par famine doivent être ajoutés au coût de cette étatisation.
Les appels à la mise à bas du système ne sont
complétés par aucun descriptif précis de celui qui devrait le remplacer. L’Etat
sera là, et cela semble remplacer toute argumentation. Cela entretient les fantasmes
idéologiques jusqu’à la prochaine catastrophe due à d’écœurants comportements.
Jeudi 16 octobre
Le gras plein d’oseille, spéculateur financier sur
les marchés financiers, a dû provoquer urticaire et nausée chez ceux qui
vomissent le système.
Sans une once de retenue, l’anglo-saxon explique
avoir gagné trois cent mille euros dans la matinée par quelques clics inspirés
sur son ordinateur. Un jeu complexe maîtrisé à la perfection par le bougre, et
qui laisse dubitatif sur la portée des règles internationales qui sortiraient
d’une conférence internationale pour la refondation du capitalisme. L’intitulé
lui-même respire l’effet d’annonce à contenu inapplicable.
Le spéculateur, aussi détendu que peuvent être
stressés les traders en déroute, n’hésite pas à confier aux journalistes de TF1
les dérives repérées dans les subprimes sans, à aucun moment, remettre
en cause sa propre activité.
« Etonnant, non ? » lancerait un
certain Monsieur Cyclopède.
Dimanche 19 octobre
Week-end estival, mais charge du labeur
alimentaire. A Cqfd, retour de groupes exécrables, notamment un lot de branques
se destinant à l’activité d’ASH ou de brancardier. Allergique à certains
stagiaires que le système s’acharne à aider.
Petite promenade à vélo avec ma BB pour aboutir à
la cité internationale. En visée : la séance de 15h50 du Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caune. Un documentaire diffusé la semaine passée
synthétise la trajectoire tourmentée de l’amuseur irrévérencieux. L’un de ses
pires moments : l’émission Droit de réponse qui lui était consacrée non pour un hommage, mais pour se colleter à
des adversaires de toujours ou des détracteurs d’un jour. Coups dans la tronche
et le cœur qui s’assimileront difficilement. Cela se produisait quelques
mois/années après sa candidature avortée aux présidentielles de 1981 qu’aborde
justement le film cité.
Retour aux grandes peurs entretenues de l’actualité
via quelques articles du Monde imprimés.
Lundi 20 octobre, 22h30
Ce matin, sœur Emmanuelle s’est endormie pour une
quiétude éternelle avant d’atteindre le siècle d’âge. Poivre d’Arvor voulait
faire sa rentrée sur France 5 en sa pétillante (bien que physiquement
affaiblie) compagnie, il devra se contenter d’une émission en forme d’hommage
posthume.
Chacun se prend à croire à l’électrochoc Obama,
prochain président des Etats-Unis. Même McCain envisage la défaite. Les débats
entre les deux hommes, notamment le dernier, laissaient l’impression d’un
candidat républicain focalisé sur l’offensive presque hargneuse, alors que le
démocrate s’exerçait déjà à la stature présidentielle. Si l’élection consacre
l’Afro-américain, la leçon de modernité devra nous faire réfléchir sur nos
considérables retards dans ce domaine. En espérant que le destin du jeune
Président ne soit pas écourté par quelque déjanté isolé ou quelque conspiration
soignée.
La série Empreintes ouvrait son dernier numéro à Poivre d’Arvor : découverte de son
intérieur décoré par des
milliers d’ouvrages soigneusement rangés. Esthétisme et chaleur des lieux…
Mardi 21 octobre, 22h43
Le choc des destins comme programme sur France 2.
Je viens de regarder le téléfilm sur la tragique trajectoire de Guy Moquet,
communiste de dix-sept ans inspiré par la Résistance et fusillé avec d’autres
pour l’exemple. Doit suivre un hommage à sœur Emmanuelle engagée corps et âme
pour les autres avant de tranquillement s’éteindre au bord du siècle nouveau.
Beaucoup moins de panache dans l’intervention du
Premier ministre luxembourgeois, celui que d’aucuns voyaient comme possible
premier président de l’UE. Juncker vient de carboniser son éventuelle
légitimité à ce poste futur, si le fonctionnement institutionnel change un
jour.
Sa défense de l’opacité financière de son bout de
territoire confine à l’indécence technocratique en ces temps de chaos boursier.
Sans doute qu’il peut se permettre la condescendance offusquée puisque l’argent
sale, accueilli dans les officines bancaires, dispensera le Luxembourg de toute
perdition à l’Islandaise.
Il n’empêche. La France doit-elle perpétuer cette
complaisance à l’égard de ses petits voisins (Suisse, Monaco, Luxembourg) ou
doit-elle exiger un coup d’arrêt du secret bancaire comme principe, sous peine
de rompre tous les accords bilatéraux.
J’apprends ce soir que France 2 vient de se
coucher devant le premier ministre du Grand Duché : des excuses pour
ménager le courroux du dignitaire… Minable.
Vendredi 24 octobre
Du parc automnal.
Après avoir trouvé le profil d’Adèle C sur Facebook, petit signe
affectif envoyé quelques semaines plus tôt. Elle me répond gentiment, m’adressant
les salutations de ses parents. Elle m’informe avoir vu Sally récemment. Le
suivi a lieu de ce côté, ce qui pourrait expliquer le peu d’effusions dans ces
retrouvailles. Le temps a fait son œuvre, et mon peu d’enclin à maintenir ce
qui doit se déliter a parachevé les quelques résurgences. Lyon en dualité, avec
quelques arrêts familiaux, de plus rares détours amicaux, sans plus.
L’alimentaire occupationnel a mobilisé ces
dernières semaines qui se succèdent comme autant de non événements personnels.
En suspens, pour la douceur de vivre sans aspérité enthousiasmante ou minante,
dans l’attente de… la fin, sans doute.
Le spectacle de sphères en débâcle finit d’occuper
le temps imparti. A quoi rime de se passionner pour l’actualité du monde dès
lors qu’aucun soupçon de pouvoir ne vous revient par choix du retrait de ce
même monde ? Un faux-semblant pour s’imaginer impliqué ou seulement
affecté par les événements d’un jour, d’une semaine, d’un mois, d’une année ?
Se conforter dans une défiance vis-à-vis d’êtres dont l’obsession capitale est
d’amasser et de paraître ? Ce serait trop facile et hypocrite de s’estimer
en dehors des vices dénoncés.
L’étendue verte, face à moi, remet à distance le
cirque sur ondes…
Dimanche 26 octobre
Vu l’enregistrement de Matrix ce matin. Une version informatique du gnosticisme avec le postulat
indémontrable : tout ce qui nous entoure, tout ce qui fait notre
conscience au monde est une réalité.
La frêle trajectoire qui nous occupe parasite
l’essentiel de nos tentatives de sortir de soi. La pesanteur n’est pas qu’une
loi physique, c’est la condition de nos pensées. L’embrumement nous maintient dans nos sphères approximatives et rassurantes.
Vendredi 31 octobre, 23h54
La face des Etats-Unis va-t-elle se transmuer au
regard du monde grâce au nouvel occupant de la Maison blanche ?
L’antiaméricanisme primaire deviendra alors ringard d’un coup, nous renvoyant à
nos propres carences.
Autre parallèle hasardeux : l’Etat va tirer
les oreilles aux banques qui ne prêtent pas aux ménages et aux entreprises.
Cette incitation forcée rappelle la démarche de l’Etat fédéral américain qui
voulait faire de ses modestes citoyens, y compris ceux manifestement
insolvables, des propriétaires.
Le fait que l’Etat français se porte garant par
principe ne va-t-il pas inciter les banques à distribuer du crédit sans
précaution, à sombrer dans la frénésie subprimes ? L’augmentation
du nombre de chômeurs, la multiplication des faillites commerciales et la
baisse du marché immobilier ne constitue-t-il pas une mixture explosive à moyen
terme dont même l’Etat ne pourra pas contrôler les conséquences ?
Une mise sous tutelle financière s’imposerait
alors : le pays qu’on présentait comme l’un des moins touchés par la crise
financière se retrouverait aux premières loges de la crise économique, et ce
par l’impulsion généreuse, mais irréfléchie, de l’Etat.
Catastrophisme délirant ? Espérons-le…
Samedi 1er novembre
Arrivée jeudi soir, maman nous visite jusqu’à
dimanche. Temps de chiottes à Lyon, mais occasion de fêter à nouveau mes 39
ans. Appris qu’Alice avait rencontré Jim à St Crépin, mais sans la présence de
Jean et Aurélia. Confirmation de cette imprégnation heïmienne quasi
inconsciente qui lui fait avoir des propos choquants et déplacés. Ainsi, à un
moment, Jim part aux toilettes et elle s’étonne qu’il ne se lave pas les mains
AVANT ! Outre que la remarque sur quelqu’un qu’elle n’a pas vu depuis
vingt ans semble totalement incongrue, maman lui indique qu’on se lave plutôt
les mains APRES, par respect pour les contacts à venir. Du détail, sans doute,
sur lequel je me focalise, mais très révélateur d’une attitude de fond qui nie
son propre conditionnement. Le calvaire vécu aux châteaux rend peut-être
impossible cette prise de conscience.
À noter la différence d’impression sur ses deux
garçons : autant l’aîné apparaît adorable, autant le petit verse dans le
sans-gêne et le je-sais-tout, irritant rapidement.
Un ensemble qui ne m’incite pas à réinstaurer de
sitôt les liens perdus.
La dégringolade boursière qui se poursuit a contrasté
avec l’envolée du titre Volkswagen. Un mouvement irrationnel contraire révélateur de la même folie. A
l’origine de cette tendance : la spéculation inconsidérée sur le
constructeur allemand.
Dimanche 2 novembre, 22h23
Palme du crétinisme au testotéroné
des navets, le gouverneur de Californication qui s’est vautré
dans l’ad hominem minable. Sa cible, Obama qui semble pouvoir écraser McCain et sa
troupe hargneuse. Quel bonheur d’entrevoir ce souffle frais à la Maison
blanche ! Quelle leçon aux peuples européens, et notamment à ceux des
Français si enclins à l’antiaméricanisme basique.
Jeudi 13 novembre
Une entrée dans le XXIe siècle par l’onde
enthousiaste de l’élection d’Obama aurait bien plus de panache que par le
sordide attentat des terroristes ben ladénistes.
Saluer, oui, s’illusionner, évitons… Le poids
délétère d’une crise économique majeure pourra difficilement s’évacuer par la
simple bonne volonté de quelques dirigeants, même des vingt premières
puissances. En outre, d’ici le 20 janvier, Bush demeure aux manettes, ce qui
n’augure d’aucune décision spectaculaire pour la refondation du capitalisme,
selon l’expression consacrée.
La financiarisation excessive, et de plus en plus
déconnectée des réalités, ne peut se perpétuer, mais la nature humaine
permettra-t-elle au système d’embrasser un cycle vertueux ? Lorsqu’on
observe le raidissement obscène de chefs d’Etats estampillés paradis fiscaux,
face à quelques interrogations de bon sens, on peut largement douter des
négociations collectives à venir.
Ainsi, le président français durcit son discours à
l’égard de l’administration américaine alors que l’unanimité semble difficile à
atteindre sur les remèdes à cette crise dans l’UE elle-même.
Mercredi 26 novembre, 22h45
Trop monopolisé par l’activité alimentaire pour
commenter la pourtant riche actualité.
Au premier plan de la scène française, la piteuse
succession au poste du dépassé Hollande.
Déjà, la paupière lourde parasite cette
maigrichonne reprise.
Jeudi 27 novembre, 22h30
Avec BB, dans le train sur le départ pour
Rambouillet.
Escapade éclair pour fêter, samedi soir, les
soixante ans de pôpa. Demain matin j’enregistre, sur l’arrangement concocté par
Jim, la chanson composée pour l’occasion. Du festif avant trois semaines de
reprise pro intense qui m’ôtent tout élan diariste.
Le terrorisme islamiste ne connaît pas la crise.
Actions meurtrières coordonnées à Bombay pour écharper de l’autochtone, du
touriste, tout humanoïde suspecté de ne pas répondre à d’obscurantistes
critères.
Aujourd’hui, lors d’une séance avec l’un des
groupes qui préparent le concours SPP, un jeune d’origine maghrébine, et
probablement de confession musulmane, s’offusque d’un des dessins de Plantu
soumis à l’analyse. Une jeune femme occidentale, décontractée à un bar, verre
d’alcool à la main, string apparent au détour de la cambrure. Gros plan sur la
zone exhibée qui se transforme, en quelques géniaux coups de crayon, en visage
d’une musulmane, larme à l’œil et prisonnière de son voile… Rapprochement
choquant pour le jeune qui n’a, en revanche, pas émis un mot de dégoût, de
rejet, d’exécration des actes barbares commis par les intégristes de sa
religion.
Inconsciente abstention, sans doute, mais
révélatrice d’une approche inéquitable d’un dessin talentueux ne faisant que
stigmatiser certaines pratiques lorsqu’elles sont imposées aux ouailles
soumises, et d’une tuerie délibérée, d’âge caverneux, à écœurer de la démarche
prétendument spirituelle.
Un bon nombre de musulmans, par ailleurs modérés,
n’ont pas saisi, tout comme les croyants d’autres religions, la portée
nécessaire de la liberté d’expression qui ne peut se voir opposer des pans de
pensée sous prétexte que certains leur confèrent une valeur sacrée. Ne pas
défendre ce principe premier, cardinal, de notre civilisation, c’est renier
tout ce qui forge notre mode vie basé sur le respect d’existence de toutes les
croyances, y compris celle ayant pour objet de critiquer, dénoncer, fustiger
quelque aspect d’une autre.
Dimanche 30 novembre
À Rueil. A quinze, hier soir, pour fêter les
soixante ans de pôpa. De bons moments d’émotion, notamment avec la chanson Pôpa sexagénaire interprétée en
cours d’apéritif par Jim à la guitare et moi à la voix ; puis le CD offert
avec le montage combinant les refrains parlés par Alex et Raph sur le musical.
Dix ans après son pontage, les cinquante n’avaient pas la même saveur festive
dans l’enceinte hospitalière, la décennie suivante s’ouvre sur d’affectifs
élans, malgré les difficultés professionnelles en filigrane (son employeur est
mis en redressement judiciaire).
Parmi les présents, le recueil des couvertures de Charlie Hebdo et d’Hara Kiri hebdo réalisées par feu
Reiser. La courte préface du chenu Cavanna nous catapulte dans les sphères
créatives, délirantes, délicieusement infâmantes de la troupe Choron. On
mesure, en parcourant ces coups de traits sans concession, la régression
éditoriale de notre période enviandée par moultes angoisses matérialistes,
recroquevillements individualistes et intégrismes castrateurs. Cavanna, et son
incisive tonalité, nous ouvre un peu de cette aventure improbable sur les
supports médiatiques de masse, Internet excepté, peut-être : « Cet
univers grouillant suggéré par de rares effilochures semées dans une immensité
de vide, cette férocité sanglante, cette vacherie pas du tout tendre
par-dessus, cette pitié ravalée à coups de pompe dans la gueule, cette
innocence d’enfant qui écrase l’oiseau dans sa petite main en riant de
bonheur… ». Ciselé jusqu’à l’os.
Jeudi 11 décembre, 23h45
Ma situation de petit employé obscur dans une micro
société commerciale se charge d’une bien déplaisante soumission. Devoir se
colleter une pseudo formation de brancardiers qui s’assimile à du gardiennage
d’éducateur social me dégoûte au plus profond de moi. Je ne supporte pas ces
profils de dégénérés gueulards et m’as-tu-vus. Mais voilà : le blé
rentre bien par ces formations financées par la région. Alors au diable la
qualité pédagogique. On prend, on fait gérer vaille que vaille par des
formateurs qui ne sont pas compétents pour ça, et on empoche la cagnotte. Si
cela permet d’assurer nos salaires, que dire, qu’oser contester ? La crise
socio-économique majeure qui égrène son lot quotidien de licenciements ne peut
que nous inciter à nous soumettre à cette règle tacite.
Aucun repas de Noël à Cqfd ne semble prévu. Une
première qui confirme la dégradation des relations entre l’équipe pédagogique
et la direction (réduite à deux personnes). Du bien médiocre à vivre,
finalement, mais qui assure les besoins minimum. Mon renoncement à toute
ambition ne me fera certainement pas choisir une autre voie.
Dimanche 14 décembre, 22h12
À la veille de cette dernière semaine avant la
détente festive. Encore chargée, et un lundi après-midi avec son chargement de Niktamer décérébrés.
Rien dit à BB de l’appel, vendredi en fin de
journée, de Heïm. Auditivement éméché à coups de Bisons il s’est adonné à son refrain de circonstance : mélange
d’affection laudative, d’outrances décalées et cherchant à comprendre ma
défiance et l’éloignement cultivé. J’ai campé sur ma stratégie : pas
d’éclats qui le conforteraient dans ses certitudes, même s’il a bien compris le
changement de tonalité dans les dernières années de mon Journal mis en libre accès sur le Net.
Il a aussi croisé l’une des dernières attaques contre moi de sa fille Alice qui
me traitait de « nouveau Heïm » ! Rien à lui signaler, donc,
sauf le minimum affectif pour qu’il s’illusionne encore un peu.
Toujours les mêmes fadaises de sa part :
petite lèche sur mon style, mon « talent d’écriture », mais immédiate
justification de la non publication de l’époque. Toujours curieuses ces
remontées d’une autre ère d’existence… Le garder à portée, sans claquer sa
porte avec haine, pour mieux rendre compte de sa fin. De salaud à leurre de
salaud…
Les anti-capitalistes, les rouges écarlates de
fureur tiennent leur Stavisky du XXIe siècle : une pourriture
maligne qui a escroqué les plus grands interlocuteurs financiers pour cinquante
milliards de dollars. On va entendre redoubler les grondements contre le
système qui a produit cet hyper malfaisant alors qu’il ne s’agit que de la
dérive, contournant toutes les règles en place, d’un escroc.
L’ambiance délétère va se renforcer par quelques
schématisations simplistes bien senties. Système pourri où les politiques
consacrent leurs largesses à la sphère financière alors que les modestes de
l’économie réelle s’enfoncent dans les mouvances conjoncturelles. Haro !
sur le libéralisme, le capitalisme et tout ce qui rappelle la défaite cuisante,
après le sacrifice de dizaines de millions de personnes, de l’économie
étatisée…
Le temps se couvre et 2009 engendrera le
pire : la hargne revancharde et criminogène. En outre, à force de hurler
et d’entretenir ce rejet jusqu’au boutiste, quelque opportuniste l’exploitera
politiquement…
Lundi 15 décembre
Madoff pourrait presque incarner la vengeance des petits,
étrangers aux obscénités pécuniaires de quelques fortunés. Ce serait d’abord
eux les victimes du mystificateur de Wall Street. Des déplumés de la
haute : de quoi mettre en extase sans frais les jetés sur le carreau de
l’emploi.
Mercredi 17 décembre, 23h
Les révélations sur le système Madoff écœurent et
devrait détourner tout être sensé des délires de la finance. Copinage entre
contrôleurs de la SEC et financiers contrôlés : bien le signe de la déliquescence…
Le Madoff sélectionnait les très nombreux
prétendants à ses pseudo placements juteux pour ne garder que les bonnes pâtes
crédules, malléables et qui semblaient pouvoir laisser à long terme le capital
confié, se contentant des intérêts promis et renouvelés. De la funambule rodée
avec couverture généreuse, caritative, pour placer l’escroc au-dessus de tout
soupçon.
Jeudi 18 décembre
À trop sniffer de l’actu, les signes d’une fin
prochaine de l’insouciance habituelle dans nos contrées se densifient, prennent
corps dans cette ambiance délétère.
Une interminable agonie de nos formes de vie avec
quelques soubresauts sanglants.
Vendredi 26 décembre
Après un Noël passé qu’avec ma BB, une
première ! pour cause de labeur de ma dulcinée en journée, la tournée
auprès des familles commence. Le Cellier, Saint-Crépin, puis Rueil pour
quelques douceurs festives, comme une parenthèse à savourer avant les
incertitudes conjoncturelles.
Un ciel limpide, les rayons hivernaux qui dardent,
le calme reposant des paysages de France : ensemble étranger à la
débandade cultivée.
Samedi 27 décembre
Le Cellier lumineux, venté, frigorifié ; voilà
qui incite à remplir quelques lignes factuelles.
Retrouver la famille de ma BB et les « pièces
rapportées », comme ils désignent affectueusement les aimé(e)s d’un autre sang,
fait du bien. La fille aînée de Richard a perdu sa silhouette de fillette pour
se plonger dans celle de l’adolescente en voie de féminisation. La ‘tite
dernière, Ilya, se détache des mimiques infantiles pour endosser la posture de
petite fille. Relais fascinant à observer comme témoin sporadique.
Lundi 29 décembre
A chaque étape familiale, un cadeau de ma BB pour
un Noël qui se prolonge. Au Cellier, le dernier ouvrage de Patrick Poivre
d’Arvor, A Demain ! Largement entamé hier, je vais l’achever ce jour. Pas transcendé par
le style, mais touché par le vagabondage littéraire, entre sa marche estivale
sur les traces de Compostelle et le crépuscule brutal de sa place de premier
journaliste de France, selon le critère de l’impact renouvelé du lundi au
jeudi.
Sans avoir besoin de les côtoyer, certaines
personnalités inspirent de l’affection d’emblée. La sérénité en tension,
hypersensible au monde, l’air détaché alors que chaque détail sollicite son
regard aiguisé, Poivre d’Arvor appelle la complicité, l’amitié sans étalage,
l’échange nourri.
La promiscuité prolongée épanouit rarement. À huit
dans la maisonnée des B (sans compter la ‘tite Ilya et la visite éclair d’Emma
et François) les caractères révèlent leurs moins attractives facettes,
suscitant quelque friction contenue : ainsi, hier soir, entre la maman de
BB et le compagnon de Louise. Du feutré, du chuchoté, certes, mais le signe que
tout peut déraper vers l’animosité à n’importe quel moment. L’une pétrie de principes,
attachée jusqu’à la monomanie au déroulement maîtrisé des réunions festives,
encline à la parole qui comble les silences mal assumés ; l’autre
allergique au calibré, porté aux improvisations qui rendent incontournables ses
prestations, évacuant les contraintes matérielles pour servir le convivial et
les sens. Certains croisements de fin de soirée peuvent crisser, sans sortie
avec fracas fort heureusement…
Mardi 30 décembre
8h et quelques, dans le TGV direction Paris. Le
papa de BB nous a conduits, dans le frimas nocturne, à la gare du Cellier
nouvellement aménagée pour éviter la traversée automobile et piétonne des
voies. Une plaque commémorative, au tournant de la montée progressive qui
permet de rejoindre le quai pour la direction de Nantes, rend hommage à un
certain Benjamin décédé par accident au cours des travaux. Pensée à ce
travailleur inconnu alors que nous rejoignons de festives contrées.
À lire, quasiment d’une traite, le Bêtisier 2008 du Canard enchaîné, à 80 %
réquisitoire contre Nicolas Sarkozy, nausée dégoût et rage vous envahissent.
Miroir déformant, sans doute, à force de ne focaliser que sur les travers des
politiques, mais certainement pas transformant, sinon les procédures en
diffamation se multiplieraient. Suivre l’infect manège des uns, et des autres,
fait douter de la moindre trace du sens de l’intérêt général dans leurs
actions, tant pour ceux qui tiennent les rênes de l’exécutif que pour ceux qui
y aspirent.
Là, au contraire des zones de travaux ferroviaires, peu de risques d’un
sacrifice involontaire : tout est dédié à sa propre cause, à sa
trajectoire bichonnée quitte à se torcher avec ses belles déclarations de
principe, celles réservées à la galerie électorale des trompe l’œil. La foire
aux sordides salauderies, aux renoncements pitoyables, aux minables mais
efficaces stratégies : l’espace politique, via Le Canard, tient de la fosse septique.
Pour relativiser, toute activité humaine qui permet aux ambitions de
s’ébattre et de se battre laisse la part congrue à la grandeur d’âme. Pour ma
part, voilà bien longtemps que j’ai renoncé à tout appétit de carrière, par
exécration des zones fangeuses, et à tout altruisme par méfiance cultivée
envers la grosse part de mes congénères.
Laisser venir à soi toutes les petites joyeusetés de cette fin d’année
avant les grimaces d’un appréhendé 2009.
Mercredi 31 décembre
Enfin ce dernier jour pour le partage loin des
bruits de la ville et de la déprime du monde. Hier soir, un Loto déchaîné avec
de multiples lots partagés entre les quatre couples. Ma BB, un peu malade,
s’éclipse à la moitié et je prends en charge les huit cartons à remplir de
boutons au gré des annonces.
Marius, le nouveau compagnon de Candy, la fille de
Jean, est d’un contact chaleureux et en totale harmonie avec la teneur festive
du groupe.
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